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    l'Etat japonais discrimine et recrute les travailleurs comme des prostituées

    La secte nucléocrate agit de la même façon partout ou elle a pris pied. La situation de certains travailleurs en France n'est guère plus enviable par ceux du Japon.

     A noter que les syndicats plutôt pro-nucléaires, même si des variantes existent d'un pays à l'autre, sont timides à dénoncer les condition de travail, surtout lorsqu'il s'agit d'intérimaires, considérés comme une sous-classe : « Les forçats du nucléaire ». Contexte discriminatoire bien réel d'ailleurs en France dans tous les domaines de l'industrie.

    Après l'article sur le Japon, lire aussi les deux articles qui suivent sur la situation en France.

    Gaulois.

    Entretien 15/01/2012 à 12h33

    Nucléaire au Japon : « L'Etat est un traître pour les travailleurs »

    Thierry Ribault | Economiste au CNRS

     Une femme manifeste contre le nucléaire. Sur la banderole : « Maman que se passe-t-il ? » (Thierry Ribault)

     Nasubi est engagé depuis 1986 dans la défense des droits des travailleurs journaliers, notamment dans les « yoseba », grands marchés de main-d'œuvre temporaire largement sous contrôle des yakuzas, que l'on trouve à Tokyo (San'ya), à Osaka (Kamagasaki) ou encore à Yokohama (Kotobuki).

    En juillet 2011, Nasubi a publié sous ce nom d'emprunt, un « Manuel de sécurité à l'usage des travailleurs du nucléaire ». Nous l'avons rencontré le 11 décembre 2011 à Tokyo, peu avant le départ d'une manifestation antinucléaire, devant les bâtiments du ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie.

    Thierry Ribault : Comment est né votre engagement et en quoi consiste-t-il ?

    Nasubi : Mon engagement actuel dans la lutte antinucléaire consiste à faire connaître les conditions de vie et de travail des travailleurs du nucléaire et le système de sous-traitance dont ils font l'objet. A l'origine, je luttais dans les mouvements de travailleurs journaliers. Beaucoup d'entre eux ont été, et sont toujours, recrutés pour être envoyés dans les centrales nucléaires.

    Les militants antinucléaires connaissent le problème, mais ne s'engagent pas suffisamment par rapport aux problèmes spécifiques de ces travailleurs. Les syndicats japonais ne se préoccupent pas plus de la défense de leurs droits. Beaucoup de travailleurs du nucléaire sont morts de cancer. Les autres ont actuellement de graves problèmes de santé, mais les mouvements syndicaux sont restés et demeurent silencieux.

    Le seul mouvement de travailleurs du nucléaire qui ait eu lieu est celui de la centrale de Tsuruga, dans le département de Fukui, entre 1981 et 1987 [un dysfonctionnement du système d'écoulement des eaux du réacteur n°1 a causé le rejet de 16 tonnes d'eau fortement radioactive issue du système de refroidissement. L'accident a été révélé en avril 1981, quarante jours après les faits, ndla].

    Discriminés par les syndicats

    Pourquoi ce silence des syndicats ?

    La réalité du travail dans les centrales nucléaires n'a jamais été transparente. On ignore ce qui se passe exactement à l'intérieur. Les travailleurs du nucléaire font, en outre, l'objet d'une discrimination, y compris de la part des syndicats. Non seulement parce que le fonds de commerce de ces derniers est la main-d'œuvre « régulière », mais aussi parce que le nucléaire concerne les castes inférieures de la société, contraintes d'aller travailler dans les centrales.

    C'est un sujet politique et délicat. Les grandes centrales syndicales nationales étant, de fait, pronucléaires, les petits syndicats n'ont jamais voulu s'opposer à cette position et n'ont pas osé remettre en cause les conditions d'existence et de travail des travailleurs embauchés par les sous-traitants.

    Quelle est la situation pour les travailleurs réguliers du nucléaire ?

    C'est totalement différent. Employés de Tepco [opérateur de la centrale nucléaire accidentée, Fukushima Daiichi, ndlr], ils forment l'élite de l'entreprise et ne sont donc pas exposés à la radiation, mais travaillent dans les salles de contrôle, sur des ordinateurs. Ce sont en priorité les travailleurs journaliers, grande majorité des travailleurs d'une centrale, qui font le nettoyage et travaillent directement dans les réacteurs.

    Recrutés comme des prostituées

    D'où viennent ces travailleurs journaliers ?

    D'horizons différents. Certains d'entre eux sont des travailleurs licenciés d'autres secteurs. La majorité vient des régions rurales, là où il n'y a plus suffisamment de travail. Le nucléaire n'a pas besoin de beaucoup de gens qualifiés ou ayant des aptitudes certifiées, ce qui explique aussi pourquoi les travailleurs de ce secteur sont discriminés.

    Le système de recrutement de cette main-d'œuvre est comparable à celui des prostituées. De la même manière que les yakuzas orientent vers la prostitution les femmes sans travail et organisent leur activité, ils disent aux hommes : « Allez travailler dans les centrales nucléaires. » Pour les femmes c'est la prostitution, pour les hommes c'est la centrale.

    De même, pas plus que les féministes ne se sont mobilisées pour les femmes de l'industrie du sexe, les syndicats ne se sont mobilisés pour les travailleurs journaliers du nucléaire.

    Par les yakusas ? Tepco : « Ça n'existe pas »

    Quel est le rôle des yakuzas ?

    Depuis la fin du XIXe siècle, dans le monde du travail, il y a une face positive et une face négative. La face négative, ce sont les yakuzas. Dans l'objectif de moderniser le Japon à la fin du XIXe siècle, l'Etat s'est allié à l'industrie et à la mafia avec pour but de développer et aménager le territoire. Pour ce faire, l'Etat a besoin des services de la mafia qui mobilise les travailleurs issus des couches basses de la société.

    Le nucléaire est un exemple typique de ces pratiques. Officiellement, l'Etat et Tepco affirment qu'il n'y a que deux ou trois niveaux de sous-traitance, mais de fait, ils savent très bien qu'il y en a huit ou neuf. Ils acceptent donc totalement et implicitement que le recrutement s'opère de façon mafieuse, même si c'est, bien sûr, proscrit par la loi.

    Au cours des négociations avec les ministères, de nombreuses informations circulent sur les procédures de recrutement. Les journalistes ont écrit sur le sujet. L'Etat ne peut pas dire que ces pratiques n'existent pas.

    Pourtant, lorsque nous demandons à l'Etat de mener des enquêtes sur cette réalité, on nous rétorque qu'on a donné l'ordre à Tepco d'enquêter et que sa réponse est : « Ça n'existe pas. » Cette réponse est acceptée et aucune enquête officielle n'est menée sur le sujet.

    En avril, l'Etat et Tepco ont créé un comité visant à empêcher la participation des groupes illégaux dans la reconstruction après la catastrophe de Fukushima. Le raisonnement était le suivant : jusqu'à présent, il n'y avait pas de yakuzas dans les travaux publics, mais dans le contexte actuel ils manifestent leur volonté de prendre part à la reconstruction. Il faut donc les en empêcher.

    Ainsi, selon cette logique, l'Etat se sauve la face en montrant qu'il lutte contre les yakuzas, alors qu'en réalité ils sont déjà présents ! L'Etat est un traître pour les travailleurs.

    Des accidents du travail non reconnus

    Qu'en est-il des victimes parmi les travailleurs du nucléaire ?

    Les centrales ont démarré en 1966. Depuis, 500 000 travailleurs ont été mobilisés dans ce secteur. Parmi eux, vingt seulement ont fait une demande de reconnaissance d'accident du travail, et dix demandes ont été reconnues.

    Jusqu'en juin dernier, le ministère de la Santé n'avait jamais communiqué ces chiffres. C'est au moment de la négociation que nous les avons obtenus. Plus précisément, nous avons pris connaissance de l'existence de sept cas de reconnaissance. Puis nous avons appris que trois autres personnes n'avaient jamais été signalées par le ministère.

    Pour faire établir une demande de reconnaissance d'accident du travail, l'employé doit être en principe muni d'un certificat attestant ses durées et périodes d'intervention. Le patron peut toutefois refuser de lui fournir ce certificat.

    Si le travailleur insiste pour l'obtenir, très souvent il se verra proposer une indemnisation pécuniaire qui peut aller de 6 millions à 30 millions de yens (environ 60 000 à 300 000 euros), en lieu et place d'une déclaration d'un accident du travail. Il s'agit d'un arrangement.

    Y a-t-il beaucoup d'arrangements de cette sorte ?

    Beaucoup. Et lorsqu'ils acceptent un tel arrangement, les travailleurs s'engagent à ne pas en parler. C'est à ce point caché que certains politiciens clament qu'aucun travailleur n'est jamais mort à cause du nucléaire.

    Peu de contrats de travail

    Les temporaires ont-ils des contrats de travail ?

    Très peu de travailleurs du nucléaire ont un contrat, et il peut arriver qu'on envoie les personnes sur des lieux de travail imprévus, ce qui est évidemment contraire au code du travail. L'absence de contrat est une caractéristique des pratiques de la sous-traitance. Aux premier et deuxième niveaux, il peut y avoir des contrats, mais pas au-delà.

    Actuellement, cette absence de contrat fait l'objet de critiques, ce qui amène certains patrons à modifier leur attitude mais en contrepartie, les travailleurs doivent s'engager à ne pas porter plainte en cas d'accident. Beaucoup de travailleurs ont témoigné de cette pratique illégale. Tepco est responsable, bien sûr, mais aussi les mouvements qui ne se sont pas suffisamment mobilisés.

    Après le 11 mars 2011 [date de l'accident nucléaire, ndlr], les mouvements de travailleurs journaliers se sont toutefois engagés. J'ai publié une brochure intitulée « Manuel de sécurité à l'usage des travailleurs du nucléaire ». Mais la grève demeure l'action la plus efficace.

    Une brochure pour pallier le manque d'infos

    En quoi consiste cette brochure ?

    L'entreprise, qui est pourtant responsable, ne communique pas les informations de base. Notre brochure explique que le travailleur peut demander un contrat et obtenir un carnet de contrôle indiquant sa dose reçue notée par l'entreprise. Cette dernière a l'obligation de le faire mais la plupart du temps elle ne la communique pas, et le travailleur l'ignore.

    Nous expliquons aussi comment porter correctement la combinaison et mettre en place les filtres dans les masques, qui sont la plupart du temps inexistants. En principe, les anciens peuvent fournir ces explications, mais actuellement à Fukushima, nombre de travailleurs sont de nouvelles recrues n'ayant jamais travaillé dans les centrales nucléaires.

    Qui sont ces travailleurs ?

    Ils viennent de tout le Japon. Ce sont des étrangers. Il y a de nombreux Philippins actuellement. Les travailleurs japonais nous disent qu'ils effectuent les travaux les plus dangereux, ceux que les Japonais ne font pas. Il y a aussi des « burakumin », descendants de la caste des parias. Ce sont, de manière plus large, des travailleurs issus de familles pauvres.

    « Une permanence à Fukushima »

    Quelles actions envisagez-vous ?

    Nous voulons ouvrir un point de consultation permanent à Fukushima pour les travailleurs du nucléaire. Il n'y a pas que ceux des centrales qui sont irradiés : les autres catégories de travailleurs sont également concernées, dans les travaux publics par exemple. Il faut aussi négocier avec les ministères et avec les entreprises de recrutement qui envoient des travailleurs à Fukushima en leur faisant croire qu'ils vont travailler ailleurs.

    Ainsi, des journaliers recrutés à San'ya à Tokyo, ont été envoyés dans les égouts de la ville de Fukushima. Une fois sur place, on leur a fourni des combinaisons antinucléaires, des masques et des instruments identiques à ceux utilisés dans une centrale. Mais ils n'étaient pas informés du taux de radiation sur les lieux. Si nous ouvrons une permanence, nous aurons du monde.

    D'après la loi relative aux dédommagements des accidents du nucléaire, l'entreprise a la responsabilité ultime. Nous allons donc négocier avec les sociétés de recrutement, puis avec Tepco. Jusqu'à présent, aucun dédommagement n'a jamais été accordé par Tepco, ni par aucun autre opérateur du nucléaire au Japon. Et les syndicats n'ont jamais fait de procès aux entreprises. Nous changerons cette situation.

    Thierry Ribault est co-auteur avec Nadine Ribault de « Les Sanctuaires de l'abîme - Chronique du désastre de Fukushima », éd. de L'Encyclopédie des nuisances, Paris, mars 2012.

     

    En France

    Les esclaves du nucléaire

    Il y a pire que la complicité : la volonté délibérée, pour une entreprise publique, de s'affranchir des règles sanitaires protégeant les individus.

    Dans les centrales EDF, mais également dans les usines de la Cogema et certains sites du CEA, le recours aux sociétés sous-traitantes est ainsi devenue la règle. Ces « intermittents du nucléaire » ont remplacé au fil des années les personnels statutaires pour les opérations de maintenance des installations. Dans les centrales, ils interviennent surtout durant les « arrêts de tranche », lorsque les réacteurs sont stoppés temporairement pour permettre des réparations ou le rechargement en combustible. Ces activités sont à la fois « saisonnières » et réparties sur l'ensemble du parc nucléaire. Il est intéressant de comprendre les raisons, avouées ou cachées, de cette évolution.

    Ces vingt-neuf mille intermittents - vingt-deux mille rien que pour EDF - travaillent soit en contrat à durée déterminée (CDD), soit en mission d'intérim, soit en contrat à durée de fin de chantier (CDIC). EDF peut être l'employeur direct, comme peuvent l'être des entreprises prestataires, au nombre de mille environ. Celles-ci recourent souvent elles-mêmes aux CDD ou à l'intérim. Il arrive que ces galériens se baladent dans la France entière, au gré des commandes de leurs entreprises. Sur France 3, une spectaculaire « Marche du siècle » a été consacrée par Jean-Marie Cavada, à ces « nomades du nucléaire » en juin 1997.

