• La rue le froid et la mort

     

    Ou quelques morts de plus pour alarmer les nantis ?

    Nous sommes au 21ème siècle ! Pourtant, on se croirait encore dans l'antiquité. Qui se soucie du sort des indigents ?

     

    Combien de morts dans la rue faudra-t-il encore pour prendre le problème à bras le corps.

     

    Combien de fois entendrons-nous encore des réflexions cyniques telles que « s'ils crèvent dans la rue, ils l'ont cherché ! »

     

    Quand les plus riches accepteront-ils de céder quelques pour cents de leur fortune, amassée sur le dos des plus pauvres ?

    Les sans abrits meurent aussi l'été. Ce n'est pas le froid ou la chaleur qui les fait mourir, mais leur extrême précarité !

     

    Sommes nous sur cette planète pour créer tant de différence entre les humains ?

    Gaulois.

     


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  • France Afrique et commémorations

    Ou les commémorations du colonialisme !

    La France n'en finit pas de commémorer tous azimuts des états de faits si peu glorieux. Ce que l'on peut qualifier sans la moindre hésitation de France-Afrique, avec tout ce qui va avec. C'est-à-dire la colonisation et la barbarie. Au final, ces commémorations ne sont que des prétextes politiques destinés à justifier l'hégémonie française sur les pays africains. Le pillage de leurs richesses naturelles et tant qu'à faire la remise en cause de leur culture.   

    De triste mémoire, l'Algérie a payé un lourd tribu et a souffert de  plus de 130 ans de guerre coloniale.

    http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/chronologie-de-l-algerie-coloniale-1830-1954_492168.html

    https://rebellyon.info/La-conquete-coloniale-de-l-Algerie

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_l'Alg%C3%A9rie

     http://geopolis.francetvinfo.fr/17-octobre-1961-la-sanglante-repression-dune-manifestation-dalgeriens-83965

     

    La Françafrique est restée vivace

    Là, ce n'est pas Gaulois qui le dit, mais l'ancien procureur de la république Eric de Montgolfier. Son point de vue rejoint le mien, à savoir que la pudeur devrait museler ces longues année d'impérialisme colonial.

     

