• ESSAIS FRANÇAIS AU SAHARA

    Des cobayes humains ?

    Depuis des années, une rumeur troublante envenime la recherche de vérité sur les essais français au Sahara. Des prisonniers algériens auraient-ils été exposés volontairement lors d’un essai aérien à Hammoudia ? En Algérie, l’accusation est récurrente, mais en France, les dénégations sont trop souvent mal formulées. Où en est-on de ce débat qui mériterait un vrai travail de recherche d’historiens ? Tout est parti du témoignage d’un légionnaire d’origine allemande recueilli par le cinéaste René Vautier et des premières photos de mannequins publiées dans un dossier du Canard enchaîné. Aujourd’hui, plus personne ne doute que des mannequins ont été exposés à chacun des quatre essais Gerboise : nous disposons de nombreux témoignages et le rapport « confidentiel défense » le confirme, photos et commentaires à l’appui.

    Pourtant, du côté algérien, des recherches ont été faites dans les années 2000 et résumées ainsi par Me Fatima Ben Braham : « L’étude iconographique de certaines de ces photos nous a permis de constater que la position des soi-disant mannequins ressemblait étrangement à des corps humains enveloppés de vêtements. À côté de cela, nombre d’Algériens détenus dans l’ouest du pays et condamnés à mort par les tribunaux spéciaux des forces armées [français] nous ont apporté des témoignages édifiants. Certains condamnés à mort n’ont pas été exécutés dans les prisons, mais ils avaient été transférés pour ne plus réapparaître. Ils avaient selon eux été livrés à l’armée. Après consultation des registres des exécutions judiciaires, il n’apparaît aucune trace de leur exécution et encore moins de leur libération. Le même sort a été réservé à d’autres personnes ayant été internées dans des camps de concentration. »

    Après recherches, l’avocate a retrouvé une séquence des informations télévisées montrant un combattant mort sur une civière entièrement brûlé ainsi commenté : « Et voilà le résultat de la bombe atomique sur un rebelle. » De plus, une étude minutieuse des photos de mannequins, et particulièrement une où plusieurs corps (5 environ) étaient exposés, les mannequins auraient une forte ressemblance à des corps humains. Elle a alors réuni un groupe de médecins et de médecins légistes à l’effet de faire le rapprochement des corps exposés avec de véritables corps humains dans la même position (tête, bras, jambes, bassin, buste, etc.). Les résultats ont été concluants : il s’agit bien de corps humains (même le poids a été déterminé) et leur mort était certaine.

    En 2005, la question a été posée aux autorités françaises qui ont d’abord répondu qu’il s’agissait uniquement de mannequins et de rien d’autre, pour tester les habillements face aux essais. Après insistance des Algériens, les autorités françaises ont rétorqué que « s’il y avait des corps à la place des mannequins, il faut se rassurer que les corps étaient sans vie ». Ces réponses n’ont pas fait cesser la polémique. D’autant que le témoin légionnaire allemand affirmait avoir reçu instruction, juste avant l’explosion, d’aller récupérer dans des prisons et des camps de concentration 150 Algériens qui devaient être utilisés comme cobayes juste au point zéro. Il les a effectivement fait venir, il les a remis aux supérieurs hiérarchiques, mais il ne les a plus jamais revus. Ce légionnaire a été affecté ailleurs en 1961.

    Le 14 février 2007, le quotidien Le Figaro cite une étonnante réponse à l’interpellation des Algériens faite par le responsable de la communication du ministère de la Défense, Jean-François Bureau : « Il n’y a jamais eu d’exposition délibérée des populations locales. » Il s’agit, selon lui, d’une légende entretenue par la photo d’une dépouille irradiée exposée dans un musée d’Alger. « Seuls des cadavres ont été utilisés pour évaluer les effets de la bombe », ajoute-t-il.

    Cette réponse du porte-parole du ministre de la Défense pose encore plus de questions qu’elle n’apporte d’éclaircissements. Quels sont ces cadavres ? D’où venaient-ils ? Quelle est la cause du décès de ces personnes ? Quels enseignements ont été tirés de cette exposition de cadavres humains à la bombe ?…

    Comme pour de nombreux points obscurs de l’histoire des essais nucléaires français, c’est encore l’accès aux archives des essais qui est en cause. Le 24 février 2010, répondant aux questions du quotidien algérien El Watan, Marcel Jurien de la Gravière, délégué à la sûreté nucléaire de défense, répéta que « la loi française veut que ces archives ne soient pas déclassifiées ». Faut-il comprendre que cette loi n° 2008-696 du 15 juillet 2008 stipulant que ne peuvent être communiquées les archives ayant rapport aux armes nucléaires, biologiques et chimiques, a été votée pour couvrir des faits condamnables et peu honorables ?

    Bruno Barrillot

    extrait de L’héritage empoisonné, ouvrage à paraître à l’Observatoire des armements en février 2012

    Ces atrocités perpétrées par la France en Algérie il y a " Seulement " un peu plus de 50 ans font froid dans le dos. Cette période sombre ne peut faire oublier les évènements qui se déroulaient également à Paris en octobre 1961


     

     

     


     

     


     

     


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  • Aliments irradiés

    Un collectif qui dénonce et lutte contre l'irradiation des aliments.

    Très instructif.

    Gaulois.

    http://www.irradiation-aliments.org/Risques-evolution-reglementaire-et.html

    Sur le site, à titre d'exemple : Quels sont les aliments à risque ?

     

    Publié le 7 janvier 2008, dernière mise à jour le 15 janvier 2009 :

    http://www.irradiation-aliments.org/Quels-sont-les-aliments-a-risque.html
    Les produits "à risque" sont les produits fragiles à haute valeur ajoutée : l’irradiation coûte cher, c’est pourquoi les salades ou les pommes de terre sont peu susceptibles d’être irradiées.
    Gare aux champignons, fruits exotiques ou commercialisés hors saisons (fraises à Noël par exemple), crustacés et thé, notamment lorsque ces produits viennent de pays connus pour utiliser largement l’irradiation, tels le Brésil, le Ghana, l’Afrique du Sud, la Thaïlande ou les Philippines.
    Les herbes qui entrent dans la composition de plats préparés ou de certaines saucisses ou fromages sont aussi souvent irradiées et non indiquées.
    La viande rouge produite en Europe n’est « normalement » pas irradiée. Cependant, le bœuf fait partie, aux États-Unis, des aliments couramment irradiés. C’est un des aliments vis-à-vis duquel nous devons donc rester vigilants.

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  • Un entretien déprimant

    Jean-Marc Jancovici, polytechnicien, est membre de longue date du Comité de veille écologique de la Fondation Hulot.

    Voici un entretien déprimant qu’il a accordé à un journal en ligne, Enerpresse.« Même si tous les 20 ans se produit un accident similaire, le nucléaire évitera toujours plus de risques qu’il n’en crée. Il n’y a plus de raison sanitaire, aujourd’hui, d’empêcher le retour des populations évacuées à Fukushima, qui, au final, n’aura fait aucun mort par irradiation. De son côté, le million d’évacués pour le barrage des Trois Gorges, parfaitement « renouvelable », est assuré de ne jamais retrouver son « chez lui » ! En France - car c’est loin d’être pareil partout - Fukushima aura surtout été un problème médiatique majeur, avant d’être un désastre sanitaire ou environnemental majeur. Cet embrasement médiatique n’est pas du tout en rapport avec l’importance de cette nuisance dans l’ensemble des problèmes connus dans ce vaste monde. Du point de vue des écosystèmes, et ce n’est pas du tout de l’ironie, un accident de centrale est une excellente nouvelle, car cela crée instantanément une réserve naturelle parfaite ! La vie sauvage ne s’est jamais aussi bien portée dans les environs de Tchernobyl que depuis que les hommes ont été évacués (la colonisation soviétique, à l’inverse, a été une vraie catastrophe pour la flore et la faune). Le niveau de radioactivité est désormais sans effet sur les écosystèmes environnants, et le fait d’avoir évacué le prédateur en chef sur cette terre (nous) a permis le retour des castors, loups, faucons, etc. On a même profité de cette création inattendue de réserve naturelle pour réintroduire des bisons et des chevaux de Przewalski , qui vont très bien merci. La hantise de la radioactivité vient de la crainte que nous avons tous quand nous ne comprenons pas ce qui se passe. Mais ce que nous ne comprenons pas n’est pas nécessairement dangereux pour autant… ».

     

    C'est déjà difficile de défendre cette énergie criminelle, surtout avec de tels arguments aussi lamentables.

    Si Jancovici avait raison sur le nucléaire, il serait insupportablement con de prétendre savoir, comme par miracle, ce qui s’est passé il y a près d’un an à Fukushima. Car nul ne le sait. L’opacité organisée par les maîtres locaux de l’atome interdit que l’on sache. Oser dire dans ces conditions qu’il n’y a eu aucune mort liée à l’irradiation est une pure et simple infamie. Cette affaire est un drame planétaire, sauf pour lui et ses amis et il ne fait aucun doute qu’ils rient à gorge déployée de ces écolos-idiots incapables de prendre la vraie mesure des choses.

    Non, cette fois, je ne me suis pas perdu en route. Cette manière de perpétuellement retomber sur ses pattes, c’est le signe de notre époque, davantage que celui d’autres temps. Je constate que les socialistes se foutent du cas Allègre, qui en dit tant sur eux. Et que Nicolas Hulot se garde bien de remettre à sa place son glorieux conseiller dans le domaine de l’énergie. Et cela en dit extraordinairement long sur les limites indépassables de sa personne. Non ?

    fabrice-nicolino.com

     


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    La vie du blog

    Le blog, créé en juillet dernier approche des 2000 visiteurs. Ce n'est pas si mal.

    Comme vous l'avez sûrement constaté, j'y aborde un peu tous les sujets, avec une prédominance pour ( ou plutôt contre ) le nucléaire. Vous l'avez remarqué aussi, le ton est assez radical et critique de notre société. J'entends dire par quelques amis que je suis plutôt négatif dans l'ensemble. Ce n'est pas exactement ce que je ressent, même si effectivement je devrais Peut-être parler davantage des choses plus gaies de la vie. Mon problème, si tant est qu'il en soit un, est que je ne supporte pas l'injustice et le massacre programmé de notre environnement. J'exprime cela à ma façon, simplement, en m'aidant d'articles et de documents avec mes propres et modestes points de vue.

    Je regrette un peu quand-même qu'il n'y ait pas plus de réactions et commentaires dans lesquels les visiteurs pourraient exprimer leurs remarques et leurs désaccords sur des sujets que je ne suis pas certain de maîtriser parfaitement. Je fais certainement des erreurs d'interprétations que j'ignore. Comme je l'ai souligné à l'ouverture du blog et dans l'article précédent, je souhaite que cet espace soit un lieu d'échanges constructif, afin qu'il ne reste pas seulement une simple information.

    C'est possible grâce à vous.

    Gaulois.


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    « Le nucléaire est un pari perdant »

    Stéphane Hessel est l’auteur de l’essai Indignez-vous !

    Stéphane Hessel, diplomate, ambassadeur et ancien résistant français, exprime ici sa position, peu connue, sur le nucléaire.

    « Enfin ! Enfin le sujet est mis sur la table. Enfin il est sorti de sa cache, tiré de son tabou, porté à la lumière. « Il » ? Le nucléaire. Pourquoi est-il si important que le nucléaire soit une thématique débattue, un enjeu clairement compris ? Parce qu’il ne s’agit pas d’une énergie anodine.

    Une menace pour nous tous

    Il représente bien au contraire une menace pour nous tous, citoyens, citoyennes, qui vivons – sans en avoir le choix – au contact de ces installations potentiellement mortifères. Parce que le nucléaire est aussi un pari perdant sur l’enjeu majeur de notre siècle : les changements climatiques. S’abriter derrière la fausse idée que l’atome a la capacité d’entraver la course folle vers les bouleversements climatiques, c’est vivre dans une dangereuse illusion.

    En faisant le choix du nucléaire, nos dirigeants nationaux ont engagé notre avenir pour des décennies entières – sans nous consulter. Ils ont réquisitionné une thématique cruciale et se permettent de prendre les décisions seuls.

    Chers amis, aujourd’hui, reprenons notre voix ! N’abandonnons plus cette question capitale entre les mains de quelques dizaines de représentants de l’État ou décideurs privés. Il faut se réapproprier cette question et, au-delà du simple débat, exiger de nos dirigeants, élus pour nous représenter, qu’ils nous représentent effectivement.

    L’insurrection démocratique est un devoir inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen, et affirmé dans notre Constitution. Aujourd’hui, insurgeons-nous, mobilisons-nous, exigeons ensemble et publiquement la sortie du nucléaire, cette énergie qui nous condamne. Réclamons à notre prochain président de nous mener vers la voie de demain : celle de la transition énergétique. Pour que chacun d’entre nous ait accès à l’énergie, et pour que cette énergie soit respectueuse de l’Homme comme de l’environnement dans lequel il vit. »

     


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  • Contrôles d'identité

    Cette organisation a raison, les contrôles d'identité en France tournent souvent en dérapages violents, même si ce n'est pas dit comme ça dans ce court article.

     

    Des policiers qui, sous couvert de la loi, se croient tout permis. Provocants, vulgaires et violents, ils obligent ainsi par leur conduite à faire légitimement réagir le citoyen qui se fait contrôler sans raison valable par ces Pitbulls de la république.

    Tout naturellement, les raisons de conduite au poste de police, voir d'inculpation ne manquent pas. Le simple fait de regarder un flic dans les yeux devient un délit, un outrage !

    S'il fallait faire un bilan honnête des bavures policières, notamment depuis une dizaine d'année, nous aurions des surprises.