    Les innombrables incidents répertoriés par l'autorité de sûreté doivent beaucoup au recours excessif à ces prestataires extérieurs. Les agents d'EDF déplorent également cette cohabitation avec des travailleurs qui n'ont pas la même culture, et dont ils sont en outre chargés d'évaluer les performances. Au nom de la défense de l'emploi, les syndicats exigent des exploitants qu'ils renoncent aux travailleurs précaires, et réclament leur intégration au sein de l'entreprise. Ce qu'EDF s'est toujours refusé à envisager, pour des raisons économiques évidentes.

    La « viande à rems »

    Au début des années 90, le sort des intermittents n'émouvait encore pas grand monde. Au journal, j'avais (1) plusieurs fois reçu des appels téléphoniques ou des courriers de cadres d'EDF, qui souhaitaient tirer publiquement la sonnette d'alarme sur les conditions de plus en plus déplorables, à leurs yeux, dans lesquelles s'effectuait la maintenance des réacteurs. A l'automne 1991, je rencontrai deux de ces hommes : j'avais procédé à quelques vérifications, ils appartenaient bien à la maîtrise d'EDF. Un brin paranoïaques, ils avaient refusé de venir au siège du journal, craignant je ne savais quelle filature ou indiscrétion. Rendez-vous fut donc pris dans un bar.

    S'ils étaient bien réels, les problèmes de sûreté des réacteurs dus à une maintenance anarchique m'apparurent alors trop compliqués. En revanche, je fus impressionnée par certains documents présentés par mes informateurs. Ils détenaient notamment une série de lettres de la Commission des communautés européennes adressée, le 24 mai 1991, au SCPRI et à EDF. La Commission s'étonnait : les doses de radioactivité reçues par les travailleurs français du nucléaire étaient différentes selon qu'elles étaient estimées par EDF ou par le SCPRI. Légèrement différentes ? Non : les chiffres allaient du simple au triple. Du moins pour les agents des entreprises extérieures, qui. effectuaient 80 % des travaux de maintenance dans les centrales.
    Quiconque pénètre sur un site nucléaire accroche au revers de son vêtement un « film dosimétrique », qui témoigne de la quantité d'irradiation absorbée par l'individu. Ce dosimètre est obligatoire. Les films des agents d'EDF sont contrôlés par l'entreprise elle-même qui, chaque mois, les développe. Les films des agents sous-traitants sont pris en main par le SCPRI (aujourd'hui l'OPRI), ce qui n'empêche pas EDF d'effectuer par ailleurs ses propres mesures sur ces personnels.

    Donc, la Commission européenne s'étonnait : le SCPRI avait déclaré, pour l'année 1987 et pour l'ensemble de l'industrie nucléaire française, une dose annuelle collective de 26 homme-sieverts (2) pour sept mille cinq cent quatre-vingt cinq travailleurs extérieurs ; sur la même période, EDF avait déclaré une dose collective de 67 homme-sieverts, pour une population « estimée » de vingt mille travailleurs sous-traitants. La différence est énorme, tant sur les doses que sur le nombre d'agents extérieurs. Cet écart, de presque 300 %, se renouvelle chaque année. La Commission exigeait des explications.

    Mes informateurs me montrèrent la lettre adressée le 17 juin par le chef du département sécurité-radioprotection-environnement d'EDF à son supérieur hiérarchique : « La constatation d'écarts aussi importants pourrait laisser craindre de mauvaises surprises, avec, dans ce cas, un aspect médiatique à prendre en compte. » Il ajoutait : « Aujourd'hui, personne ne peut clairement analyser cet écart. »

    Personne, vraiment ? Depuis deux ans au moins, EDF savait qu'il y avait un problème de dosimétrie dans les entreprises extérieures. Celles-ci connaissent la réglementation : les employés ne doivent pas dépasser une certaine dose d'irradiation annuelle (à cette époque, 50 millisieverts par an, soit 5 rems selon l'ancienne terminologie). Au-delà, le travailleur ne peut plus entrer en zone nucléaire. Les travailleurs eux-mêmes, qui ont peur de perdre leur travail, dissimulent parfois les doses reçues, en ôtant leur dosimètre avant de pénétrer « là où ça crache ». Parfaitement au courant de ces pratiques, EDF a lancé, en 1989, une étude rétrospective sur cinq ans des fichiers informatiques dosimétriques des centrales. Etude interne à EDF, par la force des choses, puisque le SCPRI garde jalousement le secret sur ses propres informations.

    Ce jour-là, mes cadres d'EDF parlèrent de « primes à la dose » et de « radioactivité sous-estimée ». Quelques jours plus tard, ils vinrent enfin au journal, accompagnés cette fois d'un médecin du travail salarié d'EDF. Sous couvert d'anonymat, ils répondirent à une interview, dont voici quelques extraits:

    « D'où EDF tire-t-elle ses informations sur la dosimétrie des agents extérieurs ?

    - En plus de son film réglementaire, chaque agent, EDF et extérieur, entrant en zone est muni d'un dosimètre électronique à affichage numérique. Cet appareil permet de connaître instantanément la dosimétrie qu'on appelle " opérationnelle ". Ainsi, chaque site nucléaire peut compiler chaque jour la dosimétrie de tous les agents. (...)
    Les premières constatations révèlent une situation inquiétante : les agents extérieurs soumis aux plus fortes doses sont les calorifugeurs et les chaudronniers, qui travaillent sur plusieurs réacteurs dans l'année. S'il est difficile de dresser un bilan précis, individu par individu, c'est qu'il y a probablement des fraudes lors de leur enregistrement dans les centrales. Par exemple, on a observé que les noms de ces agents, comme par hasard les plus exposés, n'ont pas la même orthographe selon les sites, ou encore le prénom est différent. Les ordinateurs s'y perdent. Des agents d'entreprises extérieures ont été surpris sans film : ils les laissent dans une cache pour travailler.

    Pourquoi cette confusion organisée ?

    - Il arrive que l'agent lui-même soit négligent parce qu'il méconnaît les risques, ou bien parce qu'il a peur de ne pas être embauché, son emploi étant précaire. Mais ce sont surtout les entreprises sous-traitantes qui veulent " rentabiliser " leurs travailleurs au maximum, sans égard pour les doses.

    Un point nous semble extrêmement grave : dans les stages organisés par EDF pour les entreprises extérieures, les agents ne sont jamais avertis des menaces qui pèsent sur leur espérance de vie lorsqu'ils prennent des doses. On leur laisse croire que, s'ils restent en dessous des normes, les effets sur la santé sont nuls. C'est faux : selon les experts de la Commission internationale de protection radiologique, pour une dose-vie de 50 rems (0,5 sievert), le risque supplémentaire de cancer mortel est de 2 %. Certains agents prennent plus de 50 rems.

    EDF vient de décider la création de DOSINAT, un fichier informatique des agents extérieurs. Est-ce à dire que leur situation va s'améliorer ?

    - DOSINAT est conçu comme un outil de gestion interne. Il n'est pas prévu pour gérer des problèmes de santé. L'art d'un employeur comme EDF n'est pas de gérer la dose au plus bas, mais au contraire de l'optimiser, en fonction du temps de travail prévu par le contrat. Lorsque EDF fera appel à une entreprise extérieure, elle aura intérêt à savoir si les travailleurs sont vierges de dose, pour pouvoir leur mettre le maximum de radiations autorisé dans un laps de temps le plus court possible. Ce sera d'autant plus facile à organiser que la tendance actuelle, dans les entreprises extérieures, est d'organiser des " primes à la dose ", sous diverses formes. Par exemple, en garantissant aux ouvriers un nombre minimal de contrats. La précarité de l'emploi étant ce qu'elle est, c'est une bonne motivation. »

    La publication de cet article eut un impact immédiat : le jour même, les ministres de l'Environnement et de l'Industrie demandaient des explications au chef du SCPRI. Drapé dans son arrogance habituelle, le professeur Pellerin refusa de se justifier. Mais à la Commission de Bruxelles, il venait de déclarer que le SCPRI ne pouvait comptabiliser « qu'une fraction des travailleurs », ceux que leurs employeurs déclarent.

    Le président de l'Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques chargea le député Claude Birraux, auteur d'un rapport sur la sûreté du parc nucléaire, d'approfondir cette question des travailleurs extérieurs. Celui-ci n'a jamais, depuis, cessé de s'intéresser à la question. Dans son dernier rapport annuel, paru en mars 1997, il narre avec une certaine lassitude les multiples enquêtes, analyses, études, rebondissements médiatiques et améliorations concrètes survenus depuis l'année 1991. « Notre pays, écrit Claude Birraux, se joue l'un de ces drames sociaux dont il est si coutumier. Une fois de plus, il prend le risque de se ridiculiser sur la scène européenne. »

    Trois mois après la publication de ce dernier rapport, jean-Marie Cavada consacrait sa fameuse « Marche du siècle » aux intermittents du nucléaire. L'émission débutait par un accablant reportage sur les conditions de vie et d'exercice de ces travailleurs. L'enquête et les tournages avaient été effectués par les deux journalistes ayant réalisé le dossier du magazine Sciences et Avenir sur les lacunes de la sûreté nucléaire. Sur le plateau étaient venus témoigner quelques-uns des travailleurs présents dans les reportages, ainsi qu'un patron d'entreprise sous-traitante et un responsable d'EDF. Le député Claude Birraux était également invité, avec le directeur de l'autorité de sûreté nucléaire. Il y avait aussi la CGT, et une sociologue, auteur d'une étude sur la précarisation de la sous-traitance dans l'industrie nucléaire. Polémique, le débat à l'antenne le fut incontestablement ! Cavada s'énerva plus d'une fois contre la langue de bois et la mauvaise foi manifeste des employeurs. Mais les spectateurs ratèrent la seconde mi-temps de ce triste pugilat : hors antenne, durant le « pot » qui réunit traditionnellement les invités, l'animateur s'en prit vertement aux responsables d'EDF, qui avaient tenté durant des semaines de faire avorter l'émission. Cavada parla de « méthodes dignes d'une secte ».

    Nicolas Jacobs, le réalisateur de « La Marche du siècle », m'a raconté ces méthodes : « Longtemps avant la diffusion, EDF a exercé des pressions sur nos témoins. Certains ont été convoqués par la directrice d'une centrale, qui les a menacés de ne plus leur fournir de travail. Curieusement, EDF savait exactement qui les journalistes avaient rencontré, où et quand. EDF a ensuite entrepris en interne une campagne d'intoxication : nos témoins avaient été payés, ils n'étaient finalement que des acteurs professionnels... Quelques jours avant l'émission, tous les directeurs de centrales ont été convoqués au siège d'EDF à Paris, pour peaufiner un argumentaire. Ils avaient dans leurs cartables les fichiers de leurs salariés et de leurs travailleurs extérieurs. Enfin, jusqu'au dernier moment, EDF a menacé de ne pas participer à l'émission, espérant ainsi que nous allions renoncer à ce débat. Nous n'avons renoncé à rien du tout. Mais EDF avait tellement brandi la menace de poursuites judiciaires que j'ai été obligé de couper tout ce qui, dans le reportage, n'était pas étayé par des éléments de preuves irréfutables. J'ai aussi dû couper certaines images qui avaient été tournées sur des sites EDF sans autorisation. Sans quoi certains de nos témoins auraient pu eux-mêmes se retrouver au tribunal. Alors oui, quand Jean-Marie Cavada parle de secte, il a raison ! »

    La gestion de l'emploi par la dose

    Pourquoi une telle panique de la part d'EDF ? Depuis 1991, le suivi des doses reçues par les travailleurs du nucléaire n'a-t-il pas progressé ? La Commission européenne a fermement rappelé à la France la directive Euratom de 1990 jusque-là superbement négligée : « Chaque Etat membre veille à ce que le système de surveillance radiologique donne aux travailleurs extérieurs une protection équivalente à celle dont disposent les travailleurs employés à titre permanent par l'exploitant. »

    DOSINAT, l'outil informatique mis en place en interne par EDF pour calculer les doses d'irradiation à l'intérieur de ses seules centrales, a évolué. En janvier 1997, il s'est transformé en DOSIMO. Ce nouveau système est géré par un Groupement intersyndical de l'industrie nucléaire. Les données concernent désormais, outre les travailleurs intervenant sur les centrales d'EDF, ceux travaillant dans les sites nucléaires de l'armée, de la Cogema, du CEA, des institutions médicales, des accélérateurs de particules privés, et des organismes (le recherche, intérimaires ou salariés permanents. Ainsi, quels que soient leurs lieux de travail successifs, les « nomades » du nucléaire ne devraient plus cumuler des doses supérieures aux normes.

    Apparemment, l'OPRI a lâché du lest sur son traditionnel crédo : « Pas question de faire circuler des données confidentielles qui relèvent du secret médical. » En revanche, il est plus curieux que la Commission nationale informatique et liberté ait toléré pareille entorse à ses principes : un organisme public met à la disposition des employeurs privés des données informatiques permettant une gestion de l'emploi en fonction de critères sanitaires. En réalité, la CNIL n'a rien autorisé du tout : le fameux Groupement intersyndical de l'industrie nucléaire a concocté son superfichier sans lui demander son avis. « Ainsi, notait en 1997 avec un rien d'ironie le député Claude Birraux, on a fini par faire entrer le loup DOSIMO dans la bergerie de la dosimétrie réglementaire. » Pourquoi ce ton sarcastique ? Visiblement, Claude Birraux ne croyait guère à l'efficacité de ce nouvel outil : « Les exploitants et les employeurs ont donné un statut officiel, donc un brevet de respectabilité, à un système techniquement performant, et qui prévoit normalement la communication des résultats dosimétriques à l'exploitant et à l'employeur. Reste désormais pour eux à le faire reconnaître comme le seul bon système, c'est-à-dire celui grâce auquel l'administration pourra juger du respect ou du non-respect des obligations réglementaires en matière d'exposition professionnelle. »

    En février 1998, Martine Aubry a innové en précisant que DOSIMO allait enfin entrer dans un cadre légal. Ces données confidentielles ne devraient être communiquées qu'aux seuls médecins du travail, pour éviter que les employeurs ne retombent dans leur vieux travers de la « gestion de l'emploi par la dose ». Ce genre de garde-fou est à vrai dire purement virtuel : l'indépendance des médecins du travail est très relative quand ils sont salariés par EDF, le CEA ou la Cogema.