    Eva Joly n'est pas en reste sur la question

     Eva Joly est conseillère pour la lutte contre la corruption et le blanchiment en Norvège. Ses deux livres précédents, Notre affaire à tous et Est-ce dans ce monde-là que nous voulons vivre ?, chez le même éditeur, ont été vendus à plus de 450 000 exemplaires en France et à l'étranger.
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    Lorsque j’ai pris en charge l’instruction de l’affaire Elf, j’avais en face de moi les puissants du pétrole français, je n’aimais pas leur arrogance, la façon qu’ils avaient de se servir dans les caisses, mais lorsqu’ils invoquaient les intérêts supérieurs du pays, j’étais prête à les croire. Je sortais de plusieurs années en détachement au ministère des Finances, entourée de hauts fonctionnaires intègres, d ‘une compétence absolue. J’avais confiance dans les institutions de mon pays d’adoption. Je n’imaginais pas que la finalité des dirigeants des sociétés nationales du pétrole fut autre chose que le bien commun. Je traquais les dérives et non le système lui-même.
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    Pourtant au fil de mon enquête, j’ai découvert un monde souterrain. Magistrate, limitée par le cadre de ma saisine et des compétences nationales, je devais m’arrêter sur le seuil de certaines portes, qui menaient vers l’étranger. Je découvrais des chemins qu’il aurait été passionnant de remonter, des connexions qui m’ahurissaient. Avec des chiffres, des comptes, nous avions sous nos yeux le déchiffrage d’un vaste réseau de corruption institutionnalisé, dont les fils étaient reliés en direct à l’Elysée.
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    > Ce n’était pas mon rôle d’en tirer les conclusions politiques, mais j’en ai gardé l’empreinte. Nous avions dessiné alors un vaste schéma, que j’ai toujours avec moi. Il fait huit mètres une fois déplié. Il serpente depuis le bureau d’un directeur des hydrocarbures d’Elf, jusqu’à des comptes obscurs alimentés par le Gabon, aux mains d’Omar Bongo : quarante ans de pouvoir et une difficulté récurrente à distinguer sa tirelire et sa famille d’une part, le budget de l’Etat et le gouvernement d’autre part. J’emporte souvent ce schéma avec moi, au fil des rendez-vous. Je l’étale sur les tables, un peu comme un capitaine au combat sort ses vieilles cartes. Les positions ont sans doute varié, les techniques de camouflage se sont sophistiquées, mais le système est là : les tyrans sont des amis, que la France a placés au pouvoir et dont elle protège la fortune et l’influence par de vastes réseaux de corruption ; en échange ils veillent sur les intérêts et les ressources des entreprises françaises venues creuser le sol. Tout ce beau monde a intérêt à ce que rien, jamais, ne stimule ni les institutions ni l’économie des pays.
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    > Et si je m’arrête un instant au Gabon, qu’est-ce que j’y vois ? Un pays riche qui exporte plus de treize milliards de dollars de pétrole brut par an et affiche un Pib par habitant largement au-dessus de la moyenne africaine (6 397 $) ? Ou un pays pauvre où l’espérance de vie est estimée à 55 ans pour les femmes et 53 pour les hommes, ce qui leur laisse un an de moins que les Malgaches nés sur un sol sans pétrole ? Le taux de mortalité infantile est au Gabon particulièrement élevé, le taux de vaccination contre la rougeole est de 40% contre une moyenne de 79% dans les pays en développement. Voilà où en est le Gabon, chasse gardée de la France, fournisseur des trésors du pétrole et de l’uranium, fief de Total-Elf la première capitalisation boursière française.
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    > Roland Dumas « l’ami intime » de Bongo
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    Si les habitants de Libreville n’ont pas bénéficié de la richesse de leur pays, c’est parce que la France s’est accaparée ses ressources minières, avec la complicité d’un président, enrôlé dès son service militaire par l’armée française et ses services secrets, placé à la tête du pays à 32 ans par Paris. Il était alors le plus jeune chef d’Etat du monde. La France contrôle son armée, ses élections et protège sa fortune. En retour, Omar Bongo fait table ouverte plusieurs fois par an, avenue Foch ou à l’hôtel Crillon, où il reçoit les hommes politiques, des publicitaires et les journalistes français qui comptent.. Chacun se presse à ces audiences. Dans les années 1990, un homme politique français du premier plan, alors en fonction, bénéficiait en parallèle d’un contrat de « consultant » signé par Omar Bongo et largement rémunéré. De Roland Dumas, le président gabonais dit qu’il est « ami intime ». Prévoyant, il apprécie aussi Nicolas Sarkozy, venu « prendre conseil » en tant que candidat à l’élection présidentielle. Lorsque au cours de l’instruction, nous avons perquisitionné au siège de la Fiba, la banque franco-gabonaise, nous avons consulté le listing des clients, qui paraissait tenu à la plume sergent-major. C’était une sorte de Who’s Who de la France en Afrique, qui en disait long sur l’envers de la République et  des médias.
