• Comment les cubains ont converti leur île au bio

    Si Cuba est considéré comme une dictature par les uns. Ou une démocratie par les autres, il n'en reste pas moins vrai que ce petit pays ne s'en sort pas si mal.

    Si à Cuba c'est possible, pourquoi pas ailleurs.

    Gaulois.
    http://www.kaizen-magazine.com/comment-les-cubains-ont-converti-leur-ile-au-bio/

    le 16 juillet 2014

    Les écologistes du monde en entier en rêvent, les Cubains l’ont réalisé. Depuis plus de vingt ans, l’île s’est convertie à l’agriculture biologique. Nécessité, possibilité et volonté ont été les clés de cette success story !

    1989. Chute du Mur de Berlin. Deux ans plus tard, effondrement du bloc soviétique. Cuba perd alors son principal fournisseur de pétrole, de matériel agricole, d’engrais chimiques et autres pesticides. Avec la disparition de l’URSS et des anciens pays de l’Est, qui achetaient ses produits à prix constants, l’île perd aussi des marchés juteux, notamment celui du sucre, dont elle exportait 85% de sa production. Tous les ingrédients sont réunis pour que le pays plonge dans le chaos. D’autant que le blocus américain se resserre. Pour Cuba, c’est le début d’une nouvelle ère, de cette « période spéciale en temps de paix » annoncée en 1992 par Fidel Castro et qui durera cinq ans, autrement dit une période de grave crise économique : le produit intérieur brut (PIB) chute de 35 %, le commerce extérieur de 75%, le pouvoir d’achat de 50% et la population souffre de malnutrition.
    « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait » (Marc Twain)
    Nécessité fait loi. Afin de satisfaire ses besoins alimentaires, la population se lance dans la culture de fruits et légumes. « Les Cubains avaient faim, explique Nils Aguilar, réalisateur du film Cultures en transition. Ce sont eux qui ont fait les premiers  pas en occupant les terres dans un mouvement spontané ». Des milliers de jardins, « organoponicos », fleurissent sur des petits lopins de terre, sur les terrasses, entre les maisons, sur d’anciennes décharges, au milieu des terrains vagues, bref dans le moindre interstice laissé vacant. Outre la culture, on y pratique souvent l’élevage de petits animaux : poules, lapins, canards, cochons. « Les principaux acteurs du mouvement agro-écologique, ce sont les paysans eux-mêmes, affirme Dorian Felix, agronome, spécialisé dans l’agroécologie tropicale, en mission à Cuba pour l’association Terre et Humanisme. Ils ont expérimenté ces pratiques, les ont validées et diffusées. Leur mobilisation et celle de la société civile tout entière a été, et reste, très importante. »
    Le boom de l’agriculture urbaine
    Dans la foulée, le gouvernement entame une transition forcée. Produire de la nourriture devient une question de sécurité nationale. A partir des années 1990, l’accent est mis sur la production locale, à partir de ressources locales, pour la consommation locale. L’Etat distribue des terrains à qui veut les cultiver et développe une agriculture vivrière et biologique de proximité : sans pétrole pour faire fonctionner les tracteurs, on recourt à la traction animale ; sans engrais chimiques ni pesticides, on redécouvre le compost, les insecticides naturels et la lutte biologique.
    « C’est une véritable révolution verte, confirme Nils Aguilar. Dans ce pays, tout le monde est impliqué, j’ai eu la surprise d’entendre un chauffeur de taxi me vanter les prouesses de l’agroécologie ! Cuba développe une agriculture post-industrielle et prouve que ces techniques peuvent nourrir les populations ». Aujourd’hui, la main-d’œuvre agricole a été multipliée par dix. D’anciens militaires, fonctionnaires et employés se sont convertis ou reconvertis à l’agriculture, car nombre d’entre eux avaient été paysans auparavant. Chaque école cultive son potager, les administrations ont leur propre jardin, fournissant les légumes aux cantines des employés.
    Phénomène sans précédent, l’agriculture urbaine s’est développée comme nulle part ailleurs dans le monde. L’île compte près de 400 000 exploitations agricoles urbaines, qui couvrent quelque 70 000 hectares de terres jusqu’alors inutilisées et produisent plus de 1,5 millions de tonnes de légumes. La Havane est à même de fournir 50% de fruits et légumes bios à ses 2 200 000 habitants, le reste étant assuré par les coopératives de la périphérie.
    Révolution verte à la cubaine
    En 1994, les fermes d’Etat productivistes sont progressivement transformées en coopératives pour fournir en aliments les hôpitaux, écoles, jardins d’enfants. Quant au reliquat de la production, il est vendu librement sur les marchés. Universitaires, chercheurs, agronomes sont mis à contribution pour diffuser les techniques de l’agroécologie. Un réseau de boutiques vend semences et outils de jardinage à bas prix, prodiguant également aux clients des conseils d’experts. Et dans toutes les villes du pays, on enseigne l’agriculture biologique par la pratique, sur le terrain. Bien plus qu’un simple transfert de connaissances technologiques, il s’agit de « produire en apprenant, d’enseigner en produisant et d’apprendre en enseignant. »
    L’impact de cette révolution verte est multiple : réduction de la contamination des sols, de l’air et de l’eau, recyclage des déchets, augmentation de la biodiversité, diversification des productions, amélioration de la sécurité alimentaire, du niveau de vie et de la santé, création d’emplois – notamment pour les femmes, les jeunes et les retraités. C’est aussi une politique moins centralisée qui s’est mise en place, donnant davantage de marge de manœuvre aux initiatives individuelles et collectives autogérées. Le mot d’ordre dominant : « Décentraliser sans perdre le contrôle, centraliser sans tuer l’initiative ». Dans les villes, ce principe a permis de promouvoir la production dans le quartier, par le quartier, pour le quartier, en encourageant la participation de milliers de personnes désireuses de rejoindre l’initiative.
