•  Résistance au Japon

    La résistance contre le nucléaire au Japon ne faiblit pas. C'est une lutte exemplaire contre la secte nucléocrate criminelle. Puisse les nations du monde entrer aussi en véritable résistance contre cette technologie qui inspire la peur et provoque la mort.
    Gaulois.

    Tous ensemble ... On lâche rien

    Article de Netoyens : http://bit.ly/UPGsvM

    Les autorités japonaises pensaient certainement avoir fait le nécessaire pour calmer les manifestants, toujours plus nombreux, en leur donnant à gober de beaux discours sur une sortie du nucléaire dans 18 à 30 ans. Mais il n’en est rien, comme nous le donnent à voir nos amis de Nagano :
    Aujourd’hui, après une semaine de “retour en force du lobby pronucléaire au Japon”, j’avais un peu le coeur lourd avant la manif du vendredi…
    Et pourtant, quelle énergie j’ai reçue de la part de tous les participants !


    La manif de Nagano a peut-être la caractéristique d’avoir une “colonne vertébrale” très forte : c’est la famille de Konno Akemi, réfugiée de Namie (8km de la centrale), qui nous donne du courage chaque semaine par ses discours sur la réalité à Fukushima. Et, du coup, entre les discours, nous scandons des slogans très concrets et très “politiques” en même temps. Politique dans le sens originel : celui de la cite grecque. Cette place de la gare avec la statue de la princesse bouddhique Noze est devenue, chaque vendredi, une véritable agora, un véritable lieu de rencontre démocratique, de plus en plus connu et apprécié, semble-t-il. Cette princesse de Bronze est un peu notre Statue de la Liberté du peuplLa manif de Nagano a peut-être la caractéristique d’avoir une “colonne vertébrale” très forte : c’est la famille de Konno Akemi, réfugiée de Namie (8km de la centrale), qui nous donne du courage chaque semaine par ses discours sur la réalité à Fukushima. Et, du coup, entre les discours, nous scandons des slogans très concrets et très “politiques” en même temps. Politique dans le sens originel : celui de la cite grecque. Cette place de la gare avec la statue de la princesse bouddhique Noze est devenue, chaque vendredi, une véritable agora, un véritable lieu de rencontre démocratique, de plus en pe de Nagano…

    En Grèce antique comme partout, tout commence par une “agora”, par un lieu de communion d’hommes de bonne volonté qui s’élargit peu a peu…
    Merci a tous de m’avoir rendu un peu d’espoir.
    Bien entendu, le nucléaire est une question éminemment politique et menace la démocratie. Il n’en est de meilleure illustration que la situation au Japon. Ainsi que l’omerta sur l’information et les barrages à une expression démocratique, à des choix démocratiques sur le sujet partout où lesdécisionnaires (politiques et « experts » acoquinés aux intérêts économiques et/ou financiers correspondants) se refusent à ouvrir véritablement le débat. Comme si les citoyens étaient vraiment trop bêtes pour réfléchir posément sur un sujet grave et remettant potentiellement en cause le “confort moderne” qui va avec l’adoration de la techno science.
    Mais nous ne faiblirons pas et nous serons toujours plus nombreux, même si les nucléocrates réussissent ici ou là à nous faire taire. Momentanément. Ou définitivement, en allant vers la fin de l’espèce. En effet, quelles solutions nous proposent tous nos éminents intégristes du nucléaire et des OGMs (entre autres) pour que l’espèce survive en bon état aux dommages de la radioactivité et du vivant manipulé dans notre alimentation ? RIEN. LE NÉANT, sinon de la communication à grands frais, sur fonds privés ou publics.
    Nous ne sommes et ne serons pas dupes.

     

    Pour une interdiction totale du nucléaire


    Professeur  Mitsuehi Murata 20.09.12


    Vidéo : http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=YS-S1coqKy0 Sous-titré en français.
    Plaidoyer pour une interdiction totale d'utilisation de l'énergie nucléaire par le pr. Mitsuhei Murata

    Mitsuhei Murata, ancien ambassadeur du Japon en Suisse, professeur émérite à l'Université Tokaigakuen s'adresse aux participants de la scéance d'information de la Coalition contre le Nucléaire du 20 Septembre 2012, organisée par le Bureau du membre du Congrès Dennis Kucinich.

    Sources :

    Vidéos et descriptifs originaux de LoveLifeNoNukes et MsMilkytheclown1

    http://youtu.be/NicSZgWJZlI
    http://www.youtube.com/watch?v=qYOoHfEUmAY

    La transcription complète du discours en Anglais est disponible ici:
    https://docs.google.com/open?id=0B-X7iEMggN9UZjBkM0s5YXh6a WsAssociation Internationale des Médecins pour la Prévention de la Guerre Nucléaire (IPPNW)
    http://www.ippnw.org/ (En)
    http://amfpgn.org/site/ (Fr)


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  • La secte nucléaire


    Parler de « village nucléaire » est un euphémisme. En effet, « Secte nucléaire » serait plus directe et aiderait sans nul doute à mieux comprendre le fonctionnement des promoteurs du nucléaire.
    Faut-il le rappeler, l'AIEA ( Agence Internationale à l'Energie Atomique ) existe depuis 1957. C'était à l'origine une proposition de Eisenhower, président des Etats-Unis en 1953.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Agence_internationale_de_l%27%C3%A9nergie_atomique
    En réalité, l'AIEA a été mise en place et confortée par les cinq premières puissances atomiques. Ceux-là même qui ont développé l'arme nucléaire. D'abord les États-Unis durant la première moitié des années 1940 dans le cadre du Projet Manhattan et dont on connaît l'ignoble aboutissement sur le Japon en août 1945. Dans les deux décennies qui suivent, c'est au tour de l'Union soviétique (1949), le Royaume-Uni (1952), la France (1960), la Chine (1964). Ces cinq puissances atomiques sont membres permanents du conseil de sécurité de l'ONU à travers l'AIEA. Les 148 autres pays membres de l'AIEA n'ont en fait aucun réel pouvoir, face aux cinq grands qui composent la secte et qui sont finalement les maîtres du monde.
    En théorie, l'AIEA fait la promotion du nucléaire civil, dit pour la paix. Elle surveille et limite la prolifération du nucléaire militaire, dans le cadre pompeux du TNP ( Traité de Non Prolifération ). Elle oublie juste de préciser que la prolifération des cinq grands ne la gêne pas du tout, bien au contraire. Elle se pose en donneur de leçons du genre : « Faites ce que l'on vous dit, mais pas ce que l'on fait » Comme par exemple le double bombardement Du Japon en 1945.
    Le texte qui suit est très révélateur. 


    Gaulois.   


    Dimanche 23 septembre 2012
    Une « commission d’investigation » sur Fukushima téléguidée par le village nucléaire

    http://fukushima.over-blog.fr/article-une-commission-d-investigation-sur-fukushima-teleguidee-par-le-village-nucleaire-110436057.html

      Dans l’article qui suit, Jean-Marc Royer met en lumière la stratégie du village nucléaire international qui, pour semer la confusion, a créé une « commission d’investigation » dont le but est de contrecarrer les conclusions impartiales de la commission indépendante nommée par la Diète. Mais qu’appelle-t-on au juste « le village nucléaire international » ? C’est l’ensemble des structures publiques ou privées qui ont un intérêt commun au développement de l’utilisation de l’énergie nucléaire. On distingue son contour dans la conclusion d’un communiqué de presse de l’Agence de l’OCDE pour l’énergie nucléaire (AEN) du 10 juin 2011 : « Les autorités réglementaires des pays membres du G8, de l’AEN et des pays associés ont réaffirmé leur engagement à travailler ensemble à l’échelle internationale. Elles sont persuadées que, malgré son caractère dramatique, la situation [à Fukushima] permettra à terme de renforcer la sûreté nucléaire internationalement. La conférence ministérielle de l’AIEA qui se tiendra fin juin, est la prochaine étape importante d’un ensemble d’actions qui améliorera la sûreté nucléaire au niveau mondial ». On y retrouve donc les pays du G8, les 34 pays membres de l’OCDE et les états associés, à savoir l’Afrique du Sud, le Brésil, l’Inde, la Roumanie et l’Ukraine. D’autres pays en font également partie par l’intermédiaire de l’Association mondiale des exploitants nucléaires (World Association of Nuclear Operators, WANO), citée également dans le même communiqué. C’est donc une sorte de gouvernance économique mondiale où tous les états concernés font allégeance à l’AIEA (dont l’objectif est le développement de l’utilisation de l’énergie nucléaire dans le monde, cf. l’article 3 de ses statuts), par l’intermédiaire de conférences ministérielles. Tous les membres du village nucléaire ont la même religion : ils croient au progrès de la sécurité nucléaire, tout en acceptant qu’il y ait régulièrement des accidents. Cette gouvernance atomique supranationale n’est pas issue de processus démocratiques. Et les états qui ne font pas partie du village ‒ soit les deux tiers des pays de la planète ‒ n’ont évidemment pas leur mot à dire, malgré les pollutions radioactives transfrontalières passées et promises.
     
    -oOo-
     
    FUKUSHIMA :
     
    Une « commission d’investigation » téléguidée par le village nucléaire
     
    à ne pas confondre avec la commission indépendante officiellement investie par la Diète japonaise
     
    par Jean-Marc Royer  

    La nomination discrète (et discrétionnaire) d’une « commission d’investigation » sur l’accident de Fukushima (Investigation Committee on the Accident at Fukushima Nuclear Power Stations of Tokyo Electric Power Company) est une créature du village nucléaire international qui ne doit pas être confondue avec celle qui a été mise en place par la Diète japonaise, la Nuclear Accident Independent Investigation Commission (NAIIC) et qui elle, est réellement indépendante et dont nous avons commencé à traduire le premier rapport.
     
    Examinons de plus près cette « commission d’investigation ».
     
    1) Le compte-rendu de sa première réunion du 7 juin 2011 stipule que : « The committee will prepare an interim report by the end of the present year and submit the final report sometime after the accident has been settled ». C’est à dire que trois mois après le début de la catastrophe, cette commission n’avait aucun doute sur le fait que LA CHOSE serait très bientôt jugulée et que le rapport final serait aussitôt produit [1]. L’arrogance propre à la toute puissance montre ici le bout de son nez, comme le note la NAIIC dans son rapport page 21 : « Dans l'ensemble, la Commission a rencontré une ignorance et une arrogance impardonnables chez toute personne ou tout organisme s'occupant de l'énergie nucléaire. Nous avons rencontré du mépris pour les évolutions internationales et la sécurité publique. Nous avons trouvé un fonctionnement routinier basé sur les procédures et les pratiques conventionnelles antérieures, la priorité étant d’éviter de faire courir des risques à l'organisation. Nous avons trouvé un état d'esprit donnant la priorité aux intérêts de l’organisation, et ceci au détriment du public. » Tout cela est à comparer avec la présentation que cette dernière fait de ses objectifs de travail.
     
    2) Elle a été nommée dans le secret du cabinet du premier ministre sans qu’aucun document officiel n’ait été émis ni contresigné, contrairement à la promulgation de la NAIIC. N’est publiquement disponible qu’un « compte-rendu » de la séance, si elle a réellement eût lieu, dont le rédacteur n’est même pas nommé. Sur les quatorze rencontres de cette commission, ne sont disponibles que trois comptes-rendus, les autres réunions faisant l’objet d’une « relation de presse » en trois pages. A comparer là aussi avec le travail de la NAIIC.
     
    3) Alors que la commission nommée par la diète japonaise commence par nommer ses membres, donner leurs CV et reproduire leurs signatures, cette soit disant « commission d’investigation » expurge le CV d’au moins un de ses membres, M. Yukio Takasu, libellé comme suit et omettant sa dernière qualité (en rouge) que nous avons retrouvée sur la page du secrétariat de l’ONU : « Permanent Representative of Japan to the International Organizations in Vienna, including the International Atomic Energy Agency (IAEA) », ce qui revient à cacher son appartenance à l’AEIA.
     
    Parmi les « international advisory experts », on retrouve des noms connus dans le gotha nucléaire :
     
    - Dr. Richard A. Meserve President of the Carnegie Institution for Science. Meserve a été le président de la Nuclear Regulatory Commission états-unienne de 1999 à 2003. Il a récemment été décoré par l’industrie nucléaire d’un award (Carnegie’s Richard Meserve Awarded Nuclear Industry Leadership Prize) et ses déclarations, à cette occasion, valent leur pesant de cacahuètes et sont lisibles sur le site Carnegie Institution for Science.
     
    - Prof. Chang Soon Heung Professor at Korea Advanced Institute of Science and Technology (KAIST), President of the Korean Nuclear Society. No comment …
     
    - Mr. Chai, Guohan Chief Engineer, Nuclear and Radiation Safety Center, Ministry of Environmental Protection of People’s Republic of China. Un pays connu pour ses préoccupations écologiques et la grande transparence de ses décisions administratives … Tous ces « experts » sont évidemment mouillés jusqu’au cou dans la promotion du nucléaire.

                            Et quelqu’un qui, malgré son masque et son bonnet, est facilement reconnaissable :
     
    Vous voyez de qui nous voulons parler ?

                                       Et maintenant, dans une pose debout, avec un air qui lui est si familier ?

    Bon, pour ceux qui ne font pas partie de son premier cercle, voici son profil gauche légendaire, mais ici son front est plissé, comme s’il ressentait une préoccupation dont nous ne connaîtrons, malheureusement, jamais le contenu. Dénouons le suspens, il s’agit de … son nom est écrit sur sa combi : André-Claude Lacoste himself, président de l’ASN, qui est un grand cachotier, puisqu’il n’en a soufflé mot à la conférence de presse. Cela aurait été l’occasion de nous dire s’il avait fait bon voyage, de nous parler de l’accueil qu’il reçut, des conditions de son séjour, de la qualité des sushis, voire des fruits de mer locaux, et accessoirement, de ce à quoi il pensait si fort à Fukushima en ce 23 février 2012, à l’heure du déjeuner.
    Juste à droite le Coréen Chang Soon Heung, président de la Korean Nuclear Society et derrière, le fameux Meserve états-unien.
    Sources : http://icanps.go.jp/eng/meetings/ et http://icanps.go.jp/eng/120223SisattuShashinEng.pdf
     
    4) Cette « commission d’investigation » ne manque pas de faire de la publicité pour :
    - l’AEIA (« In response to the accident, the IAEA sent an investigation team to Japan in May 2011 and convened a ministerial conference on nuclear safety in June 2011 »),
    - un rapport de l’ONU (« The United Nations have also compiled a report on the accident ») dont la commission indépendante nommée par la diète nous explique l’origine de troisième main (c’est un rapport de Tepco repris par le gouvernement et transmis à l’ONU),
    - une conférence (and convened a summit conference on nuclear safety in September 2011) qui a indigné nombre de japonais par sa grossière orientation pro-nucléaire.
     
