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    Fracassantes révélations du journaliste Suzuki

    Tomohiko


    Il y a lieu de considérer avec la plus grande attention la remarque à la fin de l'article. La " Grande "  presse, en particulier " Française ", se situe à des année-lumières de la démocratie.

     Gaulois

    Dimanche 25 décembre 2011

    3010059077_1_3_0sguTunk.jpg Depuis quelques années déjà à Tokyo sont vendus dans le célèbre quartier de Akihabara dédié à l'informatique, aux bandes-dessinées (manga) et aux gadgets en tout genre, des masques à gaz factices, décision quasi-visionnaire du fabricant de ce jouet à l'aspect des plus sérieux mais qui annonce la couleur d'entrée de jeu : "Ce masque à gaz ne protège pas des gaz".

    A ce scrupule près, ce masque à gaz -ou ANP pour les puristes- qui se présente comme une protection contre des risques mortels, mais qui n'en est pas une nous apparaît être l'allégorie-même de ce qui semble se passer du côté de Fukushima, ville du Japon connue pour ses centrales atomiques sinistrées depuis le 11 mars 2011.

    Et de fait, c'est une petite bombe qu'a lancé le courageux -pour ne pas dire l'héroïque- Suzuki Tomohiko, journaliste indépendant japonais, en donnant sa conférence au Club de la Presse Étrangère de Tokyo, cercle officiel regroupant la crème des correspondants étrangers résidant au Japon, ce 15 décembre 2011.

    Il y a révélé que s'étant fait engager comme "ouvrier" sur le site des centrales radioactives de l'entreprise Tepco, l'essentiel de ce qui a largement été présenté aux Japonais et aux observateurs étrangers comme une entreprise de réparation/décontamination à grande échelle où prévaudrait l'entraide, le sentiment de devoir et d'abnégation, l'union nationale et la transcendance des intérêts particuliers, n'était en fait qu'une farce, de la poudre aux yeux.

    Du bricolage dans les grandes largeurs, des opérations cosmétiques, des gesticulations pour la galerie. Le journaliste enquêteur qui vient d'ailleurs de publier un pavé intitulé "Les Yakuza et le Nucléaire" aura répondu sans langue de bois à toutes les questions, photos à l'appui prises par ses soins grâce à une montre-appareil-photo lui permettant d'appuyer ses dires par des éléments visuels, histoire qu'on ne lui oppose pas de facile déni de principe : tout est argumenté, justifié, prouvé.

    Du coup, il a bonne mine, le Premier ministre Noda en annonçant à grands roulements de tambours que la situation est désormais sous contrôle, et même à l'en croire, un peu en avance par rapport à ce que l'on avait prévu... Naïveté ou duplicité ?

    Car hélas pour lui, entre temps, Suzuki Tomohiko a parlé, et exposé la vérité nue et déjà nombreux sont ceux qui -chat échaudé craint l'eau froide- doutent de paroles bien trop rassurantes.

    A force de lénifier depuis le début de la crise, de passer la pommade encore et encore, on a fini par attaquer la peau, et de fait, de nombreux Japonais sont désormais des écorchés vifs qui refusent de s'en laisser compter davantage.

    Or il est notable que si Suzuki Tomohiko s'est ainsi adressé en désespoir de cause à la presse étrangère (comme l'a également fait avant-hier l'acteur anti-nucléaire Yamamoto Taro, déjà professionnellement victime de son engagement) c'est pour l'inquiétante raison que la presse nippone dans son ensemble a préféré faire la sourde oreille, et ne pas donner écho à ses découvertes, il est vrai fort dérangeantes pour beaucoup de monde.

    Mais gardons-nous de trop vite lui jeter la pierre, à cette presse convenue, sinon complice.

    Car cela fait déjà quatre jours que la conférence de presse a été donnée par T. Suzuki, en japonais traduite en anglais devant un parterre de journalistes internationaux (les Allemands s'étant même illustrés par de nombreuses questions fort pertinentes) parmi lesquels ne pouvaient pas ne pas se trouver quelques représentants français, de l'AFP ou autre.

    Or à ce jour, pas un seul, pas le moindre entrefilet sur le sujet n'est paru dans la presse hexagonale. Qu'en penser ?

    Alors, c'est bien beau de parler de la liberté d'expression et de la liberté de la presse, si c'est pour n'en rien faire, ou aussi grave, pour éventuellement se croire libre de choisir à sa fantaisie de parler de telle futilité et de passer sous silence telle gravité.

    On a cru bon ces jours-ci par exemple de rapporter au citoyen français que 20 000 ruraux chinois s'étaient faits exproprier et demandaient une meilleure indemnisation de la part de leur état.

    Fait secondaire, ponctuel, microscopique à l'échelle du pays (20 000 / 1 300 000 000 !) et sans répercussion hors-même de l'échelon provincial, quand, dans le même temps, on a ignoré ou feint d'ignorer l'état réel de ce qui se passe à Fukushima (à lire ABSOLUMENT) dont les conséquences sont énormes à l'échelle du Japon -humainement, économiquement, industriellement- et potentiellement significatives sur l'écosystème mondial dans le long terme. Voilà qui impose réflexion.

    Remarque : si la grande presse continue de ne pas faire son travail, qu'elle ne s'étonne pas de perdre chaque jour des lecteurs/téléspectateurs et de se voir débordée par des gratuits, des sites d'information citoyens (comme celui-ci), des indépendants qui acceptent, eux, de relever de plus en plus souvent gratuitement le flambeau de Pierre Lazareff (hommage en passant au grand homme de presse, tristesse pour son cher France-Soir désormais disparu des kiosques).

    En tout cas, presque une semaine après cette conférence de presse fort éclairante, la presse japonaise commence enfin à s'intéresser aux informations fort étayées de Suzuki Tomohiko.

    La presse anglophone était sur le coup dès le départ, la presse tricolore est, elle, toujours aux abonnés absents en ce mercredi 21 décembre 2011.

     

     

     


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