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    Migrants – Honte à la France !

     

    Sous bien des aspects, la France exerce une politique de la Honte, reflet de ses pratiques d'un temps pas si lointain !

    Gaulois.

     


    Tandis que meurent en méditerranée de malheureux naufragés, que le harcèlement policier vis à vis des migrants s'accentue, des citoyens se mobilisent pour une désobéissance civile. Dans ce message, on trouvera ci-dessous  le témoignage d'Isabelle qui en compagnie de Marylaine a partagé quelques jours l'activité de l'organisation Kesha Niya, près de Vintimille. ( Frontière franco-italienne )

    C'est du vécu brut!

    On le trouvera aussi en P.J. ainsi que des photos des lieux partagés avec les migrants qui peuvent y faire étape se rechauffer, se consoler....

     

    En fin de message, des liens concernant la criminalisation du sauvetage en mer (CQFD , janvier 21); le harcèlement policier à la frontière (Bastamag du 20 janv 21); l'appel à soutien pour un jeune, bien intégré à une ferme, menacé d'expulsion (Conf Paysanne de Hte Loire). La honte!

     

    Voyage à Vintimille du 2 au 6 janvier 2021

     

    Suite à l’appel de Kesha Niya, organisation allemande (Kesha Niya (terme kurde pour "No Problem") fondée en mars 2016, après l'ouverture du camp "La Linière" de la Grande Synthe, en réponse aux conditions de vie inhumaines dans la jungle de la Grande Synthe, j’ai eu envie de participer au soutien aux migrants à Vintimille et je me suis rendue avec Marylaine à Dolceacqua à quelques km de Vintimille dans un des lieu de ce collectif. Le but de ce voyage était également de pouvoir témoigner de ce qui se passe à la frontière franco-italienne vis-à-vis de ces personnes en grande précarité et de dénoncer l’absence d’humanité dans l’accueil que notre pays leur réserve.

     

    Kesha Niya dispose pour cet hiver d’une petite maison dont la location est financée par des Allemands. Accueil chaleureux de neuf jeunes allemands, français, polonais, hollandais, gambien (Yves, Yanco, Clara, Héléna, Yana, Audrey, Léa, Zuska et Ousman puis Florian ) certains présents pour une quinzaine de jours, d’autres pour plus longtemps (Clara et Florian) et certains ayant déjà effectué plusieurs actions avec Kesha Niya.

     

    La préparation du voyage fut un peu compliquée car les réponses du collectif étaient rares en raison de leur activité et de la barrière de la langue mais nous y sommes arrivées ! Nous sommes parties avec une collecte de nourriture, de vêtements chauds, de pharmacie et d’argent.

     

    Ceux qui étaient présents à notre arrivée semblaient fatigués, ils avaient animé le point d’accueil à la frontière le matin et je comprendrai plus tard comme cet investissement est épuisant tant physiquement qu’émotionnellement, le froid et le mauvais temps aggravant encore cette impression. Audrey, allemande parlant bien le français a cependant répondu patiemment à nos questions et à notre impatience d’en savoir plus sur les actions à la frontière et dans Vintimille. Tous parlent brillamment plusieurs langues !

     

    Les repas collectifs sont des moments de partage essentiels, complété par un « meeting » tous les soirs pour discuter de la situation à la frontière et des autres problèmes rencontrés. La langue partagée est l’anglais, m’imposant une grande concentration pour tenter de saisir le maximum de paroles. Je sais qu’il me faudra reprendre mes cours d’anglais !

     

    Un canapé nous a été gentiment prêté pour nos nuits ou malgré l’humidité et la chaudière capricieuse nous avons apprécié un bon repos.

     