    Il n'est pas rare qu'un policier vous annonce qu'il est la loi, alors qu'en fait il la représente seulement et c'est déjà beaucoup.

    Le citoyen ignore le plus souvent que les contrôles d’identité sont régit par le code de procédure pénale

     CODE DE PROCEDURE PENALE
    (Partie Législative)

    Chapitre III : Des contrôles, des vérifications et des relevés d'identité


    Article 78-1

    (Loi nº 83-466 du 10 juin 1983 art. 21 Journal Officiel du 11 juin 1983 en vigueur le 27 juin 1983)

     

    (Loi nº 86-1004 du 3 septembre 1986 art. 1 Journal Officiel du 4 septembre 1986)

     

    (Loi nº 93-992 du 10 août 1993 art. 2 Journal Officiel du 11 août 1993)

     

    (Loi nº 99-291 du 15 avril 1999 art. 15 Journal Officiel du 16 avril 1999)


       L'application des règles prévues par le présent chapitre est soumise au contrôle des autorités judiciaires mentionnées aux articles 12 et 13.
       Toute personne se trouvant sur le territoire national doit accepter de se prêter à un contrôle d'identité effectué dans les conditions et par les autorités de police visées aux articles suivants.

    Article 78-2

    (Loi nº 83-466 du 10 juin 1983 art. 21 Journal Officiel du 11 juin 1983 en vigueur le 27 juin 1983)

     

    (Loi nº 86-1004 du 3 septembre 1986 art. 2 Journal Officiel du 4 septembre 1986)

     

    (Loi nº 93-992 du 10 août 1993 art. 1 et 2 Journal Officiel du 11 août 1993)

     

    (Loi nº 93-1027 du 24 août 1993 art. 34 Journal Officiel du 29 août 1993)

     

    (Loi nº 97-396 du 24 avril 1997 art. 18 Journal Officiel du 25 avril 1997)

     

    (Loi nº 99-291 du 15 avril 1999 art. 15 Journal Officiel du 16 avril 1999)

     

    (Loi nº 2003-239 du 18 mars 2003 art. 10 Journal Officiel du 19 mars 2003)

     

    (Loi nº 2003-239 du 18 mars 2003 art. 143 Journal Officiel du 19 mars 2003)

     

    (Loi nº 2003-1119 du 26 novembre 2003 art. 81 Journal Officiel du 27 novembre 2003)


       Les officiers de police judiciaire et, sur l'ordre et sous la responsabilité de ceux-ci, les agents de police judiciaire et agents de police judiciaire adjoints mentionnés aux articles 20 et 21-1º peuvent inviter à justifier, par tout moyen, de son identité toute personne à l'égard de laquelle existe une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner :
       - qu'elle a commis ou tenté de commettre une infraction ;
       - ou qu'elle se prépare à commettre un crime ou un délit ;
       - ou qu'elle est susceptible de fournir des renseignements utiles à l'enquête en cas de crime ou de délit ;
       - ou qu'elle fait l'objet de recherches ordonnées par une autorité judiciaire.
       Sur réquisitions écrites du procureur de la République aux fins de recherche et de poursuite d'infractions qu'il précise, l'identité de toute personne peut être également contrôlée, selon les mêmes modalités, dans les lieux et pour une période de temps déterminés par ce magistrat. Le fait que le contrôle d'identité révèle des infractions autres que celles visées dans les réquisitions du procureur de la République ne constitue pas une cause de nullité des procédures incidentes.
       L'identité de toute personne, quel que soit son comportement, peut également être contrôlée, selon les modalités prévues au premier alinéa, pour prévenir une atteinte à l'ordre public, notamment à la sécurité des personnes ou des biens.
       Dans une zone comprise entre la frontière terrestre de la France avec les Etats parties à la convention signée à Schengen le 19 juin 1990 et une ligne tracée à 20 kilomètres en deçà, (Dispositions déclarées non conformes à la Constitution par décision du Conseil constitutionnel nº 93-323 DC du 5 août 1993) ainsi que dans les zones accessibles au public des ports, aéroports et gares ferroviaires ou routières ouverts au trafic international et désignés par arrêté (Dispositions déclarées non conformes à la Constitution par décision du Conseil constitutionnel nº 93-323 DC du 5 août 1993) l'identité de toute personne peut également être contrôlée, selon les modalités prévues au premier alinéa, en vue de vérifier le respect des obligations de détention, de port et de présentation des titres et documents prévues par la loi. Lorsqu'il existe une section autoroutière démarrant dans la zone mentionnée ci-dessus et que le premier péage autoroutier se situe au-delà de la ligne des 20 kilomètres, le contrôle peut en outre avoir lieu jusqu'à ce premier péage sur les aires de stationnement ainsi que sur le lieu de ce péage et les aires de stationnement attenantes. Les péages concernés par cette disposition sont désignés par arrêté. Le fait que le contrôle d'identité révèle une infraction autre que celle de non-respect des obligations susvisées ne constitue pas une cause de nullité des procédures incidentes.
       Dans une zone comprise entre les frontières terrestres ou le littoral du département de la Guyane et une ligne tracée à vingt kilomètres en-deçà, et sur une ligne tracée à cinq kilomètres de part et d'autre, ainsi que sur la route nationale 2 sur le territoire de la commune de Régina, l'identité de toute personne peut être contrôlée, selon les modalités prévues au premier alinéa, en vue de vérifier le respect des obligations de détention, de port et de présentation des titres et documents prévus par la loi.

    Théoriquement, vous n'êtes pas obligé de vous soumettre au contrôle d'identité si votre comportement ne rentre pas dans les raisons énoncées dans l'article 78 - 2 et que j'ai surligné en bleu. Théoriquement seulement ! Car à y regarder de près, ou si vous préférez, lire entre les lignes, les raisons sont plutôt embigües et la police le sait bien et passe outre la plupart du temps.

    De plus, si vous êtes coloré, vous tombez sous le coup du faciès, pourtant dénoncé et dénonçable.

    Si vous n'avez rien à vous reprocher, vous pouvez opter pour accepter de vous " soumettre " au contrôle, sans broncher. Vous êtes alors un bon citoyen mouton. Si vous vous opposez au contrôle, c'est le poste de police, avec les dérives possibles et fréquentes qui vous conduirons à coup sûr devant le tribunal en " Comparution immédiate " pour rebellion, insulte à agent dépositaire de l'autorité,etc..... La plus mauvaise des solutions qu'il faut refuser car vous n'avez pas le temps de préparer votre défense.

    Je reviendrai sans doute bientôt sur ce sujet brûlant.

    Gaulois.


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  • Les grands espaces Suite

     

    Dans l'article précédent, il était question de notre galaxie « La voie Lactée » et d'Andromède, la galaxie la plus proche de la notre, notre voisine, quand-même à 2,2 millions d'année-lumières.

    Savez-vous que Andromède entrera en collision avec la Voie Lactée. Soyez sans crainte, selon les spécialistes, ce sera dans « Seulement » 2 milliards d'années et en douceur. Il est préférable de parler d'interpénétration entre les deux galaxies, plutôt que de collision. http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/astronomie/d/en-video-collision-entre-notre-voie-lactee-et-andromede_11857/

    D'ici là, il ne fait aucun doute, en tout cas pour moi, que l'espèce humaine aura disparue depuis longtemps.

    Une question sans doute candide de ma part se pose à propos de l'univers. Est-il fini ? Ou infini. Si vous préférez, y-a-t-il une fin, une limite de l'univers ? Et dans ce cas, qu'y-a-t-il derrière cette fin et à quelle distance se situe-t-elle ?

    Si l'univers est infini, jusqu'où peut-on concevoir son étendue.

    Selon les observations récentes, il y aurait dans l'univers « Visible », donc observable, plusieurs centaines de milliards de galaxies.

    Il est évident que nous sommes dans le domaine de la probabilité et de l'estimation très approximative. http://atunivers.free.fr/universe.html.

    Notre civilisation ne parviendra jamais à sonder les profondeurs- finies ou infinies - de l'univers. Elle sera toujours limitée par les possibilités technologiques, même si les progrès sont considérables et font reculer les frontières visibles. Au delà, c'est de la pure spéculation.

     












    Par exemple, prétendre que le big bang est à l'origine de la création de l'univers est un non sens. Le big bang est plus vraisemblablement un événement parmi d'autres, passés ou futurs de l'évolution de l'univers.

    http://www.youtube.com/watch?v=oBjarldMEJs&feature=related

    Je suis encore plus septique lorsque le big bang est mis en relation avec la création de l'univers par dieu.

    Au fait, s'il nous était possible de voyager dans l'espace intersidéral, nous pourrions enregistrer à l'extérieur du vaisseau spatial une température de moins 273 °c, qui correspond au zéro absolu. C'est la température la plus basse qui existe dans l'univers.

    http://www.futura-sciences.com/fr/definition/t/chimie-2/d/zero-absolu_4714/

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Z%C3%A9ro_absolu

    Après ce tour d’ « horizon » de notre environnement spatial, nous voici au moins devant deux paramètres invariables, jusqu'à preuve du contraire !

    Le zéro absolu comme étant la température la plus basse, alors que le cœur des étoiles              peut atteindre des centaines de millions de degrés centigrade.

    La vitesse de la lumière comme étant la vitesse maximale de 300 000 km par seconde et qui ne peut, en principe être dépassée. 

    Pour le reste, nous pouvons laisser vagabonder notre esprit et notre propre philosophie, car plus nous nous éloignons vers les confins de l'univers et plus les théories demeurent incommensurable.

    Gaulois.

     

     


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    Activité solaire et nucléaire : la catastrophe programmée. 

    Non, il ne s'agit pas de la présentation d'un film catastrophe, ni d'une déclaration farfelue « d'illuminés » apparentés à une secte.

    Le scénario que décrit Rachel Langlet est tout-à-fait plausible.

    C'est en tout cas le dernier des soucis des fous criminels de la secte nucléocrate.

    Gaulois.



    Rachel LANGLET

    Thèse de physique en 2004

    Actuellement contractuelle dans l’administration, Éducation Nationale,

    Université de Franche-Comté, UFR ST, Besançon (25), France



    Chers citoyens de la Terre,

    Je souhaite vous alerter sur une terrible catastrophe qui pourrait survenir avec une probabilité intolérable et remettre en cause la survie de l’humanité, mais aussi l’existence même de la vie complexe sur Terre.

    A la fin de l’été 1859, une série d’éruptions solaire de très grandes intensités a provoqué l’une des plus fortes tempêtes magnétiques sur Terre. Les postes de télégraphie, seul réseau de communication de l’époque, ont littéralement explosé à cause de la surcharge électrique. Des aurores boréales étaient observables sur presque toute la surface de la planète [1]. Selon la NASA, des éruptions solaires hors normes ont une plus grande probabilité de survenir pendant les minima solaires les plus bas, comme ce fut le cas en 1859. A l’échelle des temps géologiques ce n’est pas un phénomène exceptionnel. Des éruptions solaires de même intensité, voire plus intenses, ont déjà frappé la Terre sans conséquences dramatiques pour les êtres vivants qui la peuplent. Cependant, la civilisation humaine a changé ce risque. La NASA et la NOAA prévoient qu’un tel minimum solaire, comparable à la situation de 1859, sera de nouveau atteint début 2013, et craignent la survenue d’éruptions solaires d’intensité comparable [2]. Dans un rapport récent [3], le laboratoire ORNL (Oak Ridge National Laboratory, travaillant pour le département de l’énergie aux USA) a calculé que pendant les 40 ans de durée théorique d’exploitation des centrales nucléaires, la probabilité de survenue d’une panne de courant durable, provoquée par une activité solaire intense, s ‘élève à 33% !

    Aujourd’hui, une tempête magnétique aussi intense pourrait avoir un impact économique évalué à 20 fois celui de l’ouragan Katrina [4]. Les surtensions colossales engendrées par les courants électriques dans les sols seraient susceptibles de détruire en série les transformateurs électriques. Du fait du haut degré d’intrication des différents réseaux électriques, des pannes en cascade pourraient créer les conditions d’un black out mondial et durable. La destruction de nombreux transformateurs rendrait impossible le rétablissement rapide du courant, et leur remplacement prendrait des années, en supposant l’alimentation électrique des industries. Un tel événement conduirait rapidement au chaos du fait de la rupture de nombreux réseaux vitaux, dépendant directement de l’alimentation électrique : eau potable, alimentation, santé, télécommunications, sûreté des états, mais n’avons-nous pas oublié quelque chose ?

    Une centrale nucléaire ne s’arrête pas comme on éteint une lampe, les réacteurs nucléaires devront continuer d’être refroidi sans interruption même longtemps après leur arrêt, ainsi que les piscines de désactivation (pensez aux graves incidents de la piscine de stockage du réacteur 4 de Fukushima, malgré qu’elle contenait essentiellement du combustible usagé refroidi depuis plusieurs mois déjà). En Suisse, bien que l’IFSN (Inspection Fédérale de la Sécurité Nucléaire) nous assure que les centrales nucléaires de la confédération sont protégées contre les effets électromagnétiques des tempêtes solaires [5], elle admet cependant qu’une panne de courant durable compromettrait gravement la sécurité des sites nucléaires suisses, et préfère juger ce risque hautement improbable.        

    La sécurité d’une centrale nucléaire est basée sur l’hypothèse implicite que le réseau électrique ne peut rester hors service plus longtemps que la durée de fonctionnement maximale des générateurs de secours (moins d’une semaine), mais cette hypothèse est-elle toujours valable ?