    5) Nous avons parcouru ce texte. Il est intentionnellement volumineux de manière à dissuader son étude critique dans le détail tout en donnant une impression de sérieux par sa taille. Il est parsemé de confusions sciemment entretenues (i). Il reporte les responsabilités sur une connaissance scientifique insuffisante (ii). Il émet des recommandations tellement générales qu’elles ne peuvent en aucun cas être contraignantes pour les exploitants (iii).
    - i  The then-available accident preventive measures and disaster preparedness of TEPCO and the Nuclear Industry and Safety Agency (“NISA”) were insufficient against tsunami and severe accidents; (page 2)
    - ii  Scientific knowledge of earthquakes is not sufficient yet. (page 3)
    - iii  The above types of measures should not be left up to the local municipal governments, but need in addition to involve the active participation of the prefectural and national governments […] (page 14).
     
    6) Comme par hasard, les dates de publication des rapports « intérimaires et finaux » de cette « commission d’investigation » ont été calées sur celles de la commission indépendante (NAIIC) de manière à semer le trouble dans le milieu médiatique, une pratique bien rôdée maintenant.
    Jean-Marc Royer, septembre 2012
     
    [1] Rappelons que pendant dix semaines, ils ont caché au peuple japonais et à l’opinion publique internationale ce qu’ils savaient dès les premiers jours, à savoir la fonte des cœurs des réacteurs.
     
    Source des photos de cet article : http://icanps.go.jp/eng/120223SisattuShashinEng.pdf
     
     


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  • La corrida conforme avec la Constitution, selon le Conseil

    Un pays dont sa constitution est capable de reconnaître la tauromachie est un pays sans âme.

    Pour la France, faut-il s'en étonner, au regard d'un passé loin d'être glorieux.

    Gaulois.

    le 21 septembre 2012
    http://www.maxisciences.com/corrida/la-corrida-conforme-avec-la-constitution-selon-le-conseil_art26694.html

      Ce matin, le Conseil constitutionnel devait décider si la tauromachie doit ou non être interdite. La question était alors de savoir si la corrida est compatible avec la loi. A 10H, le Conseil a rendu son verdict : oui, la corrida est bien conforme à la Constitution.
    C'est une nouvelle bataille de perdue pour le comité radicalement anticorrida (Crac) Europe et l'association Droits des animaux (DDA). Les deux associations étaient en effet à l'origine d’une procédure judiciaire qui a conduit à l'examen d'une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) sur la tauromachie. Le but : montrer que la corrida n'est pas conforme à la Constitution et en particulier à l'une des des dispositions de l'article 521-1 du Code pénal, qui réprime les actes de cruauté commis contre les animaux.
    Les anticorrida réclamaient alors notamment la suppression de l'alinéa 7 de
    cet article, qui prévoit des dérogations à cette règle en autorisant la tauromachie et les combats de coq sous couvert "du principe de tradition locale ininterrompue". Ils voulaient ainsi démontrer "le principe d'égalité devant la loi et l'objectif de clarté que doit revêtir cette loi". "En cas de rupture d'égalité et manque de clarté, la loi devrait, selon eux, être déclarée anticonstitutionnelle", estimaient-ils. Ce matin, le Conseil constitutionnel devait ainsi analyser cette question et rendre son verdict quant à la conformité de la tauromachie. Une décision qui a été rendue aux alentours de 10H et qui a créé un vent de déception parmi les défenseurs des bêtes.
    En effet, le Conseil a décidé de rejeter le recours des associations et d'estimer que la corrida était parfaitement conforme à la loi. "Ces pratiques traditionnelles ainsi autorisées ne portent pas atteinte à des droits constitutionnels protégés", a ainsi indiqué la haute juridiction ajoutant encore : "la différence de traitement instaurée par le législateur entre agissements de même nature accomplis dans des zones géographiques différentes est en rapport direct avec l'objet de la loi qui l'établit". Pour l'heure, le gouvernement n'a fait part d'aucune réaction officielle. Néanmoins, avant même que la décision du Conseil ne soit rendu, les anti-corridas ne mâchaient pas leurs mots quant à sa position.
    La politique pro-corrida du gouvernement dénoncée
    Interrogé il y a peu par l'AFP, Jean-Pierre Garrigues, président du Crac Europe indiquait ainsi que bien que "M. Hollande nous affirme par courrier sa neutralité, il n'est pas neutre lorsque le jour même de l'examen de notre requête par les Sages [mardi 11 septembre] le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, s'exprime en direct sur une chaîne nationale pour affirmer son amour de la tauromachie". En effet, il y a dix jours, le ministre avait également fait part de son opinion sur son compte Twitter suscitant de très nombreuses critiques. Pour M. Garrigues, "force est de constater que le gouvernement Hollande-Ayrault ne fait que poursuivre la politique pro-corrida du gouvernement Sarkozy-Fillon".
    De même, le président a également pointé du doigt le "silence de Cécile Duflot, Aurélie Filippetti, Christiane Taubira et Marylise Lebranchu, qui, avant d'être au gouvernement, avaient signé le manifeste du Crac Europe pour l'abolition de la corrida en France". Selon M. Garrigues, ce manifeste a été "signé à ce jour par 1 600 personnes dont de nombreux élus et reçu le soutien de personnalités telles que Robert Hossein, Johnny Hallyday, Albert Jacquard et Luc Montagnier". Mardi, Brigitte Bardot avait d'ailleurs reçu le soutien de Jean-Paul Belmondo et Alain Delon, avec lesquels elle avait co-signé un appel commun aux "sages" du Conseil leur demandant d'"abolir" la tauromachie sur tout le territoire. Mais tout ceci ne semble donc pas avoir eu d'impact sur la décision du Conseil.
    48% des Français pour l'interdiction
    Selon un sondage Ifop publié hier, 48% des Français serait pour l'interdiction de la corrida tandis qu'une étude CSA estime qu'ils sont 57% à pencher pour l'arrêt de la tauromachie. 48% considèrent ainsi qu'"il ne doit pas y avoir d'exception et que la corrida doit être interdite partout en France parce qu'il s'agit d'une pratique cruelle". En revanche, 42% prônent le statu quo, c'est-à-dire que "la corrida doit continuer à être autorisée dans les villes du sud de la France où elle est pratiquée de longue date", selon l'enquête Ifop précisant que 10% des personnes interrogées ne se prononcent pas.
    De leur côté, les défenseurs des villes taurines estiment que la corrida "revêt un intérêt général, un pluralisme culturel, social et régional" et qu'il s'agit d'"une tradition locale ininterrompue". Ils estiment également que "l'animal ne bénéficie pas d'un droit absolu" et "peut être chassé ou élevé pour la consommation".
    "Nous sommes dans une dictature tauromachique", a clamé le Crac Europe lors du rendu du verdict. Avec la DDA, celui-ci entend toutefois bien épuiser tous les recours internes pour se faire entendre. Il pourrait ainsi passer par l’Assemblée nationale avec une nouvelle proposition de loi pour l'abolition de la corrida et sa mise à l'ordre du jour des députés, ou encore saisir, si nécessaire, la Cour européenne des droits de l'homme. Tout ceci n'était donc qu'une nouvelle bataille pour ceux qui entendent bien prolonger leur combat.
    Et vous que pensez-vous de la décision du Conseil ?

    Corrida conforme à la Constitution

    le 22-09-2012

    La France vient de consacrer la torture animale
    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/630339-corrida-conforme-a-la-constitution-la-france-vient-de-consacrer-la-torture-animale.html

                               Le matador Sebastien Castella à Nîmes, le 16 septembre 2012 (A.ROBERT/SIPA).

    Le Conseil constitutionnel vient de l’affirmer : la corrida peut continuer. La torture animale est conforme à la Constitution française…
     
    Je ne peindrai pas la déception des amis des bêtes : comment comprendraient-ils que, dans un pays de droit, on ait (pour le plaisir des "aficionados" et le profit des organisateurs) la liberté d’infliger des souffrances abominables à des vaches mâles dans 10% du territoire national, et que cela soit interdit partout ailleurs ? Si cette dérogation n’est pas une distorsion de l’égalité républicaine, il devient difficile de conserver le sens des mots.
    Je parlerai philosophie, ça nous changera. L’une des justifications qu’utilisent les amateurs de corridas consiste à dire que c’est un noble et beau spectacle, une magnification symbolique de l’épreuve de la mort, pour ainsi dire une rédemption de l’homme par le truchement des tourments de la bête. Je ne discuterai pas cette logorrhée esthétisante.
     
    Souffrance animale
     
    Un autre argument se prête mieux à la vérification. Les "aficionados" prétendent que le taureau ne souffre pas (ou à peine) des blessures qu’on lui inflige à coups de pique, de banderille ou d’épée. Une vieille lune philosophique consiste à se demander s'il faut avoir conscience qu’on souffre pour souffrir réellement. De rares penseurs, dans la lignée du Descartes des "animaux machines", soutiennent cette idée.
     
    La science montre le contraire, et j’ai tendance à croire le savant plutôt que le pur esprit ébloui par l’habit de lumière ! Nul besoin d’être homo sapiens pour ressentir la douleur. Tous les animaux possèdent des terminaisons nerveuses (des "points de douleur") affectées à la sensation de blessure. Par centimètre carré de peau, ou par centimètre cube de chair, l’homme et le taureau ont exactement le même nombre de ces amas de neurones.
     
    Ils ressentent les agressions corporelles avec la même intensité – la même angoisse, le même besoin réflexe de fuir. La science va plus loin : non seulement les animaux sont tous égaux devant la douleur, mais les plantes la perçoivent à leur façon ; et les microbes aussi !
     
    Il fut un temps où l’on pouvait imaginer que les "êtres inférieurs" ne souffraient pas, ou peu. Les baleiniers prétendaient que les baleines, parce qu’elles sont grosses, sentent à peine le harpon qui les tue. Les pêcheurs à la ligne disaient que le poisson n’éprouve pas la violence de l’hameçon.
     
    Une pratique sadique
     
    On appliquait, du reste, le même raisonnement aux humains qu’on tenait pour "inférieurs". Au temps de l’esclavage, le maître se persuadait que le "Nègre" était moins sensible à la douleur que le "Blanc" ; et il redoublait de coups de fouet. On disait que les femmes (parce qu’elles doivent accoucher) sont plus "dures au mal" que leurs mâles. On affirmait, il n’y a pas bien longtemps, que le système nerveux des bébés n’est pas "terminé", et que ceux-ci n’éprouvent pas la douleur – alors même qu’ils sont pétrifiés d’horreur !
     
    Je regrette qu’on n’aperçoive pas la queue d’un scientifique dans les rangs du Conseil constitutionnel (s’il y en a un, c’est encore pire). Car la science a tranché : la douleur est universelle. Infliger la douleur à autrui pour le plaisir s’appelle le sadisme. Et le sadisme est puni par la loi !
     
    Les taureaux souffrent atrocement lorsqu’on leur plante dans l’échine une banderille armée d’une pointe en harpon longue de vingt centimètres : en proportion, c’est comme si l’on fichait un croc de deux centimètres dans le dos d’un "sage" du Conseil constitutionnel. Sachant que, dans la corrida, on ne "pose" pas une seule banderille. Puis qu’on larde l’épaule du "fauve" avec la pique du picador. En attendant le coup d’épée, si souvent raté, du matador…
     
    Une activité inhumaine
     
    Notre Conseil constitutionnel devrait savoir qu’on n’a pas besoin d’une conscience pour se sentir martyrisé. L’homme tue, certes, par nécessité, et notamment pour manger. Cela ne justifie pas qu’il continue d’organiser des spectacles dans lesquels il jouisse à la vue d’un animal écumant de douleur, qui mugit de panique et crache des ruisseaux de sang par la bouche et les narines.
     
    La corrida constitue une activité totalement inhumaine – au sens juridique du terme. Je trouve logique (et délicieusement ironique) que les adversaires de ce bal tragique aux arènes se préparent, maintenant, à porter l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). De l’Homme, oui, au sens où tous les êtres vivants, y compris les taureaux, méritent d’être traités comme nos frères sur la Terre…


    La corrida conforme à la Constitution : je ne supporte pas la caricature qui en est faite

    le 21-09-2012

    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/624250-la-corrida-conforme-a-la-constitution-je-ne-supporte-pas-la-caricature-qui-en-est-faite.html

    Par Jean-Marcel Bouguereau Editorialiste

    Organiser des corridas dans certaines régions françaises est conforme à la Constitution, a jugé vendredi le Conseil constitutionnel, rejetant le recours d'associations qui militent contre la tauromachie. Notre éditorialiste Jean-Marcel Bouguereau explique pourquoi il est apprécie tant cette pratique.

         Matias Tejela lors du festival de San Fermin en Espagne, le 10 juillet 2012 (D.OCHOA DE OLZA/SIPA).

    CORRIDA. Les juges du Palais Royal viennent d'établir qu’il n’est pas anticonstitutionnel de prévoir des "différences de traitement" entre les régions à tradition tauromachique et les autres. Le lobby anti-corrida voulait que les sanctions infligées pour cruauté envers les animaux s’appliquent partout, sans dérogations.
     
    Le critère de "tradition locale ininterrompue", inscrit dans le code pénal pour les exceptions à ces sanctions, est "précis, objectif et rationnel", a-t-on commenté au Conseil constitutionnel.
     
    J'aime la corrida
     
    Oui, j’aime la corrida et j’ose le dire, ce qui, en ces temps où la société érode tout ce qui dépasse, n’est guère politiquement correct. Et je ne regrette pas de l’aimer après l’extraordinaire corrida que nous avons vécue, le dimanche 16 septembre à Nîmes, lorsque José Tomas, combattant six toros nous a fait vivre quelque chose qui relevait du paranormal.
     
    Un moment de grâce extrême, comme je n’en avais pas vu en plusieurs décennies de fréquentations de ces arènes nîmoises. Comme la bonne littérature, la bonne tauromachie ne supporte pas la graisse. C’était le cas ce dimanche matin, dans une atmosphère que décrit ainsi Jacques Durand, l’Antoine Blondin de la tauromachie dans la page qu’il publie chaque semaine1 :
     
    "Quelque chose entre le chut et le olé accompagne ses gestes réduits à des épures. En trois gestes, elles règlent la violence du deuxième toro, le Jandilla. Le "devoir d’impassibilité" dont parle Stendhal, il se l’est collé sur son visage de sucre. Il torée comme en état de mort apparente. Sa tauromachie sidère comme la neige sidère le paysage et le met aussi en état de mort apparente. On la pressent, elle apparaît, elle tombe sans bruit sur le sable comme un envoûtement et se scelle comme un secret. Lui s’engloutit peu à peu sous elle, dans elle, pendant que la clameur, l’énorme et unanime clameur de Nîmes, son avalanche tombée des gradins, recouvre tout de son fracas."
     
