• Fukushima, retour au pays ?

        A Fukushima, tout va bien ! D'ailleurs il est interdit de prétendre le contraire.

    Gaulois.

     A Fukushima, les autorités prescrivent un retour au « pays natal » 

    http://www.rue89.com/2013/11/07/a-fukushima-situation-guerre-247293

    07-11-2013

    Les administrateurs du désastre de Fukushima – Etat, réseaux interlopes, scientifiques, experts, contre-experts, mouvements citoyens et organisations non gouvernementales – sont devenus les cogestionnaires de dégâts en chaîne, chacun œuvrant au nom d’un intérêt supérieur hautement revendiqué : protéger.

    L’auteur

    Thierry Ribault est co-auteur avec Nadine Ribault de « Les Sanctuaires de l’abîme : chronique du désastre de Fukushima » aux éditions de l’Encyclopédie des Nuisances, Paris, 2012.
    Que s’agissait-il de protéger cependant lorsque, en mai 2013, les décideurs ont achevé la réouverture des zones interdites ? Que protège-t-on en incitant les populations à revenir vivre sur des terres contaminées où le seuil d’inacceptabilité, fixé à 20 milliesieverts par an, est quatre fois supérieur à celui fixé à Tchernobyl – sans compter les « points-chauds » à plus de 50 millisieverts – et vingt fois plus élevé que le seuil internationalement recommandé ?
    Que protège-t-on en appelant à retrouver une « vie normale » à proximité d’un complexe nucléaire hautement dangereux : inondations, fuites d’eau contaminée, démarrage imminent d’opérations d’extraction des 400 tonnes de combustibles de la piscine du réacteur n°4, dont les produits de fission représentent 14 000 fois ceux de la bombe de Hiroshima ?
    Quelle est donc la nature de cette « protection » ici mise en œuvre par l’ensemble de la société ?
    Quelles relations incestueuses la lient pour longtemps à la soumission ?

    Associations de victimes déboutées

    Soulignant les nuisances et les limites des sociétés industrielles à l’aube du XXIe siècle, ce désastre a démontré, si besoin était encore, à quel point l’Etat, qui ne peut plus gérer les accidents de son développement, délègue à d’autres le soin de le faire. A l’intérieur de ce cadre établi et à leur corps défendant, de multiples « mouvements citoyens » ont dû faire le constat de leur impuissance.
    Les « All Stars Demo », avec à leur tête le haut du panier de la contestation anti-nucléaire nobélisée, usent plus les semelles de la piétaille manifestante que les nerfs du gouvernement. Les associations de victimes, qui mènent Tepco et l’Etat devant les tribunaux, viennent d’être déboutées. Les agriculteurs avouent ne pas consommer les aliments irradiés qu’ils mettent cependant sur le marché.
    Quant aux populations restées sur place, tétanisées par la propagande qui les condamne, incapables de décider de sauver leur vie, elles attendent une mort déclarée statistiquement probable, mais non certaine, et se font les cobayes d’une « science » eugéniste et radio-négationniste, puisque niant les effets de la radioactivité, pourtant, préalablement et scientifiquement, établies.

    Les populations fuient hors de la réalité

    Les populations, ainsi sommées de considérer la contamination radioactive telle une « mauvaise rumeur », tombent dans l’apathie, le découragement et fuient hors de la réalité. Pendant ce temps-là, ladite rumeur embauche 20.000 personnes pour la seule décontamination extérieure à la centrale, et, contrairement à ce qu’annoncent les pouvoirs publics, serait, dans ce même but, dans l’obligation de dépenser 210 milliards d’euros.
    Pendant ce temps-là, le 7 septembre 2013, à Buenos Aires, lors de son discours devant le Comité olympique international, le Premier ministre Shinzo Abe « donne la garantie absolue que les questions sanitaires ne constituent pas un problème jusqu’à présent, et qu’elles n’en constitueront pas plus à l’avenir. »
    Représenter la réalité tel un enfer n’est pas suspect ; exhorter systématiquement à la fuir l’est. Voilà pourtant le premier fondement de la protection à l’œuvre, à Fukushima, aujourd’hui.

    Une science d’ascenseur

    Le second fondement a consisté en la mise en place insidieuse d’une science d’ascenseur qui s’est construite précisément par renvois entre ses protagonistes avec, pour principale visée, l’accès optimisé à de non moins ascendantes carrières. C’est à la science ce que la « musak » est à la musique : un ersatz apparemment insignifiant, aux finalités répressives.
    Ainsi Shinobu Goto, spécialiste des sciences de l’environnement à l’université de Fukushima, dénonce-t-il la partition entre d’un côté, des citoyens, qui ne seraient qu’irrationnels et émotifs, et de l’autre, des experts scientifiques dont le jugement serait le plus pertinent dans une situation comme celle de Fukushima.
    De fait, on a vu, à travers l’exemple du désormais trop fameux professeur Shunichi Yamashita, médecin promptement nommé dès avril 2011 à la tête de l’enquête sanitaire menée par l’université de médecine de Fukushima et défenseur zélé de l’innocuité des radiations en deçà de 100 millisieverts par an, combien certains experts scientifiques savent établir des zones d’ignorance là où des certitudes avaient enfin fini par apparaître.

    Des scientifiques transformés en experts

    Les dix-neuf cas de cancer de la thyroïde jusqu’à présent officiellement détectés et opérés, parmi les enfants de Fukushima et les 25 autres cas en attente d’une intervention chirurgicale, sont ainsi considérés, par ces fossoyeurs de vérité, comme s’étant trop rapidement déclarés pour que l’on puisse considérer qu’ils aient un lien quelconque avec l’accident nucléaire.
    Pour le radiobiologiste Keith Baverstock, ancien responsable du programme de protection contre les radiations au bureau européen de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), une telle imposture renvoie précisément à la transformation de nombre de scientifiques en « experts » qui, sous couvert de s’inscrire dans le consensus établi par leur « communauté », évitent de véritables confrontations scientifiques avec leurs « pairs ».
    Obligeant chacun à ralentir le pas pour paître en toute quiétude dans les prairies des dangers avérés, et gommant les désagréables rumeurs que font circuler quelques émotifs inquiets, parce que mal informés, on a laissé épandre une science de l’oubli dont l’objectif, tel un pesticide sélectif destiné à anéantir le souvenir, est de produire les conditions psychologiques censées améliorer le bien-être et la protection de tous, menant ainsi à un niveau jamais égalé la soumission volontaire.
    Les chœurs de l’internationale nucléariste
    A qui, à quoi s’agit-il exactement de se soumettre ?
    Visant à réduire à néant une loi humaine qui veut que, paradoxalement, les contextes d’insécurité seuls permettent aux populations de penser, de décider et d’agir avec une relative liberté d’esprit, les autorités japonaises, encouragées en cela par les chœurs de l’internationale nucléariste, ont établi en pierre de touche la sécurité, quitte à lui faire prendre, dans le contexte de mise en auto-expérimentation qui caractérise désormais la situation à Fukushima, des allures d’inhumanité.
    Juan Carlos Lentijo, directeur à l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) de la division Cycle du combustible et technologie des déchets – donc manifestement rompu aux questions de l’humain et de sa destinée dans la société nucléaire – rendait récemment les conclusions de sa mission, « encourageant les institutions japonaises à accroître leurs efforts de communication relative à l’acceptabilité d’une dose allant de 1 à 20 millisieverts par an, dose qui est en conformité avec les normes internationales ».

     

    Un ouvrier nucléaire sur le site de Fukushima Daiichi, le 12 juin 2013 (Toshifumi Kitamura/AP/SIPA)