    Mais pourquoi diable est-ce si compliqué d'accorder des conditions de travail correctes aux travailleurs nucléaires extérieurs ? En partie parce qu'ils ne relèvent d'aucune convention collective adaptée. Les personnels qui interviennent sur les sites nucléaires dépendent d'au moins sept conventions collectives différentes, parmi lesquelles la métallurgie, la chimie, les bureaux d'études ou la pharmacie. Depuis des années, les syndicats, relayés par des parlementaires, réclament aux pouvoirs publics une convention collective nationale du nucléaire et des industries connexes. En vain : les ministres ont toujours répondu que c'était impossible.

    En décembre 1996, le ministre du Travail Jacques Barrot a présenté un projet visant à interdire le recours à l'intérim et au personnel sous contrat à durée déterminée pour les travaux se déroulant dans les zones les plus dangereuses des installations nucléaires. Rien n'a bougé lorsqu'en juillet 1997, interrogée par un parlementaire, la nouvelle ministre de l'Emploi Martine Aubry a confirmé l'annonce de son prédécesseur : « Il importe (...) que ces salariés particulièrement exposés ne cumulent pas le double handicap d'un risque pour la santé et d'une précarité de leur emploi. Afin d'éviter que l'approche des seuils d'exposition réglementaires ne conduise à la perte pure et simple de leur activité professionnelle, l'interdiction d'accès aux zones particulièrement dangereuses pour les salariés intérimaires ou en contrat à durée déterminée n'est pas à exclure. »

    Electrisée par cette perspective, qui menaçait de mettre à mal ses finances - l'embauche de salariés permanents irait à l'encontre de ses objectifs économiques -, EDF n'a pas tardé à lancer une contre-offensive. Le 11 septembre 1997, la direction du parc nucléaire d'EDF organisait une réunion de travail, dont la CGT nous a communiqué le procès-verbal. « L'appel à ces ressources d'appoint [intérim et CDD] pour intervenir en zone contrôlée est aujourd'hui remis en cause par le ministère du Travail. (...) Un consensus apparaît sur le fait qu'il n'est pas possible de se passer de ce personnel précaire et ce, malgré les démarches déjà lancées par plusieurs sociétés en matière d'annualisation du temps de travail. » Ce préambule étant posé, le séminaire de réflexion a ensuite comparé par le menu les avantages et les inconvénients des statuts respectifs de CDD et intérimaires, tant pour les salariés que pour EDF et pour les entreprises prestataires. Le recours aux intérimaires apparaissant finalement plus pratique, les cadres d'EDF ont imaginé de « créer une charte entre EDF, prestataires et entreprises de travail temporaires ».
    C'est ici que les choses se corsent. Car en janvier 1997, EDF et les « organisations professionnelles représentatives des prestataires de maintenance » avaient déjà signé une « Charte de progrès ». Ce document - considéré comme une plaisanterie par les salariés concernés - précise que « les entreprises prestataires et EDF continuent de refuser que l'atteinte ou l'approche des limites de dose soit un critère de licenciement, en recherchant en commun la réaffectation des salariés à forte dosimétrie vers des activités moins exposées ». En clair, il ne serait plus question de licencier un homme trop irradié pour être encore utile. Sur le plateau de « La Marche du siècle », les travailleurs présents ont témoigné du peu de valeur que leurs employeurs accordaient à cette jolie déclaration d'intention. La charte en projet veut aller encore plus loin dans ce qu'EDF considère comme un progrès, à en croire le document de travail divulgué par la CGT. « Les entreprises de servitudes nucléaires s'engagent (...) à limiter l'exposition de leur personnel d'appoint à une valeur proportionnelle à la durée de leur contrat, et inférieure à 15 millisieverts sur six mois. »

    Du chinois ? Non : il faut se souvenir que la dose maximale admissible pour un travailleur du nucléaire est fixée, selon la réglementation internationale, à 20 millisieverts par an. Au-delà, il doit quitter les zones nucléaires. EDF propose ni plus, ni moins, de remplacer les 20 millisieverts annuels par... 15 millisieverts sur six mois. En entendant cette proposition, les syndicalistes ont failli s'étrangler : « Il est en effet plus intéressant de prendre deux intérimaires à 15 mSv/6 mois (cela permet d'atteindre 30 mSv/an) qu'un contrat à durée indéterminée à 20 mSv/an. »
    Mais ce joli montage, concocté par EDF et les sociétés prestataires, vole en éclats avec la décision de Martine Aubry, annoncée en février 1998 : non seulement le recours aux intermittents est désormais interdit dans les zones nucléaires les plus dangereuses, mais les doses de radioactivité reçues par les travailleurs devront être proportionnelles à la durée de leur contrat de travail. Plus question de prendre en une semaine la dose admise sur un an, et d'être « jeté » ensuite ! Du moins en principe. EDF, qui estimait six mois plus tôt qu'il n'était « pas possible de se passer de ce personnel précaire », va devoir inventer autre chose.

    Dans quelques années les premières centrales nucléaires arriveront en bout de course. Déjà, l'usine de retraitement de Marcoule est fermée. De nombreuses installations obsolètes attendent que la radioactivité décroisse un peu pour subir les premiers démontages. Dans dix ans au plus tard, plusieurs chantiers de démantèlement débuteront en France. Les sociétés spécialisées dans la décontamination ne sont pas assez nombreuses, ni assez fournies en personnels. Alors débarqueront des sous-traitants issus de la filière BTP (bâtiment et travaux publics). Ils n'auront aucune formation spécifique, et devront affronter des monstres irradiants. On les enverra au coeur de la machine nucléaire. Comment s'en sortiront-ils ? Qui s'intéressera à eux ?

    Extrait de "Ce nucléaire qu'on nous cache",
    Michèle Rivasi - Hélène Crié,
    Albin Michel, 1998.

    1) Hélène Crié
    2) Calculée à partir de la somme des doses individuelles reçues par le groupe étudié, c'est l'unité permettant d'évaluer la dose collective.

     

    Lire aussi :
    - Femme de ménage atomique intérimaire (à La Hague)

    - Je ne veux pas disparaître sans avoir témoigné (intérimaire au CERN)

    - CERN : la face cachée

     

    Les oubliés du nucléaire 

     mercredi 27 juin 2007 - http://www.naturavox.fr/article.php3?id_article=1197   Dans les centrales atomiques, la maintenance est déléguée à des sous-traitants qui prennent d’importantes doses de radioactivité. «Gueules noires» anonymes des temps modernes, ils sont les oubliés du nucléaire...

    Ils sont robinetiers, soudeurs, électriciens, chaudronniers, décontaminateurs ou commis. Ils seraient 20.000 en France et près d’un millier en Belgique. On les appelle lors des «arrêts de tranche», quand il faut remplacer le combustible usé dans un réacteur nucléaire. Ils effectuent alors des opérations de contrôle et de maintenance sur des parties de l’installation inaccessibles en temps normal. Dans leur combinaison «Muru» – pour Mururoa, cette île du Pacifique où la France effectuait ses essais nucléaires militaires –, ils bossent «en zone». Là où «ça crache», où «ça pète». Ils prennent des doses importantes de radioactivité pour assurer la sécurité des centrales. Et donc notre sécurité. Ce sont les «gueules noires» anonymes des temps modernes, qui font le sale boulot pour que nous puissions nous éclairer, cuisiner, vivre confortablement.

    Mi-mars, à l’occasion d’un arrêt de tranche à Tihange, ils étaient environ 1.200 à débarquer de France, d’Allemagne, du Portugal… Venus prêter main forte aux 700 statutaires et 500 sous-traitants permanents de la centrale, ils sont restés un mois, logeant dans les hôtels, motels et campings de la région. Avant de repartir vers un autre arrêt de tranche, en France, en Allemagne, en Suisse ou ailleurs. «Les salariés des centrales, quand il y a un arrêt de tranche, ils vivent un stress, mais c’est une fois par an, explique un de ces saisonniers français de l’atome. Nous on sort du stress d’un arrêt de tranche, on fait 600 km et on retombe dans l’arrêt de tranche suivant. On en fait 10 par an(1).»

    Doses 8 à 15 fois plus fortes

    En France, c’est en 1988 qu’EDF a choisi de sous-traiter massivement la maintenance de ses centrales. Le volume de travail sous-traité est ainsi passé de 20% à 80% en 5 ans. «En Belgique, le tournant a été pris vers 1995, quand Suez est devenu actionnaire d’Electrabel, note Jean-Marc Pirotton, délégué FGTB Gazelco à la centrale nucléaire de Tihange. La tendance est bien sûr de sous-traiter les tâches les plus pénalisantes en doses. A terme, les statutaires d’Electrabel n’auront plus en matière de maintenance qu’un rôle de gestionnaires de sous-traitants.»

    En France, les travailleurs sous-traitants reçoivent 80% de la dose collective annuelle enregistrée sur les sites nucléaires. Les doses moyennes qu’ils encaissent sont 8 à 15 fois plus élevées que celles des agents EDF qui travaillent en zone. Les chiffres seraient du même ordre en Belgique. Ainsi Electrabel et EDF transfèrent-ils massivement le risque d’irradiation vers les travailleurs de la sous-traitance... qui se fait souvent en cascade. «En bout de chaîne, il est fréquent de trouver des intérimaires qui n’ont pas toujours les compétences requises», déplore Jean-Marc Pirotton.

    Pour la plupart des sous-traitants, la visite médicale (deux fois par an en Belgique) se réduit à un «rite d’aptitude» pour pouvoir travailler en zone, sans rapport avec une action continue de surveillance et de protection de la santé à laquelle les salariés sont soumis. Bref, dans les centrales, le travail sous-traité disparaît des «ressources humaines» pour être reporté dans les «achats», régulés essentiellement par la concurrence. Ainsi, ceux qui génèrent les risques – les exploitants de centrale – ne doivent plus en assumer les conséquences en cas d’accident de travail ou de maladie professionnelle...

    Si les contraintes de sécurité imposées par la direction sont les mêmes pour tous, le message délivré aux sous-traitants varie en revanche selon l’employeur. «Sur les quelque 1.200 saisonniers qui débarquent pour un arrêt de tranche, environ deux tiers proviennent d’entreprises structurées, avec délégation syndicale», estime à la louche Jean-Marc Pirotton. «Les autres, on ne les connaît pas, enchaîne Constant Koumbounis, délégué FGTB chez Fabricom-GTI, une filiale de Suez qui est un des principaux sous-traitants d’Electrabel à Tihange. Ceux qui bossent pour des petits patrons, les “marchands d’hommes”, ils ne parlent pas. Ils se changent dans la camionnette et cassent la croûte sur leur coffre à outils. Pour eux, le message de sécurité n’est pas du tout le même...»

    Dosimètre au vestiaire

    Les travailleurs qui opèrent en zone ont droit à un quota annuel d’irradiation. S’ils le dépassent, ils sont interdits de centrale. Les salariés sont mis au chômage technique, avec perte de revenus. Les intérimaires, eux, perdent leur job. Ainsi, lorsqu’ils frôlent leur quota, certains travailleurs laissent volontairement leur dosimètre au vestiaire... Pour d’autres, c’est un ordre. «Une fois, je travaillais la nuit ; il n’y avait pas d’agents de radioprotection, témoigne Antonio, un intérimaire français habitué depuis quatre ans aux petits contrats (2). Mon chef m’a demandé de déposer mon dosimètre et d’aller reprendre le double de la dose. J’ai refusé et j’ai été viré.»

    Une exception ? Pas vraiment. Dans le rapport 2005 remis au directeur d’EDF par l’inspecteur général pour la sûreté nucléaire et la radioprotection, le «défaut de port de dosimètres» était repris dans les «situations répétitives et à risque». Et en Belgique ? «C’est déjà arrivé à Doel, à Tihange, et à mon avis ça arrive dans toutes les centrales nucléaires du monde, lance Jean-Marc Pirotton. C’est bien sûr décrié par la direction, mais il n’y a pas toujours un ingénieur d’Electrabel derrière les sous-traitants...»

    A court terme, ces «petits arrangements avec la radioactivité» conviennent à tous : l’ouvrier peut continuer à travailler, le sous-traitant est bien vu par l’exploitant de la centrale car il passe pour bien gérer les doses de ses travailleurs, et l’exploitant lui-même peut afficher une dose collective annuelle en baisse. Ce qui est excellent pour son image. 

    (1) Propos recueillis en mars 2007 par le réalisateur belge Alain de Halleux, qui prépare un documentaire de 52 minutes sur le sujet.
    (2)
    Travailler peut nuire gravement à votre santé, Annie Thébaud-Mony, La Découverte, 2007, p.105.

      



     

     

     


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    Une vidéo en direct du Japon : la jeunesse crie son dégoût, sa révolte.

    Par admin le lundi 6 février 2012, 17:07 

    Dans cette vidéo ( sous-titrée en français), en direct du Japon, un jeune japonais crie sa rage dans la rue. La police se ramène mais il y a trop de gens autour. Il crie la vie qu'on lui prend à lui et à ses frères. En écoutant cet homme, hurlant la vie du fond de son enfer japonais, comment puis-je ne pas comprendre la nécessité de l'arrêt immédiat de tous les réacteurs nucléaires français ? Cessons tous, individuellement de cautionner ce crime d'ici et d'ailleurs et de tous les temps.

    2012-02-05_Frying-Dutchman_ humanError.jpg

     



     

     

     



    cliquer sur la photo pour lancer la vidéo.

    FRYING DUTCHMAN - humanERROR

    sous titrage de la vidéo :

    Il y a bien longtemps, les êtres humains ont perdu leur vrai sens du temps, et de ce fait, leurs sens se sont amoindris et ils ont perdu les puissances créatrices dans d'autres dimensions qui seraient inimaginables aujourd'hui, comme la télépathie et des pouvoirs avancés de la pensée.

    Depuis lors, des gens mauvais ont créé une fausse sensation du temps pour garder ces capacités étouffées. En utilisant la science de la destruction, ils ont construit des civilisations dépendantes de choses matérielles et créé la religion pour imposer leurs règles égoïstes à une population désorientée, tandis que derrière la scène, ils monopolisent l'énergie et bâtissent des économies basées sur l'argent, au prix de nos puissantes capacités naturelles. Pendant des milliers d'années, une perte de la mémoire génétique s’est produite. Après de nombreuses réincarnations, nous voici, ayant complètement oublié ces capacités. Nous souffrons tous d'amnésie collective !