    Mais si j’aime la corrida, je comprends aussi qu’on puisse ne pas aimer pas la corrida. De là à la faire interdire, c’est excessif, d’autant que les anti-taurins en font, pour les besoins de leur cause, une caricature qui ne peut que repousser dans leurs bras tout être normalement constitué. Car qui est pour la souffrance ? Pour le sang ? Pour la torture ?
     
    Les "aficionados" n’aiment pas voir le sang couler
     
    Contrairement à l’image qui est véhiculée, les "aficionados" n’aiment pas voir le sang couler. Ni celui du taureau, ni celui du torero.
     
    Mais cette campagne, souvent violente contre la corrida (attentat contre la maison de Simon Casas, le directeur des arènes de Nîmes, il y a quelques années, publication d’une affiche montrant une petite fille se réjouissant de voir brûler la maison de ses voisins "aficionados" avec en légende : "Mes voisins étaient taurins mais ils ne le sont plus") dit beaucoup de choses sur notre société, sur son rapport à la mort et aux animaux.
     
    Des millions d'animaux souffrent quotidiennement à cause de l'élevage industriel, de l'expérimentation médicale, des mauvais traitements infligés par leurs maîtres, jusqu’aux conditions qui, dans les abattoirs, président à leur mort.
     
    Mais si certains se focalisent sur la corrida, c’est que la mort est devenue insupportable. Dans notre société aseptisée, elle fait partie du non-dit, du non-montré, alors que, dans les siècles précédents, elle était omniprésente par la guerre, la famille et les épidémies. Ce qui, faut-il le préciser puisque certains m’ont mal compris, n’est en rien une plaidoirie en faveur de la guerre ni un regret de ces temps anciens !
     
    L’arène est devenue l’un des seuls lieux où la mort n’est pas cachée. Et où, pour le torero, "la vie prend son sens, car on sait qu’on peut y mourir", comme l’expliquait récemment un jeune novillo de l’Aude, Dorian Dejean.
     
    Une méconnaissance de la nature animale
     
    Certains anti-taurins, qui projettent peut-être leurs propres valeurs sur tous les hommes, n'imaginent que des "aficionados" cruels, pervers, qui aiment voir souffrir des animaux, alors que nous détestons la souffrance et que, là où ils voient cruauté, nous ne voyons que beauté et grâce.
     
    Comment s’entendre avec ceux qui, au nom d'une écologie mal comprise, mélangent un certain végétarisme, défenseur de l'animalisme, dans une forme moderne de l’anthropomorphisme très significative de notre société moderne ? Comment donner raison à ceux qui, parce qu’ils aiment leur chien ou leur chat, confondent taureau de combat et vache ?
     
    Cet "amour" aveugle des bêtes dissimule souvent une méconnaissance de la nature animale et trahit toujours une ignorance des conditions de vie des taureaux. Nous, nous n’aimons pas les bêtes en général, car cela ça n’a pas de sens. Comment aimer le mouton et le loup par exemple ?
     
    Vous aimez votre chien et votre chat ? Très bien, mais aimeriez-vous également une panthère ? Si l'on se met à défendre toutes les espèces, comment défendre le léopard ET la gazelle ? Une attitude qui n'évite pas le piège de l'anthropomorphisme illustré par la fameuse chanson de Francis Cabrel où il prête ses propres sentiments au taureau qu’il met en scène.
     
    La corrida est porteuse des valeurs de l'écologie
     
    Ce que les anti-corridas n’aiment pas, c’est moins la souffrance du taureau que le fait que sa mort soit montrée, soit donnée en spectacle, même s’il n'y a sans doute pas plus belle vie que celle d'un taureau de combat.
     
    Mais, eux, les anti-taurins ne parlent jamais de ça. La vie du taureau ne les intéresse pas. Pour aggraver notre cas, nous pensons que la corrida est porteuse des valeurs de l'écologie : c'est un des derniers grands élevages extensifs ; les conditions d'élevage et le respect des conditions de vie des animaux sont les meilleurs par rapport à la mécanisation industrielle de l'élevage intensif ; c'est un rapport homme - animal qui respecte ce dernier dans sa vie et sa mort, puisqu'il meurt en combattant ; enfin, c'est la défense de la biodiversité.
     
    D'autant que la suppression de la corrida, loin de sauver les taureaux de combat, les conduiraient à l'abattoir, puisqu'ils ne sont élevés que dans de grands espaces, uniquement pour les corridas.
     
    Nous ne confondons pas le chat et le taureau. Nous pouvons aimer nos animaux familiers avec l'affection que nous leur devons, mais nous aimons les taureaux bravos avec l'admiration et le respect qui leur sont dus.
     
    Non, nous n'allons pas aux arènes pour voir un animal souffrir, nous allons voir un animal bravo combattre jusqu'à la mort. La corrida est une parabole de l’humanité où l’on nous montre une histoire, celle qui, un jour, fit que les hommes dominèrent le monde animal. C’est cette tragédie que la corrida met en scène.
     
    Créer de la beauté en apprivoisant la charge d'une bête
     
    La corrida est une création relativement récente. Même si elle rappelle le culte romain de Mithra, le taureau mort qui redonnait vie aux humains, elle ne le rappelle que de bien loin.
     
    Si la corrida date du XVIIIe siècle, elle n'existe sous sa forme actuelle que depuis moins d'un siècle, lorsque Juan Belmonte révolutionna la tauromachie en faisant de la lenteur gestuelle du torero le cœur de la corrida.
     
    Car l'essentiel est de créer de la beauté en apprivoisant en quelque sorte la charge brutale d'une bête qui pèse entre 500 et 600 kg. D'utiliser le leurre de la cape et de la muleta pour ralentir et conduire cette charge, dans un face à face où l'homme joue sa vie au centimètre près.
     
    On peut, bien sûr, ne voir dans la corrida qu'une survivance sauvage de temps révolus où, pour exister, l'homme devait se mesurer avec la bête sauvage. À estimer qu'à l'heure du saut à l'élastique et du parapente il a bien d'autres moyens de se faire des frissons. Et penser, non sans raison, qu'il y a quelque chose de gratuitement sauvage à risquer ainsi sa vie, à l'heure de la ceinture de sécurité obligatoire.
     
    Comme à tuer publiquement un animal à l'heure où la mort des animaux dont nous faisons notre ordinaire est devenue une cérémonie secrète ; où l'on ne saigne plus le cochon dans les campagnes et où les enfants croient que les poissons sont carrés.
     
    On peut, bien sûr, décrire la corrida comme un "massacre étudié", comme la "mort en spectacle", comme une fête sauvage donnée à des spectateurs sanguinaires. Mais c'est un peu comme si l'on décrivait le football comme le défouloir de douteux attouchements homosexuels et la musique comme un simple tapage nocturne.
     
    La bravoure de l'animal est saluée
     
    Cœur du débat : le taureau souffre-t-il, comme l'affirment les anti-taurins ?
     
    Ainsi que le souligne Francis Wolff, professeur de philosophie à l’École normale supérieure et auteur d'excellents volumes sur la corrida, les travaux du directeur du département de physiologie animale de la faculté vétérinaire de Madrid ont démontré expérimentalement que le taureau de combat souffre plus du stress pendant le transport ou au moment de sa sortie dans l'arène qu'au moment du combat.
     
    Les vétérinaires de Madrid ont même montré que cet animal, particulièrement adapté au combat, avait une réaction hormonale unique dans le monde animal face à la "douleur". Elle lui permet de l'anesthésier presque immédiatement, notamment par la libération d'une grande quantité de bêta endorphines (opiacé endogène qui est l'hormone chargée de bloquer les récepteurs de douleurs), ce qui explique que le taureau de combat est le seul animal qui, blessé par les piques, revienne au combat plutôt que de le fuir, ce qui serait la réaction logique à la douleur.
     
    Car, quoi qu'on en pense, la corrida n'est pas la "lente exécution savamment orchestrée" que croient y voir ses détracteurs. Le taureau y est tué dans l'arène, sans hypocrisie, contrairement aux corridas portugaises, où il est tué, après, en coulisses. Cette mort n'est que l'issue, rapide, de la corrida, au point qu'un torero est rappelé à l'ordre, sinon sévèrement sifflé, s'il ne tue pas rapidement.
     
    Et si le toro est brave, c'est lui le plus applaudi, parfois, plus rarement, gracié, comme fut le cas à Nîmes où le public demanda la grâce du toro, jugé particulièrement combatif. Et quelques mois après avoir été soigné, on peut le voir dans le "campo" où sa bravoure lui vaut d’être un reproducteur.
     
    Cette pratique mérite bien plus de considération
     
    Certes le combat est inégal, puisque c'est généralement le taureau qui meurt. Mais il ne faut pas oublier que la corrida est aussi l'ultime spectacle au monde où des hommes jouent leur vie devant des cornes coupantes comme des rasoirs. Elle mérite pour cette raison une considération un peu plus attentive que ne la lui accordent ceux qui, trop habitués à la tricherie du spectacle moderne et de la télé réalité, feignent de croire que les cornes des taureaux sont en carton.
     
    C'est tout le contraire : depuis les années 1930, jamais les blessures de toreros n'ont été aussi nombreuses que ces dernières années. Et même les morts, alors que, pourtant, les progrès de la chirurgie et des médicaments auraient dû les réduire.
     
    Je sais bien que ce débat est sans fin. Le débat entre défenseurs et adversaires de la corrida est un dialogue de sourds, les anti-taurins étant peu nombreux mais très organisés en un groupe de pression efficace. Cette mobilisation a contraint les "aficionados" à s'organiser à leur tour en un Observatoire des cultures taurines, devenu le seul interlocuteur légitime auprès des pouvoirs publics.
     
    Je n'entends pas jouer au prosélyte – chacun est libre d’aimer ou de ne pas aimer - mais faire en sorte que le débat, s'il a lieu, le soit, non à partir de préjugés caricaturaux, mais de faits avérés.
     
    Et peut-être de conseiller aux anti-taurins des causes qui leur permettraient de sauver des vraies vies, des vies humaines. De s’engager auprès de l’UNICEF, de la Croix-Rouge ou, pourquoi pas, de s’attaquer à Carrefour, à Leclerc, à Auchan qui produisent plus de viandes en une semaine qu’aucune arène en un an. Voire de s’attaquer aux conditions d’abatage ou d’élevage en batterie où l’on vit, si l’on peut appeler ça vivre, sans voir la lumière du jour !
     
    [1] Depuis le 1er juillet, les lecteurs de "Libération" sont privés d’une page que, depuis quelques années, ne connaissaient que les lecteurs du sud de la Loire, la page tauromachie, et avec elle la plume d’un écrivain, Jacques Durand, que tous les afficionados vénèrent autant que les connaisseurs de la petite reine vénéraient Antoine Blondin, comme je l’ai écrit dans "Libération" en août dernier. Ceux qui veulent continuer à lire cette belle prose peuvent s’abonner pour une somme modique de 34 euros en allant sur le site de l’atelier baie.
     

    Je suis contre la corrida : ce n'est qu'une entreprise de pure barbarie

    Modifié le 15-09-2012

    http://leplus.nouvelobs.com/contribution/626221-je-suis-contre-la-corrida-ce-n-est-qu-une-entreprise-de-pure-barbarie.html

    Une demande d'interdiction de la corrida a été pour la première fois plaidée mardi devant le Conseil constitutionnel, relançant le débat sur cette pratique. L'éditorialiste Jean-Marcel Bouguereau avait expliqué ici même les raisons de son attachement à la corrida. Notre contributeur Yves Paccalet lui répond et défend la position inverse.

                 Un taureau à terre lors d'une corrida disputée à Madrid, le 16 mai 2011 (D.OCHOA DE OLZA/SIPA).

    Pour prouver qu’ils affectionnent un spectacle rempli de "beauté", de "noblesse", de "grandeur" ou de "dimension métaphysique", les "aficionados" déploient des trésors de rhétorique. Jean-Marcel Bouguereau, dont j’ai apprécié nombre de papiers dans "Libération" puis dans le "Nouvel Observateur", a livré ici-même un curieux plaidoyer en faveur des massacreurs de l’arène.
     
    Pour démontrer l’absurdité des arguments qu’il avance, je n’hésite pas à utiliser un vieux truc de pamphlétaire : je remplace, dans son texte, des mots par d’autres. Où il écrit "corrida", je mets "combat de gladiateurs" ou "jeux du cirque", et ainsi de suite.
     
    Je laisse le lecteur décider de la pertinence de la manipe. Ce texte est le sien. Les mots originaux que je détourne sont barrés. Mes substituts apparaissent en italiques. Ça ne marche que trop bien, hélas !
     
    Démonstration…
     
    "Oui, j’aime la corrida le combat de gladiateurs et j’ose le dire, ce qui, en ces temps où la société érode tout ce qui dépasse, n’est guère politiquement correct. Mais je comprends aussi qu’on puisse ne pas aimer pas la corrida le combat de gladiateurs.
     
    De là à la le faire interdire, c’est excessif, d’autant que les anti-taurins opposants aux jeux du cirque en font, pour les besoins de leur cause, une caricature qui ne peut que repousser dans leurs bras tout être normalement constitué. Car qui est pour la souffrance ? Pour le sang ? Pour la torture ?
     
    Contrairement à l’image qui est véhiculée, les "aficionados" amateurs de jeux de cirque n’aiment pas voir le sang couler. Ni celui du taureau rétiaire, ni celui du torero mirmillon.
     
    Mais cette campagne, souvent violente […] dit beaucoup de choses sur notre société, sur son rapport à la mort et aux animaux esclaves.
     
    Des millions d’animaux d’esclaves souffrent quotidiennement à cause […] des mauvais traitements infligés par leurs maîtres, jusqu’aux conditions qui, dans les abattoirs riches villas, président à leur mort.
     
    Mais si certains se focalisent sur la corrida les jeux du cirque, c’est que la mort est devenue insupportable. Dans notre société aseptisée, elle fait partie du non-dit, du non-montré, alors que, dans les siècles précédents, elle était omniprésente par la guerre, la famille et les épidémies.
     
    L’arène Le cirque est devenu(e) l’un des seuls lieux où la mort n’est pas cachée. Et où, pour le torero gladiateur, "la vie prend son sens, car on sait qu’on peut y mourir" […].
     
    Certains anti-taurins opposants aux jeux du cirque, qui projettent peut-être leurs propres valeurs sur tous les hommes, n’imaginent que des toreros gladiateurs cruels, pervers, qui aiment voir souffrir des animaux humains, alors que nous détestons la souffrance et que, là où ils voient cruauté, nous ne voyons que beauté et grâce.
     