    Trois jours plus tard, Olivier Isnard, de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), entonnait la même berceuse :
    « Dans cette étape intermédiaire, et selon les recommandations internationales en vigueur, on peut revivre dans la zone contaminée à condition que le niveau d’exposition externe et de contamination interne combinés n’excède par 20 millisieverts par an. »
    Le perroquet équilibriste de l’IRSN, toutefois, nous alerte :
    « Près des maisons, les niveaux sont peut-être par endroits redevenus tolérables, mais inutile de songer à aller dans les bois cueillir des champignons alentour et les manger, car ce sont des éponges à radioactivité. »
    Autant dire – quand on sait que la périphérie de la zone de décontamination (cette dernière n’étant jamais définitive) n’excède pas les 20 mètres pour les habitations situées en bordure de forêt – que cette survie en zone contaminée, qui nous est, dans un premier temps, présentée comme « transitoirement » vivable, est dans les faits, à court comme à long terme, invivable, bien que recommandée par ceux qui prennent soin de laisser aux autres le risque de l’expérimenter.
    Cellule de protection contre le suicide
    Tout à leur recherche de la croissance perdue, les pouvoirs publics, faisant ample usage de l’oxymore du retour à la vie dans les zones contaminées, ne reculent devant rien pour établir, entre la protection et la soumission, un lien incestueux indestructible et incontournable. Ainsi, en guise d’explication aux cent suicides liés au désastre nucléaire dans les départements de
    Fukushima, d’Iwate et de Miyagi, entre juin 2011 et août 2013, notamment parmi les personnes habitant des logements provisoires, le ministère de l’Intérieur met en cause « la charge nerveuse que représente l’allongement de la période de refuge loin du pays natal ».
    Protéger les populations psychologiquement défaites, en leur prescrivant un retour au « pays natal », indispensable à leur survie, tel est l’objectif. Ramenés à l’état de tragiques dépressifs, pris en charge à la va-comme-je-te-pousse, les habitants seront, à Fukushima, soulagés de pouvoir faire appel à une cellule de protection contre le suicide, pompeusement baptisée, dans le flot des grandes ambitions qui suivent les désastres, « Centre de soin pour l’esprit ».
    750 euros pour « préjudice psychologique »
    Ne nous y trompons pas, cependant : chacun des 80 000 habitants des municipalités évacuées, proches de la centrale, pouvant prétendre à une allocation mensuelle de 750 euros pour « préjudice psychologique » – il convient de replacer cet apparent sursaut heidegerrien des autorités dans son contexte budgétaire.
    C’est d’ailleurs au nom d’une protection tout aussi trébuchante que le seuil de 20 millisieverts par an « autorisant » le retour des populations évacuées, a été prescrit par le gouvernement en décembre 2011.
    Un ministre d’Etat ayant participé aux réunions préparatoires à l’époque, confiait en mai 2013, qu’un seuil à 5 millisieverts – qui a prévalu à Tchernobyl – aurait impliqué l’évacuation d’une partie des deux plus grandes villes du département, Fukushima et Koriyama, plus de 300 000 habitants chacune, « rendant impossible le fonctionnement du département », sans compter « les inquiétudes relatives aux dédommagements supplémentaires ». Voilà qui a le mérite d’être clair.
    Rappelons, d’autre part, qu’une partie des travailleurs de la centrale de Fukushima Daiichi était, avant l’accident, recrutée parmi les habitants qui l’avoisinaient. Or, depuis le 11 mars 2011, 29 000 personnes y ont officiellement travaillé, dont 87% pour le compte de 800 sous-traitants, payées entre 4 et 8 euros de l’heure, tandis que 20 000 autres intervenaient, comme nous l’avons dit, pour la décontamination à l’extérieur du site.
    Ce pharaonique besoin de main-d’œuvre, qui ira croissant pour au moins le prochain demi-siècle, et la nécessité financière, pour Tepco, de ramener à leur niveau antérieur les salaires provisoirement relevés peu après l’accident, peuvent expliquer le recours à la noble, mais peu poétique, rhétorique du « retour au pays natal » qui, soudain, semble avoir bon dos.
    Seriner aux gens de rentrer « chez eux » est en contradiction absolue avec ce que nombre d’entre eux réclament depuis plus d’un an. Dans le cadre de la Loi de protection des enfants et des autres victimes du désastre de Fukushima, votée en juin 2012, dont les décrets d’application n’ont pas encore vu le jour, la population exige un accès plus facile et moins coûteux aux examens médicaux, et la garantie du droit au refuge et à la migration, promu par le haut-commissaire aux droits de l’homme des Nations unies, Arnand Grover. Son rapport, présenté en avril dernier à Genève, a été superbement piétiné par un gouvernement japonais accaparé à mettre en œuvre un plan de protection des populations, d’une toute autre nature. Et pour cause.
    Des cuves et des hommes
    Il règne à Fukushima une atmosphère d’obsolescence programmée.
    Les cuves de stockage d’eau contaminée n’ont jamais été prévues pour durer au-delà de cinq ans et cela fera bientôt trois ans que personne ne l’ignore.
    Dès le mois de décembre 2011, Tepco avait déclaré que, compte tenu des 200 à 500 tonnes d’eau affluant chaque jour dans les bâtiments qui abritent les réacteurs, la capacité maximale de stockage de l’eau contaminée – à l’époque 155 000 m3 – serait atteinte en mars 2012 et que l’entreprise serait alors contrainte d’effectuer des rejets massifs dans l’océan.
    Dès avril 2011, Sumio Mabuchi, ministre de l’Aménagement du territoire, avait lancé un appel pour la construction d’un mur souterrain afin d’arrêter le flot d’eau sous la centrale.
    Deux ans et demi plus tard, Tepco s’oriente, pour la rondelette somme de 340 millions d’euros, vers la construction d’une « barrière de glace » de 1 400 mètres dont la seule maintenance coûterait annuellement 10 millions d’euros (hors coûts de consommation massive d’électricité). Efficacité et faisabilité d’un tel projet désormais considérées comme douteuses par les spécialistes eux-mêmes, le responsable de l’entreprise la plus au fait des techniques de congélation des sols déclarait récemment :
    « La mise en place d’une telle technologie ne peut être envisagée avant l’horizon 2015. »
    Une « situation de guerre »
    L’expertise scientifique, occupée une fois de plus à faire le jeu de la soumission par la tranquillisation des populations voulue par les autorités politiques, plutôt qu’à prouver son intelligence, Paul Reuss, ingénieur au Commissariat à l’énergie atomique, déclarait voici peu :
    « La mer est spontanément et naturellement radioactive, à cause de l’uranium qu’elle contient. Donc si on en rajoute un petit peu, évidemment ce n’est pas agréable, mais ce ne sont pas des quantités considérables. »
    Moins relativiste et sans doute spontanément et naturellement plus concerné, un officier des Forces japonaises d’auto-défense évoque une « situation de guerre », tandis qu’un éditorialiste compare les fuites radioactives aux plans de l’armée impériale lors de la bataille de Guadalcanal :
    « 20 000 officiers et soldats ont péri de faim sur cette île du Pacifique, car ils ont été privés d’approvisionnement. »
    Sous-estimation des forces adverses, excès de confiance en soi, incapacité des officiers à comprendre la situation de terrain.
    Pression inhumaine sur les ouvriers
    Les décideurs sous-estimant les problèmes liés aux fuites d’eau contaminées, leur confiance dans des réservoirs de stockage et un système de décontamination dont on connaît toutes les défaillances depuis plus de deux ans, s’avérant excessive, les ouvriers de Fukushima se retrouvent à travailler sous une pression inhumaine.
    Nombre d’entre eux reversent un tiers de leur paie journalière à l’un des cinquante gangs de yakuza qui sévissent dans le département et 68% de leurs employeurs inspectés entre janvier et juin 2013, ont été pris en flagrant délit de violation du code du travail.
    Le « secrétariat d’Etat à la politique spéciale en matière d’eau contaminée », nouvelle trouvaille des autorités, aura sous peu, n’en doutons pas, des solutions à proposer.
    L’administration du désastre de Fukushima achève de sceller l’unité inextricable de la soumission et de la protection dans les sociétés industrielles et fait de cette unité une nécessité objective contre laquelle chacun se croit impuissant. Ce désastre apporte la preuve criante que la part de soumission gigantesque qu’implique désormais la citoyenneté ne garantit en retour que d’une protection feinte.
    A Fukushima, il en va désormais des hommes comme des cuves : on connaît leur durée de vie, mais on parie sur une relative élasticité de leur résistance, les uns comme les autres n’étant rien de plus que des ressources matérielles à disparition programmable, en attente de remplacement.
    Avec la collaboration de Cécile Asanuma Brice, chercheur associée à la Maison franco-japonaise de Tokyo.

    Pour aller plus loin, copier/coller les liens dans votre navigateur : 

    http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/energie-environnement/actu/0203112932392-fukushima-des-villages-evacues-pourraient-etre-definitivement-condamnes-626832.php

    http://ajw.asahi.com/article/0311disaster/recovery/AJ201311040066

    http://mainichi.jp/english/english/newsselect/news/20131030p2a00m0na006000c.html

    http://ajw.asahi.com/article/0311disaster/fukushima/AJ201310260046

    http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5hg2kmz1tP5zQ1OX5vgoVgo8E-vgA?docId=7336a499-2872-4af0-802e-ff8371efff60

    http://www.lessentiel.lu/fr/news/monde/story/31241462

    http://ajw.asahi.com/article/0311disaster/analysis/AJ201310110006

    http://www.nytimes.com/2013/10/02/world/asia/japans-nuclear-refugees-still-stuck-in-limbo.html?pagewanted=all

     

     


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  • Dossier Fukushima

    Un dossier à lire absolument. Ici : http://fukushima.over-blog.fr/

       Il est aisé d'imaginer la débacle générale qui  aurait lieu en France, en cas de catastrophe nucléaire.

    Mais dormez braves gens, on vous prépare au pire...

    Gaulois.

     


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  • Les humains jetables 

    o u les forçats du nucléaire

    Il est navrant de constater ce refus de témoigner à visage découvert. Ceux qui osent sont rares. L'appât du gain, la peur de ne plus avoir de travail sont des arguments indéfendables. Ont-ils conscience que ces comportements irraisonnés renforcent la puissance de la secte nucléaire.

    Quand les forçats refuseront-ils enfin de travailler pour cette technologie de mort. Certes, les conséquences des catastrophes doivent être gérées et ceux qui y participent, au risque de leur santé, de leur vie ne déméritent pas. Mais ils devraient s'exprimer sans détour et participer activement et sans délais à la sortie du nucléaire.

    Au delà du courage à travailler dans des conditions extrêmes, il y a le courage de dire non !

    Gaulois.

     


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  • Une fusion en plein air à Fukushima ?

    L’augmentation du taux de radiation ne peut pas s’expliquer juste par des fuites aléatoires

    De plus en plus de voix s'élèvent pour dénoncer l'acharnement de la secte nucléaire qui impose cette technologie de mort.  Elle cache la vérité sur les conséquences des catastrophes qu'elle est incapable de gérer et renonce à venir en aide efficacement aux populations victimes.

    Tchernobyl est une catastrophe aux conséquences incalculables. Fukushima c'est la même chose multipliée des dizaines de fois.

    Gaulois.

    Par Christopher Busby le 2 septembre 2013

    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article136839

    La dernière augmentation du taux de radiation à la centrale de Fukushima pourrait suggèrer qu’il ne s’agit pas seulement d’autres fuites d’eau sur le site, mais qu’une fusion est en train de s’opérer à l’extérieur du réacteur abimé, explique Chris Busby, du Comité Européen sur les Risques Radioactifs.

    L’augmentation de la radiation est trop significative pour être imputée à des fuites aléatoires d’eau, croit Busby.

    RT : la situation au Japon serait devenue très sérieuse ?

    C.Busby : je pense que nous avons ici une indication de la très soudaine et significative détérioration durant la semaine passée.
    Ce qu’ils ne disent pas et qui est la pièce manquante est que les radiations ne peuvent pas tout d’un coup augmenter sans que quelque chose se passe et ce quelque chose ne peut pas être une fuite venant de la centrale, car les radiations gamma va droit dans un réservoir. Le réservoir a de très minces murs de métal. Ces murs peuvent seulement atténuer les radiations gamma de 5% même s’ils sont d’un cm d’épaisseur.