    Aujourd’hui, Cuba produit pour sa consommation plus de 70% de fruits et légumes, ce qui ne lui garantit pas une totale autonomie alimentaire, dans la mesure où elle dépend encore des importations de riz et de viande, notamment. Mais, selon les critères de l’ONU, « le pays a un indice de développement humain élevé et une faible empreinte écologique sur la planète ». Si demain les importations de nourriture devaient s’arrêter, les habitants seraient beaucoup moins en péril que ceux d’un pays comme la France, qui dispose seulement de quelques jours de réserves dans ses supermarchés (d’après le Ceser – Conseil économique, social et environnemental Ile-de-France -, la région dispose de quatre jours de réserves alimentaires).
    Il aura fallu une crise pour que Cuba découvre les vertus de l’agroécologie, de la permaculture, de l’agroforesterie ou encore du sylvopastoralisme. L’île a-t-elle réussi pour autant sa transition énergétique ? En partie seulement. La consommation de pétrole a redémarré en 1993 grâce à (ou à cause de ?) la production nationale et à l’aide du Venezuela qui lui fournit près de 110 000 barils de pétrole par jour. Mais on peut parier que le pays ne pourra plus faire machine arrière. Car au-delà de la révolution agricole, les initiatives individuelles et collectives ont prouvé que les Cubains pouvaient prendre en main leur destin. Une véritable révolution culturelle !
    Par Frédérique Basset
    Texte extrait du dossier “Plus forts ensemble” de Kaizen 11.


    Le paradoxe de l’agriculture cubaine

     

    http://cubanismo.net/cms/fr/articles/le-paradoxe-de-l-agriculture-cubaine

    Posted 5 juillet 2012 by cubanismo

    Miguel A. Altieri en Fernando R. Funes-Monzote


    Dans l'hebdomadaire progressiste Américaine Monthly Review, qui a une tradition de plus de
    60 ans, apparût, début de l'année, une profonde analyse sur l’agriculture cubaine. Pas quelque chose
    a lire de suite, mais de la lecture de vacance conseillée!
    Miguel A. Altieri (agroeco3@berkeley.edu) est professeur d’agroécologie à l’Université de
    Californie, à Berkeley, et président de la Société scientifique latino-américaine d’agroécologie
    (SOCLA). Il est également l’auteur de plus de 250 articles de revue et de douze livres. Fernando R.
    Funes-Monzote (mgahonam [at] enet.cu) occupe actuellement le poste de chercheur pour la station
    expérimentale Indio Hatuey, à l’Université de Matanzas, à Cuba. Il est l’un des membres fondateurs
    de l’Association cubaine d’agriculture biologique.
    Lorsqu’au début des années ’90, après l’effondrement du bloc soviétique, Cuba perd son principal
    partenaire commercial, la production alimentaire dégringole en raison de la chute des importations
    de fertilisants, pesticides, tracteurs, pièces détachées et pétrole. La situation est à ce point
    catastrophique que Cuba enregistre le taux de croissance de la production alimentaire par habitant le
    plus bas de toute l’Amérique latine et des Caraïbes. Mais très vite, l’île va réorienter son agriculture
    de manière à être moins dépendante des importations de produits chimiques synthétiques, et va ainsi
    développer l’agriculture écologique.1 Le succès de cette reconversion est à ce point fulgurant que
    Cuba enregistre alors le meilleur score en matière de production alimentaire dans toute l’Amérique
    latine et les Caraïbes, soit un taux de croissance annuel de 4,2 pour cent par habitant de 1996 à
    2005, contre un taux moyen de 0 pour cent dans le reste de la région.2
    Cette reprise de la production est due à l’adoption depuis le début des années ’90 d’une série de
    politiques de décentralisation agricole qui encouragent des formes de production à la fois
    individuelles et sous forme de coopératives : les unités de base de production en coopératives
    (UBPC) et les coopératives de crédits et services (CCS). Récemment, le ministère de l’Agriculture a
    annoncé le démantèlement de toutes « les sociétés d’État non performantes », l’octroi de subsides
    pour la création de 2.600 nouvelles petites exploitations agricoles urbaines et périurbaines et la
    cession de droits d’utilisation (en usufruit) pour la plupart des 3 millions d’hectares de terres
    publiques inutilisées. C’est dans ce cadre que seront prises les mesures relatives à l’utilisation des
    ressources et mises en place les stratégies de production alimentaire et de commercialisation au
    niveau municipal. De leur côté, le gouvernement central et les sociétés d’État apporteront leur
    soutien aux agriculteurs via la distribution des matières et services dont ils ont besoin.3
    Durant le milieu des années ’90, près de 78.000 exploitations agricoles sont données en usufruit à
    des particuliers et des personnes morales. Aujourd’hui, plus de 100.000 exploitations agricoles ont
    été distribuées, pour un total de plus d’un million d’hectares. Ces exploitants agricoles sont affiliés
    aux CCS sur base du modèle de production « campesino ». Quant au gouvernement, il penche en ce
    moment sur un moyen d’accélérer le traitement du nombre record de demandes.4
    Le programme de redistribution des terres est basé sur de solides systèmes de recherche et
    développement qui ont joué un rôle clé dans l’expansion de l’agriculture urbaine biologique, la
    production artisanale massive et l’utilisation de matières biologiques pour les sols et la lutte contre
    les parasites. L’ouverture de marchés agricoles locaux et la présence d’organisations puissantes qui
    soutiennent les agriculteurs, comme l’Association nationale des petits agriculteurs (ANAP,
    Asociación Nacional de Agricultores Pequeños), l’Association cubaine de production animale
    (ACPA, Asociación Cubana de Producción Animal) et l’Association cubaine des techniciens
    agricoles et forestiers (ACTAF, Asociación Cubana de Técnicos Agrícolas y Forestales), ont
    également contribué à ce succès.