    Dans les conditions d’un black out mondial durable et d’un chaos social sans précédent, comment pourrions-nous assurer la continuité du refroidissement des 450 réacteurs nucléaires civils et des quelques 250 réacteurs militaires (et de toutes les piscines de désactivation qui les accompagnent) au-delà de quelques jours seulement, durées de fonctionnement des générateurs de secours, alors qu’il faudrait des mois voire des années pour les refroidir et stabiliser les combustibles usagés ? N’oublions pas qu’il faut de l’électricité dans les raffineries pour produire du diesel, et qu’il faut également de l’électricité pour le récupérer depuis les stations de pompage… Et comment amener ce carburant aux centrales nucléaires au milieu d’une société en déroute, où pillages et violence risqueraient très vite de devenir la norme… Comment garantir, dans ces conditions, que les centaines de réacteurs que compte la Terre n’entreront pas en fusion suite aux multiples défauts de refroidissement, et n’exploseront pas les uns après les autres ? Et comment dans ces conditions les hommes pourront-ils tenter de circonscrire les multiples catastrophes ? Les hommes, dépassés par les évènements, laisseraient des catastrophes se poursuivre sans plus aucun contrôle. Les centrales laissées à l’abandon continueront de rejeter leurs effluves radioactifs dans l’atmosphère. Pour chaque réacteur, le résultat serait probablement bien plus grave que le bilan de Tchernobyl, où l’intervention humaine avait réussi à réduire les pires craintes des spécialistes. Un tel cataclysme rendrait une grande partie de la surface terrestre inhabitable, du fait du rejet massif de radioéléments dans l’atmosphère, et ferait probablement définitivement basculer l’histoire humaine dans le néant de l’oubli [6].

    La tâche est déjà ardue quand il ne s’agit que d’une seule centrale, comme ce fut le cas l’an dernier à Fukushima, tout en sachant que le Japon n’avait pas été dévasté sur toute sa superficie, et disposait donc encore de ressources et d’infrastructures pour circonscrire au mieux la catastrophe. Imaginons la gestion multiple de plusieurs centaines de catastrophes nucléaires dans un contexte de famine et de chaos global, et avec un effondrement total du réseau électrique ?

    Demandez-vous pourquoi un tel scénario n’est-il presque jamais envisagé officiellement par les spécialistes, ni au cours des débats, ou dans les films ? Pourtant, une telle catastrophe ferait un très bon scénario de film de fin du monde ? Pourquoi une telle omerta concernant le risque d’une panne de courant globale, qui conduirait à court terme à l’explosion de la plupart des réacteurs ? S’il existait une solution, il y a bien longtemps que le saurions ! Les scientifiques savent qu’une éruption solaire aussi intense que celle de 1859 n’est pas de la science fiction et peut survenir à nouveau, que ce soit en 2013 ou plus tard. Plus nous attendons, plus nous risquons de transformer ce risque en certitude. Poursuivre l’exploitation de l’énergie nucléaire, c’est comme jouer à la roulette russe. Le cycle solaire actuel semble d’ailleurs augmenter grandement la probabilité d’un tel évènement. Ce silence des médias et des autorités ne signifie qu’une chose : le lobby nucléaire ne se relèverait probablement jamais de la médiatisation d’un tel risque, car aucune solution concrète n’a été prévue pour les centaines de réacteurs déjà existants, et si le peuple savait, il demanderait immanquablement leur fermeture immédiate !

    Nous sommes peut-être en train de jouer la survie de la planète et de l’humanité tout entière sur un simple coup de dés…

     - Posez la question aux spécialistes du nucléaire aux industries qui gèrent les centrales nucléaires.

     - Posez la question aux biologistes, aux biophysiciens, concernant les effets d’une centaine d’explosions comme « Tchernobyl » sur Terre, voire plus.

     - Posez la question aux astronomes, aux physiciens spécialistes de l’activité solaire.

     - Relayez cette question au reste du monde, aux médias.

     - Interpellez les élus, les politiques, ils doivent savoir ce que nous risquons !

    Et surtout, le peuple doit savoir, car l’avenir de la Terre et les dangers qu’elle court à cause de l’industrie nucléaire nous concernent tous. Quand ce scénario catastrophe se réalisera, AUCUN ÊTRE HUMAIN sur Terre ne sera épargné par la contamination radioactive !

    Et n’oubliez pas que :

     - Ce scénario n’est pas improbable, à 150 ans près, on aurait déjà pu le connaître. La question n’est pas « si une éruption hors norme peut générer un black out durable » mais bien « quand cette prochaine éruption aura lieu ».

     - Si cela arrivait maintenant, le désastre serait irréparable, et ne nous laisserait AUCUNE CHANCE de reconstruire quoi que ce soit, la vie sur Terre serait d’ailleurs gravement compromise à l’échelle de continents entiers.

     - D’autres solutions que le nucléaire existent, la multiplicité des sources (éolien, géothermie, hydraulique, solaire, etc.), et de très nombreuses économies d’énergie peuvent être planifiées. Beaucoup de pays se passent totalement de l’énergie nucléaire dans le monde et en Europe. Il s’agit avant tout d’une décision politique, et de toute façon, nous n’avons pas le choix devant un TEL RISQUE.

     - Ce risque dépasse les frontières, et peut anéantir en quelques jours tous les autres combats environnementaux que nous menons, tous nos idéaux et nos espoirs, et cette planète vivante que nous aimons tant ! Il dépasse nos métiers, nos croyances, nos pays, il s’agit de préserver la continuité de la vie sur Terre !

     

    Il se pourrait qu’un jour, votre région, votre ville, votre village soit mortellement et irrémédiablement contaminé par la radioactivité, même si vous vivez très loin de toute centrale nucléaire, à cause de l’imprévoyance des hommes face à la nature. Je ne peux l’accepter…



    Le peuple doit savoir.

    [1] http://science.nasa.gov/science-news/science-at-nasa/2008/06may_carringtonflare

    [2] prédictions de la NASA et de la NOAA sur l’activité solaire :

    http://www.noaa.gov/features/03_protecting/whenthesunactsup.html

    [3] http://uk.ibtimes.com/articles/193517/20110806/solar-storm-catastrophic-nuclear-threat-united-states-satellite-communications-nuclear-regulatory-co.htm

    [4] http://www.guardian.co.uk/science/2011/feb/21/solar-storms-global-katrina

    http://www.independent.co.uk/news/science/solar-storm-could-cause-more-damage-than-hurricane-katrina-2221706.html

    [5] http://www.ensi.ch/fr/installations-nucleaires/installations-nucleaires-en-suisse/

    [6] www.naturalnews.com/033564_solar_flares_nuclear_power_plants.html

     

    Mes motivations : je ne tiens absolument pas à faire du catastrophisme gratuitement, ni à apporter du grain à moudre à tous les adeptes du calendrier Maya ou autre croyance spirituelle. J’ai une formation scientifique, j’ai connaissance scientifiquement des risques et dangers liés à l’industrie nucléaire, même si je ne suis pas professionnelle dans le domaine. Après la catastrophe de Fukushima, j’ai pris conscience du cataclysme nucléaire que nous pourrions subir, que la planète Terre dans son ensemble pourrait subir, si une éruption solaire de même intensité que celle de 1859 survenait dés aujourd’hui, et provoquait une panne de courant mondiale et durable. Je ne tiens absolument pas à « spammer » votre boîte aux lettres, ce courriel sera le seul. Il a été envoyé à plusieurs centaines d’adresses : des associations environnementales, nationales ou internationales, les mairies des communes françaises les plus proches des centrales et sites nucléaires, des journalistes, des personnalités individuelles. Ces adresses ont été laborieusement collectées à la main pendant plusieurs semaines. Je vous en supplie, transmettez ce savoir autour de vous. Nous devons à tout prix agir, avant que l’irréparable ne survienne !

    En connaissant ce risque, comment pourrions-nous ne rien faire ?

     Rachel LANGLET.


















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  • Indépendance pour l'OMS  6

    OMS mon amour

    Ou comment l'OMS se fait atomiser par l'AIEA...

    Deux mondes opposés dans ce document à écouter.

     Depuis la catastrophe de Fukushima, on reparle des liens entre l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). La santé publique est-elle inféodée au lobby nucléaire ? Enquête troublante d'Andrada Noaghiu auprès du Dr Michel Fernex, professeur émérite à la faculté de médecine de l'Université de Bâle, et de Gregory Härtl, porte-parole de l'OMS à Genève.
    Gaulois.
    http://www.arteradio.com/son/615945/oms_mon_amour/




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  •  

    Les véritables dimensions de la catastrophe de Tchernobyl

    Jusqu'à sa mort en Août 2008, le Pr V.N. Nesterenko a pris fait et cause de la catastrophe de Tchernobyl. Il avait apporté son soutien à l'organisation Independent Who à Genève. ( Voir rubrique : Nucléaire – Indépendance pour l'OMS )

    Sa lettre ci-dessous apporte un éclairage sans appel sur cette catastrophe.

    Gaulois.

    V.N. NESTERENKO  devant l'OMS à Genève

    10 février 2012

    Lettre du Professeur Vassili Nesterenko à Wladimir Tchertkoff, Solange Fernex et Bella Belbéoch.

    Chers collègues,

    Bien peu sont encore en vie aujourd’hui de ceux qui, dès les premiers jours de la catastrophe de Tchernobyl, participèrent directement à l’estimation de la situation radiologique au bloc 4 de la centrale atomique de Tchernobyl, ainsi qu’aux actions visant à prévenir la dégradation de cette catastrophe en explosion atomique.

    Par malheur l’académicien Valeri Legassov, radiochimiste de talent, nous a quittés un an après la catastrophe. Il était, comme moi, membre du Conseil interministériel à l’énergie atomique d’U.R.S.S. Dès avant l’accident de Tchernobyl, à nombre de réunions du Conseil présidées par le ministre de la construction mécanique moyenne, Efim Slavski, en présence de l’académicien Anatoli Alexandrov, Legassov a exigé le durcissement des mesures de sécurité de l’exploitation de la centrale atomique de Tchernobyl qui dépendait du Ministère d’Energétique d’U.R.S.S. (ministre Piotr Neporojni).
    Je vais donc essayer de reconstituer à l’aide de mes archives (notes de 1986) la chronologie des événements et je décrirai les mesures prises par le Gouvernement d’U.R.S.S. et la Commission Spéciale du Conseil des Ministres pour essayer de localiser l’accident survenu à la centrale de Tchernobyl.

    Le 27 avril 1986 je pris l’avion pour Moscou où je devais me rendre pour affaires. Je remarquai dans l’avion que mon dosimètre de poche donnait des valeurs bizarres : une très grande puissance de dose (des centaines de fois supérieures à ce qu’on observe d’ordinaire à une altitude de 8 000 mètres). Je me dis que mon appareil était hors d’état.

    Le matin du 28 avril je me rendis au Kremlin, à la Commission militaro-industrielle du Conseil des Ministres de l’U.R.S.S., pour y régler des questions urgentes ayant trait aux essais de la centrale atomique mobile « Pamir » dont j’étais le constructeur en chef. C’est là que j’appris l’angoissante nouvelle : un accident était arrivé à la centrale atomique de Tchernobyl, un incendie s’y était déclaré, et le matin du 26 avril une Commission gouvernementale s’y était déjà rendue en avion.

    Je connaissais bien la construction du réacteur R.B.M.K. dans lequel on utilise comme modérateur de neutrons plusieurs milliers de tonnes de graphite. On sait que lorsque le réacteur fonctionne dans son régime normal, tout le graphite est contenu dans un cylindre d’acier. Le ralentissement des neutrons dans le graphite fournit 6 à 7% de toute la puissance du réacteur. Pour maintenir la température de travail du graphite à 500-600°C, le cylindre à graphite est rempli d’un gaz inerte : un mélange d’azote et d’hélium. Le fluide caloporteur (eau) circule à l’intérieur de l’assemblage de graphite.

    On sait que l’accident s’est produit à cause d’erreurs du personnel qui effectuait une expérience nucléairement dangereuse : il s’agissait de voir comment, en cas d’arrêt d’urgence du réacteur, on pouvait utiliser le dégagement calorifique résiduel pour la production supplémentaire d’énergie électrique.

    Les barres absorbantes utilisées dans ce réacteur étaient raccourcies et sans bouts en graphite devant remplir le canal au moment de la sortie de la barre du coeur du réacteur ; par conséquent au moment de la sortie des barres le canal se remplissait d’eau (le fluide caloporteur).

    Le protocole de l’expérience avait été soumis par la direction de la centrale atomique de Tchernobyl au ministère, au constructeur en chef (l’académicien Nikolai Dollejal), et au responsable scientifique du réacteur (l’académicien Anatoli Alexandrov). N’ayant pas reçu de réponse positive écrite, la direction de la centrale de Tchernobyl prit malgré tout la décision d’effectuer le 25 avril 1986 les expériences prévues.
    Mémorial de Tchernobyl, Kiev @ AP Photo/Efrem Lukatsky, thejournal.ie

    Le réacteur R.B.M.K. se distingue par un enrichissement relativement faible du combustible (1,8% en uranium 235) et des coefficients positifs de température fort importants, surtout aux niveaux de puissance peu élevés du réacteur.

    En été 1986, après l’accident, le ministre de construction mécanique moyenne, E. Slavski, me montra tout le programme de l’expérience. Selon ce programme il fallait abaisser la puissance du réacteur jusqu’à 800 Mw puis, à partir de ce niveau de puissance, étudier après le lâchage des barres du système de sécurité la marche par inertie du turbogénérateur pour déterminer la quantité d’énergie électrique produite.

    Au moment de l’expérience, la puissance du réacteur chuta jusqu’à 60-80 Mw et selon les lois de physique le réacteur tomba dans un « trou d’iode ». Dans cette situation il fallait arrêter le réacteur, attendre 2 ou 3 jours que les isotopes d’iode à vie brève se désintègrent et que la puissance revienne à son niveau normal.