    Différents nouveaux enregistrements de radiation haute ont été détectés pendant l’inspection journalière samedi  et ceci à proximité des réservoirs où est stockée l’eau radioactive. Ceci a obligé l’opérateur à admettre qu’il y avait plus que des fuites à la centrale nucléaire de Fukushima totalement abimée.

    Auparavant, l'autorité Réglementaire Nucléaire du Japon  avait relevé l'évaluation de la fuite radioactive d'eau après le tsunami de Fukushima au Niveau 3 - "un incident sérieux" à une échelle internationale de radioactivité.

    Bien qu'ils puissent penser que ceci est une fuite du réservoir - et il peut bien sûr y avoir des fuites du réservoir - , cette augmentation soudaine de 1.8 Sieverts par heure est une énorme dose  qui peut probablement tuer quelqu'un entre  2 et 4 heures.

    Aujourd'hui il y a eu une autre fuite trouvée à 1.7 Sieverts par heure plus ou moins au même endroit. Cette énorme augmentation de la radiation, signifie, selon moi, que quelque chose a lieu à l'extérieur des réservoirs, qu’une certaine fission radioactive se produit, comme un réacteur en plein air, si vous voulez, sous la terre.

    RT : Quel impact cela aura-t-il sur l'opération de nettoyage et sur ceux qui sont impliqués dans cette opération ?

    C.B : tout d’abord, il est clair que la situation est hors contrôle et ensuite que personne ne peut s’approcher de l’endroit. Personne ne peut aller mesurer où sont ces fuites et faire quoi que ce soit à leur sujet parce que personne ne peut s’approcher d’une telle zone  sans risquer de mourir très vite. Ils seraient sérieusement atteints.

    RT : Alors il est vraisemblable que quelqu'un qui était là précédemment sans savoir que les niveaux de radiation étaient si hauts, est en danger maintenant ?

    CB : je pense que beaucoup de personnes vont mourir des conséquences de ceci comme les liquidateurs sont morts après Tchernobyl. Ils sont morts environ au cours des dix années suivant l’accident.

    RT : Pourquoi a TEPCO n’a-t-il pas réussi à  contenir la radiation ?

    CB : Je pense que personne ne s'est en réalité rendu compte combien la situation était grave parce que les industries nucléaires internationales ont tellement essayé de la minimiser, qu'ils en sont venus à l'idée que d'une façon ou d'une autre elle peut être contrôlée. Tandis que depuis le début, elle  ne pouvait jamais être contrôlée.

    J'ai récemment vu une photographie prise d’avion, sur laquelle l'eau de l’Océan Pacifique semble bouillir. Eh bien, elle ne bout pas. Vous pouvez voir que c'est chaud. La vapeur se détache de la surface. Il y a une condensation de brouillard sur la zone de l'océan près des réacteurs, ce qui signifie que l'eau chaude entre dams le Pacifique, ce qui signifie que quelque chose fissionne tout près du Pacifique et ce n'est pas à l'intérieur des réacteurs, ce doit être à l'extérieur des réacteurs à mon avis.

    RT : avant tout ceci,  l'industrie nucléaire internationale devrait être venue à l'aide de TEPCO ?

    CB : Oui. Ils devraient l'avoir fait. Ceci n'est pas une affaire locale. Ceci est une affaire internationale. Je ne pourrais pas dire pourquoi ils ne l’ont pas fait.  Je pense qu'ils espèrent tous que rien n'arrivera, espérant que tout ceci partira et ils croisent leurs doigts Mais depuis le début il était tout à fait clair que c'était très sérieux et qu'il était vraisemblable que ça allait aller de plus en plus mal.

    Et maintenant il semble soudainement que la situation s’est beaucoup détériorée et aggravée. Si cette photographie que j'ai vue est vraie, ils devraient commencer à évacuer les gens au delà d’une zone de 100 kilomètres.

    RP : Ainsi ne seraient pas seulement en danger ceux qui vivent dans le voisinage mais aussi ceux dans une périphérie de 100 km ?

    CB : S’il ne s’agit pas d’une photographie truquée, mais si elle est vraie et que ces niveaux de 1.8 Sieverts par heure sont vrais, je dis  que quelque chose de très sérieux est arrivé et je pense que les gens devraient commencer à partir.

    RP : Puisque la radiation fuit dans l'océan, y aura-t-il un  impact écologique majeur ailleurs ?

    CB : Bien sûr. Ce qui arrive c’est que se déplace toute la radioactivité de haut en bas le long de la côte jusqu’à Tokyo. J'ai vu une déclaration faite par le maire de Tokyo disant que ceci n'affectera pas la prise en considération de la demande de Tokyo pour les Jeux Olympiques. J'ai en réalité pensé qu'ils devraient envisager d'évacuer Tokyo. C'est très, très sérieux.

     Christopher Busby ( à droite ) en compagnie de Michel Fernex et Wladimir Tchertkoff devant le siège de l’OMS en 2007 (photo : Yann Forget)

    D'autres infos sur Fukushima sur le site de l'observatoire du nucléaire : http://observ.nucleaire.free.fr/


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  • L'ancien premier ministre Naoto Kan s'exprime

    17 août 2013
    http://fukushima.over-blog.fr/naoto-kan-mon-exp%C3%A9rience-de-premier-ministre-durant-l-accident-nucl%C3%A9aire-de-fukushima

    Naoto Kan - Mon expérience de Premier Ministre durant l'accident nucléaire de Fukushima

    A l’occasion du second anniversaire de la catastrophe nucléaire de Fukushima, un symposium s’est tenu à l'Académie de Médecine de New-York les 11 et 12 mars 2013. Organisé par la Fondation Helen Caldicott et coparrainé par Physicians for Social Responsibility (Médecins pour une Responsabilité Sociale), ce symposium est intitulé « Les conséquences médicales et écologiques de l'accident nucléaire de Fukushima ». Un groupe d'éminents scientifiques internationaux dans les domaines de la médecine et de la biologie, des ingénieurs nucléaires et des experts en politique ont ainsi présenté des exposés et discuté des conséquences bio-médicales et écologiques de la catastrophe de Fukushima.
    Malgré la grande qualité des interventions, cet évènement international consacré à la catastrophe nucléaire la plus grave de l’Histoire est passé quasiment inaperçu dans les médias. Suite à ce constat, une vingtaine de citoyens européens se sont mobilisés pour réaliser des traductions françaises et allemandes afin de diffuser les communications sur la toile. Mais la tâche est colossale. Il n’y a pas moins de 23 conférences à transcrire et traduire. Au jour d’aujourd’hui, la moitié de la tâche est déjà accomplie et je voudrais remercier chaleureusement tous les transcripteurs, traducteurs et relecteurs qui réalisent ce travail bénévolement. Par ailleurs, le formidable travail réalisé par Kna60 permet de suivre ces conférences en vidéos sous-titrées en français sur son blog. Qu’il en soit également ici remercié.
     
    Le blog de Fukushima se propose de diffuser les textes et les vidéos des conférences traduites. Commençons par la première intervention de la première journée, il s’agit de l’intervention de Naoto Kan, filmée du Japon car l’ex Premier Ministre n’avait pu se rendre aux Etats-Unis.
     
     
    __________________
    Symposium de New York, 11-12 mars 2013
    Les conséquences médicales et écologiques de l'accident nucléaire de Fukushima
     
    Mon expérience de Premier Ministre durant l'accident nucléaire de Fukushima
     
    par Naoto Kan
    Membre de la Chambre des Représentants
    Ancien Premier Ministre du Japon
     
     
    Bonjour à tous. Je suis Naoto Kan.
     
    J'étais Premier Ministre du Japon lorsque la catastrophe nucléaire de Fukushima s'est produite en 2011.
     
    J'étais invité au symposium organisé par la fondation Helen Caldicott, mais je n'ai pu m'y rendre en personne. À la place je vous envoie ce message vidéo pour vous dire ce qui s'est passé durant cette période.
     
    La catastrophe nucléaire de Fukushima le 11 mars 2011 a résulté de deux causes majeures.
     
    Inutile de le dire, la cause première a été la coupure totale de courant à Fukushima Daiichi, causée par l'énorme séisme et tsunami, les plus forts jamais survenus dans l'histoire du Japon. Toutefois, il y avait effectivement une autre cause majeure.
    Une telle coupure totale de courant et un tsunami aussi puissant n'ont jamais été anticipés. Aucun préparatif à une telle situation n'a jamais été fait en termes d'installations physiques ou de structure de la communication au sein du gouvernement. C'était, en d'autres termes, une cause d'origine humaine.
     
    Ce furent les deux causes qui ont conduit à ce désastre nucléaire majeur.
     
    Au soir du 11 mars, environ 8 heures après le tremblement de terre, l'unité 1 a connu une fusion du coeur et un percement de la cuve. Le combustible nucléaire fondu s'est accumulé au fond de l'enceinte de confinement. Le jour suivant une explosion d'hydrogène s'est produite dans ce réacteur n°1. Les réacteurs n° 1, 2 et 3 ont connu une explosion d'hydrogène puis une fusion, et le réacteur n° 4 a aussi connu une explosion d'hydrogène.
     
    Dans cette centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, il y avait 6 réacteurs nucléaires et 7 piscines à combustible usagé, contenant des barres de combustible usé. La centrale nucléaire de Fukushima Daini (n° 2) est située à ~ 12 kilomètres de Daiichi (n° 1). Daini (n° 2) a 4 réacteurs nucléaires et 4 piscines à combustible usagé.
     
    Un certain temps après le séisme, ces réacteurs et piscines sont pratiquement devenus incontrôlables. Vers 3 h le 15 mars, TEPCO, via le Ministère de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie, a demandé le retrait et l'évacuation de ses travailleurs.
     
    Si les ouvriers de TEPCO avaient été retirés, il aurait été pratiquement impossible de garder le contrôle de ces réacteurs nucléaires. J'ai pleinement compris que ce serait une opération présentant de grands dangers. Mais j'ai demandé que les ouvriers de TEPCO restent pour faire face à la catastrophe nucléaire malgré que leurs vies puissent être mises en danger. TEPCO a accepté qu'il en soit ainsi.
     
