• Les enfants volés de la Réunion

    Ou les périodes sombres de la France qui colonise, qui déporte.

     

     

     

    Tout le monde ne sait pas que la France avait organisé la déportation d'enfants, de la réunion vers la métropole. C'était, officiellement en tout cas, entre 1963 et 1982. Autrement dit, hier ! Difficile donc de parler du passé – D'un passé qui nous rattrape. Je reste persuadé que ces migrations forcées existaient depuis la fin de la seconde guerre car dans les années 50, ces enfants de couleur  disséminés un peu partout en creuse et dans l'allier ( très certainement ailleurs aussi ), se retrouvaient sur les bancs de l'école. Tous n'étaient pas abandonnés par leurs parents, comme les autorités de l'époque l'affirmaient. C'était plus facile à faire croire aux familles d'accueil.
    Il n'y a pas si longtemps, lors de passages en Creuse et région que je connais bien, j'entendais encore quelques anciens qui évoquaient cette période sous le vocable du Cayenne de la Creuse. Déjà les enfants de l'assistance publique ( dont je faisais partie et placé dans l'Allier, en limite de la Creuse  ) ne tombaient pas toujours très bien  dans les fermes. Ils étaient d'abord des domestiques gratuits, corvéables à merci pour les familles de paysans qui, en prime étaient plutôt bien payées. Alors pour ce qui était des enfants réunionnais, leur sort était pire encore.
    L'argument qui consistait à dire que le pays avait un déficit démographique a quelque chose d'abject. Surtout quand on sait que ce même pays s'était rendu coupable de déportation et d'extermination des juifs, quelques années plus tôt.
    Non décidément, la France est mal placée pour donner des leçons de démocratie  aux autres nations. 

    Difficile de croire à cette repentance qui d'ailleurs n'a qu'un objectif ; tourner la page !
    Gaulois.

    Pour aller plus loin :

    http://ecolesdifferentes.info/REUNION.html

     


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  • Les Sociétés Transnationales ( TSN )

    Voici le dernier cahier électronique édité par le CETIM ( Centre Europe – Tiers Monde )
    Il est disponible également en anglais et en espagnol et peut être téléchargé ou imprimé depuis notre site internet à la page suivante :
    http://cetim.ch/fr/publications_cahiers.php

    Présentation succincte :
    SOCIÉTÉS TRANSNATIONALES : ACTEURS MAJEURS DANS LES VIOLATIONS DES DROITS HUMAINS

    Pour comprendre le système du pouvoir dominant dans la société contemporaine, il y a lieu de connaître le rôle qu'y jouent les sociétés transnationales (STN).

    Les STN agissent dans la production de biens et services - pratiquement dans toutes les sphères de l'activité humaine - aussi bien que dans la spéculation financière. Elles interviennent y compris dans des activités illicites et dans une zone grise située entre la légalité et l'illégalité. Elles occupent un rôle de premier plan dans les décisions du pouvoir et dominent les instruments permettant de dicter aux êtres humains leur comportement, leurs idées, leurs aspirations et habitudes. Cette activité à multiples facettes est dominée par un objectif fonda­mental : l'obtention du profit maximum en un minimum de temps.

    Ce Cahier est une actualisation et un complément à la brochure intitulée « Sociétés transnationales et droits humains » publiée en 2005 par le CETIM.

    Etant donné que le CETIM a fait paraître de nombreux documents (livres, brochures et cahiers) portant sur divers aspects des problèmes posés et des violations des droits humains commises par les STN, ce Cahier se concentre principalement sur : les tentatives, jusqu'ici sans succès, d'établir des normes internationales obligatoires concernant les STN, l'industrie d'armement, les STN de mercenariat, les crises écono­miques et financières ainsi que l'appauvrissement et la détérioration des conditions d'existence de larges franges de la population mondiale qui s'ensuivent.

    Table des matières :

    Introduction
    I. Les tentatives infructueuses d'établir des normes internationales obligatoires pour les STN
    A) Antécédents
    B) Remise de la question sur le tapis
    C) Rapport final de John Ruggie (2011)
    D) Le Global Compact, cheval de Troie des STN aux Nations Unies

    II. Les STN, l'industrie d'armement et les guerres
    A) Une industrie privée et juteuse d'ampleur considérable
    B) L'OTAN et le « marketing » des armements
    C) La paralysie de la Commission du désarmement des Nations Unies

    III. Les STN de mercenariat
    A) Un phénomène exponentiel
    B) Un cas démonstratif

    IV. Le capital financier transnational, les crises et la détérioration des conditions de vie
    A) L'hégémonie du capital financier
    B) Les crises financières
    Conclusion

    Annexe

    CETIM - Centre Europe-Tiers Monde
    6, rue Amat
    1202 Genève
    Suisse
    Tél.: +41 22 731 59 63
    Fax: +41 22 731 91 52
    www.cetim.ch

     

     

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  • Droits à l'alimentation

    Je me risque à affirmer que le droit à l'alimentation rime avec le droit de mourir de faim ! Question très simple de statut social, ou si vous préférez le rang occupé sur l'échelle sociale, dans la gouvernance mondiale.

    Gaulois

    Jean Ziegler : “Bruxelles est d’une hypocrisie sans nom”

     INTERVIEW    14 octobre 2011

    Vice-président du comité consultatif du conseil des droits de l'homme des Nations unies, Jean Ziegler vient de publier Destruction massive. Géopolitique de la faim (éditions du Seuil). Dans cet essai, le sociologue suisse fait part de son expérience en tant que Rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation (2000 à 2008) et analyse les raisons qui provoquent chaque année la mort de 36 millions de personnes à cause de la malnutrition.