    Parler de science à quatre dimensions et de philosophie peut ennuyer les gens qui n'ont aucun intérêt pour l’imagination, donc laissez-moi dire les choses simplement :

    Pendant longtemps, certaines personnes ont fait de l'argent en détruisant la nature et fabriquant de manière irresponsable des produits dangereux, tout en utilisant les médias pour tromper les masses et en infligeant des douleurs horribles et des souffrances à ceux qui sont en harmonie avec la nature. L'électricité alimentant nos vies ne fait pas exception - il est bâti sur la souffrance des autres. Mais scrutez tout au fond de la boîte de Pandore et vous verrez les technologies énergétiques avancées qui maîtrisent les énergies naturelles sans détruire la nature. Avec des technologies comme l'énergie solaire et autres énergies renouvelables, nous pouvons obtenir toute l'électricité dont nous avons besoin sans l'énergie nucléaire, à un prix avantageux également.

    Nous pourrions fermer toutes les centrales nucléaires et facilement faire la différence en exploitant nos centrales hydroélectriques et thermiques à pleine capacité. Mais de puissants intérêts nous cachent ce fait.

    Pourquoi ? A cause de l'argent ! L’argent ! Ces gens sont en phase de folie terminale !

    Les compagnies d'électricité ont reçu jusqu’à un trillion de yens (environ 13 milliards de dollars US) de subventions du gouvernement pour construire une centrale nucléaire. Une fois l'emplacement choisi, les compagnies d'électricité arrosent d’argent la population locale.
    Ils emmènent les gars dans des bars à hôtesses et les personnes âgées à des séances aux sources chaudes.

    Vin et dîner, vin et dîner ! Et ils leur mentent au sujet de la centrale nucléaire disant que ça sera bon pour l'économie locale. Ils ont en fait un manuel sur la façon d'utiliser l'argent pour diviser la communauté en partisans et adversaires.

    Même les pêcheurs vendent leurs droits de pêche pour des sommes énormes.

    Puis il y a un tir de barrage de relations publiques qui n'est rien d’autre que de la propagande, sur les mesures de sécurité et le secret des expériences dangereuses.

    D’où vient l'argent pour tout cela ? De vos impôts ! C'est ainsi que le Japon a construit de manière agressive 59 centrales nucléaires, soit en exploitation, hors service, ou en prévision.

    Cela signifie que nous vivons maintenant avec plus de 50 bombes à retardement attachées à nos corps. Si une seule explose, toute la zone autour d'elle devient inhabitable pour tous les êtres vivants, et la contamination se propage lentement partout. Ce n'est pas agréable à imaginer. Le Japon a construit ces réacteurs sous la bannière de l’utilisation pacifique de l'énergie nucléaire, mais la vraie raison est que le gouvernement veut des armes nucléaires.

    En ce moment, dans la ville de Kaminoseki dans la Préfecture de Yamaguchi, Chugoku Electric Power veut construire ce qui serait deux des plus grandes centrales nucléaires du Japon, construites en gagnant du terrain sur la magnifique côte de la Baie de Tanoura. Depuis 30 ans, la population de l'île voisine d’Iwai a combattu ces plans. Ils ont consacré leur vie à cette cause, et ils ont arrêté la construction.

    Ces gens vivaient en harmonie avec la nature de leur île verdoyante depuis des générations. C'est un endroit stupéfiant, avec une histoire et une nature grandiose. Mais Chugoku Power veut ignorer tout cela et forcer la réalisation de leurs plans.

    "Fukushima ?" disent-ils. "Nous n'avons rien à voir avec cela." Jusqu'à récemment, ils ont travaillé sur cette centrale tous les jours.

    Quelle bêtise ! Et maintenant d'autres entreprises qui ont fermé leurs centrales nucléaires après Fukushima veulent les redémarrer.  "Elles sont sûres", disent-ils. Que voulez-vous dire, par sûres ? Une fusion s’est-elle produite à l’intérieur de votre tête ? Ils sont en phase de folie terminale. A force de scander des "C'est sûr, c'est sûr” ils se sont eux-mêmes lavé le cerveau, comme les gens dans un culte religieux.

    Quels idiots ! Mais nous avons été trompés par ces idiots, ce qui nous rend idiots, nous aussi. Nous sommes complètement pris dans leur piège !

    Un grand nombre de personnes sur Twitter et Internet ergotent sur les déclarations des anti-nucléaires, mais ces types superficiels ne comprennent pas du tout la situation. C'est pathétique ! Ne dites pas que vous soutenez l'énergie nucléaire tant que vous ne connaissez pas l'histoire réelle - Hiroshima et Nagasaki, l'exposition aux radiations provenant du réacteur n °5 de Fukuryumaru, la campagne "d’utilisation pacifique" des Nations Unies à partir de 1953, qui était juste une couverture pour la course au développement nucléaire de la guerre froide entre les Etats-Unis et l'Union soviétique; les projets d'énergie nucléaire élaborés par l'Amérique et vendus au public par le journal Yomiuri et la station de télévision de Matsutaro Shoriki.

    Voilà comment l'uranium est venu au Japon. Une fois que vous connaissez cette histoire, votre point de vue va changer ! Une fois que vous voyez l’impact négatif de la réaction en chaîne de l'énergie nucléaire à travers toute notre société, il va vous donner envie de vomir !
    Si vous avez un cœur, en fait.

    La télévision et les journaux sont des outils pour tromper le public, c’est un problème spécialement grave au Japon. Les informations à la TV sont d’une qualité absolument horrible. Ce n'est que maintenant qu'ils ont commencé à parler du plutonium - la substance la plus dangereuse au monde !

    L’unité 3 de Fukushima est un réacteur pluthermal ! Du genre promu dans les publicités de Kansai Power mettant en vedette le coach de baseball Sen'ichi Hoshino. C’est un réacteur qui utilise du plutonium - c'est là que ça a explosé ! Mais le titre en première page du journal le lendemain, parlait juste de la "coupure de courant planifiée." C'est de la pure propagande !

    La vie de combien de gens vont-ils sacrifier pour couvrir leurs crimes ?  Ça suffit, salopards !

    Le plutonium est de loin plus meurtrier que d'autres matières radioactives.

    Si vous en respirez même une petite quantité, il attaque vos cellules et détruit vos gènes, ces cellules ne peuvent plus réparer les dommages.
    C'est cette substance qui a fui, mais pendant longtemps, ces salauds n’ont même jamais mentionné le plutonium. Ils ont juste continué de répéter "Il n'y a aucun risque immédiat pour la santé. Il n'y a aucun risque immédiat pour la santé." Cette phrase devrait gagner le “Prix de la Phrase de l’Année”. C'est le crime organisé commis par un gang d'assassins. Plus de vies auraient été sauvées s’ils avaient divulgué plus d'informations, et pas seulement sur l'énergie nucléaire. Vous les auteurs des nouvelles télévisées n’êtes que les pom-pom girls aveugles de l'industrie nucléaire. N’avez-vous aucun respect pour la vie humaine, crétins stupides ?! Ordures !

    Pour l'instant, ces menteurs, ces bâtards malhonnêtes ne pensent pas à la population japonaise. Ils essaient désespérément d’imaginer des excuses pour éviter de prendre la responsabilité de ce qu'ils ont fait. C'est leur boulot. Marrant, n’est-ce pas ? Ce sont des erreurs humaines !

    N'importe qui peut voir clair à travers ces foutaises !

    Le monde entier regarde. L'univers entier regarde !

    Maintenant, le monde regarde pour voir comment les Japonais vont surmonter cette horreur – ce que les jeunes du Japon vont faire, comment les artistes et musiciens vont exprimer cette douleur dans leur art.

    Le Japon est en crise, et le monde entier l’observe, ce n'est donc pas le moment de couper les cheveux en quatre. Il est temps de se réveiller ! L'énergie nucléaire est obsolète !

    Le gouvernement Suédois a été honnête avec son peuple. "L'énergie nucléaire est vouée à l'échec", disent-ils. "Nous pouvons y renoncer, mais ça sera difficile au début." Mais les gens continuent à dire non à l'énergie nucléaire, et maintenant le pays travaille pour s'en sortir sans elle !

    Le Japon a déjà la technologie pour s’en tirer avec juste de l'énergie naturelle, mais ce fait est masqué par des mensonges et des propos alarmistes. A cause de l'argent ! Alors réveillez-vous ! Comment pouvez-vous être si passifs ?

    À l'usine de retraitement nucléaire de Rokkasho à Aomori, des déchets nucléaires ont fui d'une piscine de 3 000 tonnes. Il y avait trop de déchets liquides à enterrer, alors ils les ont déversés dans l'océan. Pouvez-vous croire cela ? Et ils cachent cela à tout le monde.

    Il y a là tellement de matières nucléaires que si jamais l’usine avait explosé, oubliez le Japon – c’en serait fini du monde entier. Rien que sur le nucléaire, ils nous cachent tellement de choses ...

    Ces coupures de courant planifiées dernièrement étaient scandaleuses. Ils ont volontairement fait cela pour tromper les gens en leur faisant croire qu'ils ont besoin d'énergie nucléaire. Des gens sont morts à cause de ces coupures, mais à quoi ça sert ? Le Japon a tellement d'énergie électrique que de plus en plus de maisons et de bâtiments n’utilisent plus que l’énergie électrique.

    Pensez-y, tout le monde. Le Japon a des sources chaudes, presque partout, donc il y a beaucoup d'eau chaude souterraine pour l'énergie géothermique ! Le Japon est une nation insulaire, et nous avons créé la technologie pour produire de l'énergie illimitée à partir des marées. Le Japon a aussi des lignes haute tension high-tech pour transporter l’énergie qui pourraient presque éliminer les pertes d'électricité - les lignes que nous utilisons aujourd'hui pour transmettre l'électricité provenant des centrales à vos maisons et édifices de bureaux causent beaucoup de pertes de puissance !

    Nous autres Japonais avons une technologie impressionnante ! Si nous avions l'argent pour tout ça, alors nous pouvons absolument atteindre l'objectif d’utiliser seulement de l'énergie naturelle. Alors pourquoi ne le faisons-nous pas ? A cause des armes nucléaires et de l'argent ! Sale argent damné ! Et l'argent qui cause une frénésie de consommation ! Les compagnies Japonaises d'électricité sont des monopoles, donc elles sont illégales ! Pourquoi payez-vous tous des impôts ? C'est une question d'argent, d'argent, d'argent ! Bien sûr, l'argent est important, mais il y a des choses plus importantes que l'argent !

    Vous pouvez acheter une maison, mais vous ne pouvez pas acheter un foyer..

    L'argent vous achète une montre, mais il ne peut pas vous acheter le temps.

    Vous pouvez acheter un livre, mais vous ne pouvez pas acheter la connaissance. Vous pouvez acheter un lit, mais vous ne pouvez pas acheter le sommeil. L'argent paie le médecin, mais il ne peut pas guérir la maladie.

    Acheter de l'électricité détruit la nature.

    Beaucoup de gens se sentent frustrés parce qu'ils veulent aider, mais tout ce qui leur vient à l’esprit est d’envoyer un don. Donner de l'argent est une bonne chose, mais combien de gens pensent à la manière dont cet argent est dépensé ou qui en bénéficie ? Beaucoup de gens envoient des dons par culpabilité, mais ils ne s'intéressent pas vraiment.

    Une chose que nous pouvons faire est de démocratiser l'énergie électrique. À Kyoto, où que vous creusiez un trou vous trouvez une source chaude, donc la ville pourrait créer un réseau électrique où chaque communauté a sa propre source chaude pour produire de l'électricité. Est-ce que ça ne serait pas génial ? La géothermie a ses inconvénients, mais les collectivités peuvent décider de ce que serait un juste équilibre.
    Kyoto a aussi des barrages, donc un temps nuageux n'est pas un problème, et les barrages peuvent transformer la pluie en davantage d'énergie hydroélectrique. Avec tout cela, Kyoto pourrait générer l'énergie électrique dont elle a besoin sans nuire à la nature.. C'est cela la démocratie électrique.

    Bien sûr, un tel projet aura besoin de capitaux, ainsi que de discussions approfondies et de transparence, afin que chacun puisse voir comment les dons, les subventions et les impôts sont utilisés. En travaillant ensemble, nous pouvons le faire ! Les gens voudraient faire un don si c'était pour une bonne cause et s'il y avait de la transparence.

    Les arnaques aux dons existent. Vous ne pouvez pas faire confiance à une société juste parce qu’elle est importante. En fait, les grandes entreprises sont les meilleures pour les escroqueries. Je déteste dire ça, mais il y a une quantité lamentable de malhonnêteté aujourd'hui au Japon.

    L'énergie nucléaire a alimenté nos vies quotidiennes, et en ignorant la situation, nous avons laissé cela se produire. Alors que nous nous amusions, les ingénieurs ont conçu des centrales nucléaires. Ils connaissaient les dangers mieux que personne, et ils ont été bien payés, alors peut-être qu'ils ont fait le meilleur travail possible. Peut-être que je devrais me sentir reconnaissant envers l'énergie nucléaire, mais je ne peux pas - pas avec tous les mensonges qu'on nous raconte. Des personnes irresponsables nous ont laissé des déchets contaminés qui vont affliger le pays pour qui sait combien de générations.

    Les compagnies d'électricité, l'Agence de Sécurité Nucléaire et Industrielle, les bureaucrates, les politiciens, banquiers, dirigeants d'entreprises, les médias de masse, et les scientifiques du gouvernement courent tous après l'argent comme des personnages dans une comédie. Mais c’est trop pénible à regarder encore !

    Si nous poursuivons la vérité et gardons ces criminels à l’œil, si nous ouvrons les yeux sur la réalité pour voir comment les choses doivent changer, nous allons être capables d’avoir des regards créatifs et d’apporter des idées concrètes. Nous allons également voir comment tout ce que nous avons perdu depuis des milliers d'années peut être retrouvé, même si cela prend des milliers d'années.

    Mais quoi qu'il arrive, nous n'avons plus besoin d'énergie nucléaire.

    Rester apathiques et crédules ne fera que nous conduire à la destruction !