    Le 15 mars, la Force d'Auto-Défense a commencé à se préparer à larguer de l'eau dans les piscines depuis les airs. Ils l'ont fait pour la première fois le 17 mars.
    Ce fut ma riposte d'alors à la catastrophe nucléaire.
     
    Dans l'intervalle, j'ai personnellement examiné, ainsi que des experts, les scénarios du pire. Comme je viens de le dire, il y a un total de 10 réacteurs nucléaires et 11 piscines à combustible dans les centrales nucléaires de Fukushima Daiichi et Daini. Si tous devenaient hors contrôle, fondaient et libéraient des matières radioactives dans l'air et dans l'océan, quelles quantités de matières radioactives seraient libérées dans l'environnement ?
     
    Jusqu'à ce moment, Tchernobyl a été la pire catastrophe nucléaire, mais Tchernobyl a résulté d'un accident dans un seul réacteur nucléaire. Si en comparaison, on avait perdu le contrôle de 10 réacteurs et piscines à combustible usagé, l'évacuation d'une zone extrêmement étendue aurait été nécessaire. C'est alors ce qui m'inquiétait le plus.
     
    M. Kondo, qui était le président de la Commission à l'Énergie Atomique du Japon, m'a fait remarquer que dans un scénario du pire, les gens dans un rayon de 250 kilomètres pourraient devoir évacuer, et qu'ils ne seraient peut-être pas en mesure de rentrer chez eux pendant 10, 20 ou 30 ans.
     
    La métropole de Tokyo est dans cette zone de 250 km. 50 millions de gens, presque la moitié de la population du Japon, vivent là. Si 50 millions de personnes doivent abandonner leurs maisons, quitter leur lieux de travail, ou leur école, ou si des patients hospitalisés doivent quitter leurs hôpitaux, il y aurait beaucoup plus de victimes pendant l'évacuation. Le Japon ne pourrait fonctionner pleinement en tant que nation pendant longtemps.
     
    Le Japon était proche de ce scénario extrêmement grave.
     
    Finalement nous avons pu minimiser la dispersion de la radioactivité en versant de l'eau dans les réacteurs avant que la situation ne devienne trop critique. Je crois qu'on l'a dû au fait que non seulement l'opération a été habilement gérée, mais que nous avons eu en fait une protection divine.
     
    Durant ces opérations, nous avons découvert que dans la politique énergétique nucléaire du Japon jusqu'alors, il n'y avait pas de réglementation suffisante pour forcer les compagnies exploitantes à se préparer à un tsunami, y compris en installant un générateur de secours à une grande hauteur.
     
    L'Agence de Sûreté Nucléaire et Industrielle, un organisme dépendant du Ministère de l'Économie, du Commerce & Industrie, était l'autorité qui devait jouer un rôle primordial dans la prise en charge d'un accident dans une centrale nucléaire. Toutefois, les cadres supérieurs de cette agence n'étaient pas des experts en énergie nucléaire. Ils étaient experts en législation ou politiques économiques. Ni eux, ni leurs équipes, n'ont jamais été préparés à un désastre nucléaire de cette ampleur.
     
    Mon opinion est que ce manque de préparation en termes d'installations matérielles, le manque de politiques appropriées et de structure du gouvernement ont aggravé la catastrophe.
     
    Après avoir vécu cette catastrophe nucléaire, j'ai pensé à la façon de gérer les centrales nucléaires dans le contexte des politiques énergétiques japonaises et mondiales.
    Ma conclusion est que la meilleure sécurité dans le nucléaire, c'est de ne pas avoir de centrales nucléaires du tout. En effet, je suis convaincu que ne pas avoir de centrales nucléaires est la plus sûre des politiques nucléaires ou énergétiques.
     
    Inutile de dire que si nous pensons au risque extraordinaire de perdre la moitié de notre pays et d'avoir 50% de la population qui doive évacuer, ce problème ne peut pas être résolu par la technologie.
     
    En outre, plus fondamentalement, j'en suis venu à penser que l'humanité a commencé à manipuler l'atome, créant des bombes atomiques et des armes nucléaires, puis des centrales nucléaires. Il a été créé une technologie qui ne peut pas coexister facilement avec la vie humaine sur Terre.
     
    Quand je considère la future politique énergétique, je me souviens que la race humaine ainsi que toutes les autres créatures sur Terre ont coexisté avec le soleil pendant environ 4,5 milliards d'années. Et le soleil a fourni pratiquement toute l'énergie sur Terre jusqu'à ce jour.
     
    Je crois que la future politique énergétique Japonaise et mondiale doit se focaliser sur l'extension de l'utilisation de l'énergie renouvelable, et nous devrions finalement en obtenir toute l'énergie requise sans utiliser l'énergie nucléaire ou les combustibles fossiles.
     
    Au Japon, un système de tarif de rachat a été introduit après la catastrophe nucléaire, et les énergies renouvelables, telles que le solaire et l'éolien ont commencé à gagner en popularité à un rythme explosif.
     
    D'un autre côté, les problèmes des centrales nucléaires, ça n'est pas seulement un risque potentiel d'accidents. Elles génèrent du combustible usagé, c'est-à-dire des déchets nucléaires. Aucune solution satisfaisante quant à leur élimination sécurisée n'a été trouvée nulle part dans le monde.
     
    En particulier, il y a plus de séismes au Japon que nulle part ailleurs dans le monde.
    Il est pratiquement impossible de stocker ici et sans danger des déchets nucléaires à long terme. De plus, l'idée classique selon laquelle l'énergie nucléaire est la moins chère a été radicalement mise à mal.
     
    Bien sûr, il y a de nouvelles sources d'énergie, y compris le gaz de schiste, et il est devenu évident pour tous que l'énergie nucléaire n'est jamais bon marché en termes de coûts de retraitement ou de gestion des déchets.
     
    Je pense que les centrales nucléaires ne sont pas et ne seront jamais justifiables économiquement, et n'existeront pas dans le futur. De nombreux experts et politiciens au Japon pensent toujours que l'énergie nucléaire est bon marché. Mais je crois qu'il deviendra plus clair qu'un tel raisonnement est erroné.
     
    En ce sens, je crois que l'énergie nucléaire n'a existé que comme source d'énergie de transition, temporaire, et que cette technologie n'existera pas et ne devra plus exister au siècle prochain.
     
    Je voudrais que vous compreniez tout à fait que, si la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon a en effet résulté du séisme et du tsunami, des erreurs humaines où des personnes qui ont négligé de réaliser les préparatifs appropriés sont aussi entrées en jeu ; et je vous en serais reconnaissant si vous vouliez prendre cela en considération pour déterminer la future politique énergétique.
     
    Malheureusement, je n'ai pas pu me rendre à New York aujourd'hui, mais je vous ai offert mes expériences et réflexions par ce message vidéo.
     
    Merci beaucoup à tous pour votre attention.
    Enregistré & édité par Intertelemedia, Inc
    Traduction anglaise par Kazko Kawai avec Voices for Lively Spring
    Sous-titré en anglais par East River Films Inc
    Traduction française par Kna60
    Sous-titré en français par Kna60 / kna-blog.blogspot.com
     
    Article de Kna60 sur son blog

    Naoto Kan reconnaît la responsabilité de l'état japonais :

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/05/29/fukushima-l-ancien-premier-ministre-naoto-kan-reconnait-la-responsabilite-de-l-etat-japonais_1708962_32


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  • Le cauchemar de Fukushima

    Le cauchemar est à peine commencé. Les effets de la radioactivité , sur terre comme sur mer seront dans quelques années un drame effroyable pour la faune, la flore et le genre humain. Les dirigeants japonais sont à un degré de folie destructrice comparable à celle des digeants de l'ex-URSS avec Tchernobyl.

    Mais les dégâts risquent d'être bien plus importants sur les populations nippones du fait d'une très grande concentration des habitants.

    Gaulois.

     L’eau est devenue un cauchemar à Fukushima

    Etienne Dubuis
    22-08-2013
    http://www.lesoir.be/303344/article/actualite/monde/2013-08-22/l-eau-est-devenue-un-cauchemar-fukushima
    Les responsables de la centrale ont eu pour priorité de refroidir ses réacteurs en les arrosant. Ils se retrouvent aujourd’hui avec un site inondé. Les solutions envisagées exigeront du temps.