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    > A ceux qui croient encore à l’aide désintéressée de la France en Afrique, il suffit de consulter les chiffres du Pnud (Programme des nations unies pour le développement). La corrélation est régulière entre le montant de l’aide française et la richesse en matières premières. En clair, celui qui n’a rien dans son sous-sol ne doit pas attendre grand-chose de Paris…Il n’est pas étonnant de retrouver le Gabon comme l’un des premiers bénéficiaires de l’aide publique française au développement. Le résultat est affligeant en termes de système de santé et d’éducation. L’argent s’est perdu en route. Il est justement fait pour cela.
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    > Il ne s’agit pas d’une dérive mais d’une organisation cohérente et raisonnée. Dans chaque audition durant notre instruction, nous entendions parler de pressions physiques, d’espionnage permanent et de barbouzes. Les perquisitions dans la tour Elf à la Défense livraient une moisson de documents révélant la confusion des genres, nous les transmettions au parquet de Nanterre, qui se gardait bien d’ouvrir des enquêtes. Car Elf hier, Total aujourd’hui, est un Etat dans l’Etat, conçu par Pierre Guillaumat un ancien ministre de la Défense, patron des services secrets et responsable du programme nucléaire français afin de servir les intérêts géopolitiques de Paris.
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    > La Norvège a utilisé son pétrole pour construire et assurer le paiement des retraites futures. La France se sert d’Elf-Total pour affirmer sa puissance. La compagnie intervient dans le golfe de Guinée, au Nigéria, au Congo-Brazzaville, en Angola… Tous ces pays ont connu la guerre civile et la dictature, derrière laquelle la main française s’est fait sentir. Le chaos, lorsqu’il se produit, ne trouble pas le système. Il n’est qu’à voir l’Angola, en guerre pendant des dizaines d’années, mais dont aucune goutte de pétrole, jamais, n’a raté sa destination. Pendant la guerre, les affaires continuaient…Les banques françaises, Bnp-Paribas en tête, ont même profité de l’occasion pour élaborer des montages financiers destinés aux pays en guerre, à des taux affolants, tout en sachant qu’elles ne prenaient pas le moindre risque. L’argent, là aussi, n’a pas été perdu pour tout le monde. C’est un miroir dans lequel il ne faut pas trop souvent regarder les élites françaises.
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    > Depuis que j’ai ouvert le dossier Elf, dans mon bureau de la galerie financière, j’ai voyagé physiquement et intellectuellement bien loin de la Seine et de ses quais gris et bleus…j’ai appris en marchant. A l’arrivée, le tableau est effrayant.
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    > L’Afrique a refait de moi une Norvégienne, fière de l’être. Mon pays est riche, mais, il se souvient avoir été pauvre, un peuple d’émigrants regardant vers le nouveau monde américain. Son esprit de conquête, ses allures vikings sont des traces d’un passé très lointain, vinrent ensuite les tutelles danoise puis suédoise, dont il fallut se libérer. Il envoya vers l’Afrique des missionnaires protestants, personnages austères au visage buriné, taillé par la parole chrétienne et l’œuvre humanitaire, plutôt que des nouveaux colons, comme on les croise encore dans les quartiers d’expatriés blancs.
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    > Pendant que la France fondait Elf, la Norvège mettait en place l’exploitation des ressources de la mer du Nord, accumulant un fonds de réserve, aussitôt placé pour les générations futures et soigneusement contrôlé. Ce petit pays des terres gelées est devenu la première nation donatrice en dollars par habitant. Bien sûr, les pétroliers norvégiens ne sont pas des enfants de chœur.  De récentes enquêtes ont montré que certains d’entre eux ont versé des commissions et que la tentation d’abuser de leur pouvoir est permanente. Mais la Norvège n’a pas à rougir de ce qu’elle a fait de son pétrole. Ce que j’ai vu, les rapports internationaux qui l’attestent, est une œuvre d’espoir.
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    > La République française, à la même époque, a mis en place en Afrique un système loin de ses valeurs et de l’image qu’elle aime renvoyer au monde. Comment des institutions solides et démocratiques, des esprits brillants et éclairés, ont-ils pu tisser des réseaux violant systématiquement la loi, la Justice et la démocratie ? Pourquoi des journalistes réputés, de tout bord, ont-ils toléré ce qu’ils ont vu ? Pourquoi des partis politiques et des Ong, par ailleurs prompts à s’enflammer, n’ont-ils rien voulu voir ?
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    > L’indépendance en Afrique : une mascarade
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    > Je ne condamne pas. J’ai partagé cet aveuglement. J’étais comme eux, avant de glisser l’œil dans le trou de la serrure et de prendre la mesure de ce secret de famille : la France reste un empire et ne se remet pas de sa puissance perdue. L’indépendance politique a été largement une mascarade en Afrique de l’Ouest. L’Occident a fermé les yeux, car la France se prévalait d’être le « gendarme » qui défendait la moitié du continent contre le communisme. Les Français ont laissé faire, car astucieusement, De Gaulle et ses successeurs ont présenté leur action comme un rempart contre l’hydre américaine. Elf était l’une des pièces  maîtresses de cette partie géopolitique. Le double jeu a été facilité par la certitude, ancrée dans les mentalités, que « là-bas, c’est différent ». Là-bas, c’est normal la corruption, le népotisme, la guerre, la violence. Là-bas c’est normal la présence de l’armée française, les proconsuls à l’ambassade ou à l’état-major, les camps militaires. Là-bas, c’est normal l’instruction des gardes présidentielles. Là-bas, c’est normal la captation des richesses naturelles. D’ailleurs « tout le monde fait pareil ». Jeune ou vieux, de gauche ou de droite, nul Français ne songe à s’offusquer de voir nos soldats mener, presque chaque année, une opération militaire en Afrique, au Tchad, en Côte d’Ivoire, au Rwanda, quand tous se gaussent de cette Amérique venue faire la police en Irak, en maquillant d’un fard démocratique les intérêts géopolitiques et pétroliers de Washington. Il y a pourtant bien des symétries.