    Selon les dires des participants de l’expérience, le personnel de la centrale atomique a extrait les barres compensatrices du cœur du réacteur et mis en marche les pompes de circulation complémentaires pour amener de l’eau dans le réacteur. La radiolyse de la vapeur dans le canal fit se former un mélange détonnant d’hydrogène et d’oxygène qui provoqua la première explosion thermique au sein du réacteur.

    Il y eut une déviation du flux de neutrons dans le réacteur, l’eau qui avait rempli les canaux libérés des barres absorbantes se mit à bouillir. En 3 ou 5 secondes la puissance du réacteur se vit centuplée. Les éléments combustibles en céramique (en bioxyde d’uranium) à basse conductibilité calorifique furent rapidement détériorés par les énormes tensions thermiques.

    On sait que la décomposition de l’eau se produit avec le plus d’efficacité sur les éclats de combustible. Suivit une seconde déflagration du mélange détonnant qui déchira l’enveloppe hermétique du graphite et fit éclater la dalle de béton supérieure (environ 1200 tonnes ; elle se trouve aujourd’hui encore inclinée à 60°). L’air eut ainsi accès au réservoir de graphite. Lorsqu’il brûle dans un milieu d’air, le graphite donne une température allant jusqu’à 3600-3800°C. À cette température les enveloppes de zirconium des éléments combustibles et des tubes de force dans le graphite jouèrent le rôle de bougies d’allumage et de catalyseurs, contribuant au développement ultérieur de l’accident.

    Les 1700 canaux actifs du réacteur contenaient 192 tonnes d’uranium (enrichis à 1,8% d’uranium 235). De plus les canaux de maintien contenaient les assemblages de cartouches déjà utilisées qui avaient été déchargées du réacteur.

    Sous l’effet de la grande température du graphite en feu, les canaux du combustible se sont mis à fondre (comme les électrodes dans l’arc voltaïque) et le combustible fondu commença à couler en bas et à s’infiltrer dans tous les orifices des câbles électriques.

    Le réacteur reposait entièrement sur une dalle de béton de 1 mètre d’épaisseur. En bas, sous le réacteur, on avait construit de puissantes chambres de béton pour la collecte des déchets radioactifs.

    Comme le personnel continuait à pomper l’eau dans le réacteur avec les pompes de circulation, l’eau s’infiltra bien sûr dans ces souterrains en béton armé. Un grand risque apparut : si la masse en fusion perçait la dalle de béton sous le réacteur et pénétrait dans ces chambres de béton, il pouvait se créer des conditions favorables à une explosion atomique. Les 28-29 avril 1986 les collaborateurs du département de la physique des réacteurs de l’Institut de l’énergie atomique de l’Académie des sciences de Biélorussie ont fait des calculs qui montrèrent que 1300-1400 kg du mélange uranium+graphite+eau constituaient une masse critique et une explosion atomique d’une puissance de 3 à 5 Mégatonnes pouvait se produire. Une explosion d’une telle puissance pouvait provoquer des radiolésions massives des habitants dans un espace de 300-320 km de rayon (englobant la ville de Minsk) et toute l’Europe pouvait se trouver victime d’une forte contamination radioactive rendant la vie normale impossible.

    Je fis un rapport sur les résultats de ces calculs le 3 mai 1986 à une réunion chez le premier secrétaire du C. C., N. Sliounkov. Voici quelle était mon estimation de la situation que j’exposai à cette réunion : la probabilité d’une explosion atomique n’était pas grande car au moment de l’explosion thermique tout le cœur avait été mis en pièces et dispersé non seulement à l’intérieur du réacteur mais sur tout l’espace industriel entourant la centrale.

    On me demanda pourquoi je ne garantissais pas à 100% qu’une explosion atomique ne pouvait avoir lieu à Tchernobyl. Je répondis que pour cela il fallait connaître l’état de la plaque de béton sous le réacteur. Si la plaque n’avait aucune brèche, aucune fente ou crevasse et si des fentes n’allaient pas apparaître plus tard, on pouvait affirmer qu’il n’y aurait pas d’explosion atomique.

    Il y a une chose que je sais pour sûr : des milliers de wagons de chemin de fer avaient été réunis autour de Minsk, Gomel, Moguilev et les autres villes se trouvant dans un rayon de 300-350 km de la centrale de Tchernobyl pour l’évacuation de la population si une telle nécessité se présentait.

    On s’attendait à ce que l’explosion puisse avoir lieu les 8 ou 9 mai 1986. C’est pourquoi toutes les mesures possibles furent prises pour éteindre avant cette date le graphite qui brûlait dans le réacteur. On amena d’urgence à Tchernobyl des dizaines de milliers de mineurs des mines des environs de Moscou et du Donbass pour qu’ils creusent un tunnel sous le réacteur et installent un serpentin de refroidissement pour refroidir la dalle de béton du réacteur et exclure toute possibilité de formation de fentes dans cette plaque. Les mineurs durent travailler dans des conditions infernales (haute température et haut niveau de radiation) pour sauver la plaque de béton de la ruine. Il est impossible de surestimer ce que ces hommes pleins d’abnégation ont fait pour prévenir une éventuelle explosion nucléaire. La plupart de ces jeunes gens sont devenus invalides, nombre d’entre eux sont morts à l’âge de 30-40 ans.

    Il est évident que la situation radiologique dans le réacteur était terrifiante. Comme un accident de cette envergure n’avait pas été prévu au moment de l’élaboration du projet, il n’y avait pas à la centrale de Tchernobyl d’appareils dosimétriques capables de mesurer des niveaux de radiation aussi élevés.

    C’est pour cette raison qu’on m’amena en hélicoptère de Minsk à Tchernobyl dans la nuit du 1 mai. Dans l’hélicoptère nous avions installé le spectromètre-gamma pour la mesure de doses puissantes que possédait notre Institut et qui devait équiper la centrale atomique « Pamir » dont le réacteur avait une défense biologique incomplète et de forts niveaux d’irradiation.

    En survolant le réacteur à l’aube du 1 mai avec l’académicien Legassov, nous réussîmes à mesurer la puissance d’irradiation sur le toit du réacteur qui était de 12 000 - 14 000 R/h (la puissance mortelle pour un homme est de 600 R/h). Pendant le survol du réacteur d’abord à 300 m. d’altitude, puis à 150 m. la puissance de dose à l’intérieur de l’hélicoptère s’était élevée respectivement jusqu’à 100-400 R/h.

    Les académiciens Legassov et Guidaspov proposèrent de pomper du gaz carbonique dans les ruines du réacteur (considérant qu’il repousserait l’air), de verser de l’hélicoptère du sable et de la poudre de dolomie sur le graphite en feu, ce qui devait éteindre le graphite.

    Dans les premières heures qui suivirent l’accident on avait déversé sur le réacteur en feu plusieurs milliers de tonnes de plomb pour éviter une explosion atomique. Ce plomb s’évapora, s’éleva dans les airs et retomba dans les régions sud de la Biélorussie, ce qui est une des causes du taux élevé de plomb dans le sang des enfants des districts administratifs de Braguine, Khoiniki et Narovlia.

    On sait que le 7 mai 1986 l’incendie qui faisait rage dans le bloc 4 de la centrale atomique de Tchernobyl fut éteint. Pourtant il y eut encore plusieurs rejets de gaz radioactifs en provenance du réacteur et le service de radioprotection de notre Institut enregistra une augmentation de 3 à 4 fois de la contamination radioactive dans le district de Narovlia (70 km de la centrale de Tchernobyl).

    L’exploit des centaines de milliers de jeunes gens - pompiers, soldats, mineurs¬ « liquidateurs » de ce terrible accident, ne connaît pas son pareil.

    Selon l’estimation des physiciens, il y avait dans le réacteur de la centrale de Tchernobyl près de 400 kg de plutonium. On estime que près de 100 kg de plutonium ont été rejetés dans l’environnement au moment de l’incendie (1 microgramme de plutonium est une dose mortelle pour un homme pesant 70 kg).

    Mon opinion est que nous avons frisé à Tchernobyl une explosion nucléaire. Si elle avait eu lieu, l’Europe serait devenue inhabitable.

    Une idée dangereusement fausse fait son chemin en Occident : du moment que les réacteurs de la centrale de Tchernobyl sont arrêtés, il paraît qu’il n’y a plus de risque d’explosion atomique. Or tant que le combustible nucléaire se trouve à l’intérieur du réacteur en ruines, il présente un danger non seulement pour l’Ukraine, la Biélorussie et la Russie mais pour les populations de l’Europe entière.

    Les peuples d’Europe devraient selon moi être infiniment reconnaissants aux centaines de milliers de liquidateurs qui au prix de leur vie sauvèrent l’Europe d’un malheur atomique gravissime.

    Selon la déclaration faite en 1996 par la direction de l’association « Union de Tchernobyl », plus de 20 000 hommes de 30 à 40 ans qui avaient participé à la liquidation des conséquences de Tchernobyl étaient morts à cette date.

    Dans le rapport national intitulé « Les conséquences de Tchernobyl au Bélarus 17 ans après » (Minsk, 2003) on note une augmentation du nombre des cas de toutes les espèces de cancers (cancers du colon, des poumons, de la vessie, de la thyroïde) supérieure à celle observée chez les habitants des régions non contaminées, et ce d’une valeur statistiquement fiable. On prévoit avant 2030 et rien qu’au Bélarus le développement de 15 000 cas de cancers de la thyroïde induits par la situation radiologique.

    Les enfants constituent la partie la plus vulnérable de la population du Belarus. Selon les données officielles du ministère de la Santé du Bélarus, si en 1985 85% des enfants étaient en bonne santé, en 2000 il y en a moins de 20% dans tout le pays et moins de 10% dans le district de Gomel.

    Voilà pourquoi il est nécessaire d’organiser d’urgence la protection radiologique des 500 000 enfants qui habitent dans les territoires contaminés du Belarus.

    V.N. NESTERENKO , janvier 2005.

    Membre-correspondant de l’Académie des sciences du Belarus, Professeur, docteur ès sciences techniques, « Liquidateur » des conséquences de l’accident survenu à la centrale atomique de Tchernobyl en 1986. Vassili Nesterenko est mort le 28 août 2008.

    Sources : Revue Artefacte, travail, art, science… société, n° 2, décembre 2011, disponible sur :

    http://www.artefacte-asso.com/

    Voir sur ce même sujet l’article de Françoise Paul-Lévy, Complément d’une lettre et Aux sauveteurs de Tchernobyl, in Artefacte, n° 2, décembre 2011. Ce texte a également été diffusé sur le site tchernobyl.verites.free.fr. Commentée et accompagnée de schémas, sur le site dissidentmedia.org/infonucleaire.

    URL de cet article 15805
    http://www.legrandsoir.info/les-veritables-dimensions-de-la-catastrophe-de-tchernobyl.html

     

     

    Complément d’une lettre par Françoise PAUL LEVY

        C’est pas facile le boulot de citoyen, celui qui fait qu’on cherche à s’informer pour et avant de juger et que plus ou moins on y arrive. C’est pas pour s’excuser, c’est seulement un constat, qu’il s’agisse de la vie à peu près ordinaire ou d’événements qui n’en font pas partie. La catastrophe de Tchernobyl le montre amplement.
        Le 26 avril 1986, explosion thermique 1 à la centrale électrique de Tchernobyl du réacteur nucléaire n° 4,  entré en fonction en 1983 2 . Déjà là les difficultés : c’est grâce à V. Nesterenko que je viens seulement de lire que j’ai appris la distinction à faire entre thermique et nucléaire mais dire que je comprends exactement serait mentir. À une exception près : que si l’explosion avait été nucléaire, si les hommes qui sont intervenus sur les lieux n’avaient pas fait tout ce qui était possible pour empêcher que de thermique, elle devienne nucléaire et n’y avaient pas réussi au prix et au mépris du danger pour leurs vies, une telle explosion « pouvait provoquer des radiolésions massives des habitants dans un espace de 300-320 km de rayon (englobant la ville de Minsk) et toute l’Europe pouvait se trouver victime d’une forte contamination radioactive rendant la vie normale impossible » (citation de la lettre-document de Vassili Nesterenko, datée de 2005). C’eut été eux et nous dans le pire, un pire qui littéralement excède ce que je et sans doute nous tous pouvons concevoir. Grâce à eux, ce pire là a été évité et le pire qu’ils affrontent, c’est chez eux qu’il est resté. Ça vaudrait bien une minute mondiale de silence tous les 7 mai, vous ne sentez pas ? Pensons-y. Cette nécessité de silence me saisit, c’est un obstacle à franchir pour continuer d’écrire ; ce que je veux pourtant ; en exprimer la difficulté pour fabriquer une médiocre passerelle. La centrale de Tchernobyl est dite électrique ; naguère j’eusse dit centrale nucléaire mais ce sont les réacteurs qui le sont. Électrique parce qu’elle produit de l’électricité. Nucléaire civil, alors comme on dit ? Mais je lis chez Y. Lecerf et E. Parker, dans un passage un peu alambiqué que « tous les réacteurs soviétiques du même type que celui de Tchernobyl sont issus d’une technique à usage militaire et parfois même encore utilisés à des fins miliaires en URSS »3 . Et chez V. Nesterenko ceci : « Le matin du 28 avril je me rendis au Kremlin, à la Commission militaro-industrielle du Conseil des Ministres de l’URSS, pour y régler des questions urgentes ayant trait aux essais de la centrale atomique mobile « Pamir » dont j’étais le constructeur en chef. C’est là que j’appris l’angoissante nouvelle : un accident était arrivé à la centrale atomique de Tchernobyl, un incendie s’y était déclaré, et le matin du 26 avril une Commission gouvernementale s’y était déjà rendue en avion ». Commission militaro-industrielle donc ; toutes les centrales atomiques en dépendaient- elles ?