    Toutefois, les changements les plus importants qui ont permis le rétablissement de la souveraineté
    alimentaire à Cuba ont probablement eu lieu dans le secteur de l’agriculture paysanne qui, en
    2006, alors qu’il ne couvre que 25 pour cent des terres agricoles, a produit plus de 65 pour cent de
    l’alimentation du pays.5 La plupart des paysans sont affiliés à l’ANAP et pratiquement tous font
    partie de coopératives. Si la production de légumes assurée par ces paysans diminue
    considérablement entre 1988 et 1994, elle va reprendre pour atteindre en 2007 des niveaux
    supérieurs à ceux de 1988 (voir tableau 1). Cette hausse de la production a lieu alors qu’on a utilisé
    72 pour cent de produits chimiques en moins par rapport à 1988. On observe un scénario similaire
    pour d’autres produits agricoles, comme les haricots, racines et tubercules.
    Cuba enregistre d’excellentes performances en agriculture urbaine. L’île compte 383.000
    exploitations agricoles urbaines, qui couvrent 50.000 hectares de terres inutilisées et produisent plus
    de 1,5 million de tonnes de légumes. Certaines de ces exploitations agricoles urbaines atteignent
    même un rendement de 20 kg/m2 par an de matières végétales comestibles sans recours aux
    produits chimiques synthétiques, ce qui équivaut à cent tonnes par hectare. Les exploitations
    agricoles urbaines fournissent 70 pour cent, ou plus, de tous les légumes frais consommés dans des
    villes comme La Havane et Villa Clara.
    Tableau 1.
    Changements au niveau de la production végétale et de l’emploi de produits agrochimiques
    Culture % changement production % changement emploi de produits agrochimiques
    1988 à 1994 1988 à 2007 1988 à 2007
    Légumes en général -65 +145 -72
    Haricots -77 +351 -55
    Racines et tubercules -42 +145 -85
    Source : Peter Rosset, Braulio Machín-Sosa, Adilén M. Roque-Jaime, and Dana R. Avila-Lozano,
    “The Campesino-to-Campesino Agroecology Movement of ANAP in Cuba,” Journal of Peasant
    Studies 38 (2011): 161-91.
    Partout dans le monde, et en particulier en Amérique latine, les taux de production agroécologique
    de l’île, les efforts de recherche communs et les systèmes d’organisation innovants ont suscité un
    vif intérêt. Aucun autre pays au monde n’a atteint de telles performances avec une forme
    d’agriculture basée sur la biodiversité, la réduction des kilomètres alimentaires et de la
    consommation énergétique, et un bouclage efficace de la production locale et des cycles de
    consommation. Pourtant, certains parlent du « paradoxe de l’agriculture cubaine ». Autrement dit, si
    les progrès agroécologiques à Cuba sont si importants, pourquoi le pays continue-t-il d’importer des
    quantités considérables d’aliments ? Si les méthodes de contrôle biologiques efficaces sont
    largement répandues, pourquoi le gouvernement autorise-t-il les cultures transgéniques Bt qui
    produisent leur propre insecticide à partir d’un gène dérivé de bactéries?
    L’article de Dennis Avery, membre du Centre des enjeux alimentaires mondiaux au Hudson
    Institute, intitulé “Cubans Starve on Diet of Lies”, alimente le débat sur ce paradoxe: Les Cubains
    racontent au monde qu’ils ont glorieusement appris à produire eux-mêmes leur nourriture sans
    pétrole ni produits chimiques après la disparition des subsides soviétiques au début des années ‘90.
    Ils vantent leurs « coopératives paysannes », leurs biopesticides et leurs engrais biologiques. Ils
    applaudissent les cultures de vers et les guêpes parasites lâchées sur les chenilles destructrices. Ils
    glorifient leurs attelages de boeufs courageux entraînés pour remplacer les tracteurs. Partout dans le
    monde, les défenseurs de l’agriculture biologique se pâment d’admiration. Pourtant, notre attaché à
    La Havane nous informe qu’un haut fonctionnaire du ministère de l’Agriculture a déclaré dans la
    presse cubaine que 84 pour cent des aliments sont importés. L’exploit de l’agriculture biologique
    était un pur mensonge.6
    Avery recourt à cette désinformation pour promouvoir une campagne de discrédit menée contre les
    auteurs qui analysent et nous informent sur les exploits héroïques du peuple cubain dans le domaine
    de l’agriculture, accusant ces scientifiques d’être des menteurs communistes.