    […] Comment donner raison à ceux qui, parce qu’ils aiment leur chien ou leur chat, confondent taureau de combat gladiateur et vache femme ?
    Cet "amour" aveugle des bêtes humains dissimule souvent une méconnaissance de la nature animale humaine et trahit toujours une ignorance des conditions de vie des taureaux gladiateurs. […]
     
    Ce que les anti-corridas opposants aux jeux du cirque n’aiment pas, c’est moins la souffrance du taureau gladiateur que le fait que sa mort soit montrée, soit donnée en spectacle, même s’il n’y a sans doute pas plus belle vie que celle d’un taureau esclave de combat.
     
    Mais, eux, ne parlent jamais de ça. La vie du taureau gladiateur ne les intéresse pas. Pour aggraver notre cas, nous pensons que la corrida le combat de gladiateurs est porteuse porteur des valeurs de l’écologie : c’est un des derniers grands élevages extensifs ; les conditions d’élevage et le respect des conditions de vie des animaux gladiateurs sont les meilleurs par rapport à la mécanisation industrielle de l’élevage intensif ; c’est un rapport homme-animal homme-homme qui respecte ce dernier dans sa vie et sa mort, puisqu’il meurt en combattant ; enfin, c’est la défense de la biodiversité.
     
    […] Non, nous n’allons pas aux arènes pour voir un animal être humain souffrir, nous allons voir un animal gladiateur bravo combattre jusqu’à la mort. La corrida Le combat de gladiateurs est une parabole de l’humanité où l’on nous montre une histoire, celle qui, un jour, fit que les hommes dominèrent le monde animal des hommes en réduisirent d’autres en esclavage. C’est cette tragédie que la corrida le combat de gladiateurs met en scène."
     
    Une pratique insupportable
     
    Bon. Vous avez compris… Tout le reste de l’article se prête à la même manipulation. Preuve qu’aucun des arguments de Jean-Marcel Bouguereau ne résiste à la critique essentielle des ennemis de la corrida : il s’agit là d’une entreprise de pure barbarie.
     
    La tauromachie peut compter sur d’efficaces lobbyistes. Elle a été récemment inscrite par l’UNESCO au patrimoine immatériel de la France. Au même titre que la tarte tatin, le fest-noz, la tapisserie d’Aubusson ou les parfums de Grasse… La France, avant l’Espagne ou le Mexique, est le premier pays du monde à élever l’art de torturer les taureaux à ce rang prestigieux. Jean-Marcel Bouguereau peut jubiler !
     
    Dans la même volonté de préservation des manifestations majeures de l’intelligence du peuple français, je propose que soit inscrite au patrimoine immatériel de la France l’ingénieuse, efficace et humaniste invention du docteur Guillotin, à savoir la guillotine, dite aussi "bascule à Charlot", "coupe-cigare" ou "tranche-col".
     
    Cette machine à séparer la tête des condamnés du reste de leur corps incarne le génie français dans ce qu’il comporte de plus cartésien et de plus subtil. La Terre entière nous l’envie. Comme la corrida, la guillotine est "culturelle". Elle a alimenté maintes œuvres du savoir et de la création, dans les domaines de la poésie, de la littérature, des beaux-arts, de la musique, du théâtre et du cinéma, ce qui suffit à souligner sa valeur universelle.
     
    Guillotine et corrida, même combat ! En exaltant l’une et l’autre, on se sent fier d’être humain.


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  • Tour de France et abattage de cervidés

    Progressivement, le tour de France cycliste a perdu de son charme. Avec les nombreux scandales liés au dopage, peut-on s'en étonner. Cette manifestation sportive estivale est devenue tout au plus un prétexte pour occuper quelques vacanciers en mal de loisirs. Comme certains autres sports, il est devenu un business.

    Mais passons...

    Organiser une battue et abattre des cerfs, des chevreuils et des biches sous le seul prétexte d'assurer la sécurité des coureurs, avouez que c'est tout simplement monstrueux.

    Monsieur le préfet d'Eure et Loir, vous êtes un barbare. En quelque sorte vous cautionnez des pratiques liées à la chasse de plus en plus controversées et d'une autre époque. Jusqu'où irez-vous, pour soi-disant assurer la sécurité ? Les coureurs ont bien plus de chance d'être bousculés par les spectateurs imprudents qui se massent sur le parcours.

    L'article de l'écho aurait été plus complet s'il avait mentionné la destination de ces deux pauvres bêtes innocentes. Je suis prêt à parier mes moustaches qu'elles ont fini dans l'assiette des " Hautes " personnalités du département. Ils ont probablement échaffaudés, durant  leurs agapes, quelques autres plans d'abattages prochains. 

    C'est aussi cela, la France !

    Gaulois.



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  • Libertinage à Pôle Emploi

      








    J'aurais pu placer cet article dans la rubrique « Travail – Emploi », mais franchement, c'est trop cocasse et il trouve mieux sa place ici.
    Faut-il penser Que pôle Emploi craint la débauche ?
    Pour ce qui est du caractère discriminatoire de l'annonce, il n'est pas du tout certain que la « Noble » institution soit aussi sévère en d'autres domaines.
    Allez comprendre.

    Gaulois. 

     

     


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  • Ligne à très haute tension de l'EPR : une filiale d'EDF condamnée à arrêter des travaux

     C'est une victoire, mais la partie n'est pas finie. La puissance du lobbie nucléaire passe souvent au dessus des lois qui, ne l'oublions pas sont sur le fond, suggérées par ces mêmes lobbies à leurs complices politiques.

    N'hésitez pas à visiter le site de l'observatoire du nucléaire, très informé et documenté : http://www.observatoire-du-nucleaire.org 

    Gaulois. 

    http://observ.nucleaire.free.fr/rev-presse-2012-09-2.htm

    La société RTE, filiale d'EDF, a été condamnée jeudi en référé à Coutances (Manche) à cesser, sur la parcelle d'un agriculteur placé en garde à vue en juillet, les travaux de construction de la ligne à très haute tension (THT) liée au réacteur EPR en chantier à Flamanville (Manche). (c) Afp

    La société RTE, filiale d'EDF, a été condamnée jeudi en référé à Coutances (Manche) à cesser, sur la parcelle d'un agriculteur placé en garde à vue en juillet, les travaux de construction de la ligne à très haute tension (THT) liée au réacteur EPR en chantier à Flamanville (Manche).
    "RTE a commis une voie de fait en n'ayant pas obtenu un arrêté préfectoral d'occupation temporaire de la propriété et en entrant sur la propriété sans avoir obtenu l'accord préalable des propriétaires et à défaut l'autorisation d'un juge", a dit à l'AFP Eric Minnegheer, juge des référés à Coutances.
    Le juge était saisi par les propriétaires des terres, Sylvie Hubert et Yves Larsonneur. Ce dernier avait passé une dizaine d'heures en garde à vue le 31 juillet pour avoir "bloqué physiquement un chantier déclaré d'utilité publique", selon la préfecture de la Manche.
    M. Larsonneur dit qu'il était simplement en train de travailler sur son tracteur dans son champ lorsqu'il a été arrêté le 31 juillet. Il a dénoncé les conditions de cette interpellation, affirmant que son fils de 17 ans avait été comme lui plaqué au sol et s'était vu prescrire en conséquence 10 jours d'interruption temporaire de travail (ITT).
    M. Minnegheer, qui est aussi président du tribunal de grande instance de Coutances, a ordonné à RTE de quitter les lieux et d'arrêter les travaux sur cette exploitation située à Montabot (Manche), sous peine d'une astreinte de 5.000 euros par jour de retard.
    RTE a fini de construire deux pylônes sur cette exploitation mais doit encore installer les câbles et couper des arbres.
    Le juge a en outre ordonné une "expertise pour faire évaluer" d'ici quatre mois "les conséquences dommageables" de cette voie de fait.
    Dans une décision distincte, M. Minnegheer a fait droit à la demande d'expertise de Mme Hubert qui "se plaint d'avoir été renversée" mi-août par une grue conduite par un employé d'un sous-traitant de RTE. Mais il a rejeté la demande d'indemnisation par RTE, qui n'est pas l'employeur direct.
    Mme Hubert, qui a par ailleurs déposé une plainte au pénal pour ces faits, dit avoir écopé de 21 jours d'ITT.
    L'avocat du couple, Me Gervais Marie-Doutressoulle, interrogé par l'AFP, a salué une "victoire totale". "Après l'humiliation faite par RTE à M. Larsonneur, d'une certaine façon c'est M. Larsonneur qui humilie RTE qui doit dégager le terrain", a-t-il dit.
    Cette décision "protège" potentiellement tous les propriétaires concernés par cette THT qui n'ont pas passé d'accord à l'amiable avec RTE, a-t-il ajouté. Selon lui, RTE ne dispose nulle part de l'arrêté préfectoral d'occupation provisoire.
    En janvier, RTE avait indiqué que 15% des propriétaires concernés n'avaient pas signé un accord à l'amiable.
    La société va faire appel du premier jugement, a indiqué à l'AFP son avocat Me Scanvic, assurant que le juge de Laval, notamment, a pris une décision contraire début août sur cette THT, dans un dossier similaire.
    RTE va aussi demander au préfet les arrêtés jugés nécessaires par le juge de Coutances et "si le préfet va vite", ce jugement n'entraînera "aucun retard sur les travaux", a ajouté Me Scanvic. Le juge a donné huit jours à compter de la notification pour suspendre les travaux, a-t-il précisé.
    La THT dite Cotentin-Maine, qui doit sur 163 km acheminer l'électricité du futur réacteur EPR de Flamanville, doit entrer en service en 2013. Elle est vivement contestée car des soupçons pèsent sur les répercussions des THT sur la santé.


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  • Surnuméraires ou au centre du système ?

    En janvier 2004, j'étais parmi les destinataires de ce texte. Ecrit par Miguel Benasayag et des acteurs du mouvement des intermittents, des sans-logis, des sans-papiers et des sans-travail …Aujourd'hui, j'ai envie de le partager avec vous. Il est long, mais il mérite vraiment le détour de la lecture et de la réflexion. Il répond parfaitement aux deux citations : Le système cherche à nous faire croire qu'il y a des "surnuméraires", des "exclus"... Alors qu'en réalité, tous sont des inclus qui font fonctionner le système en permettant la destruction du droit du travail, des règles d'échange et de création.
    Ces "humains en trop" s'accrochent à la vie, créent la vie, inventent les résistances et font exister l'autre monde dans les luttes d'aujourd'hui. Car si cette réflexion date de 2003 .. 2004, elle reste d'actualité.
    Gaulois.

    Les humains en trop

    Par Miguel Benasayag, Mathurin Bolze, Sylvie Blum , Carmen Castillo,
    Mary Chebbah, Jean-Baptiste Eyraud, Valérie Lang, Maguy Marin,
    Stanislas Nordey, Julie Paratian, François Tanguy, François Verret

    Déclaration du collectif 53

    L'été 2003 restera longtemps dans la mémoire collective.

    Notre société se comporte comme s'il y avait « des humains en trop »,
    des surnuméraires. Nous sommes à notre manière de ceux-là.

    Nous, les surnuméraires de l'art et de la culture, nous nous adressons
    aux autres surnuméraires, ceux qui le sont déjà ou ceux en voie de le
    devenir.

    Chez les surnuméraires, nous sommes parmi les plus « inutiles » de
    tous. Parce que nous ne servons à personne, sinon à tout le monde,
    nous vous parlons. Nous sommes peut-être votre miroir.

    Parmi nous, bien sûr, il y a des différences. Nous sommes nombreux.
    Certains plus protégés que d'autres. Il y a des contradictions, des
    désaccords. On voudrait nous opposer, peut-être même nous opposer à
    vous, les autres surnuméraires.

    On nous parle de rationalité, d'économie, de crise, mais à la fin de
    tous ces discours, on se trouve toujours avec la même conclusion : il
    y a des humains en trop.

    Alors, on licencie, on expulse, on surveille, on emprisonne, on crée
    la méfiance. L'autre, le « pas moi », l'autre, n'est plus ni parfum,
    ni musique, il est devenu le bruit et l'odeur.

      C'est la guerre des pauvres entre eux, et la solidarité est
    criminalisée.

      Tout ça au nom de la rationalité, mais de quelle rationalité ?

    Les villes que la rationalité comptable a construites, sont propres,
    fonctionnelles, sauf que personne ne veut y habiter, car la vie n'y
    est plus.

    On doit se contenter de survivre, et encore, sans faire de bruit, sans
    déranger, et sous haute surveillance.

    Chaque plan quinquennal soviétique était irréprochable, sauf qu'il
    avait comme conséquence la mort de millions de paysans. La vie dans
    les plans est parfaite, à ceci près qu'elle y disparaît.

    Aujourd'hui, il n'y a plus de « soviétiques », c'est au nom du
    réalisme, de la loi du marché, que l'on marche au pas, et s'il n'y a
    plus de commissaires politiques, c'est parce que chacun de nous l'est
    devenu un peu. Notre système a réussi à implanter un mirador dans
    chaque tête.

    Les lois de l'économie, nos nouveaux dieux, exigent le sacrifice des
    inutiles, le salut exclusif pour ce qui est utile, mais utile
    pour qui ?

    Ce qui est utile pour la rationalité économique, ne coïncide pas
    toujours avec la vie.

    Voyez cet homme, contaminé par la logique utilitariste, qui voulait
    éduquer un âne à vivre sans manger. Il lui donnait à manger un jour
    sur deux, puis un jour sur trois et ainsi de suite. Pas de chance,
    quand celui-ci eut vraiment appris à vivre sans manger, il est mort.
    Ou encore, ces nourrissons bien alimentés et bien propres, mais privés
    de l'attention et de la tendresse des infirmières, qui mourraient
    quand même. On ne comprenait pas. Ils avaient, certes, ce qui d'un
    point de vue simpliste est considéré comme utile, ce qui satisfait les
    besoins primaires, mais juste assez pour survivre, pas assez pour
    vivre.

    De la même façon, plan après plan, la vie disparaît à la plus grande
    surprise de ceux qui veulent simplement, disent-ils, nous épargner
    « l'inutile », simplement dégraisser la machine.

    Car c'est quand le pouvoir commence à dicter ce qui « est utile » et
    ce qui est « inutile », que la vie même est en danger.

    Nous sommes montrés du doigt accusateur par les maîtres « vous n'êtes
    pas utiles, pas assez rentables, il faut rationaliser tout ça » et ils
    cherchent la complicité des autres secteurs de la société.

    « Regardez, regardez . ils veulent faire du théâtre, de la danse, des
    films, de la musique . alors que c'est la crise, vous êtes bien d'
    accord avec nous, c'est un scandale ! »

    Mais hier, ils disaient . « Regardez, regardez, ils sont vieux, et ils
    vivent « trop » longtemps, vous n'allez quand même pas payer
    pour eux ! »

    Sans oublier, quand ils disent, « Regardez, regardez.
    Ils ne sont pas de chez nous
    Ils n'ont pas de maison
    Ils ne produisent pas de bénéfices
    Ils sont handicapés, ils nous coûtent très cher
    Ils sont en taule, et ils veulent des droits
    Ils veulent une école qui ne soit pas soumise aux entreprises
    Ils.ils ..ils. »

    Et à chaque fois, le conditionnement avance en créant des désaccords
    entre les victimes, des complicités avec les maîtres.