    Mais à date actuelle,  ailleurs dans le monde, comment ça se passe, comment ça s’organise ? Y a-t-il l’équivalent de cette commission ou y a-t-il séparation stricte du nucléaire militaire et civil ? Qui nous le dira ? Nucléaire civil, ça fait moins peur que l’autre, à tort peut-être mais si de fait c’est plutôt militaro- industriel, ça veut, ça voudrait dire quoi ? Qui nous le dira ? Encore que civil, si proche de civilité et de civilisation, c’est pas forcément le terme le plus approprié quand on sait que les enfants dans les régions contaminées naissent avec des malformations et grandissent comme des vieillards mais si ça peut aussi faire le rapprochement avec civisme et indiquer que les gens qui y bossent ont en eux l’esprit civique, tant mieux. Je me sens dans tout ça dépassée et dans tout ça citoyenne comment ? Qui me le dira ?
        Maintenant l’explosion du 26 avril. Pas une mais deux (voir le document de V. Nesterenko) avec destruction d’éléments du bâti et incendies ; et avec dans le documentaire réalisé par T. Johnson l’indication que le sol de la centrale se met à trembler4.  Or : « Je fis un rapport sur les résultats de ces calculs le 3 mai 1986 à une réunion chez le premier secrétaire du CC5 , N. Sliounkov. Voici quelle était mon estimation de la situation que j’exposai à cette réunion : la probabilité d’une explosion atomique n’était pas grande car au moment de l’explosion thermique tout le cœur avait été mis en pièces et dispersé non seulement à l’intérieur du réacteur mais sur tout l’espace industriel   entourant  la  centrale.  On  me  demanda  pourquoi   je  ne garantissais pas à 100% qu’une explosion atomique ne pouvait avoir lieu à Tchernobyl. Je répondis que pour cela il fallait connaître l’état de la plaque de béton sous le réacteur. Si la plaque n’avait aucune brèche, aucune fente ou crevasse et si des fentes n’allaient pas apparaître plus tard, on pouvait affirmer qu’il n’y aurait pas d’explosion atomique » (même document). Il faut admettre qu’il y avait une incertitude sur les fentes puisque : « Il y a une chose que je sais pour sûr : des milliers de wagons de chemin de fer avaient été réunis autour de Minsk, Gomel, Moguilev et les autres villes se trouvant dans un rayon de 300-350 km de la centrale de Tchernobyl pour l’évacuation de la population si une telle nécessité se présentait. ». C’est-à-dire en cas d’explosion atomique.     Et il écrit encore : « Mon opinion est que nous avons frisé à Tchernobyl une explosion nucléaire. Si elle avait eu lieu, l’Europe serait devenue inhabitable. » La date butoir c’était le 8 mai : en quelques jours les liquidateurs ont évité le pire du pire. Coïncidence que j’ai envie de noter : selon T. Johnson, réalisateur d’un documentaire intitulé La bataille de Tchernobyl, cette centrale porte un nom : celui de Lénine ; c’est la centrale Lénine mais l’usage courant a retenu le nom du lieu, Tchernobyl ; au passage noter également que parmi les premiers arrivés, il y avait : les petits groupes de cinq qui faisaient la garde du parti communiste en cas de coup dur.   
       
        L’explosion condense plusieurs drames de niveaux et de nature différents, celui du nucléaire et de ses dangers, celui de l’Ukraine où se trouve la centrale, celui des risques courus par les populations qui se trouvaient dans sa proximité ; celui de l’Union Soviétique ; celui du gouvernement Gorbatchev dont on pouvait attendre une sorte de renouveau quoique sur ce point les avis divergent mais sur lequel peut-on raisonnablement penser la catastrophe n’a pu que lourdement peser, immédiatement évidemment  et probablement jusqu’à sa démission en 1991 ; drame de ceux que l’on a appelés les liquidateurs et dont la grandeur n’apparaîtra ou ne m’apparaitra qu’au bout de longues années, vingt ans plus tard, vingt ans trop tard ; et puis avec le nuage qui s’est formé et s’est élevé dans l’atmosphère, drames tout de suite perçus des particules radioactives et de leurs retombées en Union Soviétique, en Europe ou encore ailleurs dans le monde, étendant les menaces, variables certes, à d'autres populations. Stupeur et nécessité de savoir ; et de savoir quoi faire.
        Peut-on faire confiance aux informations officielles qu’elles viennent d’Union Soviétique ou d’ailleurs ? Aux journalistes ? Aux spécialistes ? Dès les premiers jours des contradictions apparaissent  et ça va durer longtemps. Il y a celles qui tendent à minimiser l’accident et celles qui le maximisent mais sa mesure réelle échappe. Pour là-bas et pour ici, la vérité est un besoin, une urgence et on a le sentiment qu’elle est, comme souvent, difficile à saisir. 

        En France, il y aura la querelle du nuage avec ses aspects sérieux et ses côtés loufoques. Au mois de mars de cette même année, les élections législatives ont été favorables à la droite : gouvernement de J. Chirac et cohabitation. J’aimerais savoir si Monsieur Mitterrand et Monsieur Chirac ont parlé ensemble du nuage. De toute façon, outre les autres motifs, il y a le plus souvent dans l’air, prête à servir, l’idée que les gens comme vous et moi sont facilement sujets à la panique et qu’il faut nous en préserver, enfants que nous sommes ; alors que de mon point de vue, erroné peut-être, ce n’est pas la rétention mais la diffusion des informations qui évite les effets de panique, en nous permettant de saisir la situation au lieu d’errer d'un préjugé à l’autre.
        En mai 1986, se crée la Criirad, un groupe de physiciens et de chercheurs  indépendant et c’est un contrepoids bienvenu au SCPRI dont les agents missionnés font serment de secret 6 . Les débats les plus pénibles dont certains inacceptables, portent sur le nombre des morts, des blessés, des malades provoqués par la catastrophe de Tchernobyl : s’il y a un domaine dans lequel l’honnêteté devrait prévaloir sans difficulté, c’est bien celui-là ; depuis le début et à tout moment. Si l’Union Soviétique n’existe plus, les territoires touchés, eux, demeurent et c’est là-bas d’abord que les gens vivent et meurent avec le désastre de Tchernobyl. 
       
        Et pourtant : dés l’accident connu, deux chiffres concernant le nombre immédiat  des morts : 2 ou 2000 ?7  Qui croire et quoi croire ? Au bout de quelques temps, c’est 2 qui s’impose. Depuis, avoir à constater que les affrontements demeurent, que la réalité et la vérité si dépendantes l’une de l’autre ont bien du mal à se faire connaître et reconnaître, en particulier dans les dix premières années ; et par exemple s’agissant des organisations internationales liées à l’O.N.U. : apprendre par le documentaire de W. Tchertkoff, Controverses nucléaires et par Michel Fernex que les actes du congrès de  l’O.M.S. (Organisation mondiale de la santé ; mondiale, on lit bien)  tenu à Genève en 1995 n’ont pas été publiés en raison d’un accord ancien entre l’O.M.S. et l’A.I.E.A. (Agence internationale pour l'énergie atomique ; internationale, on lit bien) qui donnait à cette agence droit de contrôle sur la diffusion des données recueillies par l’O.M.S. lorsque l’énergie atomique était en cause ; dans le même documentaire, apprendre du Docteur Nakajima - ancien directeur de l’O.M.S. -que l’O.M.S. et l’A.I.E.A. constituent des départements de l’O.N.U. mais que l’organisation de santé dépend du Conseil pour le développement économique et social tandis que l’agence elle relève du Conseil de sécurité, ce qui donne un accès fut-il vague aux priorités et aux systèmes d’autorité. Mais ce documentaire, c’est en 2011 seulement que je l’ai vu.
        Un peu plus tôt mais si tard déjà, avoir aussi à constater que les victimes ont dû et doivent se battre pour faire reconnaître  qu’elles  le  sont et à l’égard des pouvoirs dans ces
    régions et à l’égard des organisations internationales. Ce seul constat est déjà une désolation.
        Mais il y a concernant les liquidateurs des faits que ni nous ni les générations qui nous suivront ne doivent oublier : ils ont donné volontairement ou sur ordre leurs vies pour leur pays et pour nous, ici en Europe. Pour ce qui me concerne, il a fallu qu’en 2006, il y a cinq ans V. Kitaev vienne à Toulouse pour qu’enfin je commence à comprendre. V. Kitaev était alors et est sans doute encore président de l’association Union Tchernobyl de la région de Moscou qui cherche à défendre les droits de ceux que l’on a appelés les liquidateurs. Liquidateurs ? Ce mot  en russe dit peut-être exactement ce qu’il faut mais en français résonne bizarrement : dit-on liquidateurs de Fukushima ? À-t-on dit liquidateurs pour les pompiers des Twin Towers ? Dire sauveteurs pour ceux qui sont intervenus à Tchernobyl. Monsieur Kitaev est allé dans plusieurs villes de France. C’est le 12 avril qu’il est à Toulouse, invité par les associations Les Amis de la terre et Sortir du nucléaire. Il ne parle pas le français. C’est Carine Clément qui assure la traduction. Ses vêtements, ses attitudes, sa voix manifestent de la simplicité, de la volonté, de la modestie et presque de la timidité. Certes, il ne se prend pas pour un héros, peut-être parce qu’à la différence de tant d’autres qu’il a connus lui vit encore. Avec lui et par lui, le bouleversant entre et reste dans la salle où nous sommes. V. Kitaev est présent pour soutenir la cause des liquidateurs-sauveteurs.  Il parle des vivants et des morts, de la situation des malades, des promesses faites et non tenues, des difficultés. Comme s’il s’agissait d’oublier en les oubliant.
        
        Pompiers, volontaires, pilotes d’hélicoptères, soldats appelés et réservistes,  mineurs, spécialistes venus creuser un tunnel. Combien étaient-ils engagés dans cette guerre avec la centrale ? 600 000, 800 000, un million ? Les chiffres varient. Combien sont morts ou invalides 20 ans après ? Selon  Monsieur Kitaev et son association 25 000 pour les uns et plus de 160 000 pour les autres. Ils nous ont protégés. Ce même soir, au cours de cette même réunion  le documentaire Le Sacrifice a été diffusé et par lui des images d’Anatoli Saragovietz qui aimait tant la vie et qui était en train de la perdre à cause de son intervention à la centrale et de la maladie des rayons, comme certains l’appelle. Alors j’ai décidé une toute petite chose : leur écrire, faire signer cette lettre par d’autres et l’envoyer à celui qui est venu nous parler, à son nom et à l’adresse à Moscou de l’Union Tchernobyl. En un jour et demi plus de 100 personnes l’avaient cosignée. Elle est partie en recommandé par le courrier de l'Université. Elle n’est jamais arrivée. Après une réclamation, les feuillets de recommandation et la lettre sont revenus. Que s’est-il passé ? Je ne sais. Un incident au départ ou à l’arrivée ? Il aurait fallu l’énergie de chercher. Je ne l’ai pas eue : j’étais devenue malade et une lettre vingt ans après, c’était si peu.  J’ai abandonné, pas bien contente de moi à cause des signataires et avec nostalgie parce qu’ici en 2006,  les liquidateurs-sauveteurs et leur action étaient plutôt négligés. Quelques personnes avaient fait des copies, envisageaient de recueillir des signatures et d’en faire envoi de leur côté. Peut-être celles-là sont-elles parvenues à leur destination.