    La vérité sur les importations alimentaires à Cuba
    Avery fait référence aux propos de Magalys Calvo, à l’époque vice-ministre de l’Économie et
    ministre de la Planification, qui déclarait en février 2007 que 84 pour cent des produits composant «
    le panier alimentaire de base » étaient importés à l’époque. Or, ce chiffre se rapporte uniquement
    aux aliments distribués via les réseaux gouvernementaux au moyen de la carte de rationnement. Les
    chiffres généraux montrent au contraire que la dépendance de Cuba aux importations alimentaires
    enregistre une baisse continue depuis plusieurs années, à l’exception de brèves périodes de revers
    dues aux catastrophes humaines et naturelles. Les données relatives à la dépendance de Cuba aux
    importations alimentaires (voir graphique n°1) montrent que cette dépendance n’a cessé de baisser
    entre 1980 et 1997, excepté un pic au début des années ’90 suite à l’effondrement des relations
    commerciales avec l’ancien bloc socialiste.7
    Graphique 1. Dépendance de Cuba aux importations alimentaires, 1980–1997
    Source: José Alvarez, The Issue of Food Security in Cuba, University of Florida Extension Report
    FE483, téléchargé le 20 juillet 2011 sur http://edis.ifas.ufl.edu/pdffiles/FE/FE48300.pdf.
    Le graphique n°2 ci-dessous indique toutefois de manière beaucoup plus nuancée quels sont les
    points forts et les points faibles de l’agriculture cubaine après une décennie de développement des
    techniques d’agriculture écologique. Des progrès fructueux ont indéniablement été accomplis en
    matière de culture de racines comestibles (aliment de base de la cuisine cubaine), sucre et
    édulcorants, légumes, fruits, oeufs et fruits de mer. La viande constitue un cas intermédiaire, tandis
    que d’importantes quantités d’huile de cuisson, céréales et légumineuses (en particulier le riz, le blé
    destiné à la consommation humaine, le maïs et le soja destiné au bétail) continuent d’être importées.
    Ceci vaut également pour le lait en poudre qui n’est pas représenté sur le graphique. Or, le taux de
    dépendance aux importations s’élève au total à un peu plus de 16 pour cent —assez ironiquement ce
    chiffre est exactement l’inverse des 84 pour cent cités par Avery. Il convient également de souligner
    que dans toute l’Amérique latine et les Caraïbes, on compte vingt-trois pays exportateurs nets de
    denrées alimentaires.8
    Graphique n°2. Taux de dépendance pour produits alimentaires sélectionnés, 2003
    Source: Calculated from FAO Commodity Balances, Cuba, 2003, http://faostat.fao.org.
    Le débat sur la dépendance alimentaire fait rage à Cuba. Cette dépendance s’est intensifiée dans les
    années 2000 lorsque les importations depuis les États-Unis ont augmenté et que les ouragans ont
    dévasté l’agriculture du pays. Lorsqu’en 2008, l’île est touchée consécutivement par trois ouragans
    particulièrement dévastateurs, Cuba doit alors pour satisfaire les besoins de sa population importer
    55 pour cent de nourriture, ce qui revient approximativement à 2,8 milliards de dollars. Une crise
    mondiale des prix alimentaires éclate et entraîne une hausse des prix qui pousse le gouvernement à
    développer et assurer l’autosuffisance alimentaire de l’île. Que ce soit via les importations ou via
    une production propre, force est de reconnaître que Cuba a toujours été en mesure de répondre
    adéquatement aux besoins alimentaires de sa population.
    Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et Agriculture (FAO), en 2007 (derniers
    chiffres disponibles) à Cuba, l’apport énergétique alimentaire journalier par habitant s’élevait en
    moyenne à plus de 3.200 kcal, soit le taux le plus élevé de toute l’Amérique latine et des Caraïbes.9
    Les différents modèles : l’agroécologie opposée à l’agriculture industrielle
    Dans ces circonstances, les efforts des paysans de l’ANAP pour réduire les importations
    alimentaires devraient revêtir une importance stratégique, mais est-ce vraiment le cas ? Malgré les
    avancées incontestables de l’agriculture durable à Cuba et l’efficacité prouvée des alternatives à la
    monoculture, certains dirigeants continuent de s’intéresser aux systèmes basés sur l’utilisation de
    grandes quantités d’intrants agricoles avec des programmes technologiques sophistiqués et coûteux.
    Sous prétexte de « garantir la sécurité alimentaire et réduire les importations alimentaires », ces
    programmes spécifiques mènent une politique de « maximisation » de la production agricole et
    animale et insistent sur un retour à la monoculture — et donc un modèle dépendant des intrants
    chimiques synthétiques, machines lourdes et systèmes d’irrigation — malgré un gaspillage
    énergétique manifeste et une certaine fragilité technologique.