    Ce n'est pas le problème de ne pas avoir assez de puissance électrique, parce que vous pouvez vivre sans électricité, mais vous ne pouvez pas vivre sans la nature. Des dommages irréversibles ont déjà été réalisés. Je ne parle pas de se sentir désolé pour les animaux et les plantes lésées par nos manières égoïstes, car vous savez pour qui nous devrions vraiment être désolés ?

    Les enfants ! Ils sont notre avenir ! Si nous ne les protégeons pas, qui diable le fera ?

    Cinquante, cent, ou deux cents ans à partir de maintenant, les gens pourront regarder en arrière à notre époque et dire: "C’était une bande de Hitlers ! Une bande de maniaques génocidaires !" Si nous voyons la vérité derrière les mensonges, nous pouvons changer le monde du jour au lendemain sans violence !

    Peu importe combien de détours nous prenons, ou combien de fois nous renaissons, l'objectif reste le même : l'amour ! l'amour !
    Ce n'est pas seulement un mot banal, et ne soyez pas gêné de le dire : "Amour!"
    L'amour est ce dont nous avons besoin !
    Criez-le : "AMOUR !"
    Criez-le : "AMOUR !"

    Criez-le : "AMOUR !"
    Criez-le : "AMOUR !", SALAUDS !
    Maintenant, laissez les salauds vous entendre !
    "SALOPARDS !"
    "SALOPARDS !"
    "SALOPARDS !"
    "SALOPARDS !"
    "SALOPARDS !"
    "SALOPARDS !"
    Très bien, maintenant levez-vous et faite entendre votre voix !

    PLUS JAMAIS D’ENERGIE NUCLÉAIRE !
    PLUS JAMAIS D’ENERGIE NUCLÉAIRE !
    PLUS JAMAIS D’ENERGIE NUCLÉAIRE !
    FERMEZ TOUTES LES CENTRALES NUCLÉAIRES !

    Éliminez l'énergie nucléaire maintenant !

     

     

     


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    A Fukushima, des maires français face à "l'ennemi invisible"

    Reportage Le monde 01.02.12  13h48   •  Mis à jour le 02.02.12 | 17h31



    Fukushima Envoyé spécial - "Quand je vois défiler ces magnifiques paysages de Fukushima aujourd'hui contaminés, je ne peux m'empêcher de penser à ma région et de m'interroger sur le devenir de ces territoires." La remarque a fusé, empreinte d'une réelle émotion. Par la fenêtre du bus, l'adjoint au maire de Chinon (Indre-et-Loire), Yves Dauge, admire la nature généreuse du département de Fukushima. Des rizières au repos, d'immenses forêts, le tout sur fond de montagnes enneigées sous un soleil accroché dans un ciel sans nuages.

    Une vraie carte postale qui séduit Yves Dauge comme les sept autres élus français venus passer quelques jours dans ce département du nord-est du Japon. Avec un objectif : "Voir comment les autorités locales japonaises gèrent la crise nucléaire et ses conséquences." Partant du constat que l'accident de mars 2011 à la centrale Fukushima Dai-ichi a marqué les esprits au Japon comme en France, Cités unies, organisation française de promotion des collectivités locales à l'international, et son équivalent japonais CLAIR ont organisé, du 12 au 14 janvier, ce voyage réservé à des élus de collectivités voisines de sites nucléaires, La Hague (Manche), Chinon ou encore Fessenheim (Haut-Rhin).

    Quelques jours pour s'immerger dans un territoire marqué par le séisme et le tsunami du 11 mars 2011, et surtout par le pire accident nucléaire depuis Tchernobyl. Un drame d'une ampleur telle que Bertrand Gallet, directeur général de Cités unies, regrette que "les élus n'aient pas été plus nombreux à répondre à l'appel, tant ce voyage est instructif".


     

    Une ville évacuée dans le périmètre d'exclusion de 20 km autour de la centrale.REUTERS/STRINGER


    Instructif et bouleversant. "Pour nous, ajoute Yves Dauge, ce voyage est un cas concret. Tout ce qui nous a été dit me perturbe beaucoup. A l'avenir, qui va vouloir s'installer ici ? Quelle entreprise va vouloir investir?" Car, au fil de ces journées à arpenter l'un des plus vastes départements japonais, à contourner la zone interdite des 20 kilomètres établie autour de la centrale et à écouter élus locaux et habitants, les visiteurs ont pris la mesure réelle d'un drame à l'origine de l'évacuation de plus de 100 000 habitants, d'une crise qui pourrait durer quarante ans et d'un coût évalué à 1 151 milliards de yens (11,4 milliards d'euros). Le tout sans compter l'impact sur la santé de milliers de personnes, qui devrait être ressenti d'ici quelques années et le problème durable de la contamination radioactive.

    Une situation qui n'incite guère à l'optimisme. L'adjointe au maire de Strasbourg, Françoise Buffet, pour qui les paysages de Fukushima évoquent les forêts des Vosges, déplore que l'environnement soit "aujourd'hui dangereux, interdit" par la présence massive des dépôts radioactifs. Ils atteignent parfois de tels niveaux qu'ils font réagir les dosimètres amenés par la délégation.

    Cette pollution radioactive a été baptisée d'"ennemi invisible" par Norio kanno, le maire d'Iitate, village qui avait misé sur l'agriculture bio et qui se situe à l'intérieur des terres, à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de la centrale. Les 6 000 habitants ont dû l'évacuer , car il a eu la malchance de se trouver sur la route du nuage hautement radioactif émis dans les premiers jours de la crise. "Nous avons été victimes d'un caprice du vent", regrette Norio Kanno, rencontré à Iino, dans la banlieue de la ville de Fukushima, où se trouve désormais sa mairie.

    Son émouvant témoignage a mis en évidence l'enjeu complexe de la décontamination, qui empêche aujourd'hui d'envisager le retour chez eux des habitants. "Un jour, juge Jacques Maugein, président de la commission locale d'information (CLI) sur le nucléaire en Gironde, le gouvernement japonais devra avoir le courage de reconnaître que la décontamination est une épreuve du temps. Il faudra au moins quarante ans pour un retour à la normale."

    De fait, a, par ailleurs, expliqué Ryo Ijichi, responsable de l'ONG On the Road et membre du secrétariat gouvernemental pour la reconstruction, "les efforts de décontamination ne donnent pas grand-chose". Le vent et la pluie déplacent les dépôts radioactifs accumulés dans les forêts et sur les montagnes. Et la centrale accidentée continue de rejeter du césium, à 70 millions de becquerels par heure. Si bien qu'une zone "nettoyée" est à nouveau polluée en quelques jours.

    Outre le problème de la contamination, qui pousse au départ des milliers d'habitants, le plus souvent jeunes, les élus français ont pu noter le profond sentiment d'abandon ressenti dans les jours qui ont suivi l'accident par les responsables rencontrés. Katsunobu Sakurai, maire de Minami-Soma, ville côtière de 71 000 habitants, victime du tsunami et dont une partie se trouve dans la zone des 20 kilomètres, a évoqué "l'absence totale d'informations, de consignes, de ravitaillement. J'ai dû tout décider seul, notamment en matière d'évacuation". Réaction de Jacques Maugein : "En France, c'est le préfet qui a normalement l'autorité pour décider une évacuation. Que devraient faire les élus s'il ne la décide pas ?"

    A la centrale aussi, les responsables se sont sentis bien seuls au moment du drame. Ce déficit de communication avec le siège tokyoïte de Tepco (compagnie d'électricité de Tokyo, propriétaire et opérateur de la centrale) fait dire à Jacques Maugein qu'aujourd'hui, en pareille situation, "EDF se serait comportée comme Tepco".

    Triste constat qui en amène un autre : "Les Japonais vivaient avec l'idée du zéro danger du nucléaire, note Françoise Buffet. Cet accident leur a prouvé l'inverse." Elle se dit profondément marquée par le témoignage du maire d'Iitate. "Pour lui, le traumatisme, le choc violent du tsunami paraissent préférables au mal invisible et sans fin de la radioactivité. Car l'important dans ce genre de situation est de pouvoir reconstruire, ce que la nature du mal radioactif ne permet pas."

    Même les plus attachés au nucléaire paraissent ébranlés. Michel Laurent, ancien d'Areva, maire de Beaumont-Hague (Manche), commune voisine du chantier de l'EPR et où se trouve le centre de traitements des déchets de la Hague, clame l'importance de "toujours penser à l'impensable quand on s'intéresse aux risques d'accident". "Ce drame confirme l'importance de ne pas faire d'économies sur la sécurité et de maintenir les exploitants sous le statut de sociétés nationales."

    Michel Laurent souhaite également des réponses sur les indemnisations. Pierre Gaillard, vice-président de la CLI auprès de la centrale de Golfech (Tarn-et-Garonne), veut rencontrer l'assureur d'EDF, ce qu'il n'a pas encore réussi à faire malgré plusieurs demandes. Il s'interroge également sur le déroulement des exercices réalisés tous les deux ans en France. "Est-ce que l'on peut exiger des chauffeurs de bus, des gendarmes ou des pompiers d'intervenir dans des milieux devenus aussi hostiles ? Avons-nous les moyens de garantir leur sécurité ?"

    Certaines craintes s'expriment. Jacques Maugein rappelle que la centrale du Blayais (Gironde) a été inondée en 1999 et peut toujours l'être. "Que peuvent les protections mises en place contre la puissance de l'eau ?" Evoquant l'ancienneté de la centrale de Fessenheim et le fait qu'elle se trouve sous la menace des eaux du canal d'Alsace, Françoise Buffet rappelle que Strasbourg, comme plusieurs villes allemandes et suisses, en a demandé la fermeture, en vain.

    Et, finalement, la question porte sur l'avenir du nucléaire, une technologie dont, constate Françoise Buffet, "nous ne maîtrisons pas l'ensemble du processus et qui peut avoir des conséquences désastreuses". Pour Yves Dauge, c'est clair, aujourd'hui "il faut affirmer la nécessité de sortir du nucléaire". "Cela doit être accompagné d'une réflexion sur la stratégie énergétique, précise-t-il. Mais c'est d'autant plus fondamental que le nucléaire devrait coûter de plus en plus cher."

    Il ne croyait pas si bien dire, comme l'a démontré le rapport de la Cour des comptes sur "Les coûts de la filière électronucléaire". Dévoilé le 31 janvier, il soulignait les "grandes incertitudes" pesant sur ce secteur.

    Philippe Mesmer


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  • Fukushima: le difficile nettoyage des zones contaminées

    Qui l'eût cru, les populations peuvent être rassurées, tout va rentrer dans l'ordre. On passe un bon coup d'aspirateur et hop ! Mettre des déchets radioactifs dans des incinérateurs traditionnels ? J'ai des doutes. Si un lecteur " Physicien " veut bien m'éclairer.

    Gaulois.

    Créé le 23/01/2012 à 09h11 -- Mis à jour le 23/01/2012 à 11h42


    Des débris après le tsunami au Japon à Otsuchi le 8 mai 2011 Toshifumi Kitamura afp.com
    JAPON - La population espère retrouver bientôt une vie normale, mais la décontamination des sites est compliquée...
    Dix, vingt ans ou même plus d'un siècle de déchets habituels cumulés dans les villes du littoral nord-est du Japon en une seule journée, le 11 mars 2011. Dix mois plus tard, il reste des monceaux à traiter, une tâche rendue plus rude par la radioactivité. Ravagée par le violent séisme et le tsunami gigantesque qui ont tué plus de 19.000 personnes, la côte Pacifique du Japon est un vaste champ de ruines. Une grande partie des détritus ont été déblayés et regroupés, mais le tri et le traitement (recyclage, incinération) sont loin d'être achevés et ces montagnes de déchets représentent un danger (effluves, incendies, etc.).
    L’espoir de revenir à «une vie normale»
    «Notre espoir est que tout soit le plus vite possible enlevé pour revenir ensuite à une vie normale», confie un résident de l'agglomération saccagée d'Onagawa appelant à l'aide ses compatriotes sur internet. «Je veux reconstruire ma maison dès que possible», renchérit une voisine. «Nous voulons terminer en trois ans, mais si les choses se poursuivent au rythme actuel, cela semble difficile, il faut absolument accélérer», indique pour sa part le ministre de l'Environnement, Goshi Hosono, également chargé du suivi de l'accident nucléaire de Fukushima. «Nous prenons des dispositions supplémentaires, comme la construction de sites temporaires d'incinération, mais même cela ne suffira pas», poursuit-il.
    De fait, selon lui, il n'y a d'autre solution que de faire appel à la solidarité nationale et de mobiliser des infrastructures dans toutes les régions pour se débarrasser rapidement des 16 millions de tonnes de détritus de la préfecture de Miyagi (la plus touchée) et des 4,42 millions d'Iwate. Pour les 2,28 millions de Fukushima, où se sont dispersées en masse des éléments radioactifs, le traitement sera effectué sur place. La ville de Tokyo a déjà accepté de prendre en charge une partie des débris, «mais les autres localités n'ont rien décidé», déplore le ministre.
    La contamination effraye
    Les autorités locales rencontrent l'opposition de leurs administrés qui craignent la contamination radioactive des déchets de Miyagi et Iwate, deux préfectures proches de celle de Fukushima, ainsi que les risques de dispersion lors de la combustion, fût-ce dans des lieux dédiés. Le gouvernement tente de rassurer en expliquant que les installations sont pourvues de filtres assez fin pour empêcher le passage des particules radioactives. De surcroît, des mesures sont effectuées et seulement les déchets ne dépassant pas un certain niveau de radioactivité seront pris en charge dans des incinérateurs conventionnels.
    Tokyo, qui a entrepris le traitement de déchets de Miyakoshi (préfecture d'Iwate), assure prendre de multiples précautions. Les détritus sont scrupuleusement triés sur les lieux de la catastrophe à la main et avec des engins de chantier (retrait des objets et matières dangereuse, séparation bois, plastique, métaux, etc.). Toutes les heures est mesurée la radioactivité de l'air dans la zone de tri, dans quatre directions différentes. Une partie est traitée sur place. Le reste est stocké temporairement en attendant les résultats de nouvelles mesures de radioactivité. Les déchets ne présentant pas de risques sont chargés dans des containers, puis de nouveau mesurés avant d'être transportés par train jusqu'à Tokyo où ils sont brûlés. «La radioactivité mesurée dans les cendres est de 133 becquerels par kilogramme, c'est moins que le niveau temporaire fixé pour la nourriture, il n'y a pas de danger et pas lieu de s'inquiéter», argue Goshi Hosono.
    «Nous voulons à tout prix nous reconstruire»
    Son ministère affirme que des dispositions sont prises pour s'assurer que les personnes qui oeuvrent dans les zones de tri et d'incinération ne risquent pas d'être exposées à un niveau de plus d'un millisievert par an (maximum autorisé pour le grand public en temps normal). Pour les citoyens des environs, le surcroît ne doit pas dépasser 0,01 millisievert par an. «Nous voulons à tout prix nous reconstruire. Pour ce faire, il faut au plus vite que nous évacuions ces déchets. Je souhaite vraiment que les habitants de Tokyo et des autres régions comprennent la situation dans laquelle nous sommes», implore Yoshiaki Suda, maire d'Onagawa.
    © 2012 AFP


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  • Fukushima et santé

    Michel Fernex s'exprime suite à un article paru dans le Mainich Daily News : http://mdn.mainichi.jp/mdnnews/

    Professeur émérite de la Faculté de Médecine de l’Université de Bâle, il est aussi membre des Médecins pour une responsabilité sociale (Physicians for Social Responsibility - PSR) et de l'Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire. Il était membre du comité directeur sur les maladies tropicales au sein de l'Organisation Mondiale de la Santé. Il est aussi ancien président de l'organisation Enfants de Tchernobyl Belarus.
    Il a dirigé la campagne pour l'indépendance de l'OMS (Independent WHO) par rapport à l'Agence internationale de l'énergie atomique.