    Une « maison de l’épouvante » dans un parc d’attractions : c’est à cela que ressemble la centrale de Fukushima-Daiichi plus de deux ans après l’emballement de ses réacteurs, a lâché mercredi le président de l’autorité de sûreté nucléaire japonaise, Shunichi Tanaka. Une réaction de dépit causée par le nouveau problème qu’a connu le site en début de semaine : la fuite de quelque 300 tonnes d’eau hautement contaminée d’un réservoir de stockage. Un incident que l’instance de régulation a proposé de repositionner sur l’échelle internationale de classement des événements nucléaires, pour l’élever de 1 à 3 sur un total de 7 degrés.
    Le tsunami du 11 mars 2011 a causé des dégâts considérables. En submergeant le site de la centrale, il a causé la fusion de trois de ses six réacteurs, provoqué des explosions dans les bâtiments de quatre de ces installations et entraîné le réchauffement de plusieurs piscines d’entreposage de combustibles usés. L’objectif que se sont alors fixé les autorités compétentes a été d’arrêter les fuites de radioactivité dans l’atmosphère, ce qui a supposé de refroidir dès que possible les réacteurs et les piscines.
    Ce but a été atteint après plusieurs mois d’efforts, à fin 2011, grâce à l’injection massive d’eau de mer, puis d’eau douce sur les installations critiques. Mais la situation ne sera pas stabilisée tant que les réacteurs et les piscines abriteront des combustibles. Et quelque 300 tonnes d’eau continuent à être déversées chaque jour pour y maintenir les températures à des niveaux raisonnables. Une mesure indispensable, qui répond à l’urgence, mais qui pose elle-même problème actuellement.
    L’eau ne cesse de s’accumuler
    Les 100 tonnes injectées quotidiennement par l’homme sur chacun des trois réacteurs sinistrés s’échappent des cuves, qui ne sont plus étanches, puis sortent des enceintes de confinement, qui ne le sont pas davantage. De là, elles parviennent dans les sous-sols des bâtiments, où elles se mêlent à 400 autres tonnes issues d’infiltrations naturelles en provenance de la nappe phréatique. Quelque 300 tonnes sont récupérées pour continuer le processus de refroidissement. Mais les 400 tonnes restantes ne peuvent prétendre à cet usage. Et comme elles sont également contaminées, elles ne peuvent pas non plus être rejetées à la mer. Il n’existe dès lors pas d’autre option que de les stocker.
    Depuis bientôt deux ans et demi que durent les opérations de refroidissement, quelque 280 000 tonnes d’eau se sont accumulées dans une large gamme de réservoirs. Or, la capacité actuelle du site est limitée à 300 000 tonnes. Et même si les autorités compétentes assurent qu’elles peuvent l’élever à 450 000, leur stratégie comporte des limites évidentes : le mouvement ne peut se perpétuer ad vitam aeternam. « Les fuites à répétition auxquelles nous assistons laissent songeurs », commente Jérôme Joly, directeur général adjoint chargé de la radioprotection à l’Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). « La dernière en date, la plus importante, se caractérise par une double défaillance. L’eau a fui d’une cuve insuffisamment imperméable dans un bassin de rétention, d’où elle s’est échappée par une vanne laissée ouverte. L’eau, heureusement, n’était pas très contaminée et ne devrait pas provoquer de trop gros dégâts à l’environnement. Mais cette absence de maîtrise n’est pas acceptable. »
    Purifier
    Il ne s’agit cependant pas uniquement d’empêcher les fuites incontrôlées. L’opérateur du site, la société Tepco, doit aussi, doit surtout, résoudre le problème de fond, qui est l’accumulation d’eau sur place.
    Une telle entreprise suppose d’abord de limiter les entrées de liquide. Tepco a commencé à s’y employer en creusant une douzaine de puits en amont de Fukushima-Daiichi. Objectif de ces forages : pomper de l’eau dans la nappe phréatique afin d’en baisser le niveau, jusqu’à rendre impossibles les ruissellements naturels vers la centrale. Cette opération exige ensuite d’évacuer l’eau accumulée depuis l’accident pour la déverser dans la mer, le seul réceptacle final possible. Pareil projet ne pose pas de problème de principe, assure Jérôme Joly. De nombreuses centrales procèdent de cette manière. Mais il n’est envisageable qu’à deux conditions : que l’eau soit purifiée et qu’un large accord sur les modalités soit obtenu.
    Tepco a également progressé sur ce front. Elle a mis sur pied une unité de traitement de l’eau capable d’en extraire l’un des principaux contaminants, le césium. Et elle s’apprête à ouvrir une deuxième usine destinée à s’occuper d’autres substances radioactives. Mais l’opérateur butte sur la seconde condition : l’établissement des règles du jeu concernant les procédés techniques souhaitables, les rejets acceptables ou les contrôles à prévoir. «  Dans ce genre de situations, un consensus de toutes les parties prenantes est indispensable, insiste Jérôme Joly. Or, au Japon, on en est encore loin. »

     


    Des cancers de la thyroïde à Fukushima

    Le temps

    http://www.letemps.ch/Page/Uuid/21db08de-09c9-11e3-a25d-9bfba368c787|0#.Uhh7zH-iO9g

    21 août 2013
    Par Etienne Dubuis

      Un chercheur japonais présente cette semaine à Bâle une étude sans précédent sur l’accident nucléaire. Ses conclusions, dramatiques, sont contestées
    Les radiations nucléaires causent des cancers de la glande thyroïde. La catastrophe de Tcher­nobyl l’a encore montré dans les années 1980 et on peut parier que celle de Fukushima va en témoigner à son tour. Il reste à savoir quand une multiplication des cas sera perceptible dans l’archipel nippon. Nombre de spécialistes considèrent qu’étant donné le rythme de développement de la maladie, il faudra attendre encore plusieurs années pour observer le phénomène. Or, un chercheur japonais, Toshihide Tsuda, professeur d’épidémiologie environnementale à l’Université d’Okayama, estime que le phénomène est déjà apparent. Une conviction qu’il est venu présenter à la méga-conférence sur l’environnement et la santé qui se tient cette semaine à Bâle sous les auspices de l’Institut tropical et de santé publique suisse.

    Les statistiques collectées à Tchernobyl permettent de se faire une idée du rythme de développement de la maladie. D’après Toshihide Tsuda, le nombre de patients biélorusses de moins de 15 ans est passé de 2 en 1986, l’année de l’accident, à 4 en 1987, 5 en 1988 et 7 en 1989, avant de s’envoler à 29 en 1990 et à 59 en 1991 pour atteindre 82 en 1994. Deux ans et demi après la catastrophe, soit le laps de temps qui nous sépare de l’accident de Fukushima, les chiffres n’avaient donc pas encore explosé. Mais, insiste le chercheur, ils avaient commencé à s’élever. D’où l’hypothèse qu’au Japon aussi, un tel développement est peut-être d’ores et déjà perceptible.

    Pour arriver à cette conclusion, Toshihide Tsuda a rassemblé de nombreux chiffres, tous tirés des statistiques officielles. Puis il s’est concentré sur la population des moins de 19 ans. Selon lui, un premier examen a révélé différents types de renflements, tels des nodules ou des kystes, chez 214 des 41 296 personnes soumises au ­dépistage, appartenant à cette classe d’âge et habitant les zones voisines de la centrale. Puis un second test, effectué sur 174 de ces 214 personnes, a repéré 13 cas de cancer de la thyroïde. La même procédure, réalisée cette fois dans des zones plus éloignées et donc moins irradiées de la même préfecture de Fukushima, a dé­celé 953 nodules ou kystes sur 135 586 personnes et 30 cas de cancer parmi les 594 patients soumis au deuxième test.

    La présence de cancers de la thyroïde est tout à fait normale. Seule une multiplication des cas est susceptible de signaler un problème particulier, soit, dans le cas présent, une conséquence de l’accident nucléaire. Pour le savoir, il s’agit de comparer le nombre annuel de nouveaux cas de cancer de la thyroïde au Japon en période habituelle et le nombre annuel de nouveaux cas dans la préfecture de Fukushima au lendemain de la catastrophe. Si ces deux chiffres (des «incidences») sont les mêmes, ils n’indiquent rien de particulier. Si le premier est moins élevé que le second, ils sont en revanche susceptibles de traduire un événement.

    A entendre Toshihide Tsuda, l’incidence annuelle du cancer de la thyroïde au Japon chez les moins de 19 ans est de 5 par million, tandis que l’incidence bisannuelle (2011-2013) du cancer de la thyroïde dans la préfecture de Fukushima au lendemain de la ­catastrophe est de 13 sur 41 296. Ce qui donne une incidence annuelle de 157 par million. Soit une incidence annuelle 31,48 fois ­supérieure à la «normale». Une évolution beaucoup plus forte et ­rapide que les développements subis par l’Union soviétique à la suite de la catastrophe de Tchernobyl. Et ce, alors même que, malgré toutes les erreurs dont elles se sont rendues coupables, les autorités japonaises se sont notoirement mieux occupées des victimes que les autorités soviétiques en leur temps.

    «Si ce chiffre devait se vérifier, ce serait une bombe, commente Martin Röösli, directeur de l’unité d’épidémiologie environnementale et d’estimation du risque à l’Institut tropical et de santé publique suisse. Mais il est probable qu’il est biaisé par quelque distorsion. Une distorsion qui a pu être causée, très classiquement, par la procédure intense de dépistage à laquelle la population de la région a été soumise. De tels examens peuvent détecter des cas qui, en temps normal, seraient apparus sur une longue période ou même n’auraient jamais été décelés.»

    «Le doute est d’autant plus ­permis, continue Martin Röösli, que l’énorme différence entre ­l’incidence du Japon et celle de Fukushima n’a pas d’équivalent dans la région sinistrée. Si l’impact sanitaire a été si différent ­entre les zones très touchées et les zones pas touchées du tout, cette variation devrait rester significative entre les zones un peu plus ou un peu moins touchées. Or, il n’en est rien. On trouve des pourcentages très comparables dans les régions situées à proximité immédiate de la centrale et les autres.»

    Toshihide Tsuda reconnaît que ses chiffres ne doivent pas être pris «à la lettre» et que le processus de dépistage engagé par les autorités japonaises a pu introduire un «biais». Mais il assure que ce n’est là qu’une partie de l’explication. L’autre, il s’en dit convaincu, est la multiplication réelle des cas de cancers dus à la catastrophe, les signes annonceurs d’une déferlante à laquelle son pays devrait se préparer au plus tôt.




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  • Le président de “New Tech” retire sa plainte en diffamation contre Minoru Tanaka

        La secte nucléaire est prête à tout pour arriver à ses fin et défendre ses intérêts criminels.
    Pour la secte, tous ceux qui s'opposent au nucléaire sont des diffamateurs. En particulier ceux qu'elle craint le plus ; les médias et les scientifiques indépendants.
    De triste mémoire, l'emprisonnement de Youri Bandajevsky, le prisonnier scientifique de Tchernobyl : http://independentwho.org/fr/galina-et-youri-bandajevsky/
    Gaulois.