    En réalité, de nombreuses ressources sont fournies grâce à la coopération internationale (par le
    Venezuela notamment) en vue de « protéger ou développer les zones agricoles » soumises à une
    exploitation intensive, où sont cultivés par exemple la pomme de terre, le riz, le soja et les légumes.
    Ces zones « protégées » réservées à la production agricole industrielle à grande échelle représentent
    moins de 10 pour cent des terres cultivées. Des millions de dollars sont investis dans les systèmes
    d’irrigation à pivot, machines et technologies agricoles industrielles : un modèle attrayant qui
    permet d’accroître la production à court terme, mais qui sur le long terme engendre d’importants
    coûts socioéconomiques et environnementaux, et reproduit un modèle qui a échoué bien avant
    1990.
    L’an dernier, on a annoncé que l’usine de pesticide « Juan Rodríguez Gómez », établie dans la
    commune d’Artemisa, à La Havane, produirait au moins 100.000 litres d’herbicide glyphosate en
    2011.10 Au début de cette même année, un programme télévisé cubain informait la population du
    projet Cubasoy. Ce programme, intitulé « Bienvenida la Soya », expliquait « qu’il est possible de
    transformer les terres depuis des années couvertes de marabú [arbuste légumineux épineux et
    envahissant] en monoculture de soja dans le sud de la province de Ciego de Ávila ».
    Grâce à la technologie et aux crédits brésiliens, ce projet couvre plus de 15.000 hectares de terres
    sur lesquelles sont cultivés en alternance le soja et le maïs, l’objectif étant d’atteindre les 40.500
    hectares d’ici 2013, avec un total de 544 systèmes d’irrigation à pivot central installés d’ici 2014.
    La production de soja s’élève à environ 1,2 tonne par hectare (1.100 livres par acre) sans irrigation
    et atteint les 1,97 tonne par hectare (1.700 livres par acre) avec irrigation. On ne sait pas si les
    variétés de soja cultivées sont transgéniques, mais on sait que la variété de maïs utilisée est le maïs
    transgénique cubain FR-Bt1. Nonante pour cent des machines sont importés du Brésil (gros
    tracteurs, semoirs directs et équipement pour la protection des cultures). D’importants
    investissements ont été réalisés en matière d’irrigation, aménagement de routes, assistance
    technique, traitement et transport.
    Le débat sur les cultures transgéniques
    Cuba a investi des millions dans la recherche et le développement de la biotechnologie agricole via
    son centre de génie génétique et de biotechnologie (CIGB) et son réseau d’institutions à travers tout
    le pays. A Cuba, la biotechnologie n’est pas soumise au contrôle des grandes entreprises ni aux
    droits de propriété intellectuelle comme c’est le cas dans les autres pays. Les biotechnologistes
    cubains affirment que leur système de biosécurité impose des normes de sécurité biologique et
    environnementale strictes.
    Cette autonomie et ces avantages permettent la mise en oeuvre d’innovations biotechnologiques
    pour résoudre les problèmes tels que les maladies virales et problèmes de tolérance à la sécheresse
    pour lesquels il n’existe pas encore de solutions agroécologiques. En 2009, le CIGB a planté à
    Yagüajay, Sancti Spiritus, trois hectares de maïs génétiquement modifié (maïs transgénique FR-Bt1)
    à titre expérimental. Cette variété est supposée éliminer les larves très nuisibles du « palomilla del
    maíz » (Spodoptera frugiperda, également connu sous le nom de légionnaire d’automne). En 2009,
    cette variété transgénique (également dite génétiquement modifiée, GM) a été semée sur un total de
    6.000 hectares à travers plusieurs provinces. D’un point de vue agroécologique, il est assez
    troublant que la première variété transgénique testée à Cuba soit le maïs Bt, vu le grand nombre
    d’alternatives biologiques pour contrôler les parasites lépidoptères.
    Il existe à Cuba plusieurs variétés de maïs dont certaines présentent des taux de résistance aux
    parasites moyennement élevés, voire très élevés, et qui augmentent considérablement les chances
    d’accroître la production par la phytogénétique traditionnelle et les stratégies de gestion
    agroécologique connues. De nombreux centres de multiplication d’insectes parasites et pathogènes
    (CREEs, Centros de Reproducción de Entomófagos y Entomopatógenos) produisent la bactérie
    Bacillus thuringiensis (un insecticide microbien) et les Trichogramma (petites guêpes),
    extrêmement efficaces contre les phalènes comme le palomilla. De plus, l'association du maïs à
    d’autres cultures comme les haricots ou la patate douce en polyculture permet de réduire
    considérablement les agressions parasitaires par rapport aux monocultures de maïs. Ce qui permet
    également d’accroître le rapport équivalent des terres (et donc d’augmenter le nombre total de
    cultures pour une parcelle donnée) et de protéger le sol.
    Lorsqu’en 2008, le maïs transgénique Bt est planté à titre expérimental, les chercheurs et
    agriculteurs au sein du mouvement agroécologique expriment leur inquiétude. Plusieurs personnes
    mettent en garde contre les cultures transgéniques qui compromettent l’agrobiodiversité et sont
    contraires aux programmes de production agricole du gouvernement puisqu’elles s’éloignent de la
    production agroécologique officiellement adoptée comme stratégie agricole à Cuba.