    Gaulois.



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  • États-Unis : au moins 14 000 décès causés par les retombées de Fukushima

    A part ça, tout va très bien ! Les nucléocrates diront, comme c'est leur habitude, que c'est bidon.

    N'oubliez jamais qu'un haut responsable de l'AIEA affirmait, quelques mois après Tchernobyl    " Même si une catastrophe de type Tchernobyl avait lieu chaque année, l'énergie nucléaire serait encore interessante " !! Je suis prêt à parier qu'ils sont capable de rééditer cette affirmation...

     Gaulois

     Mardi 20 décembre 2011

    Alerte-nuage-radioactif-2011-Japon-USA-Europe.jpg

     L’impact semble à peu près comparable à celui de Tchernobyl; Les petits enfants sont les plus durement touchés, une recherche en cours montre un comptage de décès sûrement plus élevé. 

    On estime que plus de 14.000 décès aux États-Unis sont liés aux retombées radioactives de la catastrophe des réacteurs nucléaires de Fukushima, selon un important article de l’édition de décembre 2011 du Journal International des Services de Santé. C’est la première étude spécialisée publiée dans un journal médical à faire connaître les risques sanitaires de Fukushima. Les auteurs Joseph Mangano et Janette Sherman ont écrit que leur estimation des 14.000 décès d’américains dans les 14 semaines après les fusions des réacteurs de Fukushima peut se comparer aux 16.500 décès dans les 17 semaines après la fusion de Tchernobyl en 1986. L’augmentation de décès rapportés après Fukushima a surtout été constatée chez des enfants américains de moins d’un an. L’accroissement de décès infantiles 2010-2011 a été de 1,8%, comparé à la diminution de 8,37% des 14 semaines précédentes. L’article sera publié mardi et sera disponible sur le web à 11 h à l’adresse suivante : http://www.radiation.org

    Exactement 6 jours après la fusion des 4 réacteurs, (donc le 17 mars) des scientifiques ont détecté un nuage de retombées toxiques parvenu au-dessus des plages américaines. Des mesures ultérieures faites par l’Agence américaine de Protection de l’Environnement ont montré aux États-Unis des niveaux de radioactivité de l’air, de l’eau et du lait des milliers de fois au-dessus des normes. Les plus forts taux détectés d’iode-131 en précipitation ont été aux États-Unis les suivants (la norme est environ de 2 picocuries d’iode-131 par litre d’eau) : Boise, Idaho = 390 ; Kansas City = 200 ; Salt Lake City = 190 ; Jacksonville, Floride = 150 ; Olympia, état de Washington = 125 ; et Boston, Massachussets = 92.

    L’épidémiologiste Joseph Mangano a dit : « Cette étude des risques sanitaires liés à Fukushima est la première à être publiée dans un journal scientifique. Elle ne fait qu’augmenter l’inquiétude et suggère fortement de continuer des études de santé pour comprendre le réel impact de Fukushima au Japon et autour du monde. Les découvertes sont importantes pour le débat actuel sur la construction de nouveaux réacteurs et combien de temps on doit conserver les réacteurs vieillissants en service. »

    Mangano est directeur exécutif du projet Radiations et Santé Publique, et auteur de 27 articles de journaux médicaux et lettres. Janette Sherman, interne en médecine et toxicologue disait : « En se basant sur notre recherche en cours, le comptage réel des décès ici peut atteindre 18.000 personnes, si on ajoute les grippes et les pneumonies comme cause de décès, qui ont quintuplé dans la période en question. On a vu des morts dans toutes les tranches d’âge, mais nous continuons à réaliser que les petits enfants sont plus durement touchés car leurs tissus se multiplient rapidement, ils ont des systèmes immunitaires moins développés et les doses de radioisotopes sont proportionnellement plus importantes que pour les adultes. »

    Le Dr Sherman est professeur adjoint à l’université du Michigan et co-éditrice de  »Tchernobyl – conséquences d’une catastrophe pour les gens et l’environnement », publié en 2009 par l’Académie des Sciences de New York, et auteur de  »Exposition chimique et maladie et Le délicat équilibre de la vie – Causes et prévention du cancer du sein. »

    Les rapports hebdomadaires des centres de contrôle et de prévention des maladies établissent le nombre de morts pour 122 cités américaines avec une population supérieure à 100.000 habitants, c’est à dire entre 25 et 30% des États-Unis. Dans les 14 semaines après l’arrivée des retombées de Fukushima aux US (entre le 20 mars et le 25 juin), les morts rapportées aux centres de contrôle des maladies a augmenté de 4,46% par rapport à la même période de 2010, comparé aux seuls 2,34% dans les 14 semaines précédentes. Les décès en excédent pour tout les US pendant cette période sont d’environ 14.000.

    SOURCE : http://www.marketwatch.com/story/medical-journal-article-14000-us-deaths-tied-to-fukushima-reactor-disaster-fallout-2011-12-19 

     

     

     


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    Fracassantes révélations du journaliste Suzuki

    Tomohiko


    Il y a lieu de considérer avec la plus grande attention la remarque à la fin de l'article. La " Grande "  presse, en particulier " Française ", se situe à des année-lumières de la démocratie.

     Gaulois

    Dimanche 25 décembre 2011

    3010059077_1_3_0sguTunk.jpg Depuis quelques années déjà à Tokyo sont vendus dans le célèbre quartier de Akihabara dédié à l'informatique, aux bandes-dessinées (manga) et aux gadgets en tout genre, des masques à gaz factices, décision quasi-visionnaire du fabricant de ce jouet à l'aspect des plus sérieux mais qui annonce la couleur d'entrée de jeu : "Ce masque à gaz ne protège pas des gaz".

    A ce scrupule près, ce masque à gaz -ou ANP pour les puristes- qui se présente comme une protection contre des risques mortels, mais qui n'en est pas une nous apparaît être l'allégorie-même de ce qui semble se passer du côté de Fukushima, ville du Japon connue pour ses centrales atomiques sinistrées depuis le 11 mars 2011.

    Et de fait, c'est une petite bombe qu'a lancé le courageux -pour ne pas dire l'héroïque- Suzuki Tomohiko, journaliste indépendant japonais, en donnant sa conférence au Club de la Presse Étrangère de Tokyo, cercle officiel regroupant la crème des correspondants étrangers résidant au Japon, ce 15 décembre 2011.

    Il y a révélé que s'étant fait engager comme "ouvrier" sur le site des centrales radioactives de l'entreprise Tepco, l'essentiel de ce qui a largement été présenté aux Japonais et aux observateurs étrangers comme une entreprise de réparation/décontamination à grande échelle où prévaudrait l'entraide, le sentiment de devoir et d'abnégation, l'union nationale et la transcendance des intérêts particuliers, n'était en fait qu'une farce, de la poudre aux yeux.

    Du bricolage dans les grandes largeurs, des opérations cosmétiques, des gesticulations pour la galerie. Le journaliste enquêteur qui vient d'ailleurs de publier un pavé intitulé "Les Yakuza et le Nucléaire" aura répondu sans langue de bois à toutes les questions, photos à l'appui prises par ses soins grâce à une montre-appareil-photo lui permettant d'appuyer ses dires par des éléments visuels, histoire qu'on ne lui oppose pas de facile déni de principe : tout est argumenté, justifié, prouvé.

    Du coup, il a bonne mine, le Premier ministre Noda en annonçant à grands roulements de tambours que la situation est désormais sous contrôle, et même à l'en croire, un peu en avance par rapport à ce que l'on avait prévu... Naïveté ou duplicité ?

    Car hélas pour lui, entre temps, Suzuki Tomohiko a parlé, et exposé la vérité nue et déjà nombreux sont ceux qui -chat échaudé craint l'eau froide- doutent de paroles bien trop rassurantes.

    A force de lénifier depuis le début de la crise, de passer la pommade encore et encore, on a fini par attaquer la peau, et de fait, de nombreux Japonais sont désormais des écorchés vifs qui refusent de s'en laisser compter davantage.

    Or il est notable que si Suzuki Tomohiko s'est ainsi adressé en désespoir de cause à la presse étrangère (comme l'a également fait avant-hier l'acteur anti-nucléaire Yamamoto Taro, déjà professionnellement victime de son engagement) c'est pour l'inquiétante raison que la presse nippone dans son ensemble a préféré faire la sourde oreille, et ne pas donner écho à ses découvertes, il est vrai fort dérangeantes pour beaucoup de monde.

    Mais gardons-nous de trop vite lui jeter la pierre, à cette presse convenue, sinon complice.

    Car cela fait déjà quatre jours que la conférence de presse a été donnée par T. Suzuki, en japonais traduite en anglais devant un parterre de journalistes internationaux (les Allemands s'étant même illustrés par de nombreuses questions fort pertinentes) parmi lesquels ne pouvaient pas ne pas se trouver quelques représentants français, de l'AFP ou autre.

    Or à ce jour, pas un seul, pas le moindre entrefilet sur le sujet n'est paru dans la presse hexagonale. Qu'en penser ?

    Alors, c'est bien beau de parler de la liberté d'expression et de la liberté de la presse, si c'est pour n'en rien faire, ou aussi grave, pour éventuellement se croire libre de choisir à sa fantaisie de parler de telle futilité et de passer sous silence telle gravité.

    On a cru bon ces jours-ci par exemple de rapporter au citoyen français que 20 000 ruraux chinois s'étaient faits exproprier et demandaient une meilleure indemnisation de la part de leur état.

    Fait secondaire, ponctuel, microscopique à l'échelle du pays (20 000 / 1 300 000 000 !) et sans répercussion hors-même de l'échelon provincial, quand, dans le même temps, on a ignoré ou feint d'ignorer l'état réel de ce qui se passe à Fukushima (à lire ABSOLUMENT) dont les conséquences sont énormes à l'échelle du Japon -humainement, économiquement, industriellement- et potentiellement significatives sur l'écosystème mondial dans le long terme. Voilà qui impose réflexion.

    Remarque : si la grande presse continue de ne pas faire son travail, qu'elle ne s'étonne pas de perdre chaque jour des lecteurs/téléspectateurs et de se voir débordée par des gratuits, des sites d'information citoyens (comme celui-ci), des indépendants qui acceptent, eux, de relever de plus en plus souvent gratuitement le flambeau de Pierre Lazareff (hommage en passant au grand homme de presse, tristesse pour son cher France-Soir désormais disparu des kiosques).

    En tout cas, presque une semaine après cette conférence de presse fort éclairante, la presse japonaise commence enfin à s'intéresser aux informations fort étayées de Suzuki Tomohiko.

    La presse anglophone était sur le coup dès le départ, la presse tricolore est, elle, toujours aux abonnés absents en ce mercredi 21 décembre 2011.

     

     

     


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    Fukushima : Les travailleurs se cachent pour mourir

    Article du 8 septembre 2011

    Enfin, pas tous, un homme mystérieux en tenue de radioprotection a tenté de percer le blocus en restant planté 15mn devant une des caméras filmant en direct les ruines des réacteurs. Que voulait nous signifier cet homme qui nous pointe du doigt ? Les révélations faites par l'ex-premier ministre Kan Naoto et des proches de travailleurs lèvent un coin du voile sur une situation dramatique que les autorités cherches désespérément à cacher aux yeux du monde.

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    L’homme qui nous pointe du doigt. Un travailleur de Fukushima s’est tenu 15mn devant une des caméras du site.

    Monsieur Kan Naoto a démissioné de son poste de de premier ministre du Japon le 26 aout dernier et a depuis été remplacé par L'ex-ministre de finances Yoshihiko Noda.

    L'ex-premier ministre a depuis révélé l'ampleur dramatique de la crise au sein des autorités au débuts de la catastrophe. Et ces révélations dressent un tableau bien éloigné des communications rassurantes de son gouvernement à l'époque.

    Le paroxysme de la crise au sein des autorités a eu lieu dans la première semaine.

    Trois jours après le début de la catastrophe, le ministre de l'industrie a annoncé à Monsieur Naoto que la compagnie TEPCO souhaitait abandonner la centrale car il n’était plus possible de maintenir du personnel sur le site à cause de l'élévation massive des radiations.

    Le premier ministre affirme qu'un tel retrait aurait conduit à un désastre d'une telle ampleur que Tokyo aurait été inclut dans la zone qui deviendrait inhabitable à cause de la contamination radioactive.