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    > J’ai vu récemment un documentaire sur la guerre du Biafra, quatre ou cinq demi-heures de témoignage brut des principaux acteurs, sans commentaires. Je suis restée sans voix. A ceux qui sont nés après 1970, le Biafra ne dit rien. Dans cette région du Nigéria, riche en pétrole, une ethnie, chrétienne et animiste armée par la France, réclama l’indépendance. S’ensuivit une guerre meurtrière de trois ans, révolte financée depuis l’Elysée via des sociétés suisses. La télévision française aimait alors montrer les enfants affamés que les militaires français ramenaient par avion pour les soigner, jamais elle ne laissait voir la cargaison de l’aller, remplie d’armes…A l’image maintenant, les anciens collaborateurs de Jacques Foccart, repus dans leurs fauteuils Louis XV, détaillent sans émotion ces montages illégaux. Les officiers, lieutenants d’alors, généraux d’aujourd’hui, racontent ce bon tour le sourire aux lèvres. Fin du documentaire. Pas un mot, pas une ligne dans les livres d’histoire.
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    > Des drames comme celui-ci, l’Afrique en contient des dizaines, soigneusement passés sous silence. Les massacres des Bamiléké au Cameroun par la France du général De Gaulle, le génocide des Tutsi commis par un régime soutenu par François Mitterrand, les assassinats d’opposants, les manipulations d’élection…Le passif de la France sur le continent africain n’a rien à envier à l’impérialisme américain en Amérique latine ou au Moyen-Orient.
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    > Il est à la mode parmi les intellectuels français de se plaindre du mouvement de repentance qui s’est répandu depuis quelques années. Les bienfaits de la colonisation, à inscrire dans les manuels scolaires, ont même fait l’objet d’une proposition de loi, largement soutenue par les députés. Bien sûr, l’histoire de la France en Afrique ou en Asie du Sud-Est a compté aussi des aventuriers sincères, exportateurs, instituteurs ou pionniers, qui ont fait corps avec les pays qu’ils ont découverts. A Madagascar les vazas, ces pieds-noirs malgaches, ne cessent de louer devant moi l’état des routes et des infrastructures françaises au moment de l’indépendance. Mais les peuples sont comme les familles. On ne peut pas faire le tri de la mémoire. Il est des secrets soigneusement cachés dont l’onde portée va bien au-delà d’une ou de deux générations.. Les enfants héritent de tout : du malheur comme du bonheur, de la richesse comme des dettes.
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    > La République française paie aujourd’hui la facture de son passé. Il suffit de dérouler la liste des appellations officielles des Maghrébins, nés dans un département français avant 1962 ou sur le sol hexagonal depuis les années 1970. Par la loi, ils furent et sont des Français comme les autres. Les gouvernements successifs n’ont pourtant cessé d’inventer des périphrases : « indigène musulman », « sujet africain non naturalisé », « Jfom » (Jeune français originaire du Magrheb), « jeune issu de l’immigration », « fils de harkis », « jeune des quartiers », « Arabo-musulman », « Français d’origine arabe », « Français musulman »…
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    > La France de 1789, incompatible avec la françafrique
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    > La France vit encore comme si en Afrique elle était chez elle, et comme si, ses enfants d’ascendance africaine n’étaient pas français. Le développement de la Françafrique, notre tolérance vis-à-vis des réseaux, tout ramène à ce secret colonial, à cet empire qui hante les esprits comme un fantôme. Oui, Total, la première entreprise française, est riche et prospère. Mais la manière dont la firme s’est bâtie fait partie de l’héritage. Qui osera un jour rendre au Nigéria, au Cameroun, au Gabon, au Congo-Brazzaville ce que la France leur doit ? Qui contestera les contrats conclus par Areva pour l’uranium du Niger ou ceux des mines d’or de Sadiola au Mali, deux pays parmi les plus pauvres du globe, qui ne touchent qu’une part dérisoire des richesses prélevées dans leur sol ? La République a contracté une dette qu’il lui faudra bien honorer. Notre prospérité est nourrie de richesses que nous détournons. A certains de ces sans-papiers qui risquent leur vie pour gagner l’Europe, il pourrait être versé une rente au lieu d’un avis d’expulsion. Je rêve, pour ce pays que j’aime, d’un réveil collectif.
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    > Une France digne de son idéal et de son héritage de 1789 est incompatible avec la Françafrique : ce qu’une génération a fait, une autre peut le défaire. C’est possible.