    Frédéric a jugé qu’Artefacte pouvait publier cette lettre mais j’ai voulu la compléter. On a le choix de respecter, d’admirer ces jeunes hommes, de les accueillir dans nos cœurs ou bien de ricaner en jugeant qu’ils ont été bien cons de risquer leurs santés ou leurs vies pour les autres et qu’à leur place on se serait taillé le mieux qu’on aurait  pu. Chacun a le choix. Mais quel qu’il soit, ici où nous sommes, nous sommes face à ceci qu’ils ont aussi sauvé l’Europe. Est-ce qu’il peut y avoir des ricaneurs assez ricaneurs pour devoir leur sauvegarde à ces jeunes hommes des premières heures et des premiers jours et ne pas le reconnaître ? Pourtant ni vous ni moi n’avons fait grand chose. Leur dire merci avant qu’ils ne meurent, ce presque rien nous ne l’avons pas fait. Le nuage oui nous a préoccupés, la centrale, le réacteur, la contamination, les civils.
        Mais  les volontaires,  « éduqués par le parti » à faire simplement leur devoir comme le dit l’un d'eux ? Et tous les autres, décidés ou  par obligation  qui sont allés faire le boulot, le terrible boulot par patriotisme et par altruisme, mal informés, mal protégés ? La situation imposée par la catastrophe de Tchernobyl était, on en convient aujourd’hui, tout à fait inédite, rendant vaines probablement les dispositions prévues antérieurement eussent-elles été améliorées et renforcées, comme le voulait V. Legassov. On peut faire une sorte de maladroit rapprochement avec le tsunami qui nous a-t-on dit a pris de cours à Fukushima les exploitants de Tepco. Sauf si V. Legassov avait imaginé un accident proche de celui qui a eu lieu auquel cas la responsabilité de ceux qui n’en auraient pas tenu compte serait lourdement engagée et on peut penser que cela se saurait. V. Ternienko pour sa part indique qu’« un accident de cette envergure n’avait pas été prévu au moment de l’élaboration du projet ». Et c’est bien l’inédit qui fait aujourd’hui  consensus. Qui peut savoir quoi faire dans une situation inédite ? J’aimerais tellement qu’il y ait une réponse à cette question. On a reproché et on reproche encore aux autorités soviétiques d’avoir envoyé au casse-pipe un si grand nombre de jeunes hommes et on reconnaît que les consignes étaient de limiter l’exposition à quelques secondes et à quelques minutes. Quel était le moins épouvantable des choix ? Beaucoup de gens et peu de temps, en comptant sur la brièveté comme une chance possible ou moins de gens et plus longtemps que délibérément ainsi on envoyait à une mort certaine ? D’autres situations inédites peuvent-elles se produire ?  Qui nous le dira ? Quels seront alors les choix ? Que se passe-t-il à Fukushima ? Mais autant qu’il faille comprendre l’inédit ne serait pas la seule menace, la répétition le serait aussi. Je lis ceci dans l’ouvrage d’Y. Lecerf et E. Parker, très défenseurs du nucléaire civil et d’un leadership français dans ce domaine au titre d'un des scénarios, selon leur expression, qu’ils considèrent comme possibles. C’est à la page 249 ; « le plus simple pour en finir avec le nucléaire européen serait un second Tchernobyl ». Les auteurs envisagent alors deux versions. L’une voudrait qu’il s’agisse « d’un « faux Tchernobyl », d’un simple coup de désinformation. « On laisserait croire qu’un accident grave a eu lieu. On larguerait même quelques saletés dans l’atmosphère pour l’accréditer ». Passons sur le on et le largage et lisons la deuxième version. « L'accident pourrait aussi être véritable et avoir été provoqué par des services secrets dans une installation nucléaire quelconque ». Y. Lecerf et E. Parker (cf la présentation qui est faite d’eux en 4ème de couverture de leur livre) ont été ingénieurs nucléaires et ont exercé différentes responsabilités institutionnelles et ce sont deux hommes qui estiment, on pourrait dire tranquillement, qu’un second Tchernobyl pourrait être du à une action de services secrets. Il convient d’ajouter que pour eux, au moins en 1987 date de leur publication, le premier Tchernobyl n’est pas un accident grave et qu’ils utilisent les termes de « non-événement » pour qualifier peut-être l’accident lui-même et en tout cas ses retombées européennes (voir le premier paragraphe page 229 qui laisse hésitant sur l’extension à donner au « non-événement ») ; de sorte que  le second Tchernobyl qu’ils évoquent ne pourrait, selon eux, doit-on penser, qu’être dépourvu de gravité. Mais quand même : un accident nucléaire mais cette fois provoqué, une action des services secrets : qui pourrait prendre une telle décision si méprisante des gens ordinaires ? Tu te sens les sentiments, les nerfs et les pensées en boule, ne laissant le passage qu’à un seul impératif. Il faut qu’une telle décision, action, situation soient impossibles : à court terme le machiavélisme peut sembler servir mais quoiqu’en disent certains il est je crois bien une marque d’impuissance qui finit par se montrer. En tout cas il faut rendre impossibles ses formes les plus morbides. Il faut que les autorités civiles et religieuses se prononcent ; que les partis politiques, les syndicats, les associations, les clubs de dirigeants prennent position ; que des engagements internationaux nous délivrent de ce genre de menaces ; que l’O.N.U. décide d’un referendum mondial qui nous permette de dire que nous ne voulons pas  d’actes comme ceux-là. Il faut que ceux qui seraient tentés par ces formes de guerre aillent chercher en eux la morale d’y renoncer. Utopies mes il faut ? Mais alors quoi ? Quoi ferra notre protection ? Qui nous la garantira ? Et comment exercer nos droits et nos devoirs de citoyens à l’égard de ceux que nous aimons, de nos semblables et de nous-mêmes ? Parfois je crains que nous comptions bien peu. Si rien ne se fait d’autre que le silence, il sonnerait comme un aveu. 

    Françoise PAUL-LEVY, professeur de Sociologie à l’Université de Toulouse le Mirail

    Début novembre 2011.

     

    1 Lire à ce sujet la lettre du Professeur V. Nesterenko.

    2 Pour la date de 1983, voir Y. Lecerf et E. Parker, L'affaire Tchernobyl, P.U.F., 1987, p.34.

    3 Même ouvrage p.13.

    4 In La bataille de Tchernobyl, 2006.

    5 Comité Central du parti communiste.

    6 Décret paru au J. O. (Journal Officiel ) le 15 juin 1966, article 2.

    7 Même ouvrage de Y. L . et E. P.  pp.9-11.

     


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    l'Etat japonais discrimine et recrute les travailleurs comme des prostituées

    La secte nucléocrate agit de la même façon partout ou elle a pris pied. La situation de certains travailleurs en France n'est guère plus enviable par ceux du Japon.

     A noter que les syndicats plutôt pro-nucléaires, même si des variantes existent d'un pays à l'autre, sont timides à dénoncer les condition de travail, surtout lorsqu'il s'agit d'intérimaires, considérés comme une sous-classe : « Les forçats du nucléaire ». Contexte discriminatoire bien réel d'ailleurs en France dans tous les domaines de l'industrie.

    Après l'article sur le Japon, lire aussi les deux articles qui suivent sur la situation en France.

    Gaulois.

    Entretien 15/01/2012 à 12h33

    Nucléaire au Japon : « L'Etat est un traître pour les travailleurs »

    Thierry Ribault | Economiste au CNRS

     Une femme manifeste contre le nucléaire. Sur la banderole : « Maman que se passe-t-il ? » (Thierry Ribault)

     Nasubi est engagé depuis 1986 dans la défense des droits des travailleurs journaliers, notamment dans les « yoseba », grands marchés de main-d'œuvre temporaire largement sous contrôle des yakuzas, que l'on trouve à Tokyo (San'ya), à Osaka (Kamagasaki) ou encore à Yokohama (Kotobuki).

    En juillet 2011, Nasubi a publié sous ce nom d'emprunt, un « Manuel de sécurité à l'usage des travailleurs du nucléaire ». Nous l'avons rencontré le 11 décembre 2011 à Tokyo, peu avant le départ d'une manifestation antinucléaire, devant les bâtiments du ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie.

    Thierry Ribault : Comment est né votre engagement et en quoi consiste-t-il ?

    Nasubi : Mon engagement actuel dans la lutte antinucléaire consiste à faire connaître les conditions de vie et de travail des travailleurs du nucléaire et le système de sous-traitance dont ils font l'objet. A l'origine, je luttais dans les mouvements de travailleurs journaliers. Beaucoup d'entre eux ont été, et sont toujours, recrutés pour être envoyés dans les centrales nucléaires.

    Les militants antinucléaires connaissent le problème, mais ne s'engagent pas suffisamment par rapport aux problèmes spécifiques de ces travailleurs. Les syndicats japonais ne se préoccupent pas plus de la défense de leurs droits. Beaucoup de travailleurs du nucléaire sont morts de cancer. Les autres ont actuellement de graves problèmes de santé, mais les mouvements syndicaux sont restés et demeurent silencieux.

    Le seul mouvement de travailleurs du nucléaire qui ait eu lieu est celui de la centrale de Tsuruga, dans le département de Fukui, entre 1981 et 1987 [un dysfonctionnement du système d'écoulement des eaux du réacteur n°1 a causé le rejet de 16 tonnes d'eau fortement radioactive issue du système de refroidissement. L'accident a été révélé en avril 1981, quarante jours après les faits, ndla].

    Discriminés par les syndicats

    Pourquoi ce silence des syndicats ?

    La réalité du travail dans les centrales nucléaires n'a jamais été transparente. On ignore ce qui se passe exactement à l'intérieur. Les travailleurs du nucléaire font, en outre, l'objet d'une discrimination, y compris de la part des syndicats. Non seulement parce que le fonds de commerce de ces derniers est la main-d'œuvre « régulière », mais aussi parce que le nucléaire concerne les castes inférieures de la société, contraintes d'aller travailler dans les centrales.

    C'est un sujet politique et délicat. Les grandes centrales syndicales nationales étant, de fait, pronucléaires, les petits syndicats n'ont jamais voulu s'opposer à cette position et n'ont pas osé remettre en cause les conditions d'existence et de travail des travailleurs embauchés par les sous-traitants.

    Quelle est la situation pour les travailleurs réguliers du nucléaire ?

    C'est totalement différent. Employés de Tepco [opérateur de la centrale nucléaire accidentée, Fukushima Daiichi, ndlr], ils forment l'élite de l'entreprise et ne sont donc pas exposés à la radiation, mais travaillent dans les salles de contrôle, sur des ordinateurs. Ce sont en priorité les travailleurs journaliers, grande majorité des travailleurs d'une centrale, qui font le nettoyage et travaillent directement dans les réacteurs.

    Recrutés comme des prostituées

    D'où viennent ces travailleurs journaliers ?

    D'horizons différents. Certains d'entre eux sont des travailleurs licenciés d'autres secteurs. La majorité vient des régions rurales, là où il n'y a plus suffisamment de travail. Le nucléaire n'a pas besoin de beaucoup de gens qualifiés ou ayant des aptitudes certifiées, ce qui explique aussi pourquoi les travailleurs de ce secteur sont discriminés.

    Le système de recrutement de cette main-d'œuvre est comparable à celui des prostituées. De la même manière que les yakuzas orientent vers la prostitution les femmes sans travail et organisent leur activité, ils disent aux hommes : « Allez travailler dans les centrales nucléaires. » Pour les femmes c'est la prostitution, pour les hommes c'est la centrale.

    De même, pas plus que les féministes ne se sont mobilisées pour les femmes de l'industrie du sexe, les syndicats ne se sont mobilisés pour les travailleurs journaliers du nucléaire.

    Par les yakusas ? Tepco : « Ça n'existe pas »

    Quel est le rôle des yakuzas ?

    Depuis la fin du XIXe siècle, dans le monde du travail, il y a une face positive et une face négative. La face négative, ce sont les yakuzas. Dans l'objectif de moderniser le Japon à la fin du XIXe siècle, l'Etat s'est allié à l'industrie et à la mafia avec pour but de développer et aménager le territoire. Pour ce faire, l'Etat a besoin des services de la mafia qui mobilise les travailleurs issus des couches basses de la société.

    Le nucléaire est un exemple typique de ces pratiques. Officiellement, l'Etat et Tepco affirment qu'il n'y a que deux ou trois niveaux de sous-traitance, mais de fait, ils savent très bien qu'il y en a huit ou neuf. Ils acceptent donc totalement et implicitement que le recrutement s'opère de façon mafieuse, même si c'est, bien sûr, proscrit par la loi.

    Au cours des négociations avec les ministères, de nombreuses informations circulent sur les procédures de recrutement. Les journalistes ont écrit sur le sujet. L'Etat ne peut pas dire que ces pratiques n'existent pas.

    Pourtant, lorsque nous demandons à l'Etat de mener des enquêtes sur cette réalité, on nous rétorque qu'on a donné l'ordre à Tepco d'enquêter et que sa réponse est : « Ça n'existe pas. » Cette réponse est acceptée et aucune enquête officielle n'est menée sur le sujet.

    En avril, l'Etat et Tepco ont créé un comité visant à empêcher la participation des groupes illégaux dans la reconstruction après la catastrophe de Fukushima. Le raisonnement était le suivant : jusqu'à présent, il n'y avait pas de yakuzas dans les travaux publics, mais dans le contexte actuel ils manifestent leur volonté de prendre part à la reconstruction. Il faut donc les en empêcher.

    Ainsi, selon cette logique, l'Etat se sauve la face en montrant qu'il lutte contre les yakuzas, alors qu'en réalité ils sont déjà présents ! L'Etat est un traître pour les travailleurs.

    Des accidents du travail non reconnus

    Qu'en est-il des victimes parmi les travailleurs du nucléaire ?

    Les centrales ont démarré en 1966. Depuis, 500 000 travailleurs ont été mobilisés dans ce secteur. Parmi eux, vingt seulement ont fait une demande de reconnaissance d'accident du travail, et dix demandes ont été reconnues.

    Jusqu'en juin dernier, le ministère de la Santé n'avait jamais communiqué ces chiffres. C'est au moment de la négociation que nous les avons obtenus. Plus précisément, nous avons pris connaissance de l'existence de sept cas de reconnaissance. Puis nous avons appris que trois autres personnes n'avaient jamais été signalées par le ministère.

    Pour faire établir une demande de reconnaissance d'accident du travail, l'employé doit être en principe muni d'un certificat attestant ses durées et périodes d'intervention. Le patron peut toutefois refuser de lui fournir ce certificat.

    Si le travailleur insiste pour l'obtenir, très souvent il se verra proposer une indemnisation pécuniaire qui peut aller de 6 millions à 30 millions de yens (environ 60 000 à 300 000 euros), en lieu et place d'une déclaration d'un accident du travail. Il s'agit d'un arrangement.

    Y a-t-il beaucoup d'arrangements de cette sorte ?

    Beaucoup. Et lorsqu'ils acceptent un tel arrangement, les travailleurs s'engagent à ne pas en parler. C'est à ce point caché que certains politiciens clament qu'aucun travailleur n'est jamais mort à cause du nucléaire.

    Peu de contrats de travail

    Les temporaires ont-ils des contrats de travail ?

    Très peu de travailleurs du nucléaire ont un contrat, et il peut arriver qu'on envoie les personnes sur des lieux de travail imprévus, ce qui est évidemment contraire au code du travail. L'absence de contrat est une caractéristique des pratiques de la sous-traitance. Aux premier et deuxième niveaux, il peut y avoir des contrats, mais pas au-delà.