    « il n'y aurait peut-être plus personne à Tokyo aujourd'hui (...). Nous avons fait des simulations d'évacuation sur 100 , 200 et 300 kilomètres autour de la centrale (...). Cela aurait inclu la région de Tokyo (...). Il aurait alors fallu évacuer quelque 30 millions d'habitants, ce qui aurait signifié la chute du Japon. »

    La réalité de cette inquiétude est corroborée par une information de la NHK qui avait révélé, le 1er mai 2011, que la chambre haute du parlement étudiait une suggestion de monsieur Naoto d'établir une capitale alternative capable de remplacer Tokyo dans ses fonctions centrales en cas d'urgence.

    Devant l'ampleur du désastre le premier ministre aurait alors imposé la mise en place d'un comité de crise mixte (état-TEPCO) à la direction de l'entreprise qui a obligé la compagnie à maintenir la présence des travailleurs sur le site en dépit d'une exposition mettant en péril leur santé. Les mesures effectués sur le site montre en effet des dosse allant jusqu'à 10 000 fois les normes gouvernementales.

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    Evacuation à Fukushima. Dissimulés derrière des bâches, des travailleurs malades sont évacués de la centrale (source NHK)

    La situation des travailleurs sur place est donc bien similaire à celle des « liquidateurs » de Chernobyl avec la notable différence que les débris contaminés de Tchernobyl étaient solides et que le danger à Fukushima est dans l'eau contaminée et maintenant la boue et la vapeur qui remonte du sol où les coriums se sont enfoncés par des failles. Ainsi le 31 aout la NHK a annoncé que quatre travailleurs ont été aspergé accidentellement d'eau hautement radioactive en travaillant que le système de décontamination de l'eau.

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    Détail. Les travailleurs évacuées sont en tenue de malades hospitalisés. (Source NHK)

    Le nombre de malades parmi les travailleurs de Fukushima n'est pas connu avec précision.
    Un travailleur est mort le 16 août d'une leucémie aiguë. Une dizaine ont été évacués discrètement lors de plusieurs transferts pudiquement dissimulés derrière des bâches bleues.

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    Le camion d’évacuation. (source NHK)

    Dans une interview à Fox News, la mère d'un des travailleurs relate l’état de résignation dans lequel travaillent son fils et ses cinquante camarades :

    « Il m'a dit qu'ils avaient accepté le fait qu'ils allaient probablement mourir à court terme de la maladie des radiations ou de cancer à plus long terme. »

    Elle ajoute : « Ils ont discuté entre eux et ont convenu de se sacrifier si cela était nécessaire pour assurer la sauvegarde de la nation. »
     
    Ces travailleurs qui travaillent au péril de leur vie ne sont cependant pas informé des dangers qui les menacent. Les zones où les mesures le plus élevées ont été relevée ne leur sont pas communiquées. Certains n'ont pas de dosimètre individuel et doivent partager celui d'un collègue qui se repose.

    A la lumière des révélation de l'ancien premier ministre on comprend que, comme l'URSS en son temps, la crise nucléaire a contrait le gouvernement nippon a violer les normes de sécurité pour faire face au problème en sacrifiant non seulement la vie des travailleurs de la centrale mais aussi la santé d'une large part de la population environnante qu'il n'est pas en mesure d'évacuer.

    C'est pourquoi le gouvernement a élevé le niveau d'exposition maximum admissible à 20 mSv/an en dépit de la démission de Toshiso Kosako l'expert nucléaire du gouvernement et des pétitions exigent le retour aux normes internationalement admises. 

    http://www.agoravox.fr/actualites/i...

    La pétition explique que cette nouvelle norme permet d'exposer les enfants habitant les zones contaminées à des doses six fois supérieures au maximum admissible pour les travailleurs du nucléaire.

    La pétition en anglais : http://blog.canpan.info/foejapan/da...

    75% des écoles non évacuées de Fukushima sont dans des zones où la contamination mesurée atteint 0,6µSv/heure, niveau qui, dans l'industrie obligerait à mettre en place une zone de contrôle des radiations.

    20% de ces écoles sont dans une situation encore plus dramatique où la contamination mesurée atteint 2,3µSv/heure et implique le confinement.

    Comment une population peut-elle vivre même à moyen terme confinée chez elle ?

    Il est évident que les mesures de confinement ne sont que des pis aller pour faire semblant qu'un maintien sur place est possible alors que l'évacuation s'impose.

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    Autre évacuation sanitaire
    La gestion des catastrophes nucléaires successives permet de mettre en exergue une caractéristique particulière de l'industrie nucléaire : On ne peut lutter contre le pire qu'au prix de cruels sacrifices humains, y compris dans la population et parmi les enfants.

    La question que doivent se poser les citoyens est : pour quel bénéfice nous fait-on courir des risques aussi atroces ?

    La réponse tiens dans cette phrase : actuellement 80% des réacteurs japonnais ont été coupés.

    Le Japon parvient à vivre et à maintenir son activité industrielle avec seulement 20% du parc nucléaire existant !
    Bien sûr Tokyo ne ressemble plus à Las Vegas. Terminés les néons et la climatisation à tous les étages. L’électricité est utilisée pour ce qui est utile.

    Depuis le forfait japonais, la France est passé à la sinistre place de premier pays produisant de l’électricité nucléaire.

    Mais il semble que comme en URSS et au Japon avant nous, nos décideurs ne soient pas disposés à lâcher cette place peu enviable avant qu'un de nous 58 réacteur ne nous explose à la figure.

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    Les liquidateurs de Tchernobyl. Leur association a dénombré 60 000 morts et 165 000 handicapés parmi les 600 000 liquidateurs officiellement reconnus.

    Pourtant une chose devrait nous faire réfléchir : Comment arrête-t-on une centrale nucléaire ?
    Sur les 430 construites de part le monde une seule a été totalement démantelée à l'issue d'une vie normale : Brénninlis. (Cocorico !)  A propos de Brenilis, c'est un peu exagéré car son démentellement ( tellement dément ! ) n'est pas achevé - Gaulois
    Mais relativisons les choses, son démantèlement à été possible grâce au transfert à d'autres site de tonnes de matériaux contaminés (Le combustible et 100 tonnes d'eau lourde ont été évacués sur Cadarache.)
    Sont en attente ou en cours de démantèlement 3 réacteurs à Chinon, 2 à Saint-Laurent, un à Bugey et un à Chooz.
    Les anglais vont démonter un réacteur à Windscale
    Les allemands ont annoncé la fermeture progressive de toutes leurs centrales.

    Par comparaison, plus d'une dizaine de réacteurs ont été « fermées » (en fait abandonnés) de façon accidentelle :
    Three miles Island : réacteur n°2 (le 1 a repris du service)
    Tchernobyl réacteurs 1,2,3,4 (5 et 6 abandonnés non achevés)
    Superphénix réacteur expérimental à neutrons rapides. (cascade d'incidents)
    Vandelos (Espagne) : réacteur n°1
    Fukui (Japon) : réacteur n°3
    Monju (Japon) réacteur expérimental type superphenix.
    Fukushima : réacteurs 1, 2, 3, 4.
    Mes statistiques ne sont pas complètes mais en gros à ce jour il y a plus de centrales arrêtées à la suite d'accidents que de centrale arrêtées normalement à la fin de leur période d'exploitation.
    Cela sans même compter les abandons volontaires de la filière par exemple en Allemagne suite au désastre de Fukushima.
    Il est temps de réfléchir.

     


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    Fukushima, les limites du cynisme

     

    12 décembre 2011

    Alors que les lobbies nucléaires, pratiquant un humour discutable, font remarquer la quasi absence de morts suite à la catastrophe nucléaire de Fukushima, les premières retombées sur la santé se font jour.

    On se souvient de la flagornerie d’Otsuka Norikazu, ce célèbre animateur de télévision japonais qui, cédant à la provocation facile, avait en direct mangé des produits agricoles japonais pollués par la centrale nucléaire, encourageant ses compatriotes à suivre son exemple, convaincu de l’innocuité des produits consommés, avec le désir patriotique de sauver la production agricole de son pays.

    Mal lui en a pris, on apprend qu’il a été hospitalisé le 7 novembre atteint d’une leucémie aiguë et Tepco aura des difficultés cette fois à affirmer que la catastrophe nucléaire de Fukushima n’y est pour rien. lien

    Les avis médicaux lui donnent 70% de « chances » de mourir d’ici 5 ans (lien) ce qui a été confirmé par des experts allemands. lien

    On se souvient de la réponse donnée par le célèbre biologiste Jean Rostand à qui on demandait quelle dose de radioactivité on pouvait ingérer sans danger : « c’est comme si vous me demandiez quelle quantité d’arsenic un bébé peut absorber sans danger !  ».

    Ce grand scientifique nous a quittés en 1977, et malheureusement, on a peu tenu compte de son avis et de ses écrits, lorsqu’il dénonçait les dangers évidents générés par l’industrie nucléaire. lien

    Aujourd’hui le gouvernement japonais reconnait s’être trompé lorsqu’il affirmait qu’il n’y avait pas de risques à consommer de la nourriture polluée à la radioactivité sous le seuil des 500 Bq/kg.

    On se souvient de la phrase célèbre prononcée par un responsable japonais : « à court terme, il n’est pas nocif  ».

    Il s’excuse en disant maintenant qu’il a été mal compris et qu’il voulait seulement dire : « si vous consommez des produits pollués une ou deux fois, ce n’est pas dangereux, ça l’est seulement si vous le faites régulièrement  ». lien

    Ce qui est un peu tardif, car aujourd’hui, 9 mois après la catastrophe, les produits radioactifs relâchés par la centrale ont été largement ingérés par les japonais.

    On a aujourd’hui la preuve que la carte officielle de contamination radioactive a largement masqué la vérité, et grâce à des chercheurs japonais, nous pouvons comparer sur ce lien la réalité de la pollution et la désinformation gouvernementale.

    La carte de gauche est la carte officielle, datant du 11 novembre, et celle de droite est celle de chercheurs japonais indépendants. (Il faut noter les différences de couleur entre les deux cartes : sur la carte de droite on va du bleu, lequel correspond à 10 000 Bq/m2 au rouge pour 50 000 Bq/m2 et plus, alors que la carte gouvernementale va du marron foncé au bleu)

    Le professeur Yukio Hayakawa de l’université de Gunma à publié une carte encore plus précise, et a reçu un avertissement du président de son université pour avoir diffusé cette carte.

    On voit clairement sur sa carte qu’il existe des zones polluées à 1µSv/h à 200 km de la centrale, ce qui signifie que la surface polluée du Japon est bien plus polluée que dit. lien

    On est loin des propos lénifiants et cyniques de Jean marc Jancovici qui se refusait à donner autant d’importance à la catastrophe de Fukushima qu’à celle de Tchernobyl (lien) alors que le professeur Chris Busby, de l’université de l’Ulster, avait déclaré en aout dernier que la catastrophe de Fukushima pourrait générer un million de morts. lien

    En attendant, la vive lumière au sol, feu d’hydrogène pour certains, est toujours visible, (lien) et l’on a appris qu’il y a un différé de 30 secondes entre l’image prise, et l’image montrée, ce qui peut permettre à l’opérateur de cacher ce qu’il souhaite. lien

    En mai dernier, un ouvrier de Fukushima, d’une soixantaine d’année est mort, tombé inconscient sur le lieu de travail, mais le porte parole de Tepco affirme que c’est sans rapport avec la contamination (lien) tout comme pour cet ouvrier de 50 ans, dont le nom n’a pas été communiqué, mort au début du mois d’octobre. lien

    Et quid d’Abe Hiroto, décédé à 23 ans d’une leucémie aiguë après avoir défendu dans les colonnes d’un magazine pour pécheurs, (Rod & Reel) la qualité des poissons des pécheurs de la région de Fukushima ? Il habitait à 30 km de la centrale nucléaire (lien) tout comme Nagashima Kazuyuki, un athlète de 30 ans qui risque aussi de mourir d’une leucémie aiguë.

    On le voit sur ce lien combattre et triompher lors des 16ème Jeux Asiatiques de 2010.

    Il est aujourd’hui à l’hôpital.

    Et ne parlons pas de ces sauveteurs dont le gouvernement japonais tente de dissimuler la mort. lien

    Mais plutôt que de continuer ce décompte macabre, il faut plutôt s’intéresser aux 17 780 travailleurs qui se relaient depuis 9 mois pour nettoyer les décombres de la centrale nucléaire.

    Malgré les protections qu’ils ont fini par recevoir, ils sont au moins 169 à avoir reçu des doses supérieures à 100 millisieverts. lien

    Il faut se souvenir aussi qu’à l’époque de Tchernobyl, les méthodes de « com » étaient les mêmes, on tentait de cacher en haut lieu le véritable nombre de morts, et ce n’est que 25 ans après que des chercheurs américains nous ont appris la triste vérité : 985 000 morts, chiffre dépassé depuis, dus à la catastrophe. lien

    Et puis, au-delà de la mort, les pneumonies, les problèmes hormonaux se multiplient chez les 2 millions d’habitants de la région au point qu’un appel à été lancé.

    « La santé de nos enfants est maintenant en danger. Nous constatons des symptômes tels que thyroïdes enflées, saignements de nez, diarrhées, toux, asthme… » lien

    Un laboratoire français indépendant, agréé par l’ASN (autorité de sureté nucléaire), l’ACRO (association pour le contrôle de la radioactivité dans l’ouest) a mené une enquête sur une vingtaine d’enfants de la région de Fukushima démontrant que la totalité des enfants examinés étaient contaminés par du césium radioactif, et d’après une étude japonaise, 1 enfant sur 13 aurait des problèmes hormonaux et souffrirait d’un dysfonctionnement de la thyroïde.

    Pour cacher la triste vérité, les « responsables » japonais ont multiplié par 20 la norme de radioprotection du secteur, passant de 1 à 20 millisievert/an, ce qui correspond au seuil maximum d’irradiation en France pour un travailleur du nucléaire.

    20% des écoles de la préfecture de Fukushima dépassent ce taux.

    La CRIIRAD à mesuré en juillet une contamination de 370 000 Bq/kg de la terre prélevée sous les balançoires d’une école primaire, et a déclaré : « ce sol est devenu un déchet radioactif qui devrait être stocké dans les meilleurs délais sur un site approprié ».