    Gaulois.

     


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  • Fukushima ne fait que commencer !

    Un article édifiant !

    Japon : pic de radiation et trou béant dans les entrailles de Fukushima

     

    Par Arnaud Vaulerin, correspondant au Japon — 3 février 2017 à 09:01

     

    http://www.liberation.fr/planete/2017/02/03/japon-pic-de-radiation-et-trou-beant-dans-les-entrailles-de-fukushima_1546005

     

    Vue de la centrale de Fukushima, le 11 mars 2016. Photo AFP

     

    La compagnie électrique Tepco dit avoir relevé des taux mortels de plus de 500 sieverts au niveau du réacteur 2 de la centrale nucléaire ravagée par le tsunami du 11 mars 2011.

     

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       Japon : pic de radiation et trou béant dans les entrailles de Fukushima

     

     

     

    Dans son grand chantier de démantèlement de la centrale de Fukushima-daiichi, Tepco vient de faire des découvertes qui risquent de compliquer sa mission. Jeudi, la compagnie électrique qui gère le site endommagé par le tsunami et l’accident du nucléaire de mars 2011, a dit avoir relevé des taux de radiations records : 530 sieverts par heure dans la partie basse de l’enceinte de confinement du réacteur 2, l’un des plus endommagés sur les six unités du site installé en bordure du Pacifique. Il est possible que ce taux astronomique soit dû au fait qu'une partie du combustible fondu ne soit pas immergé dans les eaux de refroidissement, comme l'avance Miyano Hiroshi, professeur émérite de l’université Hôsei, à la NHK

     

    Même si, comme l’a précisé Tepco à la presse japonaise, il faut tenir compte d’une marge d’erreur de 30%, le chiffre constaté reste très au-delà du précédent record de 73 sieverts établi en 2012 sur ce même réacteur. Avec de tels niveaux de rayonnement, «inimaginables» selon des experts japonais cités par l’agence Kyodo, la mort est quasi instantanée pour l’être humain.