    D’autres ont l’impression que la biotechnologie est ajustée par rapport aux intérêts des
    multinationales et du marché. Vu les risques éventuels pour l’environnement et la santé publique, il
    serait préférable que Cuba continue d’encourager les alternatives agroécologiques qui se sont
    révélées sans danger et ont permis au pays de garantir la production alimentaire malgré le contexte
    économique et climatique difficile.
    Le principal avantage des cultures GM est de simplifier le processus de production agricole,
    puisque les agriculteurs peuvent cultiver davantage de terres. Les cultures GM résistantes aux
    herbicides (comme le maïs et le soja « Roundup Ready ») et capables de produire leur propre
    insecticide (comme le maïs Bt) n’ont en général pas un rendement supérieur aux autres cultures
    analogues qui ne sont pas génétiquement modifiées. Toutefois, l’utilisation de cultures GM
    combinée à une plus grande mécanisation (et en particulier, l’utilisation de gros tracteurs) a permis
    à une exploitation agricole familiale dans le Midwest aux États-Unis de passer de 240 hectares
    environ (600 acres) à près de 800 hectares (2.000 acres).
    En septembre 2010, plusieurs experts préoccupés par les cultures transgéniques ont organisé un
    colloque avec des membres du personnel et de la direction du Centre national pour la sécurité
    biologique et l’Office pour la réglementation environnementale et la sécurité nucléaire (Centro
    Nacional de Seguridad Biológica and the Oficina de Regulación Ambiental y Seguridad Nuclear),
    les deux institutions chargées de délivrer les autorisations relatives aux cultures GM. A l’issue de la
    conférence, les experts ont demandé un moratoire sur l’autorisation des cultures GM jusqu’à ce
    qu’on dispose de davantage d’informations et que la population puisse débattre des effets de cette
    technologie sur l’environnement et la santé. Mais jusqu’à présent il n’a pas été donné suite à cette
    demande. Ce qui est positif avec le débat sur l’incohérence de cultiver du maïs transgénique FR-Bt1
    à Cuba c’est que les autorités ont publiquement reconnu les risques que peuvent engendrer les
    cultures GM pour les petits agriculteurs. Même si l’utilisation du maïs transgénique sera limitée aux
    zones reprises dans le projet Cubasoy et celles soumises à un contrôle strict, ces efforts sont pour le
    moins discutables.11
    Impact du paradoxe — Que nous réserve l’avenir ?
    L’instabilité des marchés internationaux et la hausse des prix de l’alimentation dans un pays plutôt
    dépendant des importations alimentaires sont une menace pour la souveraineté nationale. Une
    réalité qui a poussé certains hauts fonctionnaires à insister sur la nécessité de promouvoir la
    production alimentaire basée sur les ressources localement disponibles.12 Il paraît pour le moins
    paradoxal que pour garantir la sécurité alimentaire en période de croissance économique, la plupart
    des ressources sont destinées à l’importation d’aliments ou la promotion de l’agriculture industrielle
    plutôt que celle des agriculteurs locaux. On constate que les décideurs politiques soutiennent de
    manière cyclique l’agriculture traditionnelle à chaque fois que la situation financière s’améliore,
    tandis que les approches durables et l’agroécologie, vues comme des « alternatives », ne sont
    encouragées qu’en période de pénurie économique. Un état d’esprit qui sape sérieusement les
    avancées réalisées en matière d’agroécologie et d’agriculture biologique depuis l’effondrement
    économique des années ‘90.
    En ce moment, l’agriculture cubaine expérimente deux modèles de production alimentaire
    radicaux : un modèle intensif avec utilisation de quantités importantes d’intrants et un autre, lancé à
    un moment spécial, axé sur l’agroécologie et basé sur une faible utilisation d’intrants. L’expérience
    acquise grâce aux initiatives agroécologiques dans des milliers de petites et moyennes exploitations
    agricoles est un point de départ intéressant pour la mise en place de politiques nationales qui
    encouragent l’agriculture durable et rompent avec le modèle de monoculture en place depuis près de
    quatre cents ans.
    En plus d’être le seul pays du monde à avoir réussi à rétablir sa production alimentaire grâce aux
    approches agroécologiques dans un contexte économique particulièrement difficile, Cuba présente
    des caractéristiques fondamentales qui permettront à l’agroécologie d’atteindre des niveaux sans
    précédent :
    Si Cuba ne représente que 2 pour cent de la population de l’Amérique latine, elle possède 11 pour
    cent des scientifiques de la région. L’île compte environ 140.000 techniciens professionnels de haut
    niveau et de niveau moyen, des douzaines de centres de recherche, des universités agricoles et
    instituts dépendants, des institutions gouvernementales comme le ministère de l’Agriculture, des
    organisations scientifiques soutenant les agriculteurs (par exemple l’ACTAF), et des organisations
    d’agriculteurs comme l’ANAP.