     

    16 août 2013.

    http://fr.rsf.org/japon-le-president-de-new-tech-retire-sa-16-08-2013,45055.html

    Reporters sans frontières se félicite de l’annonce du retrait, le 12 août 2013, de la plainte pour diffamation déposée par le président d’une société du secteur nucléaire, “New Tech”, à l’encontre du journaliste Minoru Tanaka. Le retrait de la plainte a été accepté par le tribunal de Tokyo.
    “Le harcèlement dont a été victime Minoru Tanaka n’était rien d’autre qu’une tentative d’intimidation fomentée par un acteur influent du ‘village nucléaire’, visant à contraindre le journaliste au silence et à l’auto-censure. Nous nous réjouissons de voir que cette manœuvre n’a pas fonctionné mais demeurons inquiets pour les autres journalistes qui s’intéressent à la question sensible du nucléaire au Japon. Nous déplorons encore de trop nombreux cas de journalistes qui subissent des pressions ou sont victimes de censure alors qu’ils tentent d’informer sur la catastrophe de Fukushima et ses conséquences, ”, a déclaré Reporters sans frontières.
    “L’amende à laquelle aurait pu être condamné Minoru Tanaka s’il avait été reconnu coupable de diffamation était clairement démesurée. Nous appelons donc les tribunaux qui pourraient à l’avenir être investis de cas similaires à rejeter les plaintes en justice stratégiques, communément appelées ‘SLAPP’, et à proposer des alternatives proportionnées, telles que, par exemple, la publication d’un droit de réponse”, a ajouté l’organisation.
    Le journaliste freelance Minoru Tanaka, 52 ans, était poursuivi pour diffamation par Shiro Shirakawa, président de “New Tech”, une entreprise de systèmes de sécurité pour centrale nucléaire, après qu’il a publié le 16 décembre 2011 dans l’hebdomadaire Shukan Kinyobi, un article titré “Le dernier grand fixeur : M Shiro Shirakawa - il prend sa part du gâteau nucléaire de TEPCO”. Le journaliste y dévoilait, sur la base d’informations publiques, le rôle d’”intermédiaire” joué par Shiro Shirakawa entre la compagnie nucléaire, des entreprises du bâtiment, des représentants du gouvernement (parmi lesquels des célèbres législateurs comme Shizuka Kamei) et des organisations clandestines.
    Depuis l’accident de Fukushima-Daiichi en mars 2011, les journalistes freelance qui couvrent les sujets liés au nucléaire sont particulièrement visés par des restrictions dans l’accès à l’information, en étant notamment empêchés de couvrir les manifestations anti-nucléaires.
    Reporters sans frontières avait dénoncé à plusieurs reprises le harcèlement judiciaire dont était victime Minoru Tanaka. Le journaliste risquait une amende de 67 millions de yen (environ 670 000 euro).


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  • A Fukushima, 300 tonnes d'eau contaminée se déversent chaque jour dans le Pacifique

       Même si les autorités font tout pour cacher les conséquences liées au nucléaire, elles seront incalculables. Comme toujours, les responsables resteront impunis, pendant que les forças du nucléaire et les populations subissent des dommages irréversibles.

    La dictature nucléaire suit la folie humaine, sans limite.

    Gaulois.

     Le Monde.fr
     07.08.2013

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2013/08/07/a-fukushima-300-tonnes-d-eau-contaminee-se-deversent-chaque-jour-dans-le-pacifique_3458376_3244.html

    Voilà des mois que les informations sur les fuites d'eau radioactive issue de la centrale de Fukushima sortent graduellement au grand jour, sans que soient révélés officiellement leur ampleur ou leur impact sur l'environnement. Le gouvernement japonais a finalement rendu publique une estimation de leur quantité, mercredi 7 août : ce sont 300 tonnes d'eau contaminée qui se déversent chaque jour dans l'océan Pacifique, plus de deux ans après la catastrophe nucléaire causée par un séisme et un tsunami, en mars 2011.
    Qualifiées de "situation d'urgence" mardi par l'Autorité de régulation nucléaire japonaise (NRA), ces fuites ont été estimées par l'opérateur Tokyo Electric Power (Tepco), en termes de radioactivité, à vingt à quarante mille milliards de becquerels entre mai 2011 et juillet 2013.

    Le premier ministre, Shinzo Abe, un conservateur favorable à la relance de l'énergie nucléaire, a évoqué "un problème urgent qui suscite beaucoup d'inquiétude dans la population", et s'est engagé à accentuer les efforts du gouvernement pour contenir ces fuites – que le gouvernement prévoit de limiter à 60 tonnes par jour à partir de décembre.
    POISSONS RADIOACTIFS
    A la fin du mois de juillet, Tepco était revenu sur sa théorie selon laquelle l'eau chargée de tritium, de strontium, de césium et autres éléments radioactifs stagnait sous terre, avouant qu'elle atteignait l'océan. A la suite de cet aveu, l'autorité nucléaire japonaise a prévu d'enquêter sur les causes de ces fuites et de surveiller la contamination de l'océan.
    Ces rejets dans le Pacifique n'étaient cependant un secret pour personne. En janvier par exemple, un poisson pêché près de la centrale présentait un niveau de contamination radioactive plus de 2 500 fois supérieur à la limite légale – au grand dam des pêcheurs de la région.
    Et alors que Tepco assurait encore que l'eau restait bloquée dans les sous-sols, l'opérateur avait enregistré, dans un puits situé entre les réacteurs et la mer, un niveau de radioactivité de plusieurs dizaines de milliers de fois supérieur à la dose limite admise pour de l'eau de mer – niveau qui grimpait encore au mois de juillet.
    CUVES, PRODUIT CHIMIQUE ET FILETSCes fuites d'eau radioactive sont issues du refroidissement des réacteurs ravagés. De l'eau douce y est injectée en permanence pour les maintenir à une
    température inférieure à 50 ºC. Chaque jour, ces opérations produisent 400 tonnes d'eau hautement radioactive, dont une partie est stockée dans des réservoirs souterrains. Tepco a reconnu que certains d'entre eux fuyaient.

    Critiqué pour sa gestion de l'accident nucléaire et pour sa communication, Tepco a décidé de prendre diverses mesures pour empêcher ces fuites. Pour l'instant, l'opérateur s'efforce de construire une paroi enterrée entre le site et l'océan, d'étanchéifier les galeries de la centrale, et de construire de nouvelles cuves de stockage à la surface, pour éviter les fuites souterraines. Le quotidien Asahi relevait récemment que le produit chimique que Tepco injectait pour solidifier les sols n'était toutefois pas efficace au niveau des nappes phréatiques.
    Tepco compte aussi sur un nouveau système de décontamination de l'eau, l'ALPS (Advanced Liquid Processing System), grâce auquel il espère obtenir l'autorisation du gouvernement de pouvoir la déverser dans l'océan. En attendant, l'opérateur installe des filets pour éviter que les poissons contaminés ne partent trop loin, au risque d'être consommés par d'autres espèces ou pêchés.
    Les suites de la catastrophe nucléaire sont loin d'être stabilisées dans la centrale de Fukushima, où les incidents sur le chantier se multiplient, et où l'état des réacteurs endommagés, toujours à la merci d'un séisme, continue d'inquiéter. Le démantèlement complet des installations devrait prendre une quarantaine d'années, et l'Etat a déjà versé près de 30 milliards d'euros à Tepco, qui ont servi à sécuriser le site et à indemniser plus d'un million de victimes. Environ 3 000 ouvriers travaillent dans ce chantier de déconstruction, le plus grand de l'histoire du nucléaire. En juillet, Tepco a annoncé que 2 000 d'entre eux risquaient un cancer de la thyroïde.
    Lire : "Fukushima : 2 000 travailleurs exposés à un cancer de la thyroïde"


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  • Fukushima : Les transformations inquiétantes des légumes, fruits, fleurs et animaux exposés aux radiations

    http://www.gentside.com/fukushima/fukushima-les-transformations-inquietantes-des-legumes-fruits-fleurs-et-animaux-exposes-aux-radiations_art52760.html

       Les pronucléaires ne manqueront pas de crier à la manipulation, comme c'est le cas des malformations dans la région de Tchernobyl. A défaut d'ouverture d'esprit, il est très probable que dans un avenir assez proche, ceux-là seront à leur tour frappés de ce mal terrifiant.

    Il n'est pas osé de prétendre que si la chappe de plomb pronucléaire ne sévissait pas, les études sérieuses des scientifiques indépendants seraient prises au sérieux. A savoir toutes les atteintes de la faune, la flore et l'humain. 

    Gaulois.

     

    Le 11 mars 2011, la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi avait libéré des particules radioactives suite à un séisme touchant l'Est du Japon. Aujourd'hui, les premières conséquences à cette exposition ont été remarquées notamment au niveau des fruits et des légumes mais également chez certaines fleurs et animaux.

    Le 11 mars 2011, la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, à l’est du Japon, n’a pas pu résister à un séisme qui a eu lieu quelques heures auparavant au large de l'île, provoquant un tsunami. L’arrêt automatique des réacteurs en service avait provoqué une libération des particules nucléaires formant un nuage. Si le gouvernement nippon a assuré que tout était sous contrôle les jours qui ont suivi cette catastrophe, la nature a été fortement touchée par l’incident. Les végétaux comme les animaux auraient subi les conséquences de cette exposition aux radiations, comme le relaie le site américain de MSN.

    Les poissons, premières victimes

    De la tomate à la grenouille en passant les cerises, les pissenlits ou bien encore les roses, de nombreux légumes, fruits, fleurs et animaux ont subi des mutations génétiques dues à la forte exposition aux radiations libérées par la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi.

    Cependant, la faune et la flore n’était pas la principale préoccupation des Japonais à l’époque. Pourtant, le Japon est un des pays qui consomme le plus de poisson au monde et l’activité de la pêche y est fortement développée. Aussi, le pays exporte énormément de produits provenant de ses eaux. Seulement quelques jours après la catastrophe, le taux de radioactivité dans la région de Fukushima était 380 fois supérieur au taux normal. Conséquence de cette hyper-radioactivité plus de deux ans après la catastrophe ? La voici en images.

    Des transformations végétales très étranges

    Des tomates aux formes étonnantes, des concombres à la pousse inhabituelle, des tomates qui se transforment en aubergine ou bien encore des radis prenant la forme de la main de Mickey, la fameuse souris chère à Walt Disney... Les fruits ont également été touchés puisque les oranges ont pris une teinte assez étrange, les pêches sont devenues comme siamoises, les grappes de cerises n’accueillent plus une ou deux fruits mais au moins cinq. De même, le fruit local, la plaquemine, a vu son volume quadrupler. Au niveau des fleurs, les pissenlits, les roses ou bien encore les tournesols présentent des formes inhabituelles. Le plus inquiétant reste toutefois la transformation génétique de cette grenouille. Normalement verte, une photo nous l’affiche d’une couleur bleue claire. Si rien n'a officiellement montré le lien entre la catastrophe et la transformation de ces fruits, légumes et fleurs, les habitants n'ont eu aucun doute.