     

    Selon les recommandations de la Commission internationale de protection radiologique (CIPR), les ouvriers du nucléaire en milieu radioactif ne doivent pas être exposés à des doses efficaces et supérieures à 20 millisieverts (mSv) par an, «moyennées sur des périodes définies de cinq ans», indique la CPIR, soit 100 mSv. On s’est rendu compte qu’au-delà de ce seuil, le risque de leucémie s’accroît significativement.

    Un magma très radioactif

     

    Depuis la fin décembre, Tokyo Electric company a percé une petite ouverture dans l’enceinte de confinement du réacteur 2. La compagnie cherche à déterminer quel est l’état du cœur des réacteurs, ce magma extrêmement radioactif constitué de débris et de barres de combustibles qui ont fondu dans les heures qui ont suivi le 11 mars 2011. Selon des calculs de l’Institut international de recherche sur le démantèlement nucléaire, ce corium représenterait une masse globale de 880 tonnes réparties entre les unités 1,2 et 3 de Fukushima. Tepco cherche également à localiser où se situe précisément ce magma.

     

    Fin janvier, elle a donc envoyé une petite caméra fixée sur un bras télescopique de guidage qui doit parcourir une dizaine de mètres. Avant d’expédier un robot d’ici à la fin du mois, la compagnie électrique a ainsi réalisé une petite vidéo (visible ici) qui permet d’apercevoir une petite partie des entrailles de réacteur.

     

    Dans le flot d’images filmées, Tepco a publié des clichés où l’on voit nettement qu’un piédestal en forme de plateforme grillagée est nettement enfoncé sur une surface carrée d’un mètre sur un mètre environ. Ce trou pourrait être causé par la chute de structures, de barres de combustibles fondus. Si cette hypothèse devait se confirmer, ce serait la première fois que Tepco localise le corium au sein de l’un de ses réacteu

     

    En début de semaine, la compagnie avait déjà publié des images - difficiles à lire pour des novices - tendant à montrer l’existence de ce combustible fondu. On y voyait des sortes de pâtés noirs éparpillés sur une structure métallique grillagée dans la partie inférieure de l’enceinte de confinement. Cela pourrait indiquer que le carburant a fondu et s’est répandu sur le plancher de cette enceinte.

    Robots en rade

     

    Le robot que Tepco prévoit d’envoyer dans les prochains jours dans cette partie de l’unité 2 permettra peut-être d’en apprendre plus. Censé supporter des radiations de l’ordre de 1000 sieverts, l’engin pourra fonctionner environ deux heures si l’on se fie au niveau de 530 sieverts relevés ces derniers jours. Ces derniers mois, deux robots expédiés en mission au sein des réacteurs sont déjà tombés en panne à cause de trop fortes radiations.

     

    Celles-ci risquent de faire ralentir les travaux de démantèlement. Tepco ambitionne de commencer à retirer les combustibles fondus à partir de 2021. Mais elle doit encore finaliser la méthode pour y parvenir. Selon une étude du ministère de l’Economie, du commerce et de l’industrie (Meti) publiée en décembre, le seul démantèlement des réacteurs devrait coûter au minimum 8 trillions de yens (autour de 65,9 milliards d’euros), soit quatre fois ce qui était initialement envisagé. Au final, la facture atteindrait les 177 milliards d’euros pour démanteler, indemniser les riverains et décontaminer l'environnement. Ce retrait des combustibles reste la plus risquée de toutes les opérations de ce grand nettoyage de Fukushima-daiichi, prévu pour durer au moins quarante ans. 

     

    Arnaud Vaulerin correspondant au Japon

     


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