    Le dimanche, Yves nous propose une visite des lieux, nous partons donc au camp de Kesha Niya, lieu dans la campagne à 10mn en voiture, accessible également à pied, qui a été créé avant la location du logement avec une belle terrasse en pierre surplombant la vallée, un abri cuisine et réunion, une yourte, des tentes occupées même en hiver par les plus courageux ou les moins frileux !! Nous nous rendons ensuite à la gare de Vintimille avec café, thé, pain et paneton mais pas de migrants ce jour-là. La police est présente, est-ce à cause de cela ? Sur la plage de Vintimille à deux pas de là, un groupe est abrité sous l’auvent d’une guinguette fermée avec un campement bien sommaire dans le froid de cette matinée. Yves semble à l’aise dans cette approche, avec une attitude bienveillante malgré leurs manifestations de rejet dont nous ne saisissons pas la cause (nous croient-ils proches des flics ?). Certains finissent par accepter une boisson chaude. Un homme plus âgé est content de revoir Yves qu’il avait rencontré lors d’un de ses précédents séjours sur place. Ce Tunisien a renoncé à passer la frontière et vit comme SDF sur cette plage. Nous nous rendons ensuite sur un parking près d’un pont où se tient presque tous les soirs une distribution de repas assuré par Vinticata, un collectif italien et parfois par Kesha Niya. Avant que la mairie de Vintimille le fasse évacuer, il y avait sous ce pont un grand campement de migrants où s’était créée une vie sociale et un peu de convivialité pour ceux qui attendaient de passer la frontière. Nous y trouvons un peu cachés quatre Somaliens à qui nous proposons des boissons chaudes et du pain. Ils nous proposent de nous asseoir avec eux autour de leur feu. Au loin une fumée signale la présence d’un autre groupe sous ce pont. Ces hommes sont heureux d’échanger avec les quelques mots de français qu’ils connaissent et leur anglais bien plus performant que le mien. Nous les quittons après un salut chaleureux. Dernière visite de cette journée, le lieu d’accueil près de la frontière tenu ce dimanche après-midi par les militants de Vinticata. Il pleut, ils ont installé une grande bâche pour faire un abri sur ce bord de route en forme de grand balcon devant cette vue magnifique surplombant la baie entre Vintimille et Menton avec palmiers et villas cossues en décalage total avec cet accueil de fortune pour les drames humains qui se jouent ici.

     

    Le lendemain, après quelques courses et après avoir rempli de gros bidons d’eau pour la journée, nous allons à notre tour, avec Marylaine et Clara, nous occuper de l’accueil des migrants près de la frontière. Il a plu beaucoup toute la matinée et il fait très froid. Nous garons le fourgon au bord de la route et déchargeons tout le matériel nécessaire pour la journée (eau, bâche, vaisselle, réchaud, vêtements de rechange, quelques affaires de toilette, alimentation, batteries pour les téléphones…). Nous installons la bâche comme nous pouvons avec la pluie et le vent, elle est tendue entre les arbres et soutenue par quelques piquets, ce n’est pas très stable. Les premiers migrants arrivent, nous nous dépêchons de faire du thé et du café, ils ont froid et le réchaud est lent…Nous surveillons l’horaire des bus pour Vintimille et leur vendons ou donnons des tickets selon leur budget, seul moyen d’éviter les 8 km à pied vers la ville car avec le Covid, il n’y a pas de vente de ticket dans le bus. Un bénévole doit faire signe au chauffeur qui risque de ne pas s’arrêter si les migrants sont seuls !!

     

    Ces hommes vont tenter à maintes reprises de franchir la frontière par le train, la route, la montagne…Ils finiront certainement par y arriver car si les mêmes personnes sont revues quelques jours ensuite, ils sont remplacés par d’autres. Nos pensées bien sûr les accompagnent dans ce périple difficile. De cette matinée, je me souviens surtout de quatre jeunes mineurs iraniens, d’un homme trempé, mutique puis pleurant en parlant de racisme et de nombreux autres visages et sourires malgré le froid qui les faisait greloter. Première plongée pour moi dans cet accueil, auprès de ces vies qui me semblent si terribles, si fragiles et à la fois si fortes. Nous avions croisé sur la route en arrivant une famille avec des enfants en bas âge mais malgré des recherches avec le véhicule nous ne les avons pas retrouvés, nous espérons qu’ils ont été pris en charge par Caritas en ville.

     

     

    Nous fournissons des vêtements sans qu’ils aient de lieux pour enlever leurs habits trempés. Des voitures italiennes passent devant notre abri de fortune sans regarder, d’autres s’arrêtent, donnent des vêtements, des chaussures, des parapluies, de la nourriture et des paroles réconfortantes. Clara tient le compte des personnes accueillies (pas de femmes ce jour), des nationalités et des âges approximatifs. Kesha Niya essaie également de recenser les irrégularités et infractions commises par la police aux frontières (PAF) au vu du droit international des étrangers (refoulements illégaux fréquents car ils ne suivent pas la procédure obligatoire selon la loi française, ne prennent pas les demandes d’asile. Mineurs non accompagnés que nous avons rencontrés ayant reçu de la police française de fausses dates de naissance d'adulte sur leurs papiers, constats ou témoignages de mauvais traitements….)