    Ils vous disent encore :
    «Mais, vous qui n'est pas comme eux, vous êtes Français.vous avez un
    travail.vous êtes blanc.vous êtes jeune..vous êtes .. ». Et l'autre n'
    est plus seulement le bruit et l'odeur, mais « l'insécurité ». Celui
    qui peut vous piquer votre boulot, votre maison, votre mobylette .
    votre rien.

    Rationaliser veut dire gommer les différences, supprimer les
    diversités peu « rentables ». La dérive économique projette par
    exemple d'éliminer la biodiversité : un monde bien rangé, bien
    discipliné, n'aurait pas besoin de tant d'espèces. Mais qui peut
    vraiment savoir ce qu'impliquera la disparition d'ici 50 ans de la
    moitié des espèces vivantes ?

    Personne. Ces espèces n'existent pas dans des mondes clos, dans des
    mondes étanches, et leur disparition ne manquerait donc pas de nous
    emporter en bonne partie. Le monde réel, n'en déplaise aux
    économistes, est très « mélangé », il relève d'une constellation
    indissociable, ou au moins non amputable en toute impunité pour ceux
    qui restent.

    La biodiversité, c'est aussi les métèques, les sans papiers, virés,
    eux aussi. Mais s'ils nous laissent « entre nous », si nous les
    laissons partir . nous perdons à jamais une partie de nous-mêmes.
    A chaque fois, que l'(ir)rationnel économique » élimine un secteur de
    la société, ceux qui restent, ne restent jamais « entiers », le
    problème de l'exclusion est, avant et surtout, qu'elle rend malade de
    mort la société qui exclut. En fait de « rationalité » économique, il
    s'agit en effet d'une véritable irrationalité fondée sur une croyance
    aveugle en la toute puissance de la logique utilitariste. Mais rien n'
    est maîtrisé. Ses résultats sont hasardeux, voire désastreux pour la
    vie.

    Rationaliser veut dire . faire table rase des problèmes. Seul petit
    inconvénient, les « problèmes » pour notre société, ce sont les corps,
    les humains. Dégraisser, délocaliser, programmer . difficile d'être
    plus raisonnable, plus rationnel, ils veulent juste « enlever l'
    inutile » . Mais l'inutile des marchands est le fondement de la vie
    pour nous. Et si l'on continue à enlever l'inutile selon la logique
    néolibérale, la vie même est en danger.

    La vie est inutile, le sens de la vie est immanent.

    Nous sommes ceux qui rappellent une chose très simple à la société :
    nous ne savons pas pourquoi nous nous levons le matin, pourquoi nous
    aimons, pourquoi . nous vivons.

    TChong Tse écrivait : « Tout le monde connaît l'utilité de l'utile
    mais personne ne connaît l'utilité de l'inutile ».

    L'inutile, c'est la vie, c'est l'art, c'est l'amitié, c'est l'amour,
    c'est ce que nous cherchons au quotidien comme fondement de tout ce
    qui, de surcroît, est vraiment utile, tout ce qui a vraiment de la
    valeur.

    Nous, les surnuméraires de l'art, nous sommes ce rappel quotidien et
    insupportable pour le pouvoir du « non sens » de la vie, fondateur de
    tout sens.

    Les Indiens disent aux pouvoirs qui les écrasent : « Vous ne pouvez
    rien nous offrir, car nous sommes déjà morts ».

    Ils entendent par là que pour eux, une survie, où l'on désire ce que
    le maître peut nous offrir, c'est une mort. Pourtant, comme eux, nous
    réclamons des droits, comme eux, nous défendons des acquis, car pour
    eux comme pour nous, droits et acquis ne sont pas des possessions du
    maître, c'est ce qui nous appartient.

    Le « nous sommes déjà morts » est paradoxalement un chant à la vie,
    car il affirme tout simplement « Tu ne m'auras pas comme complice . ce
    que tu m'offres en échange de ma survie ne mérite pas que je laisse
    tomber l'autre. Bien sûr, toi, tu crois que je devrais être content et
    dire merci, parce que n'est pas encore venu le temps que pleuvent les
    coups sur moi. »

    Eh bien non. Que personne ne se trompe, il ne s'agit pas aujourd'hui
    de revendications sectorielles, de querelles de clocher, car ce qui
    est en jeu, c'est la résistance à un modèle de société, à un modèle de
    discipline, à un mode d'oppression, à la vie devenue tristesse.

    La production capitaliste est diffuse et inégale. C'est pour cela que
    la lutte, la résistance doivent être multiples mais aussi solidaires.
    Il n'y a pas de libération individuelle ou sectorielle. La liberté ne
    se conjugue qu'en termes universels, ou, dit autrement : ma liberté ne
    s'arrête pas là où commence celle de l'autre, mais ma liberté n'existe
    que sous la condition de la liberté de l'autre.

    Aujourd'hui nous sommes tous face à un choix de société, non pas à un
    choix abstrait, lointain, mais à un choix qui implique la façon dont
    nous allons continuer à vivre très concrètement. Nous ne parlons pas
    de sociétés idéales, ou de modèles politiques à suivre, mais de formes
    concrètes de vie, dans le seul monde possible qui est celui-ci. Soit
    nous désirons à vide et de façon velléitaire un « autre monde », et
    nous subissons la voie de l'utilitarisme. Soit nous assumons ce monde
    qui est le nôtre aujourd'hui, ici et maintenant, celui où le corps,
    des corps commencent à se mettre en mouvement.

    Autant dire, soit nous nous contentons de la survie disciplinaire, de
    la tristesse, soit nous résistons et construisons la vie, joyeuse et
    multiple, donc solidaire.

    Nous, nous ne voulons pas que la vie ait comme sens unique celui de
    l'utilitarisme. Celui où tout sert à quelque chose, où il y a toujours
    un but, une fonction pré-établie. Car dans le « sens unique », il ne
    reste plus de temps pour réfléchir, pour questionner.nous sombrons
    alors dans la société de l'urgence, de toutes les urgences.
    Et, l'urgence est la meilleure façon de discipliner les gens. « Nous
    sommes d'accord, disent les maîtres, bien sûr, mais plus tard, plus
    tard »

    C'est plus tard pour la vie.
    C'est plus tard pour la dignité.
    C'est toujours plus tard pour la solidarité.

    Pour le moment, c'est l'urgence, et ils adorent ça, nos maîtres, les
    temps d'urgence, « Branle bas de combat . et je ne veux plus voir qu'
    une seule tête ».

    Et ces artistes qui questionnent sans cesse le sens de la vie ! Mais
    quelle drôle d'idée ! On se contenterait bien de les voir faire un peu
    de cirque pour amuser les gens, et l'économie, bien sûr, dirigerait
    aussi le cirque et les clowns deviendraient des fous du roi.

    Les maîtres ne se trompent pas. Notre choix de vie implique un choix
    de société : celle qui ne veut pas seulement éduquer utile, penser
    utile, armer les enfants pour l'avenir, gérer efficace, aller vite,
    produire plus. Une société où la pensée, la poésie, la philosophie, la
    rêverie ne sont pas considérées comme hors programme. Où la notion de
    gratuité du temps, de l'échange, sont à nouveau une évidence.

    Et si nous refusons l'utilitarisme, ce n'est pas parce qu'il
    représente un modèle de vie qui nous déplaît, mais c'est au nom de la
    vie elle-même . Cela fait-il de nous des gens ridicules?

    Oui, mais aux yeux d'un pouvoir qui se cache derrière le « sérieux
    gestionnaire ». Et ce sérieux-là, justement, nous ne le trouvons pas
    très sérieux.

    Attention, ils nous désignent comme des surnuméraires, et pour
    beaucoup de gens, tomber sous cette désignation-là, revient aujourd'
    hui, à une condamnation grave : chômage, arrêt de soins, fin de
    droits, expulsion, isolement, mort.

    Alors, plutôt que d'essayer de nier, nous disons, oui nous sommes des
    surnuméraires, mais seulement dans VOTRE modèle de société et même si
    votre modèle est aujourd'hui dominant, la vie, elle, continue, à
    travers la création, la solidarité, la pensée, la résistance.


    Nous parlons pour les « surnuméraires » qui sont partis cet été.
    Une société qui est capable de laisser mourir ses « inutiles », ses
    « vieux », est une société qui n'a plus d'histoire, qui n'a plus de
    dignité, car les ancêtres ont pour toujours disparu, en laissant la
    place à cette nouvelle catégorie de l'économie, le troisième âge.

    A cette société-là, qui cache ses faibles, qui oublie ses vieux, qui
    expulse les handicapés derrière des murs pour oublier sa fragilité, c'
    est-à-dire la condition humaine, à cette société-là, nous, qui nous
    déclarons et nous revendiquons « surnuméraires », nous lui disons que
    la résistance est devenue la seule forme de vie qui nous semble encore
    digne d'être vécue.

    Nous n'avons pas, pour contester, pour résister, à nous déguiser en
    ministres alternatifs, nous n'avons pas à singer les gestes du
    pouvoir. Le sérieux ne réside pas dans les formes, mais dans le désir
    et la construction de la solidarité, ici et maintenant.

    Nous comprenons en revanche très bien le message des maîtres : « Tente
    de te sauver seul, prends la place de celui qui vient d'être viré ».
    Pour nous, la seule idée de se « sauver seuls » est l'image de se
    perdre à jamais. Ceux qui nous comprennent, comme nous, désirent la
    vie. Ceux qui disent ne pas nous comprendre, en réalité ont déjà
    choisi leur camp, celui de la survie. Le choix n'est pas entre être
    fort ou être faible, car la réalité la plus profonde de la vie est que
    nous sommes une constellation où tout est nécessaire, et c'est cela
    que nous nommons fragilité.

    Nous sommes ceux qui rappellent cette fragilité-là. Nous ne voulons ni
    plus de force ni nous extraire tous seuls de la faiblesse. Nous
    déclarons du fond de notre « rien du tout » qu'au delà de la force et
    de la faiblesse, existe cette fragilité, tout simplement la vie.

    Nous sommes des surnuméraires entourés d'autres surnuméraires déjà
    disparus, en danger, ou de futurs surnuméraires, surnuméraires sans
    passé, sans avenir.

    Aujourd'hui, on crie haro sur le désir. On nous dit que nous sommes
    les fainéants qui veulent une vie dans le désir, l'art, la pensée,
    pendant que, eux, « sérieusement » veulent et imposent une vie
    disciplinée par la finance. La seule vie sérieuse serait la vie qui,
    en tournant le dos au désir, se disciplinerait aux besoins. Besoins,
    normés, créés, énoncés par le pouvoir économique. Et ils nous invitent
    à prendre la place de « fonctionnaires de la culture » dans leur
    société.

    Nous, nous vous disons, que c'est vrai, nous sommes désirants.
    Car, tout changement social doit commencer par une exploration et le
    déploiement de nouvelles et plus puissantes formes de désirer. L'
    histoire nous l'a appris, ceci n'est pas faisable depuis un pouvoir
    central.

    L'art répond à la nécessité naturelle de vivre et de se développer
    dans la multidimensionalité des situations, c'est pourquoi,
    aujourd'hui, depuis l'art, on peut résister au formatage unidimensionnel
    de la vie.

    L'espace, les espaces de l'art, ont toujours été ces espaces publics,
    ces véritables laboratoires sociaux, où les gens expérimentent, d'
    autres dimensions, d'autres « esthétiques de vie ».

    Ce monde unifié, qui est un monde devenu marchandise, s'oppose à la
    multiplicité, aux infinies dimensions du désir, de l'imagination et de
    la création. Et il s'oppose fondamentalement à la justice (.)

    Résister, c'est créer et développer des contre-pouvoirs et des
    contre-cultures. La création artistique n'est pas un luxe des hommes,
    c'est une nécessité vitale dont la grande majorité se trouve pourtant
    privée. Dans la société de la tristesse, l'art a été séparé de la vie
    et, même, l'art est de plus en plus séparé de l'art lui-même, possédé,
    gangrené qu'il est par les valeurs marchandes.

    Nous, les surnuméraires de l'art, nous luttons donc, pour que la
    création dépasse la tristesse, c'est-à-dire la séparation, pour que la
    création puisse se libérer de la logique de l'argent et qu'elle
    retrouve sa place au cour de la vie.

    Les maîtres nous veulent séparés, ils ont besoin de notre tristesse,
    de notre peur, et ils veulent ainsi garder un art pour les élites, et
    un « sous-art » pour les autres, encore une séparation que nous
    refusons.

    Peu à peu, nos sociétés de la tristesse et de la discipline ont
    construit un quotidien dans lequel la seule chose qui importe est le
    bénéfice, le bénéfice économique. Ainsi, tout travail, toute activité,
    n'a plus que ce seul objectif : le profit.

    Produire des marchandises, et le travail réel que cela implique,
    devient pénible, trop long, pas assez efficace. L'argent de la
    spéculation «crée» une autre circulation monétaire où l'argent même
    n'a plus d'existence, argent virtuel, travail virtuel, vie virtuelle.
    Les corps que, bien entendu, on continue à utiliser pour surproduire,
    seront dorénavant cachés, délocalisés, sans lieu. A la surproduction
    de l'irrationnel néolibéral correspond la misère de celui qui la
    produit.

    Pour nous, l'objectif du travail, continue naïvement à être la
    création. Nous sommes en ce sens-là, des «archaïsmes » pour le
    système.

    Mais, quand nous parlons des conditions de la création artistique, ils
    n'entendent que des questions d'argent. Or, leur projet n'est pas de
    faire des économies ou de corriger des disfonctionnements techniques
    de statut, mais de discipliner le milieu de l'art. De l'argent pour
    les productions normalisées, il n'en manque jamais.

    Nous, nous disons qu'ils s'attaquent au fondement de notre travail :
    le lien social, qui est la condition sine qua non de la création
    artistique.

    Nous parlons ici d'une tendance du pouvoir utilitariste et
    disciplinaire qui a comme conséquence la dissolution du lien social,
    la destruction des synapses du corps social qui garantissent que ce
    qui fait mal à l'autre me fait mal aussi. Ce sont ces liens de
    solidarité, ces liens sociaux qu'ils attaquent à travers nous.

    Les conditions d'existence de l'art. Des conditions d'existence tout
    court

    Nous soutenons que les conditions d'existence de l'art sont les mêmes
    que les conditions d'existence de la vie.

    On ne peut impunément dégraisser, rationaliser, discipliner l'art,
    sans lui faire perdre sa signification, son devenir, son existence. On
    ne peut pas dire : les vraiment forts en art s'en sortiront. Outre le
    malthusianisme grossier de ces propos, ils sont faux.