    Cuba possède suffisamment de terres pour assurer via l’agroécologie la production alimentaire
    nécessaire aux besoins nutritionnels de ses onze millions d’habitants.13 Malgré les problèmes
    d’érosion du sol, de déforestation et pertes de biodiversité rencontrés au cours de ces cinquante
    dernières années — y compris au cours des quatre siècles d’agriculture extractive — les conditions
    restent exceptionnellement favorables pour l’agriculture. Cuba possède six millions d’hectares de
    terres d’assez bonne qualité et un million d’hectares en pente légère parfaitement utilisables pour les
    cultures. Plus de la moitié de ces terres ne sont pas cultivées. La productivité, tant au niveau des
    terres qu’au niveau du travail, et une utilisation efficace des ressources restent faibles dans cette
    zone agricole. Si toutes les exploitations agricoles (qui contrôlent 25 pour cent des terres) et toutes
    les UBPC (qui contrôlent 42 pour cent des terres) adoptaient des programmes agroécologiques
    diversifiés, Cuba serait en mesure de produire suffisamment pour nourrir sa population, alimenter
    l’industrie touristique et même exporter de la nourriture destinée à générer des devises étrangères. A
    cette production viendrait s’ajouter l’agriculture urbaine, qui atteint déjà des niveaux de production
    importants.
    Environ un tiers de toutes les familles paysannes, c’est-à-dire près de 110.000 familles, est affilié à
    l’ANAP via le mouvement agroécologique interagriculteurs (MACAC, Movimiento Agroecológico
    Campesino a Campesino). Ce mouvement applique des approches participatives basées sur les
    besoins des paysans locaux et permet la socialisation de l’immense réservoir de connaissances des
    familles et de la communauté en matière d’agriculture, des connaissances liées à leur passé et leur
    identité. Grâce à ce partage de savoir, les paysans ont pu réaliser d’immenses progrès en matière de
    production alimentaire par rapport au secteur traditionnel, tout en préservant l’agrobiodiversité et en
    réduisant les quantités de substances agrochimiques.
    Les performances enregistrées par le secteur agricole au cours de ces deux dernières décennies
    malgré les catastrophes climatiques montrent la grande faculté de résistance des exploitations
    agricoles face à ce genre de calamités naturelles. Environ un mois après que l’ouragan Ike se soit
    abattu sur Cuba en 2008, des chercheurs ont mené une étude dans les provinces de Holguin et Las
    Tunas et ont constaté que dans les exploitations agricoles diversifiées les pertes étaient de 50 pour
    cent comparés à 90 et 100 pour cent dans les exploitations voisines pratiquant la monoculture. De
    même, les exploitations axées sur l’agroécologie ont enregistré une reprise de la production plus
    rapide (de 80 à 90 pour cent quarante jours après le passage de l’ouragan) par rapport aux
    exploitations pratiquant la monoculture.14
    Ces chiffres montrent combien il est important d’accroître la diversité des végétaux et la complexité
    des systèmes agricoles de façon à réduire la vulnérabilité face aux catastrophes climatiques, une
    tactique bien ancrée chez les paysans cubains.
    La plupart des efforts de production ont pour but de réaliser la souveraineté alimentaire, autrement
    dit le droit de chacun d’avoir accès à une alimentation saine, nutritive, adaptée aux particularités
    culturelles, de qualité et disponible en quantités suffisantes pour pouvoir mener une vie saine en
    toute dignité. Mais vu la hausse attendue du coût du carburant et des intrants, la politique
    agroécologique cubaine vise également à accroître deux autres souverainetés. La souveraineté
    énergétique, à savoir le droit de chacun d’avoir accès, dans les limites écologiques, à une énergie
    suffisante provenant de sources d’énergie appropriées et durables de façon à pouvoir vivre
    dignement. La souveraineté technologique qui porte sur la capacité à réaliser la souveraineté
    alimentaire et la souveraineté énergétique en soutenant les services environnementaux à partir de
    l’agrobiodiversité existante et en utilisant les ressources disponibles localement.
    On peut trouver des exemples de ces trois souverainetés — alimentaire, énergétique et
    technologique — dans des centaines de petites exploitations agricoles où les agriculteurs produisent
    de 70 à 100 pour cent de l’alimentation nécessaire à la consommation de leur famille et vendent le
    surplus sur le marché, ce qui leur permet de percevoir un revenu (par exemple, Finca del Medio,
    CCS Reinerio Reina à Sancti Spiritus; Plácido farm, CCS José Machado; Cayo Piedra, à Matanzas,
    dépendant de la CCS José Martí; et l’exploitation San José, CCS Dionisio San Román à
    Cienfuegos). Ces niveaux de productivité sont obtenus grâce à l’usage de technologies locales,
    comme le vermicompostage, la reproduction de micro-organismes utiles et les systèmes de
    production diversifiés comme la polyculture, la rotation, l’intégration d’animaux dans les
    exploitations agricoles et l’agroforesterie. De nombreux agriculteurs utilisent également des
    systèmes intégrés aliments/énergie et développent leurs propres sources d’énergie en utilisant le
    travail de l’homme et des animaux, le biogaz et les éoliennes, en plus des cultures destinées aux
    biocarburants comme le jatropha intercalé avec le manioc.15
    Conclusions
    Cuba jouit de grandes connaissances en matière d’agroécologie, mais aussi d’une grande expérience
    pratique résultant des différentes initiatives appuyées par les chercheurs, professeurs, techniciens et
    agriculteurs soutenus par l’ACTAF, l’ACPA et l’ANAP. Un héritage basé sur les expériences
    acquises par les communautés rurales qui ont enregistré d’importants succès agroécologiques ayant
    permis de dégager les principes à la base d’une politique agricole visant à promouvoir l’efficacité,
    la diversité, la synergie et la résistance. C’est en exploitant son potentiel agroécologique que Cuba a
    atteint de si hauts niveaux de production, et notamment en utilisant de faibles quantités d’énergie et
    d’intrants externes, en investissant dans la recherche, plutôt que dans l’approche industrielle et
    biotechnologique qui demande un plus grand équipement, une consommation d’énergie plus
    importante et des laboratoires plus sophistiqués.