    Pourquoi meurt-t-on encore de faim de nos jours ?

    Il y a cinq grandes raisons :

    premièrement, la spéculation financière sur les matières premières alimentaires qui a fait flamber leurs prix ces dernières années et rendu quasiment impossible aux agences d’aide, comme le Programme alimentaire mondial (PAM) de subvenir aux besoins des populations victimes de sous-alimentation.

    Il y a ensuite les agrocarburants, qui soustraient des terres fertiles et des plantes nourricières à l’alimentation humaine.

    Troisièmement, il y a la dette extérieure, qui étrangle les pays les plus pauvres et les empêche d’investir dans l’agriculture de subsistance.

    Après, il y a le dumping agricole, qui fait que, sur les marchés de Dakar ou de Cotonou, les fruits, les légumes et les poulets français, grecs, portugais, allemands etc. sont vendus au tiers ou à la moitié du prix du produit africain équivalent.

    Enfin, il y a l’accaparement des terres par les fonds d’investissement ou les grandes multinationales, qui en chassent les paysans locaux pour y cultiver des produits destinés exclusivement aux marchés occidentaux.

    L'UE a-t-elle une responsabilité ?

    Elle a une responsabilité totale dans le dumping agricole. A commencer par la France : en 2005, lors des négociations de Hong Kong au sein de l'OMC, le secrétaire général de l'organisation, Pascal Lamy, avait proposé de baisser progressivement les aides à l'exportation jusqu'à les faire disparaître en cinq ans. Et la France s'y est farouchement opposée, car elle veut maintenir ses subsides à l'exportation, notamment à cause du poids des chambres de commerce agricoles. Et donc le dumping continue, alors que l'Afrique est sous-peuplée, qu'elle a une classe paysanne extraordinaire…et massacrée, car les paysans ne parviennent pas à écouler leur production.

    A-t-elle un rôle à jouer dans la lutte contre la faim dans le monde ?

    La Commission européenne actuelle est formée de purs mercenaires au service des pieuvres du commerce agro-alimentaire. C'est incroyable la puissance des lobbies sur Bruxelles. S'ils le voulaient, ils pourraient arrêter demain le dumping agricole.

    Bruxelles est aussi d'une hypocrisie sans nom : alors que l'Europe parle de justice planétaire et de développement, les 87 pays ACP [Afrique-Caraïbe-Pacifique, essentiellement des anciennes colonies européennes] sont maintenus dans des conditions d'infériorité inacceptables. Imaginez qu'on les a obligé à accepter des accords d'investissement qui les obligent à mettre sur le même plan les entreprises locales et les multinationales occidentales.

    La Commission européenne dit à ces pays : "vous contestez notre politique de subventions agricoles et à l'exportation ? ok, mais nous devrons reconsidérer nos opérations d'aide au développement". C'est pire que du colonialisme : c'est du fascisme extérieur. Les droits de l'homme s'arrêtent à la frontière de l'Europe ; au-delà, c'est la loi de la jungle, de la violence, de l'ordre cannibale.

    A quoi peut-on attribuer la crise qui frappe l’Europe ?

    Elle est le fait d'une énorme dette qui s'est accumulée, parce que les gouvernements ont sauvé à deux reprises les banques. Une première fois en 2008, puis à présent, en les recapitalisant avec de l'argent public qu'ils n'ont pas et pour obtenir lequel ils sont obligés de s'endetter et de couper dans leurs budgets. Résultat : le pouvoir d'achat des travailleurs diminue, de même que les prestations sociales. Et ces mêmes Etats sont incapables d'imposer une norme de risque à leurs banques ! Rien n'a changé dans ce domaine depuis 2008.

    Quelles sont les solutions ?

    Il faut faire deux choses : premièrement désosser les banques, en séparant la branche "investissements" de la branche "dépôts". Une banque ne devrait pas pouvoir faire les deux activités. Ensuite, il faut les nationaliser. Ce n'est pas une question idéologique – De Gaulle a bien nationalisé le crédit dans l'après-guerre. Aujourd'hui, l'incapacité des dirigeants occidentaux d'imposer des décisions et des règles aux oligarchies bancaires au nom du bien public est invraisemblable.

    Que pensez-vous du mouvement des “indignés” ?

    On est proche de l'insurrection des consciences : ce samedi [le 15 octobre], les indignés du monde entier vont manifester. Difficile toutefois de dire où cela peut nous mener. Les processus révolutionnaires dans l'histoire sont archi-mystérieux. On ne peut pas les anticiper : "Caminante no hay camino, se hace camino al andar", disait le poète espagnol Antonio Machado. La conscience collective sait ce qu'elle ne veut pas : on ne veut pas cet ordre cannibale du monde, où des hommes sont directement responsables du massacre par la faim de 35 millions de personnes par an. Et il ne faut pas avoir peur de ne pas faire le poids : il n'y a pas d'impuissance en démocratie et dans la diplomatie multilatérale.

    Les droits de l'homme, la presse libre, la mobilisation populaire, les élections, la grève générale…on a les outils pour battre les mécanismes de la faim. La bourse est soumise à la loi : on peut interdire du jour au lendemain toute spéculation sur les denrées alimentaires. On peut imposer des tarifs prohibitifs à l'importation de bioéthanol. Les ministres de l'Agriculture européens peuvent exiger la fin du dumping agricole. Les ministres des finances des pays membres du FMI pourraient voter l'effacement de la dette des pays les plus endettés.

    Propos recueillis par et photo de Gian Paolo Accardo

     


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