    La question de « l'excellence dans l'art », est une question piège.
    D'abord, le critère d'excellence est précisément ce que les
    contemporains ne peuvent pas définir. Et puis une fois encore, on ne
    voudrait garder que les «bons» travailleurs, les «bons» Français, vous
    voyez bien, ils sont gentils, ils ne veulent virer que l'inutile. Bien
    sûr... pour sauver l'art .

    Mais, il existe des conditions quasi biologiques de l'existence de
    l'art. On ne peut pas détacher une filière d'un corps pour dire : c'est
    celui-là qui m'intéresse. Car le corps est complexe. Il est impossible
    de dire à l'avance d'où va sortir l'art, impossible de savoir à
    l'avance si tel élément du soubassement ne va pas donner quelque chose
    de fort.

    L'oeuvre d'art émerge d'un certain chaos. Sans moment chaotique, sans
    soubassement multiple et contradictoire, pas d'émergence. Et le
    bouillon de culture n'est ni quantifiable, ni qualifiable.

    Ce qui, du point de vue de la rationalité économique est perte de
    temps (et le temps c'est de l'argent), n'est ni plus ni moins que
    l'existence toujours multiple, de contradictions, de dissensions, bref,
    de ce qui ne peut être mis au pas.

    Toute mise en forme par voie unique est une mise en norme
    disciplinaire.

    L'activité artistique participe à la création de nouveaux possibles,
    de nouvelles dimensions de la vie.

    Mais, dans le champ de l'art, se jouent bien entendu, des conflits
    centraux pour toute société, car c'est dans ces dimensions multiples
    que de nouvelles formes esthétiques, de nouvelles formes d'être
    commencent à s'exprimer.

    Nous constatons qu'il n'y a pas de progrès pour la justice sociale
    sans développement de cet espace de pensée et de recherche collective
    qu'est la multitude d'activités artistiques, et vice versa.

    Paradoxalement, l'art ne peut s'identifier au spectacle dans une
    société où les gens regardent passivement le spectacle de leurs vies.
    L'art, en effet, n'a pas pour vocation d'être un divertissement
    spectaculaire, car il ne crée pas la séparation de tout un chacun avec
    sa propre vie. Notre travail n'est pas de divertir pendant que la
    répression avance.

    Bien au contraire, l'art est ce qui, à travers la subjectivité, nous
    permet l'accès au concret, au réel. Dans la vie devenue spectacle, les
    hommes et les femmes devenus spectateurs de leurs propres vies,
    s'opposent à l'art, car l'art, la création artistique construisent du
    concret. Du spectacle non spectaculaire, de la présence, non de la
    représentation.

    Dans la société disciplinaire, il n'y a plus de corps, il n'y a que
    des chiffres, des bonnes ou des mauvaises affaires, la vie devient peu
    à peu virtuelle. Spectateurs passifs de la vie, nous n'avons que de
    « lointaines nouvelles » de nous-mêmes, à travers des informations
    mises en spectacle.

    Nous désirons avant tout et surtout développer le concret de la vie,
    contre sa virtualisation marchande. Pour nous, le but n'est pas le
    profit ; ce que nous produisons, fait partie de nous, ce n'est pas un
    alibi pour gagner de l'argent.

    Si le prolétaire est celui qui est séparé du produit qu'il fabrique,
    du produit réduit à une monnaie d'échange, aujourd'hui quand tout le
    monde parle (à la légère) de la fin du prolétariat, nous assistons en
    fait à la prolétarisation, à la précarisation de l'ensemble de la
    société.

    Nous, les artistes, nous sommes encore les représentants d'un monde où
    ce " produit " est un objectif en soi, où la valeur d'usage est au
    moins aussi importante, sinon plus, que la valeur d'échange. En ce
    sens, nous formons une des lignes de résistance au néolibéralisme
    financier.

    On ne cherche pas à gagner en bourse, on veut que notre travail
    corresponde à une valeur d'usage. Notre travail n'est pas virtuel. La
    société est plus virtuelle que nous quand la vie devient un compte en
    banque.

    Les pouvoirs économiques veulent gagner du temps, alors, tout moment
    doit être, un moment productif et productif veut dire visible, donc
    comptable.

    Ainsi, ils nous appellent, en tout cas, pour certains d'entre nous,
    des « intermittents ».

    Mais notre travail n'est pas intermittent. Chez tout artiste, il y a
    continuité. On est visible par intermittence, mais vivant et productif
    en permanence. Tout le travail qui n'apparaît pas, les films non
    faits, les pièces non montées sont essentiels. Nos sociétés sont
    moribondes du rationalisme panoptique qui ne prend en compte que le
    visible, sociétés dans lesquelles tu n'es plus payé pour ton travail,
    mais pour ton temps de travail.

    Il s'agit de ne pas seulement être « force de travail », mais que le
    produit continue à être notre objectif, pour éviter la séparation
    entre nos vies et ce qu'elles construisent.

    On entend beaucoup parler d'exclus, or le secret de cette société
    c'est que personne n'est exclus. L'ascenseur social fonctionne plus que
    jamais, mais en descendant. On fait croire à des secteurs entiers de
    la population qu'ils sont exclus pour qu'ils attendent sagement la
    possibilité d'accéder à des strapontins imaginaires.

    Nous sommes déjà tous inclus, inclus à des places différentes,
    certaines confortables, certaines précaires.

    Il n'y a pas de pays en voie de développement, comme il n'y a pas de
    minorités en voie d'intégration, tout est à sa place dans cette
    société -là. Le modèle de société n'est pas extensible, toute attente
    de « développement », d'intégration est une manière de nous
    discipliner dans l'attente, et toute attente est. « en attendant
    Godot ».

    L'exclusion est la menace permanente dans laquelle nous vivons. Elle
    est devenue une atmosphère tellement « normale », nous sommes
    tellement habitués à cette crainte, qu'on oublie que d'autres sociétés
    ont existé et existent toujours sans logique d'exclusion.

    D'autres sociétés, c'est-à-dire pas uniquement celles du passé ou de l
    'ailleurs, mais simplement d'autres formes sociales au sein même de
    nos sociétés complexes et multiples existent déjà, comme minorités en
    lutte. Il ne s'agit pas de discourir dans le vide sur le souhait de
    tout changer, mais d'arrêter d'être velléitaires, arrêter de souhaiter
    des tables rases, pour nous lancer dans construction du nouveau « ici
    et maintenant ».

    Rester au niveau du souhait éloigne de la justice. La justice et la
    solidarité n'existent que dans des actes concrets de justice et de
    solidarité.

    Ce qui est menacé est très clairement ce qui menace le développement
    de la raison économique, c'est-à-dire le lien social. Le lien social
    est en effet trop opaque pour les maîtres, le lien social n'est pas
    assez « économique ». Résister c'est très concrètement créer du lien
    social.

    Nous produisons, certes de l'inutile, mais en quoi des millions de
    voitures, des millions d'objets seraient, eux, plus « utiles » ? Nous
    savons bien qu'il existe un autre type « d'inutile », mais cette fois
    c'est de l'inutile dangereux, ce sont tous les produits de la
    surproduction néolibérale qui ont comme seule raison d'être leur vente
    ou leur destruction pure et simple.

    L'inutile que nous créons, construit du lien social. Voilà simplement
    pourquoi nous sommes gênants.

    Dans le corps social, les corps ne sont pas tous attaqués de la même
    manière, ni au même moment, mais de ces différences réelles les
    maîtres essaient d'user pour nous dominer.

    Nous vous invitons donc à ne pas céder à ce chant des sirènes qui vous
    propose de devenir bourreaux en attendant d'être les prochaines
    victimes.

    Mauvaise nouvelle . nous sommes toujours là !

    Le pouvoir essaie de nous faire croire que l'on ne pourrait plus se
    permettre le luxe de vivre de vraies vies, que nous devrions nous
    résigner à la survie disciplinaire. Ce qui nous est présenté comme «
    sagesse », est une véritable folie.

    Nous contestons parce que c'est contestable de vivre une survie.
    Soyons sérieux, c'est-à-dire arrêtons de nous prendre au sérieux,
    créons de véritables lignes de résistance, la joie contre leur
    tristesse, la solidarité contre leur discours sécuritaire, la création
    contre leur destruction de la vie.

    Leur faiblesse réside dans le fait que nous ne désirions pas comme
    eux, que nous ne voulions pas être à leur place. Oui, nous désirons
    autrement, ou peut-être, nous désirons tout court.

    Ni leaders, ni partis, ni programmes, ni modèles, une infinité de
    lignes de résistance, sans commissaires politiques, ni bonne ligne à
    suivre.

    Nous ne nous adressons pas aux pouvoirs. Les pouvoirs, s'ils sont
    démocratiques doivent refléter l'état de la vie réelle de la société.
    S'ils ne le sont pas, c'est également par le développement des liens à
    la base qu'ils le deviendront. A nous de faire qu'existent, à la base
    les conditions du changement, ces liens de solidarité, de liberté et
    d'amitié qui empêchent réellement que le pouvoir soit réactionnaire.

    Il n'y a pas de grandes résistances et de petites répressions, il y a
    des pratiques concrètes et multiples de résistance. Mais comme notre
    époque est une époque obscure, époque du triomphe de la tristesse,
    nous devrons avoir le courage et la patience de développer de
    multiples expériences, des laboratoires, de toutes tailles de tous
    types, qui feront peu à peu la preuve, par l'expérience concrète, qu'
    un autre sens, que d'autres sens que le sens unique et utilitariste
    sont possibles, ici et maintenant et dans chaque situation.

    Personne ne doit demander ce qu'il doit faire. Nous devons continuer à
    échanger ensemble, car ni le but, ni aucune finalité ne préexiste à
    l'action.

    C'est pourquoi, notre intention n'est pas de demander au maître de
    nous épargner, mais d'avancer ensemble avec tous ceux et toutes
    celles, qui, sans ordre, sans leader, mais avec une multitude de
    désirs conducteurs se sont déjà mis en route.

    A toutes celles et ceux que quelque chose de cette « lettre à la
    mer », touche dans sa vie, dans son expérience, qu'elle ou qu'il la
    fasse circuler, par tous les moyens possibles à sa disposition.

    Pour le Collectif 53
    Miguel Benasayag, Mathurin Bolze, Sylvie Blum , Carmen Castillo, Mary
    Chebbah, Jean-Baptiste Eyraud, Valérie Lang, Maguy Marin, Stanislas
    Nordey, Julie Paratian, François Tanguy, François Verret








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  • Mini rave

       Rendez-vous comptes ! Quelle honte, des jeunes souhaitaient fêter un anniversaire en pleine campagne. Un crime horrible !Alors qu'ils auraient pu faire cela au milieu d'une ville et empêcher de dormir des centaines, voir des milliers de personnes.
    Plus sérieusement, il faudrait savoir ce que l'on veut,  ou plutôt ce que veulent, ou ne veulent pas les élus, les autorités. Nous qui habitons, gauloise et moi au milieu d'un pré, nous risquons fort d'être soupçonnés de rave party sauvage.
    Que reproche-t-on aux jeunes ? Justement d'être jeunes, de vouloir s'amuser, dans une société qui a perdu tous ses repères et qui marche à l'envers. Tout au plus les jeunes auraient pu demander au paysan l'autorisation de squatter son champs l'espace d'une nuit. Ce dernier aurait probablement accepté et ça lui aurait évité de faire de la délation.
    En Eure et Loir ( ailleurs aussi d'ailleurs ), tout ce qui est jeunesse, gens du voyage et étrangers sont forcément des voyous.

    Gaulois.


     
     


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  • Asservissement du convertisseur

    Précision : Concerne le dossier de nos énergies renouvelables. L'asservissement du convertisseur vient en complément pour la compréhension du synoptique de la figure 1. 

    Figure 1a


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  • Plus jamais d'énergie nucléaire.

    De plus en plus de voix s'élèvent contre le nucléaire. Le Japon crie sa révolte. 

    Combien faudra-t-il encore de catastrophes, avant que la gouvernance nucléocrate écoute la voix des peuples ?

    Gaulois.

    SOLIDARITE AVEC LA REVOLUTION DES HORTENSIAS

     Non au redémarrage du nucléaire au Japon - Arrêt Immédiat partout ailleurs  !
     
    En solidarité avec ceux qui au Japon se révoltent contre le redémarrage des réacteurs et prévoient un week-end de mobilisation les 13 et 14 octobre, pour tous ceux qui résistent à l’ordre nucléaire et demandent l’arrêt immédiat, inconditionnel et définitif de cette industrie :
     
    Rassemblement le samedi 13 octobre 2012 à 15h,
    devant l’ambassade du Japon,
    7 avenue Hoche, 75008 Paris

     Au mépris des conséquences dramatiques et permanentes de la catastrophe de Fukushima toujours en cours, le gouvernement japonais persiste à promouvoir un mix énergétique incluant le nucléaire au moins jusqu’en 2030, et a donné son accord pour le redémarrage de deux réacteurs de la centrale de Ohi.
     
    Depuis des mois, toutes les semaines, les Japonais se mobilisent. Le mouvement, maintenant connu sous le nom de Révolution des Hortensias, s’intensifie et ce 29 juillet 2012 c’est environ 200.000 personnes qui se sont rassemblées à Tokyo pour s’insurger contre cette décision et demander l’arrêt définitif du nucléaire.

    Vivre avec un dosimètre autour du cou, soupçonner la nourriture et finalement se résoudre à l’ingérer quand même, ne pas boire l’eau du robinet sans peur, éviter de circuler sous la pluie porteuse de particules radioactives, ne plus pouvoir emmener les enfants jouer dehors, tout cela est insupportable, inacceptable.
     
    Au Japon, comme en ex-URSS, et dans toutes les zones contaminées, le plus banal des actes quotidiens devrait dorénavant et pour toujours être soumis au contrôle de la radioactivité, ou pire, sera laissé à l’auto-contrôle permanent qui transfère la responsabilité des conséquences du crime à celui qui n’a d’autre choix que de les subir.
     
    Pour les Japonais qui se révoltent contre le nucléaire et pour nous tous qui refusons d’être les victimes de la prochaine catastrophe,  le mot « vie » a encore un sens.
     