    Le gouvernement qui devait organiser des mesures dans 600 lieux publics de la préfecture de Fukushima vient de reporter ces opérations à février 2012, justifiant le report en expliquant que l’entreprise qui devait fournir les équipements n’a pu respecter les délais de livraison. lien

    D’ailleurs l’ambiance est à l’optimisme dans la ville de Fukushima, puisque le marathon Ekiden, prévu tous les ans, a été maintenu, et des sportives ont couru les 40 kilomètres dans l’une des régions les plus contaminées du Japon, des taux de 1,4 microsieverts/h y ont été mesurés, soit 12 fois la limite d’exposition.

    L’organisateur de la course a toutefois pris la précaution de faire signer un document dégageant sa responsabilité, en cas de problème de santé. lien

    Quant à Meiji, fabricant japonais entre autres de lait en poudre, il va devoir retirer 400 000 boites, lesquelles ont été contaminées au césium 137 et 137, espérant qu’elles n’ont pas déjà été consommées. lien

    A Hitachinaka, à 100 km de la centrale, le taux de radiation est de 40 000 Bq/m2, soit 970 000 fois le niveau de 2009. lien

    Quand aux 100 000 évacués, ils sont toujours sans nouvelles depuis 9 longs mois des indemnités promises par TEPCO, ce dernier ayant adopté une attitude pour le moins cynique, contestant la fiabilité des mesures effectuées, mais aussi assurant ne pas être responsable des matériaux radioactifs dispersés ça ou là, déclarant « les matériaux radioactifs qui ont été disséminés par le réacteur n°1 de la centrale de Fukushima appartiennent aux propriétaires des terres où ils sont retombés, mais plus à Tepco ». lien

    Pourtant Tepco avait vendu ses parts dans l’éolien, pour un montant de 188 millions d’euros, afin de pouvoir dédommager les victimes de la catastrophe nucléaire. lien

    Tokyo n’a pas été épargné par la catastrophe, et on sait maintenant que dans le quartier de Shinjuku, le taux de radioactivité est encore de 17 000 Bq/m2 (lien) et que dans certaines régions montagneuses, du coté de Midori et Kiryu à 180 km de Fukushima, la radioactivité se situe entre 100 000 et 300 000 Bq/m2.

    (Sur ce lien, on peut découvrir les résultats des mesures dans chaque préfecture.)

    En attendant, le gouvernement tente manifestement de cacher ce qui attend la population japonaise, et lorsque l’on voit comment sont recrutés les « liquidateurs », à qui on a proposé jusqu’à 3500 euros par jour, (lien) on ne se fait guère d’illusion sur le terrible destin qui les attend, (ils absorbent en 15 minutes l’équivalent de 100 mS/v par an) et il est probable que tout sera fait pour que leur disparition soit cachée. lien

    Car comme dit mon vieil ami africain : « l’expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs ».

    Merci à Corinne Py et aux nombreux internautes pour leur aide précieuse.

    Olivier Cabanel

    L’image illustrant l’article provient de « Bastamag.net ».

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    Fukushima : l’équivalent d’une région française devenue radioactive

     

    Agnès Rousseaux - 7 décembre 2011

    Les conséquences de l’accident nucléaire de Fukushima sur la population commencent à montrer leur étendue. Pneumonies, leucémies ou problèmes hormonaux semblent se multiplier chez les deux millions d’habitants de la région. Les enfants sont en première ligne, alors que les terres, les eaux et certains aliments sont fortement contaminés. De son côté, Tepco, l’exploitant de la centrale, sombre dans le cynisme : les éléments radioactifs qui se sont échappés des réacteurs ne lui appartiennent plus…

    « La santé de nos enfants est maintenant en danger. Nous constatons des symptômes tels que thyroïdes enflées, saignements de nez, diarrhées, toux, asthme… » C’est l’appel lancé par un groupe de femmes de la région de Fukushima. Depuis mars, ils sont de plus en plus nombreux à se mobiliser pour alerter sur les dangers sanitaires de la radioactivité, dans la zone concernée par la catastrophe nucléaire, comme ailleurs dans le pays. Des graphiques mis en ligne par Centre de surveillance des maladies infectieuses font apparaître d’inquiétants pics pour certaines maladies au Japon, comme les pneumonies, ou les conjonctivites aiguës hémorragiques.

    Des écoliers plus irradiés que les travailleurs du nucléaire

    Des prélèvements d’urine effectués par un laboratoire indépendant français (l’Acro, agréé par l’Autorité de sûreté du nucléaire), auprès d’une vingtaine d’enfants de la région de Fukushima ont montré que 100 % d’entre eux sont contaminés par du césium radioactif. Dans cette région, un enfant examiné sur 13 aurait des problèmes hormonaux et un dysfonctionnement de la thyroïde, selon une étude japonaise. Face à l’angoisse des parents, la préfecture de Fukushima a lancé en octobre une grande étude médicale auprès de 360 000 enfants.

    Les habitants de la région de Fukushima restent soumis à un important taux de radiation. En avril, le gouvernement japonais a relevé la norme de radioprotection de la préfecture de Fukushima de 1 millisievert/an à 20 millisieverts/an. Ce taux est le seuil maximal d’irradiation en France pour les travailleurs du nucléaire. Alors que la sensibilité des enfants aux radiations est plus importante que celle des adultes, le ministère de l’Éducation considère pourtant comme « sans danger » les écoles où le taux de radiation approche les 20 millisieverts/an. 20 % des écoles de la préfecture de Fukushima dépasseraient ce taux. Dans ces établissements, les activités de plein air sont limitées : les enfants ne sont pas autorisés à rester plus d’une heure dans les cours de récréation et les parcs, ni à jouer dans les bacs à sable. Parallèlement, du césium a même été détecté dans du lait en poudre destiné aux enfants.

    Les autorités confirment la vente de riz contaminé

    Cette situation est « extrêmement dangereuse », s’indigne le réseau Sortir du nucléaire, qui rappelle qu’« aucune dose de radioactivité n’est inoffensive » : « Les normes d’exposition ne correspondent en aucun cas à des seuils d’innocuité scientifiquement fondés ; elles définissent seulement des niveaux de “risque admissible”. » Dans la ville de Fukushima, située à 60 km de la centrale, la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) a mesuré une contamination de 370 000 Bq/kg de la terre prélevée sous les balançoires d’une école primaire. Une radioactivité énorme. « Ce sol est devenu un déchet radioactif qui devrait être stocké dans les meilleurs délais sur un site approprié », déclarait alors l’organisation.

    La nourriture est aussi un vecteur de contamination radioactive. Les autorités japonaises ont étendu le 29 novembre l’interdiction de vente de riz, notamment dans la région de Date, où des milliers d’agriculteurs ont dû suspendre leurs livraisons. Les dernières mesures effectuées montraient une teneur supérieure à la limite légale provisoire, fixée par le gouvernement à 500 becquerels/kg. Neuf kg de riz « excédant les standards de sécurité internationaux » ont par ailleurs été vendus à des consommateurs, ont déclaré les autorités de la préfecture de Fukushima, qui se sont excusées pour « les désagréments causés aux personnes qui ont acheté ce riz » (sic). C’est la première fois depuis la catastrophe que les autorités confirment la vente de riz contaminé. Le présentateur de télévision Norikazu Otsuka, qui consommait en direct des produits de la région de Fukushima pour en montrer l’innocuité, a récemment été hospitalisé pour une leucémie aigüe. Ce qui n’a pas rassuré les deux millions d’habitants de la zone.

    L’équivalent de la Bretagne contaminé au Césium

    Autre sujet d’inquiétude : le taux de contamination en césium des rivières de la région de Fukushima. Une étude universitaire évalue le niveau de contamination à l’embouchure de l’Abukumagawa à environ 50 milliards de becquerels répandus dans la mer chaque jour. L’équivalent, au quotidien, du césium déversé dans la mer pour tout le mois d’avril, par les eaux « faiblement contaminées » relâchées par Tepco depuis les réacteurs.

    Un rapport publié fin novembre par les autorités japonaises souligne que 8 % du territoire du Japon est fortement contaminé par du césium radioactif. Soit 30 000 km². L’équivalent de la superficie de la Bretagne ou de la région Paca. Le césium s’est diffusé à plus de 250 km vers l’ouest, et jusqu’à la préfecture d’Okinawa, à 1 700 km de la centrale, selon le ministère des Sciences [1]. Une zone de 20 km autour de la centrale a été évacuée en mars, et à 30 km les habitants avaient pour consigne de se calfeutrer chez eux, prêts pour une évacuation. Les dernières cartes publiées par le ministère montrent que la zone à risque est beaucoup plus étendue. 300 000 personnes vivent dans la ville de Fukushima, où la radioactivité cumulée atteignait en mai plus de 20 fois la limite légale.

    Source : The Asahi Shimbun

    À qui appartient la radioactivité ?

    À Hitachinaka, à une centaine de km de la centrale, le taux de radiation est de 40 000 becquerels/m², près d’un million de fois supérieur à la radioactivité naturelle locale, avant la catastrophe [2]. Après l’accident de Tchernobyl, les zones où les niveaux de radioactivité dépassaient 37 000 becquerels/m² étaient considérées comme « contaminées », rappelle le journal Asahi, principal quotidien du Japon. Dans le quartier Shinjuku de Tokyo, le taux est toujours de 17 000 becquerels/m² [3]. Dans certaines régions montagneuses, à 180 km de Fukushima, la radioactivité se situe entre 100 000 et 300 000 becquerels/m². Une contamination qui aura des conséquences durables, car la demie-vie du césium 137 est de 30 ans.

    Le gouvernement se veut pourtant rassurant. Beaucoup d’habitants n’ont de toute façon pas les moyens de quitter les zones contaminées. La plupart des 160 000 Japonais évacués après la catastrophe attendent toujours des indemnités de la part de Tepco. Le propriétaire de la centrale est de plus en plus critiqué pour sa gestion de l’après-catastrophe. Lors d’un procès concernant la décontamination d’un terrain de golf au Japon, Tepco a sidéré les avocats en se dédouanant de ses responsabilités, affirmant que « les matériaux radioactifs (comme le césium) qui ont été disséminés par le réacteur n° 1 de la centrale de Fukushima et sont retombés appartiennent aux propriétaires des terres et non plus à Tepco » !

    Cynisme et manque de transparence

    Un argument rejeté par le tribunal, qui a cependant décidé de confier les opérations de décontamination aux autorités locales et nationales. Tepco va jusqu’à contester la fiabilité des mesures effectuées et affirme qu’un taux de 10 millisieverts/heure n’était après tout pas un problème et ne justifiait pas de maintenir des terrains de golf fermés. Les mesures effectuées sur ces terrains mi-novembre ont pourtant détecté un taux de césium de 235 000 becquerels par kg d’herbe : à ce niveau, la zone devrait être classée comme interdite selon les standards mis en place après l’accident de Tchernobyl, souligne Tomohiro Iwata, journaliste du Asahi Shimbun.

    Au cynisme de Tepco s’ajoute le manque de transparence. Le 28 novembre, l’entreprise a annoncé que Masao Yoshida, 56 ans, directeur de la centrale de Fukushima au moment de la catastrophe, a dû quitter son poste pour des raisons de santé. Il a été hospitalisé en urgence. Tepco refuse de donner davantage de précisions. Par ailleurs, un projet du gouvernement d’organiser un monitoring en temps réel des radiations dans 600 lieux publics de la préfecture de Fukushima, notamment les écoles, devait démarrer en octobre. Il a été reporté à février 2012. Argument évoqué : l’entreprise qui devait fournir les équipements n’a pas pu tenir les délais.

    Le béton des réacteurs rongé par le combustible

    Les experts estiment que les efforts de décontamination devraient coûter au Japon 130 milliards de dollars. À cela risquent de s’ajouter des coûts sanitaires et environnementaux encore difficiles à comptabiliser, tant le risque sanitaire semble être aujourd’hui minimisé. D’après Tepco, la situation de la centrale est aujourd’hui stabilisée [4]. La température des réacteurs 1, 2 et 3 – qui ont subi une perte totale du système de refroidissement en mars – serait maintenue en dessous de 100 degrés. Le risque sismique n’est pourtant pas écarté, qui pourrait de nouveau aggraver la situation. Dans un rapport rendu public le 30 novembre, Tepco explique que le combustible du réacteur 1 aurait entièrement fondu, percé la cuve et rongé une partie du béton de l’enceinte de confinement, sur 65 cm de profondeur. Le combustible fondu serait à 37 cm de la coque en acier. Mais ces analyses reposent sur des estimations et simulations informatiques. Impossible d’avoir des informations plus précises.

    Pendant ce temps, la vie continue dans les régions contaminées. Le 13 novembre, dans la ville de Fukushima, était organisé le marathon annuel, Ekiden. Des jeunes femmes ont couru 40 km, sans aucune protection, dans une des zones les plus contaminées du Japon. Un journaliste japonais y a relevé des taux de 1,4 microsieverts/h (soit plus de 12 fois la limite d’exposition aux rayonnements autorisée pour la population civile en temps normal). L’organisateur de la course a fait signer aux participants un formulaire stipulant qu’ils ne pourraient le poursuivre en justice s’ils avaient des problèmes de santé. À Fukushima, la vie ressemble à un jeu de roulette russe où les victimes ne sont pas ceux qui appuient sur la gâchette. Eux jouissent, pour le moment, d’une impunité totale.

    Agnès Rousseaux

    Photo : Home of chaos

    Source : The Asahi Shimbun

    Notes

    [1] La présence de césium 134, à la durée de mi-vie de 2 ans, est la preuve que la source de cette radioactivité est bien l’explosion de la centrale de Fukushima.

    [2] 970 000 fois le niveau de 2009, qui était de 0,042 becquerels/m² de « densité cumulée de césium 134 et 137 », d’après The Asahi Shimbun

    [3] De grandes quantités de poussières radioactives sont tombées sur Tokyo, mais une autre étude montre une faible accumulation de césium dans le sol. L’explication ? « Tokyo a de plus petites surfaces de sol que les autres préfectures, mais les routes et les surfaces en béton ont moins tendance à fixer le dépôt de césium, qui a probablement été lessivé par le vent et la pluie », affirme un membre du ministère.

    [4] 45 tonnes d’eau radioactive se sont pourtant de nouveau échappées du réacteur n°1 début décembre.

    Lire aussi :

    Voir en ligne : Fukushima : l’équivalent d’une région française devenue radioactive

     

     

     


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