    Quelle conséquence sur l'humain ?

    Les conséquences sur le génome humain ou tout du moins sur certains traits physiques n’ont pas encore été observées. Cependant, de nombreux incidents du même acabit peuvent certifier qu’un jour ou l’autre, l'Homme subira les conséquences de cette catastrophe. Et il est probable que des maladies génétiques et des cancers soient diagnostiqués dans la région durant les prochaines années, à l'instar de ce qui a pu se passer à Tchernobyl suite à l'explosion de la centrale le 26 avril 1986.


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  • Les délégués belges indignés: "On minimise les conséquences de Fukushima"

       De Tchernobyl à Fukushima, l'histoire se répète, sinistre, nauséabonde, criminelle. Les qualificatifs ne manquent pas pour définir la secte nucléaire.
    Les Belges sont indignés ? Soit, mais pas sûr qu'ils soient bien placés avec leurs deux centrales pour sept réacteurs. Nous n'allons pas ouvrir des paris sur leurs comportements en cas de catastrophe. Partant du constat qu'un pays ayant fait ce choix énergétique ne va pas spontanément le désavouer suite à un accident nucléaire. Avec Tchernobyl et Fukushima, la démonstration est faite.
    Il faut se rappeler sans cesse que la secte nucléocrate symbolise la politique du mensonge et du secret. 
    Gaulois.

    samedi 6 juillet 2013 à 8h00
    http://www.rtbf.be/info/societe/detail_les-delegues-belges-indignes-on-minimise-les-consequences-de-fukushima?id=8042566

       Les discussions se poursuivent au sein de l’UNSCEAR, l’organisme des Nations-unies chargé d’évaluer les conséquences de catastrophes nucléaires et des radiations. Ce comité a préparé un rapport soumis à la discussion des experts de différents pays lors d’une réunion récente à Vienne. Un rapport qui a suscité l’indignation de la délégation belge: "Tout semble fait et rédigé, disent ses membres, pour minimiser les conséquences de la catastrophe de Fukushima. On revient même en arrière sur les enseignements de Tchernobyl et d’autres études".
    La délégation  belge comprend plusieurs experts du centre d’étude de l’énergie nucléaire de Mol et de plusieurs universités. Avec ceux de nombreux autres pays, ils ont participé à ces discussions qui se sont tenues à Vienne en mai. L’UNSCEAR doit présenter son rapport à l’assemblée générale des nations-unies, l’automne prochain.
    De retour à Bruxelles, le chef de délégation, Hans Van Marcke a livré ses impressions très critiques sur les pré-conclusions de l’UNSCEAR, lors d’un exposé à l’ABR, l’Association belge de radioprotection. Des propos d’autant plus percutants qu’ils viennent du " milieu " et pas de Greenpeace ou d’opposants au nucléaire. Selon nos informations, les discussions ont été si tendues et les belges ont été tellement choqués qu’ils menacent de ne pas signer le rapport et que certains pensaient même quitter la conférence. Après leurs interventions, après aussi celles d’experts anglais, et de certains autres, leurs remarques pourraient être prises en compte dans un nouveau document remanié. Mais le passé a appris que dans ce genre d’enceintes, ce sont le secrétariat et les rapporteurs qui mènent l’agenda et donnent l’orientation finale aux textes, et que la plus grande vigilance est de mise pour voir si les versions finales reflètent bien les débats.
    Quelles critiques ?
    De façon générale, tout le monde est d’accord : le japon a eu de la chance. Une partie importante de la contamination est partie vers l’océan, la population a été évacuée relativement vite, et le contrôle de la contamination des aliments est satisfaisant. L’impact sera donc sans doute inférieur à celui de Tchernobyl.
    Mais les retombées terrestres ne sont pas négligeables pour autant, ni donc les impacts sur la santé et sur l’avenir. Et ils concernent une zone avec des villes densément peuplées comme Fukushima ou Koriama (300 000 habitants) Et de nombreuses données du rapport de l’UNSCEAR sont  lacunaires ou présentées d’une façon critiquable.
    Les estimations des doses reçues par les populations sont diluées dans des moyennes peu pertinentes, tout comme d’ailleurs celles encaissées par les dizaines de milliers travailleurs sur le site de la centrale accidentée, dont les autorités japonaises et TEPCO refusent de communiquer le détail. Il est patent aussi que les tablettes d’iode n’ont pas été distribuées et que les examens à la thyroïde ont été réalisés en général trop tard, ce qui interdit pour le moment de dire que peu d’effets seront enregistrés dans l’avenir, comme l’affirme le rapport de l’UNSCEAR.
    L’analyse de l’UNSCEAR exclut d’office, par à priori, tout risque potentiel pour les fœtus ou pour l’hérédité. Pour le risque de cancer, elle estime qu’il n’y pas trop à s’en faire puisque les doses de radioactivité seraient  trop faibles pour générer un effet visible. De telles hypothèses ont fâché plusieurs experts dont les belges, car d’une part, comme mentionné plus haut, les doses sont mal présentées et d’autre part, les enseignements de Tchernobyl ainsi que de de nombreuses recherches ces dernières années montrent que les faibles doses peuvent avoir des effets. Or l’UNSCEAR tente visiblement de revenir en arrière sur ces évolutions de la science des radiations. A plusieurs reprises ces dernières années, et encore dans ces discussions-ci, une partie de ces représentants de différents pays veulent faire passer l’idée d’un seuil de 100 millisieverts , en dessous duquel aucun effet sur la santé ne serait à craindre. Pour rappel, les recommandations internationales de la CIPR parlent de 1 mSv par an pour les populations et de 20 mSv par an pour les travailleurs, à ne pas dépasser en situation courante, tout en tolérant des dépassements ponctuels mais non durables en cas de situation de catastrophe.
    Les études récentes montrent que, dans plusieurs domaines, des doses plus faibles, situées entre 10 et 100 mSv peuvent avoir des effets.  Il ne s’agit pas que de cancers, mais aussi des atteintes à l’embryon, des perturbations héréditaires, des maladies cardiovasculaires et des cataractes.
    Tchernobyl - Fukushima, même déni ?
    Plusieurs rapports sont sur la table, en voie d’achèvement. L’un concerne les enfants, un public à protéger et surveiller particulièrement dans le cas de radiations. Ce rapport a été pris en charge par une équipe américaine, dirigée par le professeur Fred Mettler. Il est un des auteurs du rapport du forum de Tchernobyl qui a été fort controversé, très critiqué parce qu’il minimise les effets de la catastrophe de Tchernobyl. Remet-il le couvert ? En tout cas dans son rapport sur les enfants, il écarte à priori toute une série de domaines, d’études et de découvertes qui montrent les effets divers de faibles doses sur les enfants. Il n’a même pas pris connaissance des rapports à ce sujet du groupe d’experts d’Euratom.
    Une autre question très sérieuse est niée ou peu défrichée dans un rapport qui la concerne : la question de la pertinence des doses dans certains cas, par exemple dans la contamination interne d’un organisme. En effet il apparait de plus en plus que les effets peuvent être différents selon que des radionucléides se dispersent de façon égale dans tout l’organisme ou au contraire se concentrent en certains endroits. Une dose semblable n’aura donc pas les mêmes effets selon l’endroit où elle s’exerce. Ceci rejoint les hypothèses émises depuis des années par le savant biélorusse Iouri Bandajevski dans l’étude des nombreux effets de Tchernobyl.
    Les effets héréditaires de contamination chroniques à faible doses sont difficiles à étudier chez l’homme puisqu’il faut plusieurs générations d’observations. Une façon de les aborder est d’observer ces effets chez les animaux. Plusieurs études ont montré qu’ils pouvaient y avoir des effets préoccupants (les études de Mousseau et Moller qui montrent la dégradation de la biodiversité à Tchernobyl, et celles de Goncharova par exemple). Or elles ne sont pas prises en compte non plus, pas plus que des études importantes de l’IRSN français, qui ont mis en évidence de nombreuses altérations de type cardiaques et neurologiques chez des rats, dans une recherche relative aux troubles cardiovasculaires chez les enfants de Tchernobyl  
    Les clivages…
    D’où viennent les principales tentatives de minimiser les conséquences de Fukushima (et de Tchernobyl) et de revenir en arrière sur les acquis récents de ces diverses études en radioprotection ? D’un courant qui regroupe pour l’essentiel des experts russes, biélorusses, américains, polonais et argentins. Bon nombre d’entre eux sont des chevilles ouvrières à l’UNSCEAR ainsi qu’à l’AIEA et à la CIPR. L’un d’entre eux, l’argentin Abel Gonzales multiplie les casquettes (aussi dans l’industrie nucléaire argentine) à un point tel que lors d’une session précédente un expert belge a critiqué cette confusion d’intérêt dans un courrier que l’UNSCEAR a refusé de reprendre dans les procès-verbaux. Gonzales,  Mettler et le russe Belanov (retraité de l’AIEA, rédacteur d’un des rapports de l’UNSCEAR), avec certains polonais, sont en ligne directe avec la tendance représentée par le professeur français Tubiana qui rejette fermement toute idée d’effet négatif des faibles doses. Ensemble ils ont constitué un pôle international très actif pour défendre cette thèse. Et ils occupent des places stratégiques au secrétariat de l’UNSCEAR et à l’AIEA (dans les locaux de laquelle se tiennent les réunions de l’UNSCEAR). Les japonais partagent  aujourd’hui ce point de vue, soucieux de limiter l’impact de la  catastrophe et de relancer les réacteurs nucléaires encore à l’arrêt.
    Les représentants des autres puissances, tels les chinois ou les indiens ne disent rien, laissant passer les textes de l’UNSCEAR. Les experts français du CEA et de l’IRSN ne s’expriment guère, alors que pourtant par le passé ils ont  déploré la rétention d’information par les japonais. Suédois et allemands sont silencieux aussi. Il est évidemment tentant de faire un parallèle entre les résultats de l’UNSCEAR et la géopolitique de l’énergie nucléaire, quoique dans chaque pays différentes tendances puissent se manifester parmi les experts, mais nous parlons ici des représentants officiels.
    La fronde est donc venue des experts belges, soutenus par des anglais, et le président australien.  Les experts européens qui participent aux réunions de l’Euratom sont aussi plus inquiets des effets des faibles doses que les " minimisateurs " de l’UNSCEAR.
    Où est encore la discussion et le doute scientifique dans tout cela peut-on se demander? En tout cas ceux qui nient l’impact des faibles doses  voudraient bien voir leur position  inscrite dans le rapport de l’UNSCEAR et avalisée par l’ONU l’automne prochain. Pour les autres, dont les belges, ce serait une régression inacceptable sur les progrès récents des connaissances en radioprotection.
    Marc MOLITOR