    NI SILENCE, NI OUBLI, NI RESIGNATION !
    Soyons nombreux : des bougies, des percussions, des hortensias... pas de logos…
     
     http://erreurhumaine.wordpress.com  -   solidaritefukushimaparis@yahoo.fr
     
    https://www.facebook.com/humaine.erreur
     
       * Nous sommes des individus indépendants qui souhaitons agir en solidarité avec les antinucléaires japonais et en écho à leurs 
actions. 
Notre premier rassemblement, le 10 mars 2012 à Paris, répondait à 
l'appel du groupe japonais Frying Dutchman « Human Error : One 
Milllion Person Parade » http://fryingdutchman.jp/eng.php

     Affiche :

     
     

                                                                                 -----------------------------

       http://www.netoyens.info/index.php/contrib/24/03/2012/en-campagne-apres-fukushima-l-arret-immediat-du-nucleaire

    La situation au Japon, un an après le début de la catastrophe de Fukushima, est effroyable : contamination des sols, de l’eau, des aliments, dérisoire pseudo-décontamination « artisanale », des dizaine de milliers de personnes déplacées, d’autres maintenues dans les zones contaminées dans l’ignorance des dangers encourus. L’état exact des réacteurs de la centrale de Fukushima Daiichi, est à ce jour inconnu, malgré les propos « rassurants » du gouvernement japonais, de TEPCO et des médias.
    De plus en plus nombreuses sont les voix qui s’élèvent au Japon et ailleurs dans le monde pour l’arrêt immédiat du nucléaire et le non redémarrage des réacteurs déjà arrêtés (52 sur 54 à ce jour, avec une prévision de zéro réacteur en service en avril 2012).
    Les femmes de Fukushima se sont mobilisées pour demander l’évacuation hors des zones les plus contaminées, des nourrissons, des enfants et des femmes enceintes, plus particulièrement vulnérables aux effets des radiations. Elles ne peuvent se résigner à ce que la seule mesure de « protection » soit le port d’un dosimètre pour leurs 35 000 enfants.
    L’un des cris de révolte les plus spectaculaires, fut, en août 2011, celui du groupe de musiciens japonais, les Frying Dutchman (http://fryingdutchman.jp) qui publiait sur internet la vidéo de leur chanson « Human Error ». Un an après le début de la catastrophe de Fukushima, ils ont décidé d’organiser, les 10 et 11 mars derniers, une initiative mondiale « Human Error : One million Person Parade ».  [ erreurhumaine@wordpress.com ]
    C’est en solidarité avec leur message que nous exprimerons à l’avenir notre détermination :
    « Pour l’instant, ces menteurs, […] ne pensent pas à la population japonaise. Ils essaient désespérément d’imaginer des excuses pour éviter de prendre la responsabilité de ce qu’ils ont fait. C’est leur boulot. Marrant, n’est-ce pas ? Ce sont des erreurs humaines ! [….] Le monde entier regarde. L’univers entier regarde ! […] Les compagnies d’électricité, l’Agence de Sécurité Nucléaire et Industrielle, les bureaucrates, les politiciens, banquiers, dirigeants d’entreprises, les médias de masse, et les scientifiques du gouvernement courent tous après l’argent comme des personnages dans une comédie. Mais c’est trop pénible à regarder encore ! Rester apathiques et crédules ne fera que nous conduire à la destruction ! […] Très bien, maintenant levez-vous et faite entendre votre voix !
    PLUS JAMAIS D’ENERGIE NUCLÉAIRE ! PLUS JAMAIS D’ENERGIE NUCLÉAIRE ! PLUS JAMAIS D’ENERGIE NUCLÉAIRE ! FERMEZ TOUTES LES CENTRALES NUCLÉAIRES ! Éliminez l’énergie nucléaire maintenant ! »

     


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  • Population zéro – Un monde sans homme

    Ce film-fiction est criant de réalisme. En tout cas parfaitement plausible.
    Il met assez bien en évidence l'impact de l'homme sur la planète. Peut-il pour autant amener l'homme à la réflexion et la sagesse ? J'en doute.
    Il y a de fortes probabilités pour que l'espèce humaine finisse ainsi. Mais il est cependant difficile d'imaginer la brusque disparition de l'homme qui, selon toute vraisemblance, accompagnerait le destin tragique de la planète dans sa longue agonie.
    A méditer.

    Gaulois.

    http://www.youtube.com/watch?v=4p8i-pr9BWs&feature=related


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  • Le foot ou les nomades

    La France est  paraît-il le pays des droits de l'homme. Pourtant, le racisme et la xénophobie sont tenaces.
    Le moindre prétexte est bon pour taxer de toutes les fautes les gens du voyage. La plupart du temps, ils ne peuvent s'installer pour quelques jours faute d'aires prévues à cet effet. Alors bien sûr il est facile de les accuser d'occupation illégale, sans autorisation. Il se pourrait que bientôt il leur soit  reproché d'être venus au monde sans autorisation ! C'était d'ailleurs le cas il n'y a pas si longtemps.

    Je ne croirai jamais à la solidarité française tant que ce pays fera priorité au foot-bal, entre autres,  avant les gens du voyage.
    Je l'ai déjà dit, j'ai parfois honte d'être français.


    Gaulois.


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  • Ce petit village normand qui résiste encore à l’autoroute de l’électricité.

    Ci-dessous le véritable visage de l'Etat français (et donc du lobby nucléaire) face à ses concitoyen-ne-s, et  quelque soit sa couleur".

    Gaulois.

    C'est avant la catastrophe qu'il faut agir, après il est trop tard" Roger Belbéoch , physicien français, (1928-2011)

    Rien n’arrête « le progrès ». Surtout pas un maire entêté, une poignée de paysans désespérés, des riverains désenchantés et quelques dizaines de militants écolos non violents. L’autoroute de l’électricité, qui reliera le réacteur nucléaire EPR de Flamanville, dans la Manche, à l’agglomération rennaise, continue sa progression, inexorablement. A coup de pressions, de répressions et de millions pour acheter l’opposition. Reportage à Chefresne, en Normandie, dernier bastion de la résistance à la ligne THT.

    Une autoroute de l’électricité. Deux fois 400.000 volts. 420 pylônes sur 163 kilomètres. La ligne doit acheminer l’électricité produite par le futur réacteur nucléaire de Flamanville, dans la Manche, jusqu’à l’agglomération rennaise. Parmi les 64 communes concernées par le tracé prévu par RTE, la filiale d’EDF chargée du transport d’électricité, la commune de Chefresne dans la Manche résiste à cette ligne Très Haute Tension (THT), empêchant la poursuite des travaux.
    Ce dimanche matin, les opposants à la construction de la ligne THT ont rendez-vous dans ce petit village de 310 habitants, au milieu des collines, des haies et des prés. Les opposants au projet occupent depuis mars le bois de la Bévinière, situé sur le tracé. Des plateformes, posées à une dizaine de mètres de hauteur, entourent deux arbres. Au sol, des bâches, des panneaux, une toile de tente, une cabane. Et un escabeau sur lequel on grimpe pour apercevoir, à travers les feuillages et les ronces, les trois pylônes électriques qui se dressent à l’horizon.

    Au menu de l’assemblée générale, des nouvelles des « copains », blessés lors d’affrontements avec les forces de l’ordre, à la fin du mois de juin, dans la commune voisine de Montabot. Lors d’un week-end de « résistance », en réaction à des provocations de certains opposants, des grenades explosives « assourdissantes » ont été utilisées par les forces de l’ordre. « Normalement, ces grenades sont lancées au sol, pour disperser la manifestation, explique un jeune. Là, elles étaient lancées en tir tendu, vers nos têtes. »

    Marquer les corps et les esprits
    Bilan de l’affrontement : 25 blessés, dont deux graves. La plupart ont reçu des éclats de plastiques ou de métaux provenant des grenades. Et les blessés auraient attendu les secours pendant une heure : le véhicule médicalisé était bloqué par les gendarmes à une dizaine de mètres du camp [1]. Une force disproportionnée, pour marquer les corps et les esprits.

    Car depuis six ans, des riverains luttent pour éviter la construction de la ligne THT. A coup de procédures judiciaires, de recours devant le Conseil d’État et d’arrêtés municipaux.
    Jean-Claude Bossard était, jusqu’au mois de mai, maire du Chefresne. En 2008, il a rédigé, avec son conseil municipal, un arrêté de police afin de prévenir des risques sur la santé de ses habitants. « En tant que maire, nous avons l’obligation de protéger nos habitants », explique-t-il. Le Maire du Chefresne a notamment invoqué la Charte de l’environnement, à valeur constitutionnelle, pour interdire la construction de la ligne à moins de 500 mètres des habitations et 300 mètres des stabulations. Dans la foulée, 45 communes (sur les 64 impactées par le tracé de la THT) suivent cet exemple. Réponse des tribunaux administratifs : c’est l’État et non le maire qui est compétent dans ce domaine. Tous les arrêtés municipaux sont cassés.

    Rondes d’hélicoptères et contrôles policiers
    Tous, sauf un. Celui du Chefresne. « Le délai de deux mois était dépassé quand la préfecture s’en est rendu compte », raconte Jean-Claude Bossard. Le maire peut alors invoquer son arrêté municipal, quand les travaux sont entamés, début juin. Écharpe autour du cou, le maire se fait alors arrêter pour obstruction de la voie publique. Il est placé en garde à vue et subit 12 heures d’interrogatoire. « Ce qu’on voulait, c’était me mettre la pression. » Il est aussi considéré comme le chef de fil des opposants au projet. C’est lui le propriétaire du bois de la Bévinière, que la ligne doit traverser et qui est occupé par les opposants.
    Jean-Claude Bossard et sa famille subissent une pression policière de plus en plus pesante. Au bout de son chemin, les gendarmes stationnent et les contrôlent presque à chaque passage, de jour comme de nuit. Dans le ciel, un hélicoptère effectue régulièrement des rondes. « Lors d’une fête de famille, les gendarmes sont venus contrôler tout le monde, à cinq estafettes, et un hélicoptère au-dessus de nous », raconte-t-il. Il a également reçu des menaces de mort : « On m’a dit qu’on allait s’occuper de mon cas. »

    100 millions d’euros pour acheter l’opposition
    Suite à son arrestation, le maire de Chefresne a décidé de démissionner. Par solidarité, son conseil municipal l’a suivi, excepté un conseiller. De nouvelles élections municipales se sont déroulées le 9 septembre. Les nouveaux élus pourront décider de continuer l’opposition à la ligne THT. Ou accepter la grosse subvention allouée par RTE, en contrepartie des « dommages » esthétiques et matériels provoqués par la ligne. Dans le cadre du Plan d’accompagnement au projet (PAP), le Chefresne s’est vu proposer près de 200.000 euros contre l’acceptation de la ligne. Une somme énorme pour une commune dont le budget annuel avoisine les 150 000 euros. « Nous avons réuni la population, lors d’une de nos réunions de démocratie participative qui précèdent les conseils municipaux », relate Jean-Claude Bossard. La somme a été refusée.
    Le Chefresne décide alors de monter un projet alternatif, et d’installer des panneaux photovoltaïques sur l’église du village. Une garantie de vente d’électricité de 200 000 euros, répartie sur 20 ans. Sur les 45 communes qui étaient opposées au lancement du projet, seules cinq ont refusé les subventions PAP. « On la surnomme la ligne T’es acheté », souligne Jean-Claude Bossard. Au total, 100 millions d’euros sont distribués par RTE, pour faire accepter le projet. Soit environ 50% du coût de construction de la ligne [2]. Dans le langage de l’entreprise, ce sont des « mesures de réduction ou de compensation des impacts du projet sur l’environnement ». Mais l’environnement ne signifie pas la santé de l’homme. Pas question, pour RTE, d’évoquer ou de reconnaître le moindre souci sur la santé des humains.

    Des champs magnétiques dangereux pour la santé ?
    « Pourquoi dépenser autant d’argent s’il n’y a pas de dangers sanitaires ?, s’interroge Jean-Claude Bossard. Depuis le début, nous réclamons une étude épidémiologique sur les effets de la THT. » En France, une telle étude n’a jamais été réalisée. Les conclusions de l’enquête publique, en 2006, appelaient à la réalisation d’une étude épidémiologique. Mais le projet a ensuite été déclaré d’utilité publique. Et les conséquences sanitaires de la THT sont devenues secondaires…
    RTE tente de rassurer : « Après plus de trente ans de recherche, la position de la communauté scientifique est claire, les champs électromagnétiques générés par les lignes à haute tension n’ont pas d’impact prouvé sur la santé humaine », affirment Philippe Rémy, directeur du Projet Cotentin-Maine et Jean-Michel Ehlinger, directeur d’aménagement [3]. RTE entreprend d’ailleurs de casser les « idées reçues » dans de petits clips vidéos, sur son site internet La Clef des Champs.
    Des informations contredites par des spécialistes des ondes électromagnétiques. Les appareils électroménagers émettent des champs semblables à ceux de la ligne ? « Contrairement aux lignes électriques, nous ne passons pas 24h sur 24 à proximité du rasoir, de la cafetière ou du grille-pain, explique Catherine Gouhier, secrétaire du Centre de recherche et d’information indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques (Criirem). L’OMS déclare que « les champs magnétiques induits d’extrêmement basse fréquence [sont] potentiellement cancérigènes », note Catherine Gouhier. Et « l’exposition aux lignes électriques est passive et sur une longue durée. »

    Des agriculteurs soumis à une clause de confidentialité
    En 2008, le Criirem a réalisé une enquête sur les effets de la THT, en étudiant les conditions de vie de riverains d’une ligne. 2000 foyers répartis sur 160 communes ont été interrogés. Irritabilité, état dépressif, vertiges, maux de tête, sommeil perturbé… La santé de ceux qui vivent à proximité des lignes est impactée. Les exploitations agricoles sont elles aussi touchées : « Quatre fois plus de nervosité et trois fois plus d’hésitation chez les bovins, comportements de fuite, deux fois plus d’irrégularité de production laitière » à proximité des lignes que dans une zone non exposée (lire l’enquête).
    Thierry Charuel est un agriculteur spécialisé dans la production de lait, au Mesnil Thébault, dans le sud de la Manche. Son enclos de vaches laitières est situé à 60 mètres d’une ligne THT de 400.000 volts, construite au début des années 80. Défaillance de son robot de traite, inflammations mammaires, cellules dans le lait rendant sa consommation impossible, problèmes de reproduction : l’agriculteur estime être touché de plein fouet par les courants électriques qui partent de la ligne THT. Il évalue ses pertes à 50 000 euros par an.
    En 2004, dans le cadre du Groupe permanent sur la sécurité électrique (GPSE [4]), mis en place par le ministère de l’Agriculture pour accompagner les éleveurs, il fait appel à RTE pour adapter son bâtiment. L’entreprise lui conseille des aménagements, comme l’isolation des sols pour éviter les remontées de courant ou l’installation d’une cage de Faraday, une enceinte qui protège des nuisances électriques. Il reçoit plusieurs centaines de milliers d’euros, entre 2004 et 2010, pour les travaux d’aménagement. Mais en signant cette convention avec RTE, l’agriculteur est contraint d’accepter une clause de confidentialité. Laquelle l’empêchait de communiquer l’existence des problèmes sanitaires sur les animaux… sans autorisation de RTE. L’argent contre le silence.