    Actuellement, cette absence de contrat fait l'objet de critiques, ce qui amène certains patrons à modifier leur attitude mais en contrepartie, les travailleurs doivent s'engager à ne pas porter plainte en cas d'accident. Beaucoup de travailleurs ont témoigné de cette pratique illégale. Tepco est responsable, bien sûr, mais aussi les mouvements qui ne se sont pas suffisamment mobilisés.

    Après le 11 mars 2011 [date de l'accident nucléaire, ndlr], les mouvements de travailleurs journaliers se sont toutefois engagés. J'ai publié une brochure intitulée « Manuel de sécurité à l'usage des travailleurs du nucléaire ». Mais la grève demeure l'action la plus efficace.

    Une brochure pour pallier le manque d'infos

    En quoi consiste cette brochure ?

    L'entreprise, qui est pourtant responsable, ne communique pas les informations de base. Notre brochure explique que le travailleur peut demander un contrat et obtenir un carnet de contrôle indiquant sa dose reçue notée par l'entreprise. Cette dernière a l'obligation de le faire mais la plupart du temps elle ne la communique pas, et le travailleur l'ignore.

    Nous expliquons aussi comment porter correctement la combinaison et mettre en place les filtres dans les masques, qui sont la plupart du temps inexistants. En principe, les anciens peuvent fournir ces explications, mais actuellement à Fukushima, nombre de travailleurs sont de nouvelles recrues n'ayant jamais travaillé dans les centrales nucléaires.

    Qui sont ces travailleurs ?

    Ils viennent de tout le Japon. Ce sont des étrangers. Il y a de nombreux Philippins actuellement. Les travailleurs japonais nous disent qu'ils effectuent les travaux les plus dangereux, ceux que les Japonais ne font pas. Il y a aussi des « burakumin », descendants de la caste des parias. Ce sont, de manière plus large, des travailleurs issus de familles pauvres.

    « Une permanence à Fukushima »

    Quelles actions envisagez-vous ?

    Nous voulons ouvrir un point de consultation permanent à Fukushima pour les travailleurs du nucléaire. Il n'y a pas que ceux des centrales qui sont irradiés : les autres catégories de travailleurs sont également concernées, dans les travaux publics par exemple. Il faut aussi négocier avec les ministères et avec les entreprises de recrutement qui envoient des travailleurs à Fukushima en leur faisant croire qu'ils vont travailler ailleurs.

    Ainsi, des journaliers recrutés à San'ya à Tokyo, ont été envoyés dans les égouts de la ville de Fukushima. Une fois sur place, on leur a fourni des combinaisons antinucléaires, des masques et des instruments identiques à ceux utilisés dans une centrale. Mais ils n'étaient pas informés du taux de radiation sur les lieux. Si nous ouvrons une permanence, nous aurons du monde.

    D'après la loi relative aux dédommagements des accidents du nucléaire, l'entreprise a la responsabilité ultime. Nous allons donc négocier avec les sociétés de recrutement, puis avec Tepco. Jusqu'à présent, aucun dédommagement n'a jamais été accordé par Tepco, ni par aucun autre opérateur du nucléaire au Japon. Et les syndicats n'ont jamais fait de procès aux entreprises. Nous changerons cette situation.

    Thierry Ribault est co-auteur avec Nadine Ribault de « Les Sanctuaires de l'abîme - Chronique du désastre de Fukushima », éd. de L'Encyclopédie des nuisances, Paris, mars 2012.

     

    En France

    Les esclaves du nucléaire

    Il y a pire que la complicité : la volonté délibérée, pour une entreprise publique, de s'affranchir des règles sanitaires protégeant les individus.

    Dans les centrales EDF, mais également dans les usines de la Cogema et certains sites du CEA, le recours aux sociétés sous-traitantes est ainsi devenue la règle. Ces « intermittents du nucléaire » ont remplacé au fil des années les personnels statutaires pour les opérations de maintenance des installations. Dans les centrales, ils interviennent surtout durant les « arrêts de tranche », lorsque les réacteurs sont stoppés temporairement pour permettre des réparations ou le rechargement en combustible. Ces activités sont à la fois « saisonnières » et réparties sur l'ensemble du parc nucléaire. Il est intéressant de comprendre les raisons, avouées ou cachées, de cette évolution.

    Ces vingt-neuf mille intermittents - vingt-deux mille rien que pour EDF - travaillent soit en contrat à durée déterminée (CDD), soit en mission d'intérim, soit en contrat à durée de fin de chantier (CDIC). EDF peut être l'employeur direct, comme peuvent l'être des entreprises prestataires, au nombre de mille environ. Celles-ci recourent souvent elles-mêmes aux CDD ou à l'intérim. Il arrive que ces galériens se baladent dans la France entière, au gré des commandes de leurs entreprises. Sur France 3, une spectaculaire « Marche du siècle » a été consacrée par Jean-Marie Cavada, à ces « nomades du nucléaire » en juin 1997.

    Les innombrables incidents répertoriés par l'autorité de sûreté doivent beaucoup au recours excessif à ces prestataires extérieurs. Les agents d'EDF déplorent également cette cohabitation avec des travailleurs qui n'ont pas la même culture, et dont ils sont en outre chargés d'évaluer les performances. Au nom de la défense de l'emploi, les syndicats exigent des exploitants qu'ils renoncent aux travailleurs précaires, et réclament leur intégration au sein de l'entreprise. Ce qu'EDF s'est toujours refusé à envisager, pour des raisons économiques évidentes.

    La « viande à rems »

    Au début des années 90, le sort des intermittents n'émouvait encore pas grand monde. Au journal, j'avais (1) plusieurs fois reçu des appels téléphoniques ou des courriers de cadres d'EDF, qui souhaitaient tirer publiquement la sonnette d'alarme sur les conditions de plus en plus déplorables, à leurs yeux, dans lesquelles s'effectuait la maintenance des réacteurs. A l'automne 1991, je rencontrai deux de ces hommes : j'avais procédé à quelques vérifications, ils appartenaient bien à la maîtrise d'EDF. Un brin paranoïaques, ils avaient refusé de venir au siège du journal, craignant je ne savais quelle filature ou indiscrétion. Rendez-vous fut donc pris dans un bar.

    S'ils étaient bien réels, les problèmes de sûreté des réacteurs dus à une maintenance anarchique m'apparurent alors trop compliqués. En revanche, je fus impressionnée par certains documents présentés par mes informateurs. Ils détenaient notamment une série de lettres de la Commission des communautés européennes adressée, le 24 mai 1991, au SCPRI et à EDF. La Commission s'étonnait : les doses de radioactivité reçues par les travailleurs français du nucléaire étaient différentes selon qu'elles étaient estimées par EDF ou par le SCPRI. Légèrement différentes ? Non : les chiffres allaient du simple au triple. Du moins pour les agents des entreprises extérieures, qui. effectuaient 80 % des travaux de maintenance dans les centrales.
    Quiconque pénètre sur un site nucléaire accroche au revers de son vêtement un « film dosimétrique », qui témoigne de la quantité d'irradiation absorbée par l'individu. Ce dosimètre est obligatoire. Les films des agents d'EDF sont contrôlés par l'entreprise elle-même qui, chaque mois, les développe. Les films des agents sous-traitants sont pris en main par le SCPRI (aujourd'hui l'OPRI), ce qui n'empêche pas EDF d'effectuer par ailleurs ses propres mesures sur ces personnels.

    Donc, la Commission européenne s'étonnait : le SCPRI avait déclaré, pour l'année 1987 et pour l'ensemble de l'industrie nucléaire française, une dose annuelle collective de 26 homme-sieverts (2) pour sept mille cinq cent quatre-vingt cinq travailleurs extérieurs ; sur la même période, EDF avait déclaré une dose collective de 67 homme-sieverts, pour une population « estimée » de vingt mille travailleurs sous-traitants. La différence est énorme, tant sur les doses que sur le nombre d'agents extérieurs. Cet écart, de presque 300 %, se renouvelle chaque année. La Commission exigeait des explications.

    Mes informateurs me montrèrent la lettre adressée le 17 juin par le chef du département sécurité-radioprotection-environnement d'EDF à son supérieur hiérarchique : « La constatation d'écarts aussi importants pourrait laisser craindre de mauvaises surprises, avec, dans ce cas, un aspect médiatique à prendre en compte. » Il ajoutait : « Aujourd'hui, personne ne peut clairement analyser cet écart. »

    Personne, vraiment ? Depuis deux ans au moins, EDF savait qu'il y avait un problème de dosimétrie dans les entreprises extérieures. Celles-ci connaissent la réglementation : les employés ne doivent pas dépasser une certaine dose d'irradiation annuelle (à cette époque, 50 millisieverts par an, soit 5 rems selon l'ancienne terminologie). Au-delà, le travailleur ne peut plus entrer en zone nucléaire. Les travailleurs eux-mêmes, qui ont peur de perdre leur travail, dissimulent parfois les doses reçues, en ôtant leur dosimètre avant de pénétrer « là où ça crache ». Parfaitement au courant de ces pratiques, EDF a lancé, en 1989, une étude rétrospective sur cinq ans des fichiers informatiques dosimétriques des centrales. Etude interne à EDF, par la force des choses, puisque le SCPRI garde jalousement le secret sur ses propres informations.

    Ce jour-là, mes cadres d'EDF parlèrent de « primes à la dose » et de « radioactivité sous-estimée ». Quelques jours plus tard, ils vinrent enfin au journal, accompagnés cette fois d'un médecin du travail salarié d'EDF. Sous couvert d'anonymat, ils répondirent à une interview, dont voici quelques extraits:

    « D'où EDF tire-t-elle ses informations sur la dosimétrie des agents extérieurs ?

    - En plus de son film réglementaire, chaque agent, EDF et extérieur, entrant en zone est muni d'un dosimètre électronique à affichage numérique. Cet appareil permet de connaître instantanément la dosimétrie qu'on appelle " opérationnelle ". Ainsi, chaque site nucléaire peut compiler chaque jour la dosimétrie de tous les agents. (...)
    Les premières constatations révèlent une situation inquiétante : les agents extérieurs soumis aux plus fortes doses sont les calorifugeurs et les chaudronniers, qui travaillent sur plusieurs réacteurs dans l'année. S'il est difficile de dresser un bilan précis, individu par individu, c'est qu'il y a probablement des fraudes lors de leur enregistrement dans les centrales. Par exemple, on a observé que les noms de ces agents, comme par hasard les plus exposés, n'ont pas la même orthographe selon les sites, ou encore le prénom est différent. Les ordinateurs s'y perdent. Des agents d'entreprises extérieures ont été surpris sans film : ils les laissent dans une cache pour travailler.

    Pourquoi cette confusion organisée ?

    - Il arrive que l'agent lui-même soit négligent parce qu'il méconnaît les risques, ou bien parce qu'il a peur de ne pas être embauché, son emploi étant précaire. Mais ce sont surtout les entreprises sous-traitantes qui veulent " rentabiliser " leurs travailleurs au maximum, sans égard pour les doses.

    Un point nous semble extrêmement grave : dans les stages organisés par EDF pour les entreprises extérieures, les agents ne sont jamais avertis des menaces qui pèsent sur leur espérance de vie lorsqu'ils prennent des doses. On leur laisse croire que, s'ils restent en dessous des normes, les effets sur la santé sont nuls. C'est faux : selon les experts de la Commission internationale de protection radiologique, pour une dose-vie de 50 rems (0,5 sievert), le risque supplémentaire de cancer mortel est de 2 %. Certains agents prennent plus de 50 rems.

    EDF vient de décider la création de DOSINAT, un fichier informatique des agents extérieurs. Est-ce à dire que leur situation va s'améliorer ?

    - DOSINAT est conçu comme un outil de gestion interne. Il n'est pas prévu pour gérer des problèmes de santé. L'art d'un employeur comme EDF n'est pas de gérer la dose au plus bas, mais au contraire de l'optimiser, en fonction du temps de travail prévu par le contrat. Lorsque EDF fera appel à une entreprise extérieure, elle aura intérêt à savoir si les travailleurs sont vierges de dose, pour pouvoir leur mettre le maximum de radiations autorisé dans un laps de temps le plus court possible. Ce sera d'autant plus facile à organiser que la tendance actuelle, dans les entreprises extérieures, est d'organiser des " primes à la dose ", sous diverses formes. Par exemple, en garantissant aux ouvriers un nombre minimal de contrats. La précarité de l'emploi étant ce qu'elle est, c'est une bonne motivation. »

    La publication de cet article eut un impact immédiat : le jour même, les ministres de l'Environnement et de l'Industrie demandaient des explications au chef du SCPRI. Drapé dans son arrogance habituelle, le professeur Pellerin refusa de se justifier. Mais à la Commission de Bruxelles, il venait de déclarer que le SCPRI ne pouvait comptabiliser « qu'une fraction des travailleurs », ceux que leurs employeurs déclarent.