     

    Après avoir préparé et distribué un repas chaud (avec de l’harissa), nous sommes relayées par l’équipe d’après-midi. Nous rentrons, trempées et fatiguées, terriblement émues !

     

    L’après-midi nous trions la pharmacie dont dispose Kesha Niya ainsi que les affaires de toilettes et les produits de puériculture, c’est notre participation à l’organisation de cette maison !

     

    Après le repos, et un repas partagé, la soirée est complétée par une réunion débriefing. Mon mauvais anglais me permet d’en saisir quelques bribes, des passages nous sont gentiment traduits !

     

    Repos bien apprécié et matinée tranquille avant de reprendre l’après-midi notre poste à la frontière avec Léa et Ousman. Nous relayons l’équipe du matin, Yanco et Héléna étaient seuls, un peu juste à deux s’il se passe un problème qui nécessite qu’un des deux s’absente. Le temps est meilleur, pas besoin d’installer la bâche ! Au contraire, ils ont sorti ce matin le grand jeu de dames qui occupe et détend nos hôtes de l’après-midi. Nous distribuons de nouveau boissons, alimentations, masques, mouchoirs, vêtements….

     

    De jeunes journalistes viennent pour préparer un travail sur « les délais des démarches effectuées par les migrants mineurs », nous discutons avec eux.

     

    Une équipe de Médecins du monde de Nice qui assure une présence à Vintimille deux fois par semaine vient nous rencontrer et propose des soins à ceux qui en ont besoin.

     

    Le bus de 18h ne passe pas ! je fais plusieurs voyages à Vintimille pour emmener les migrants 5 par 5 et leur éviter le trajet à pied. Les contacts sont chaleureux, je leur souhaite bonne chance. Mais pendant mon absence, des migrants ont profité de l’inattention de Léa pour fouiller son sac et voler une batterie ! Grand moment de détresse pour elle et terrible sentiment de trahison après tout le mal qu’elle se donne pour les aider. Nous avons du mal à la réconforter, la soirée se termine tristement.

     

    Ousman est un Gambien hébergé par le collectif, homme souriant et chaleureux, il aide au travail d’accueil en se remettent d’une blessure à la cheville et espère repartir bientôt, il a déjà tenté 6 fois de passer la frontière. Il bénéficie des massages et des soins de Marylaine. Il était en Allemagne dans un projet d’insertion avec logement et apprentissage de la langue. Il est spontanément revenu en Italie car il croyait qu’il devait y régulariser ses papiers. Erreur, incompréhension, il est considéré comme un étranger sans droit avec interdiction de repasser les frontières. Injonctions contradictoires, mauvaises informations aux conséquences terribles qui mettent en danger ces femmes et ces hommes aux vies déjà si compliquées !

     

    Héléna et Yanco sont venus d’Allemagne avec une collecte importante d’argent qui permet de faire des achats de vêtements chauds et de nourriture, les besoins sont importants et les soutiens essentiels.

     

    Départ pour nous le lendemain, quelques courses au marché couvert de Vintimille puis un au revoir poignant à la frontière auprès d’Héléna, Yanco et Zuska (et son futur bébé avec son compagnon africain lui aussi en situation irrégulière). Nous emmenons Audrey qui profite de notre retour pour aller rejoindre ses grands-parents en France. Je l’emmènerai le lendemain à la gare de Nîmes non sans avoir fait un test COVID pour ne pas avoir peur pour eux !

     

    Merci à Marylaine pour le partage de ces moments émouvants et pour sa voiture !

     

    Nous apprenons quelques jours plus tard qu’Ousman à réussi à rentrer en France ! Bravo à lui et bonne chance !