    La volonté politique exprimée dans les écrits et les discours des hauts fonctionnaires par rapport à la
    nécessité de donner la priorité à l’autonomie agricole doit à présent être concrétisée par un soutien
    et un encouragement des initiatives productives à haut rendement énergétique de manière à réaliser
    les trois souverainetés au niveau local (municipal), condition indispensable pour préserver une
    planète en crise.
    En multipliant les possibilités d’alliances stratégiques entre l’ANAP, l’ACPA, l’ACTAF et les
    centres de recherche, il est possible de lancer un grand nombre de projets pilotes dans plusieurs
    municipalités importantes, et d’ainsi tester les différentes technologies agroécologiques qui visent à
    réaliser ces trois souverainetés, le tout en tenant compte des spécificités environnementales et
    socioéconomiques de chaque région.
    Ces initiatives requièrent une approche « paysan à paysan » qui transcende la recherche du haut vers
    le bas et les paradigmes, permettant aux agriculteurs et aux chercheurs de s’instruire et d’innover
    collectivement. L’intégration d’étudiants et professeurs d’université dans ces processus
    d’expérimentation et d’évaluation permettra d’approfondir les connaissances scientifiques pour le
    passage à une agriculture axée sur l’écologie. Cela permettra en outre de perfectionner les
    connaissances théoriques en agroécologie, ce qui à son tour permettra d’améliorer la formation des
    futures générations de professionnels, techniciens et agriculteurs.
    Le mouvement agroécologique invite les décideurs politiques cubains qui préconisent l’agriculture
    traditionnelle industrielle, la révolution verte, à prendre en considération la réalité d’une nation
    vivant sur une petite île soumise à un embargo et frappée par des ouragans potentiellement
    dévastateurs. Ces réalités prises en compte, l’application de méthodes et approches agroécologiques
    à travers tout le pays aidera Cuba à assurer sa souveraineté alimentaire tout en maintenant son
    autonomie politique.
    Notes
    1. Peter Rosset and Medea Benjamin, eds., The Greening of the Revolution (Ocean Press:
    Melbourne, Australia, 1994); Fernando Funes, et. al., eds., Sustainable Agriculture and Resistance
    (Oakland: Food First Books, 2002); Braulio Machín-Sosa, et. al., Revolución Agroecológica
    (ANAP: La Habana, 2010).
    2. Food and Agriculture Organization of the United Nations (FAO), The State of Food and
    Agriculture 2006 (Rome: FAO, 2006), http://fao.org.
    3. MINAG (Ministerio de la Agricultura), Informe del Ministerio de la Agricultura a la
    Comisión Agroalimentaria de la Asamblea Nacional, 14 mai 2008 (MINAG: Havana, Cuba, 2008).
    4. Ana Margarita González, “Tenemos que dar saltos cualitativos,” Interview d’Orlando Lugo
    Fonte, Trabajadores, 22 juin 2009, 6.
    5. Raisa Pagés, “Necesarios cambios en relaciones con el sector cooperativo-campesino,”
    Granma, 18 décembre 2006, 3.
    6. Dennis T. Avery, “Cubans Starve on Diet of Lies,” 2 avril 2009, http://cgfi.org.
    7. Fernando Funes, Miguel A. Altieri, et Peter Rosset, “The Avery Diet: The Hudson’s Institute
    Misinformation Campaign Against Cuban Agriculture,” Mai 2009, http://globalalternatives.org.
    8. FAO, Ibid.
    9. FAOSTAT Food Supply Database, http://faostat.fao.org, 28 juillet 2011.
    10. René Montalván, “Plaguicidas de factura nacional,” El Habanero, 23 novembre 2010, 4.
    11. Fernando Funes-Monzote and Eduardo F. Freyre Roach, eds., Transgénicos ¿Qué se gana?
    ¿Qué se pierde? Textos para un debate en Cuba (Havana: Publicaciones Acuario, 2009),
    http://landaction.org.
    12. Raúl Castro, “Mientras mayores sean las dificultades, más exigencia, disciplina y unidad se
    requieren,” Granma, 25 février 2008, 4–6.
    13. Fernando Funes-Monzote, Farming Like We’re Here to Stay, PhD dissertation, Wageningen
    University, Pays-Bas, 2008.
    14. Braulio Machin-Sosa, et. al., Revolución Agroecológica: el Movimiento de Campesino a
    Campesino de la ANAP en Cuba (ANAP: La Habana, 2010).
    15. Fernando Funes-Monzote, et. al., “Evaluación inicial de sistemas integrados para la
    producción de alimentos y energía en Cuba,” Pastos y Forrajes (forthcoming, 2011).
    Montly Review, 2012, Volume 63, Issue 08 (januari) / The Paradox of Cuban Agriculture


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