    Suicides, liquidations judiciaires, pressions
    A partir de 2010, le GPSE a progressivement disparu. Et les aides se sont évanouies, constate Thierry Charuel, qui a décidé d’attaquer RTE en justice. « Si RTE m’avait dit, en 2003, que l’ensemble des problèmes ne serait pas réglé, on aurait construit ailleurs, et pas à cet endroit, » assure l’agriculteur. « Tout est fait pour nous faire craquer, ajoute-t-il. RTE trouve sans cesse une nouvelle faille pour nous faire porter la responsabilité des pertes d’exploitation. »
    Si tous n’osent pas aller sur le terrain judiciaire, de nombreux agriculteurs sont dans le même cas que Thierry Charuel. Certains sont placés en liquidation judiciaire, d’autres sont contraints d’arrêter. Quelques-uns mettent fin à leurs jours, explique François Dufour, exploitant agricole et vice-président (EELV) de la Région Basse-Normandie [5]. « D’autres n’ont pas établi le lien direct entre la proximité de la ligne THT et les différents problèmes qu’ils rencontrent sur leur troupeau », écrit-il. Beaucoup, aussi, n’osent pas faire part de leurs difficultés.

    « On se sent méprisés »
    « Si les animaux sont malades, pourquoi les hommes n’auraient-ils aucun problème ? », s’interroge Marie-Laure Primois, dont la maison et la ferme seront entourées de huit futurs pylônes. Elle a toujours refusé de donner son accord à RTE. « On se sent méprisés, pas écoutés. Nous avons rempli deux cahiers pour l’enquête publique qui précédait la mise en servitude (la possibilité pour RTE d’intervenir sur des terrains privés). Nous n’avons jamais eu les conclusions de l’enquête publique. » La veille de la manifestation de Montabot, des hélicoptères n’ont pas cessé de survoler leur maison.
    La pression policière, Stéphane Godreuil la subit depuis plusieurs mois déjà. Il habite à quelques encablures du bois de la Bévinière. Et à 110 mètres d’un pylône. L’armature de métal se dresse en surplomb de sa maison. Un autre pylône devrait bientôt sortir de terre à une centaine de mètres. La future ligne traversera son terrain. Les arbres ont dû être abattus. Son épouse souffre d’un cancer. Le professeur qui la suit lui a simplement conseillé de partir, « de se trouver un petit coin tranquille », afin d’éviter l’impact moral et physique de la ligne.

    « Les gendarmes nous épient avec des jumelles »
    Le couple a donc décidé de mettre en vente leur maison. A moins de 100 mètres, RTE leur aurait racheté leur bien, revendu ensuite en dessous des prix du marché, à de nouveaux propriétaires s’engageant à ne pas poursuivre l’entreprise pour d’éventuels problèmes sanitaires. Mais le tracé de la ligne a été pensé pour racheter un minimum de maisons. A 110 mètres, donc, le couple doit se débrouiller. « Du fait de la présence de la ligne, le prix de vente est déjà inférieur de 30% à la valeur de la maison », indique Stéphane Godreuil. Les acheteurs potentiels sont prévenus par l’agent immobilier. Quand ceux qui sont tout de même intéressés découvrent le pylône, la plupart repartent sans visiter.
    Quand Stéphane Godreuil s’approche du pylône pour entretenir son terrain, les gendarmes débarquent illico. Ils sont alertés par les sociétés de surveillance, embauchés par RTE pour protéger les pylônes. « On est étroitement surveillés, raconte-t-il. Au début, on rigolait des contrôles des gendarmes. Puis c’est devenu gênant quand on s’est aperçu qu’on nous épiait avec des jumelles. On nous met la pression. » La veille de la manifestation, les gendarmes sont venus le voir pour essayer de lui soutirer des informations. « Ils m’ont déconseillé d’y aller, me disant qu’ils allaient procéder à des arrestations, que les sanctions seraient lourdes », raconte-t-il.

    Déboulonner ou scier les pylônes
    De semaine en semaine, la répression s’intensifie. Une liste de 16 supposés « leaders » de la contestation circulerait parmi les forces de l’ordre. De plus en plus d’opposants sont déférés en justice. Trois personnes, citées dans un article de journal, ont été perquisitionnées. Et une ordonnance punit tout rassemblement auprès d’un pylône d’une astreinte de 2000 euros par heure et par personne. Les actions symboliques sont donc rendues très difficiles.
    A la place, les sabotages se multiplient. Déboulonner les pylônes – quand RTE ne les a pas soudés. Ou scier les bras de fer. Des moyens de faire perdre de l’argent à la filiale d’EDF pour espérer être entendus. « Les coûts aujourd’hui constatés restent marginaux par rapport au coût global du projet, assure RTE. Ils ne sont pas de nature à déséquilibrer l’économie du projet. » Mais pour que la construction continue, il faudra traverser le bois, déloger les opposants du haut des plateformes. Une dernière bataille, pour l’honneur, avant que l’autoroute de l’électricité ne poursuive son chemin. Sauf contre-ordre de l’État. Craignant des affrontements avec les forces de l’ordre, les opposants ont décidé, début septembre, de ne plus occuper le bois que de façon symbolique, mais d’arrêter d’y vivre.

    Notes
    [1] Lors du procès d’un militant accusé d’avoir blessé un gendarme mobile, l’urgentiste régulateur du Samu qui est intervenu ce jour-là a également décrit les demandes répétées d’identités des victimes par la préfecture.
    [2] Le coût total du projet est de 343 millions d’euros, comprenant 200 millions d’euros pour la construction de la ligne, 47 millions d’euros pour la construction des deux postes électriques, 96 millions d’euros de mesures de réduction ou de compensation des impacts du projet sur l’environnement (aménagements paysagers, plantations complémentaires, mises en souterrain de lignes électriques de tensions inférieures… .
    [3] RTE a accepté de répondre à nos questions, mais par courriel, faute de temps...
    [4] Créé en 1999, le GPSE a permis de compenser les pertes des agriculteurs touchés par la ligne THT. Cette initiative permet de financer les travaux d’aménagement, d’assurer un suivi sanitaire et de compenser les pertes d’exploitations
    [5] Lettre adressée à plusieurs ministres, le 18 juin 2012

    Simon Gouin
    Basta !, le 10/09/2012


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  • Catastrophe nucléaire de Mayak

    Pendant plus de 30 ans, le secret fut bien gardé. Rien d'étonnant en ex URSS. Aujourd'hui encore, cet accident majeur est encore ignorée d'un large public. Ce fut sans doute la première grande catastrophe nucléaire, avant celle de Tchernobyl. Les septiques argumentent que la technologie soviétique n'y était pas pour rien. Pourtant, un grand nombre d'accidents nucléaires, certes moins importants, ont eu lieu dans le monde : 
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_d%27accidents_nucl%C3%A9aires
     
    Pour ce qui est de Mayak, près de Kychtym, dans l'Oural, une vidéo intéressante avec des témoignages russes ( sous-titrages en français ). A faire circuler le plus largement possible, quand on sait les projets déments d'enfouissement en profondeur à Bure en France. Cette vidéo ne peut nous laisser indifférent-e-s

    lien : http://www.dailymotion.com/video/xrn9y1_mayak-halflife-2001_news

    Gaulois.

    C'est tout simplement le plus grand complexe nucléaire au monde, au Sud des monts Oural en Russie. Commandité par Staline dès 1945, son but premier était de produire dès 1948 le plutonium des bombes nucléaires russes, dont la première détonnera en Août 1949. Bien que les 5 réacteurs affectés à cette production aient été stoppés en 1991, Mayak reste le plus grand centre nucléaire de Russie.

    Entre 1948 & 1956, des déchets nucléaires ont été déversés directement et régulièrement dans la rivière Techa et dans les lacs de Sibérie Occidentale, créant des poches de radioactivité souterraines qui risquent de polluer tout le réseau hydrographique environnant.
    En 1957, un réservoir de stockage de déchets explose, projetant dans l'atmosphère et à travers le pays la moitié de la radioactivité que libérera Tchernobyl en 86.
    Seuls quelques villages sont évacués, la majorité des habitants est maintenue dans l'ignorance pendant des décennies, causant des centaines de milliers de morts par maladie et cancers, et d'enfants naissants lourdement handicapés.
    On estime que plus d'1,5 millions de gens dans le pays ont été affectés par la radioactivité.

    Au lieu de démanteler et décontaminer le site, la Russie à décidé d'y poursuivre plusieurs activités dont le retraitement de combustible nucléaire usagé d'où est toujours extrait le plutonium, la fabrication de MOX, la vitrification de déchets liquides.
    En 2001, la Duma annule l'interdiction d'importer des déchets nucléaires depuis l'étranger, visant un marché de retraitement de 20.000 tonnes de déchets en échange de 20 milliards de dollars US."

    1957 : l'accident nucléaire de mayak en urss


    1 - Le contexte


    Les 6 et 9 août 1945, les Etats-Unis démontraient leur supériorité en matière de nucléaire en bombardant les villes d’Hiroshima et de Nagasaki, au Japon. Un mois plus tard, le 2 septembre 1945, la seconde guerre mondiale prenait fin avec la capitulation du Japon. 110 000 personnes officiellement furent tuées sur le coup, sans compter les nombreux décès et autres pathologies qui survinrent par la suite, conséquences à long terme de l’irradiation.

    Les grandes puissances européennes, l’URSS et les USA furent les grands gagnants de cette guerre. Le monde se sépara alors en deux : l’Ouest et l’Est, le capitalisme de l’Amérique contre le communisme de l’URSS. Un rideau de fer sépara ces deux conceptions du monde et la seconde guerre mondiale laissa place à la Guerre Froide.
    Le début de la Guerre Froide fut marqué par une course à l’armement atomique. L’URSS se retrouve alors face à un adversaire, les Etats-Unis, possédant la bombe atomique, dans un contexte de tension qui aurait pu devenir une guerre nucléaire. Entre 1945 et 1948, dans le plus grand secret, le complexe nucléaire Mayak est construit en Sibérie.

    2 - Le complexe Mayak

    L’objectif du complexe Mayak est de fabriquer et de raffiner du plutonium, dans le but de produire des têtes nucléaires. Dès 1947, le premier réacteur est mis en marche. Au total, cinq réacteurs seront construits sur le site, et l’URSS pratiquera son premier essai nucléaire en 1949.
    Dès les premières années d’exploitation, les installations relâchent des matières radioactives dans différents petits lacs, et dans la rivière Tetcha, qui se jette dans l’Ob, fleuve très important de Russie.

    3 - 1957 : l’accident

    Le 29 septembre 1957 survient un très grave accident . Des cuves de déchets enterrées subissent une panne dans le système de refroidissement. Cela conduit à une puissante explosion chimique. Des radioéléments se répandent alors, l’explosion ayant projeté des produits radioactifs à plus d’un kilomètre d’altitude, ainsi que dans l’environnement de l’installation,.
    L’explosion eut une puissance équivalente à 75 tonnes de TNT.
    On estime que cet accident équivaut, en terme de rejets radioactifs, à la moitié d’un Tchernobyl. Il est classé niveau 6 sur l’échelle de l’INES.
    Les premières informations révélées au sujet de cet accident le furent en 1976, soit 19 ans plus tard, l’union soviétique ayant maintenu un régime de secret défense sur cette affaire.

    4 - Les conséquences

    - 270 000 personnes furent exposées aux radiations. Cependant, aucun registre de cancer ne permet d’évaluer le nombre de victimes, et si il existe des études sur le sujet, elles sont peu fiables.
    - 800 kilomètres carrés de territoire restent fermés, 23 villages furent détruits. Mais quelques familles vivent encore au cœur de ces ruines. Le gouvernement leur offre l’équivalent de 20 000 € pour quitter les lieux, ce qui ne permet pas à tous de partir. Les consignes sanitaires ne peuvent être respectées : les habitants mangent ce qu’ils cultivent.
    Si des contrôles sanitaires sont effectués, les résultats ne sont pas transmis aux habitants ; ainsi, la population est un objet d’étude, unique, observée depuis plus de 50 ans, permettant aux scientifiques d’étudier un « après-accident ».
    Dans l’eau, dans la terre, dans la nourriture, on détecte ainsi, dans de très fortes proportions, de nombreux radioéléments : césium 137, tritium, plutonium 239, plutonium 240… Autant de déchets qui ne disparaîtront pas avant de nombreuses années….
    Source :
    • Le film "Déchets, le cauchemar du nucléaire" d’Eric Guéret et Laure Noualhat
    http://www.youtube.com/watch?v=VvJiYp0Oclg

     


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  • Catastrophe nucléaire de Mayak

    Pendant plus de 30 ans, le secret fut bien gardé. Rien d'étonnant en ex URSS. Aujourd'hui encore, cet accident majeur est encore ignorée d'un large public. Ce fut sans doute la première grande catastrophe nucléaire, avant celle de Tchernobyl. Les septiques argumentent que la technologie soviétique n'y était pas pour rien. Pourtant, un grand nombre d'accidents nucléaires, certes moins importants, ont eu lieu dans le monde : 
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_d%27accidents_nucl%C3%A9aires
     
    Pour ce qui est de Mayak, près de Kychtym, dans l'Oural, une vidéo intéressante avec des témoignages russes ( sous-titrages en français ). A faire circuler le plus largement possible, quand on sait les projets déments d'enfouissement en profondeur à Bure en France. Cette vidéo ne peut nous laisser indifférent-e-s

    lien : http://www.dailymotion.com/video/xrn9y1_mayak-halflife-2001_news

    C'est tout simplement le plus grand complexe nucléaire au monde, au Sud des monts Oural en Russie. Commandité par Staline dès 1945, son but premier était de produire dès 1948 le plutonium des bombes nucléaires russes, dont la première détonnera en Août 1949. Bien que les 5 réacteurs affectés à cette production aient été stoppés en 1991, Mayak reste le plus grand centre nucléaire de Russie.

    Entre 1948 & 1956, des déchets nucléaires ont été déversés directement et régulièrement dans la rivière Techa et dans les lacs de Sibérie Occidentale, créant des poches de radioactivité souterraines qui risquent de polluer tout le réseau hydrographique environnant.
    En 1957, un réservoir de stockage de déchets explose, projetant dans l'atmosphère et à travers le pays la moitié de la radioactivité que libérera Tchernobyl en 86.
    Seuls quelques villages sont évacués, la majorité des habitants est maintenue dans l'ignorance pendant des décennies, causant des centaines de milliers de morts par maladie et cancers, et d'enfants naissants lourdement handicapés.
    On estime que plus d'1,5 millions de gens dans le pays ont été affectés par la radioactivité.

    Au lieu de démanteler et décontaminer le site, la Russie à décidé d'y poursuivre plusieurs activités dont le retraitement de combustible nucléaire usagé d'où est toujours extrait le plutonium, la fabrication de MOX, la vitrification de déchets liquides.
    En 2001, la Duma annule l'interdiction d'importer des déchets nucléaires depuis l'étranger, visant un marché de retraitement de 20.000 tonnes de déchets en échange de 20 milliards de dollars US."





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