     

    Messages d’info de quelques bénévoles :

     

    -Kesha Niya Kitchen est une association, que Roya Citoyenne finance pour les frais des maraudes chaque mois (récapitulatif de leurs frais: courses, transports, garage....) et envoie d'argent en Allemagne, ceci depuis plusieurs années. Ils ont un site : roya-citoyenne.fr. (Catherine de Roya Citoyenne)

     

    -Kesh Niya (http://keshaniya.org/) se définit comme une organisation communautaire qui travaille étroitement avec d'autres associations comme indiqué dans l'onglet Contact de leur site. (Joël de Roya citoyenne)

     

    « Comme toujours, plus de personnes et plus d'argent nous permettront de poursuivre et d'améliorer notre travail, alors si vous en êtes capable, venez nous rejoindre ou faites un don ! Et aidez-nous à dénoncer les activités illégales de la police qui se déroulent ici en faisant passer le mot ! » Kesha Niya

     

    Ci-dessous, le lien vers deux articles parus dans CQFD n°194 (janvier

    2021) sur la criminalisation du sauvetage en mer.
    
    - Bras de fer en Méditerranée
    
    Dans un silence de mort, la Méditerranée continue de se transformer en
    cimetière. Alors que les candidat·es à l’exil font face à une forteresse
    aux portes bien gardées, les bateaux de sauvetage tentent de déjouer les
    entraves de l’Europe. Focus sur une bataille navale des plus cyniques,
    via le premier volet d’un état des lieux en deux parties, publié dans le
    numéro 194 de CQFD (janvier 2021).
    
    http://cqfd-journal.org/Bras-de-fer-en-Mediterranee
    
    - « Ces milliers de personnes secourues t’aident à tenir »
    
    Dans Ce matin la mer est calme, Antonin Richard raconte son expérience
    de marin-sauveteur en Méditerranée centrale, zone privilégiée des
    migrations maritimes de fortune. Un témoignage puissant, sur lequel il
    revient ici, via ce second et dernier volet d’un état des lieux du
    sauvetage et de sa criminalisation publié dans le numéro 194 de CQFD
    (janvier 2021).
    
    http://cqfd-journal.org/Ces-milliers-de-personnes 
    
    
    Ci-dessous, le lien vers un article paru dans Bastamag le 20 janvier
    2021 sur les harcèlements policiers à la frontière franco-italienne.
    
    - Une famille en détresse en montagne héliportée vers un poste de police
    sans même être emmenée à l’hôpital
    
    Des personnes exilées secourues en haute montage ont été renvoyées à la
    frontière franco-italienne sans recevoir des soins ni pouvoir déposer
    une demande d’asile. « Le harcèlement policier s’accentue », constatent
    les citoyens sur place.
    
    https://www.bastamag.net/Un-helicoptere-de-secours-en-montagne-ramene-une-famille-d-exiles-avec-deux-bebes-a-la-frontiere-plutot-qu-a-l-hopital-droits-fondamentaux-asile
     
    
    Jeune réfugié en détresse: aidez-nous à garder
    Madama (futur apprenti sur une ferme Conf), menacé d'expulsion
    
    Madama, jeune réfugié malien aurait dû faire un apprentissage chez
    Jean-Louis et Martine VIGOUROUX, éleveurs ovins bio à
    Saint-Geneys-près-Saint-Paulien en Haute-Loire et adhérents de la
    Confédération Paysanne 43 . Il est menacé d'expulsion. Sa famille
    d’accueil, un couple d'enseignants, entame une grève de la faim.
    Des articles sont parus dans la presse pour alerter sur l'inhumanité
    de cette situation, par exemple :
    
    https://www.leveil.fr/puy-en-velay-43000/actualites/un-jeune-malien-veut-obtenir-un-titre-de-sejour-pour-entamer-son-apprentissage-a-saint-geneys-pres-saint-paulien_13908668/
    « Madama s’est intéressé à tout. Il a un profond respect du monde
    animal et il est demandeur d’apprendre ce métier. C’est le gars qu’il
    nous faut », assurent Jean-Louis et Martine Vigouroux avec beaucoup
    d’émotion."
    
    Il n'est pas une journée sans qu'autour de nous, on n'entende pas des
    paysans se plaindre que l'agriculture est en manque de main-d'œuvre ou
    déplorer la désaffection pour le métier (particulièrement en élevage).
    Ces aberrations administratives doivent cesser. Madama vit ici, il est
    scolarisé ici, il doit rester ici.
    
    La Confédération Paysanne de Haute-Loire invite à signer et faire
    signer massivement la pétition :
    http://chng.it/25pqVgggbh


     Lieu d’accueil à la frontière de Vintimille

     

     

     

     

     

     

     


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