    « Crime d’Etat » à Fukushima : « L’unique solution est la fuite »
    http://www.rue89.com/2013/07/03/crime-detat-a-fukushima-lunique-solution-est-fuite-243864

    Tribune  Le 23 juin 2013, pour les deux ans d’existence de la première « station citoyenne de mesure de la radioactivité » à Fukushima, le réseau Citizen Radioactivity Measuring Station (CRMS) organisait une rencontre réunissant scientifiques et habitants, à laquelle nous avons assisté.
    Le professeur Hiroaki Koide, physicien, spécialiste des réacteurs au Research Reactor Institute de l’université de Kyoto, y a prononcé une conférence et nous le remercions d’avoir accepté que, sur la base de son intervention orale et à partir de documents complémentaires, nous en éditions et diffusions le contenu.
    Cécile Asanuma-Brice et Thierry Ribault

    Les auteurs  Thierry Ribault est auteur, avec Nadine Ribault, du livre « Les Sanctuaires de l’abîme – Chronique du désastre de Fukushima » paru aux éditions de l’Encyclopédie des nuisances. Il est chercheur au CNRS en poste à la Maison franco-japonaise de Tokyo, où Cécile Asanuma-Brice est chercheur associé.
    (© H. Koide pour l’allocution en japonais – © C. Asanuma Brice, T. Ribault pour la traduction et l’édition en français.)

    L’intervention du professeur Hiroaki Koide
    « Le bâtiment n°4, en partie détruit, contient une piscine de désactivation des combustibles comprenant des éléments radioactifs en grande quantité, qui est aujourd’hui en équilibre instable [...]. S’y trouvent 1 331 barres de combustibles radioactifs équivalant à 14 000 fois la quantité de césium 137 comprise dans la bombe d’Hiroshima [...].
    Il faudra attendre que la grue, dont la construction va démarrer dans les prochains jours, fonctionne pour que l’on puisse commencer le déplacement des barres : on plongera un conteneur de plomb dans la piscine, et une à une, on y entreposera les 10 à 11 barres qu’il peut accueillir, on fermera le conteneur de plus de 100 tonnes, on le sortira et on le déplacera, puis on recommencera. Une seule des 1 331 barres qui viendrait à tomber, et la contamination empêcherait d’approcher la piscine pendant plusieurs mois. Pour le seul réacteur n°4, ces travaux nécessiteront, je pense, plus de dix ans. »
    « De nombreux travailleurs sont irradiés »
    « Dans les bâtiments n°1, 2 et 3, où la radioactivité est telle qu’on ne peut pas approcher, on ne sait pas quand il sera possible d’extirper les combustibles usagés des piscines. Les cœurs ont fondu et se sont affaissés. Désemparés, on projette, pour le moment, l’eau dessus pour faire en sorte de les refroidir. Cependant, pour le seul réacteur n°1, le niveau ne monte pas au-delà de 40 cm, parce qu’il y a un énorme trou par lequel l’eau fuit toujours plus, envahissant même la salle des turbines. On tente de récupérer cette eau, on essaie d’en extraire le césium et de l’asperger de nouveau. Mais tout fuit de part en part, et l’eau étant chargée d’éléments radioactifs, la radioactivité ne cesse de grimper, elle dont on attend qu’elle “ descende ” [...].
    Aujourd’hui encore, de nombreux travailleurs sont irradiés afin de pouvoir mener à bien ces travaux de confinement. Les 100 tonnes de céramique d’uranium qui se trouvaient dans le cœur ont liquéfié la base de béton située dessous. Elle se dissout à environ 1 500 degrés. Le cœur en fusion a donc continué sa progression et créé un trou.
    Toutefois, selon les dirigeants de Tepco, le corium, certes, progresse dans la base de béton d’un mètre d’épaisseur, mais cette progression n’aurait pas excédé 70 cm, ce qui laisserait une marge de 30 cm. Lorsque je les ai entendus fournir cette explication, je leur ai demandé si, pour affirmer cela, ils étaient allés voir. Etant donné qu’on ne peut même pas introduire un seul instrument de mesure de la radioactivité, on ne peut rien asserter. C’est incontrôlable. »
    « Il faudra construire un sarcophage en béton »
    « Selon le plan fourni par Tepco, le corium aurait la forme d’un gâteau de riz rond. En réalité, il est impossible de savoir dans quel état il se trouve. Je suis en revanche quasiment certain qu’il a traversé le béton et continue sa progression en dessous. Les dirigeants de Tepco disent qu’ils souhaiteraient en avoir le “ cœur net ”… et que c’est la raison pour laquelle ils développent des technologies liées à la robotique. Ils espèrent pouvoir extraire le cœur d’ici trente ans. Je pense, moi, qu’on ne le pourra jamais et qu’il faudra construire un sarcophage en béton, comme cela a été fait à Tchernobyl. Or, à Tchernobyl, 27 ans après, cette gigantesque couverture de béton est décrépite et il faut en construire une nouvelle par dessus.
    C’est la seule solution, à Fukushima aussi, mais on ne pourra pas le faire avant trente ans. Moi, je ne serai plus là. Presque vous tous, qui êtes dans cette salle, vous ne serez plus là. Les jeunes pourront peut-être voir ce sarcophage, mais lorsqu’il faudra en construire un second, aucun d’entre eux ne sera encore en vie. Voilà l’échelle temporelle à laquelle nous sommes confrontés [...]. Comme à Tchernobyl, il faudra prévoir de vastes territoires où seront accumulés les déchets contaminés qui auront servi à la construction du sarcophage, territoires qui ne pourront plus être approchés pendant cent ans, deux cents ans, voire plus. »
    « 300 ou 400 fois la bombe d’Hiroshima »
    « La quantité de césium 137 relâchée à Fukushima est de l’ordre de 168 fois celle relâchée lors de l’explosion de la bombe d’Hiroshima : ce sont les chiffres du gouvernement japonais, mais ils sont sous-estimés, et la raison en est liée à la question de la responsabilité. Certes Tepco est responsable de l’accident, mais nul autre que le gouvernement n’a demandé à Tepco de poursuivre le nucléaire, arguant que c’était “ sans danger ”.
    Le gouvernement a une responsabilité lourde, et le terme de “ responsabilité ” est un euphémisme car il a commis, de fait, un véritable crime d’Etat. Est-il normal qu’en un tel cas, ce soit le criminel qui fournisse les chiffres, et donc les preuves du crime qu’il a commis ? Il faut, en réalité, multiplier ces chiffres par deux ou trois et comprendre que la quantité de césium relâchée lors des explosions à Fukushima équivaut à 300 ou 400 fois la bombe d’Hiroshima. Sans compter ce qui a été reversé dans l’océan, et, aujourd’hui encore, des quantités considérables sont relâchées en pleine mer sans qu’on puisse entrevoir la fin de ce désastre. [...] »

    Une botte abandonnée sur une grille, à Tomioka, dans la zone d’exclusion nucléaire, le 6 mars 2013 (Greg Baker/AP/SIPA)
    « L’unique solution est la fuite »
    « Au centre d’expérimentation nucléaire de l’université de Kyoto, où je travaille, lorsque nous manipulons des matières radioactives, nous sommes contraints de le faire exclusivement dans ce que nous appelons des “ zones d’accès contrôlées ” [...]. Si, suite à une expérience, mon taux de contamination excède la limite des 40 000 becquerels/m2, je suis considéré comme un déchet radioactif, la porte ne s’ouvre pas, et je dois être “ jeté ” [...].
    Selon la carte fournie par l’Etat, dans la ville de Fukushima, la radioactivité dépasse les 60 000 becquerels/m2. Or le gouvernement affirme que les habitants peuvent y habiter ! Il ne s’agit pas d’une de mes expériences de laboratoire, ce ne sont pas seulement mes mains ou mes habits qui sont contaminés, mais le bâtiment dans lequel nous sommes actuellement. La route, la gare, la place devant la gare, les bosquets, les montagnes, tout est contaminé [...]. Nous sommes tous ici, tranquillement réunis dans cette salle de conférence à Fukushima, à discuter comme si de rien n’était, alors que dans cette ville de 300 000 habitants, tout est irradié [...]. L’endroit où nous sommes actuellement devrait être classé “ zone d’accès contrôlée ” et être évacué [...]. L’unique solution est la fuite [...]. On ne laisse vivre personne dans une “ zone d’accès contrôlée ”, et surtout pas des enfants. [...]
    C’est la responsabilité individuelle qui joue dans la décision de chacun. Je suis ici de mon propre fait et vous également. Mais pas les enfants. Ce n’est pas que je souhaiterais ne protéger que les enfants. C’est que si je ne les protège pas, je ne me le pardonnerais jamais. A chacun d’entre vous de décider en conséquence. »

    Aller plus loin :

    Sur Rue89

    http://www.rue89.com/rue89-planete/2013/06/02/fukushima-japon-rejette-rapport-accablant-lonu-242873

    Sur Rue89

    http://www.rue89.com/rue89-planete/2013/05/22/fukushima-vie-desormais-cest-creuser-tombe-242483

    N'oubliez pas de consulter le site de l'observatoire du nucléaire :

    http://observ.nucleaire.free.fr/

     


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