    Le président de l'Office parlementaire des choix scientifiques et technologiques chargea le député Claude Birraux, auteur d'un rapport sur la sûreté du parc nucléaire, d'approfondir cette question des travailleurs extérieurs. Celui-ci n'a jamais, depuis, cessé de s'intéresser à la question. Dans son dernier rapport annuel, paru en mars 1997, il narre avec une certaine lassitude les multiples enquêtes, analyses, études, rebondissements médiatiques et améliorations concrètes survenus depuis l'année 1991. « Notre pays, écrit Claude Birraux, se joue l'un de ces drames sociaux dont il est si coutumier. Une fois de plus, il prend le risque de se ridiculiser sur la scène européenne. »

    Trois mois après la publication de ce dernier rapport, jean-Marie Cavada consacrait sa fameuse « Marche du siècle » aux intermittents du nucléaire. L'émission débutait par un accablant reportage sur les conditions de vie et d'exercice de ces travailleurs. L'enquête et les tournages avaient été effectués par les deux journalistes ayant réalisé le dossier du magazine Sciences et Avenir sur les lacunes de la sûreté nucléaire. Sur le plateau étaient venus témoigner quelques-uns des travailleurs présents dans les reportages, ainsi qu'un patron d'entreprise sous-traitante et un responsable d'EDF. Le député Claude Birraux était également invité, avec le directeur de l'autorité de sûreté nucléaire. Il y avait aussi la CGT, et une sociologue, auteur d'une étude sur la précarisation de la sous-traitance dans l'industrie nucléaire. Polémique, le débat à l'antenne le fut incontestablement ! Cavada s'énerva plus d'une fois contre la langue de bois et la mauvaise foi manifeste des employeurs. Mais les spectateurs ratèrent la seconde mi-temps de ce triste pugilat : hors antenne, durant le « pot » qui réunit traditionnellement les invités, l'animateur s'en prit vertement aux responsables d'EDF, qui avaient tenté durant des semaines de faire avorter l'émission. Cavada parla de « méthodes dignes d'une secte ».

    Nicolas Jacobs, le réalisateur de « La Marche du siècle », m'a raconté ces méthodes : « Longtemps avant la diffusion, EDF a exercé des pressions sur nos témoins. Certains ont été convoqués par la directrice d'une centrale, qui les a menacés de ne plus leur fournir de travail. Curieusement, EDF savait exactement qui les journalistes avaient rencontré, où et quand. EDF a ensuite entrepris en interne une campagne d'intoxication : nos témoins avaient été payés, ils n'étaient finalement que des acteurs professionnels... Quelques jours avant l'émission, tous les directeurs de centrales ont été convoqués au siège d'EDF à Paris, pour peaufiner un argumentaire. Ils avaient dans leurs cartables les fichiers de leurs salariés et de leurs travailleurs extérieurs. Enfin, jusqu'au dernier moment, EDF a menacé de ne pas participer à l'émission, espérant ainsi que nous allions renoncer à ce débat. Nous n'avons renoncé à rien du tout. Mais EDF avait tellement brandi la menace de poursuites judiciaires que j'ai été obligé de couper tout ce qui, dans le reportage, n'était pas étayé par des éléments de preuves irréfutables. J'ai aussi dû couper certaines images qui avaient été tournées sur des sites EDF sans autorisation. Sans quoi certains de nos témoins auraient pu eux-mêmes se retrouver au tribunal. Alors oui, quand Jean-Marie Cavada parle de secte, il a raison ! »

    La gestion de l'emploi par la dose

    Pourquoi une telle panique de la part d'EDF ? Depuis 1991, le suivi des doses reçues par les travailleurs du nucléaire n'a-t-il pas progressé ? La Commission européenne a fermement rappelé à la France la directive Euratom de 1990 jusque-là superbement négligée : « Chaque Etat membre veille à ce que le système de surveillance radiologique donne aux travailleurs extérieurs une protection équivalente à celle dont disposent les travailleurs employés à titre permanent par l'exploitant. »

    DOSINAT, l'outil informatique mis en place en interne par EDF pour calculer les doses d'irradiation à l'intérieur de ses seules centrales, a évolué. En janvier 1997, il s'est transformé en DOSIMO. Ce nouveau système est géré par un Groupement intersyndical de l'industrie nucléaire. Les données concernent désormais, outre les travailleurs intervenant sur les centrales d'EDF, ceux travaillant dans les sites nucléaires de l'armée, de la Cogema, du CEA, des institutions médicales, des accélérateurs de particules privés, et des organismes (le recherche, intérimaires ou salariés permanents. Ainsi, quels que soient leurs lieux de travail successifs, les « nomades » du nucléaire ne devraient plus cumuler des doses supérieures aux normes.

    Apparemment, l'OPRI a lâché du lest sur son traditionnel crédo : « Pas question de faire circuler des données confidentielles qui relèvent du secret médical. » En revanche, il est plus curieux que la Commission nationale informatique et liberté ait toléré pareille entorse à ses principes : un organisme public met à la disposition des employeurs privés des données informatiques permettant une gestion de l'emploi en fonction de critères sanitaires. En réalité, la CNIL n'a rien autorisé du tout : le fameux Groupement intersyndical de l'industrie nucléaire a concocté son superfichier sans lui demander son avis. « Ainsi, notait en 1997 avec un rien d'ironie le député Claude Birraux, on a fini par faire entrer le loup DOSIMO dans la bergerie de la dosimétrie réglementaire. » Pourquoi ce ton sarcastique ? Visiblement, Claude Birraux ne croyait guère à l'efficacité de ce nouvel outil : « Les exploitants et les employeurs ont donné un statut officiel, donc un brevet de respectabilité, à un système techniquement performant, et qui prévoit normalement la communication des résultats dosimétriques à l'exploitant et à l'employeur. Reste désormais pour eux à le faire reconnaître comme le seul bon système, c'est-à-dire celui grâce auquel l'administration pourra juger du respect ou du non-respect des obligations réglementaires en matière d'exposition professionnelle. »

    En février 1998, Martine Aubry a innové en précisant que DOSIMO allait enfin entrer dans un cadre légal. Ces données confidentielles ne devraient être communiquées qu'aux seuls médecins du travail, pour éviter que les employeurs ne retombent dans leur vieux travers de la « gestion de l'emploi par la dose ». Ce genre de garde-fou est à vrai dire purement virtuel : l'indépendance des médecins du travail est très relative quand ils sont salariés par EDF, le CEA ou la Cogema.

    Mais pourquoi diable est-ce si compliqué d'accorder des conditions de travail correctes aux travailleurs nucléaires extérieurs ? En partie parce qu'ils ne relèvent d'aucune convention collective adaptée. Les personnels qui interviennent sur les sites nucléaires dépendent d'au moins sept conventions collectives différentes, parmi lesquelles la métallurgie, la chimie, les bureaux d'études ou la pharmacie. Depuis des années, les syndicats, relayés par des parlementaires, réclament aux pouvoirs publics une convention collective nationale du nucléaire et des industries connexes. En vain : les ministres ont toujours répondu que c'était impossible.

    En décembre 1996, le ministre du Travail Jacques Barrot a présenté un projet visant à interdire le recours à l'intérim et au personnel sous contrat à durée déterminée pour les travaux se déroulant dans les zones les plus dangereuses des installations nucléaires. Rien n'a bougé lorsqu'en juillet 1997, interrogée par un parlementaire, la nouvelle ministre de l'Emploi Martine Aubry a confirmé l'annonce de son prédécesseur : « Il importe (...) que ces salariés particulièrement exposés ne cumulent pas le double handicap d'un risque pour la santé et d'une précarité de leur emploi. Afin d'éviter que l'approche des seuils d'exposition réglementaires ne conduise à la perte pure et simple de leur activité professionnelle, l'interdiction d'accès aux zones particulièrement dangereuses pour les salariés intérimaires ou en contrat à durée déterminée n'est pas à exclure. »

    Electrisée par cette perspective, qui menaçait de mettre à mal ses finances - l'embauche de salariés permanents irait à l'encontre de ses objectifs économiques -, EDF n'a pas tardé à lancer une contre-offensive. Le 11 septembre 1997, la direction du parc nucléaire d'EDF organisait une réunion de travail, dont la CGT nous a communiqué le procès-verbal. « L'appel à ces ressources d'appoint [intérim et CDD] pour intervenir en zone contrôlée est aujourd'hui remis en cause par le ministère du Travail. (...) Un consensus apparaît sur le fait qu'il n'est pas possible de se passer de ce personnel précaire et ce, malgré les démarches déjà lancées par plusieurs sociétés en matière d'annualisation du temps de travail. » Ce préambule étant posé, le séminaire de réflexion a ensuite comparé par le menu les avantages et les inconvénients des statuts respectifs de CDD et intérimaires, tant pour les salariés que pour EDF et pour les entreprises prestataires. Le recours aux intérimaires apparaissant finalement plus pratique, les cadres d'EDF ont imaginé de « créer une charte entre EDF, prestataires et entreprises de travail temporaires ».
    C'est ici que les choses se corsent. Car en janvier 1997, EDF et les « organisations professionnelles représentatives des prestataires de maintenance » avaient déjà signé une « Charte de progrès ». Ce document - considéré comme une plaisanterie par les salariés concernés - précise que « les entreprises prestataires et EDF continuent de refuser que l'atteinte ou l'approche des limites de dose soit un critère de licenciement, en recherchant en commun la réaffectation des salariés à forte dosimétrie vers des activités moins exposées ». En clair, il ne serait plus question de licencier un homme trop irradié pour être encore utile. Sur le plateau de « La Marche du siècle », les travailleurs présents ont témoigné du peu de valeur que leurs employeurs accordaient à cette jolie déclaration d'intention. La charte en projet veut aller encore plus loin dans ce qu'EDF considère comme un progrès, à en croire le document de travail divulgué par la CGT. « Les entreprises de servitudes nucléaires s'engagent (...) à limiter l'exposition de leur personnel d'appoint à une valeur proportionnelle à la durée de leur contrat, et inférieure à 15 millisieverts sur six mois. »

    Du chinois ? Non : il faut se souvenir que la dose maximale admissible pour un travailleur du nucléaire est fixée, selon la réglementation internationale, à 20 millisieverts par an. Au-delà, il doit quitter les zones nucléaires. EDF propose ni plus, ni moins, de remplacer les 20 millisieverts annuels par... 15 millisieverts sur six mois. En entendant cette proposition, les syndicalistes ont failli s'étrangler : « Il est en effet plus intéressant de prendre deux intérimaires à 15 mSv/6 mois (cela permet d'atteindre 30 mSv/an) qu'un contrat à durée indéterminée à 20 mSv/an. »
    Mais ce joli montage, concocté par EDF et les sociétés prestataires, vole en éclats avec la décision de Martine Aubry, annoncée en février 1998 : non seulement le recours aux intermittents est désormais interdit dans les zones nucléaires les plus dangereuses, mais les doses de radioactivité reçues par les travailleurs devront être proportionnelles à la durée de leur contrat de travail. Plus question de prendre en une semaine la dose admise sur un an, et d'être « jeté » ensuite ! Du moins en principe. EDF, qui estimait six mois plus tôt qu'il n'était « pas possible de se passer de ce personnel précaire », va devoir inventer autre chose.

    Dans quelques années les premières centrales nucléaires arriveront en bout de course. Déjà, l'usine de retraitement de Marcoule est fermée. De nombreuses installations obsolètes attendent que la radioactivité décroisse un peu pour subir les premiers démontages. Dans dix ans au plus tard, plusieurs chantiers de démantèlement débuteront en France. Les sociétés spécialisées dans la décontamination ne sont pas assez nombreuses, ni assez fournies en personnels. Alors débarqueront des sous-traitants issus de la filière BTP (bâtiment et travaux publics). Ils n'auront aucune formation spécifique, et devront affronter des monstres irradiants. On les enverra au coeur de la machine nucléaire. Comment s'en sortiront-ils ? Qui s'intéressera à eux ?

    Extrait de "Ce nucléaire qu'on nous cache",
    Michèle Rivasi - Hélène Crié,
    Albin Michel, 1998.

    1) Hélène Crié
    2) Calculée à partir de la somme des doses individuelles reçues par le groupe étudié, c'est l'unité permettant d'évaluer la dose collective.

     

    Lire aussi :
    - Femme de ménage atomique intérimaire (à La Hague)

    - Je ne veux pas disparaître sans avoir témoigné (intérimaire au CERN)

    - CERN : la face cachée

     

    Les oubliés du nucléaire 

     mercredi 27 juin 2007 - http://www.naturavox.fr/article.php3?id_article=1197   Dans les centrales atomiques, la maintenance est déléguée à des sous-traitants qui prennent d’importantes doses de radioactivité. «Gueules noires» anonymes des temps modernes, ils sont les oubliés du nucléaire...

    Ils sont robinetiers, soudeurs, électriciens, chaudronniers, décontaminateurs ou commis. Ils seraient 20.000 en France et près d’un millier en Belgique. On les appelle lors des «arrêts de tranche», quand il faut remplacer le combustible usé dans un réacteur nucléaire. Ils effectuent alors des opérations de contrôle et de maintenance sur des parties de l’installation inaccessibles en temps normal. Dans leur combinaison «Muru» – pour Mururoa, cette île du Pacifique où la France effectuait ses essais nucléaires militaires –, ils bossent «en zone». Là où «ça crache», où «ça pète». Ils prennent des doses importantes de radioactivité pour assurer la sécurité des centrales. Et donc notre sécurité. Ce sont les «gueules noires» anonymes des temps modernes, qui font le sale boulot pour que nous puissions nous éclairer, cuisiner, vivre confortablement.

    Mi-mars, à l’occasion d’un arrêt de tranche à Tihange, ils étaient environ 1.200 à débarquer de France, d’Allemagne, du Portugal… Venus prêter main forte aux 700 statutaires et 500 sous-traitants permanents de la centrale, ils sont restés un mois, logeant dans les hôtels, motels et campings de la région. Avant de repartir vers un autre arrêt de tranche, en France, en Allemagne, en Suisse ou ailleurs. «Les salariés des centrales, quand il y a un arrêt de tranche, ils vivent un stress, mais c’est une fois par an, explique un de ces saisonniers français de l’atome. Nous on sort du stress d’un arrêt de tranche, on fait 600 km et on retombe dans l’arrêt de tranche suivant. On en fait 10 par an(1).»

    Doses 8 à 15 fois plus fortes

    En France, c’est en 1988 qu’EDF a choisi de sous-traiter massivement la maintenance de ses centrales. Le volume de travail sous-traité est ainsi passé de 20% à 80% en 5 ans. «En Belgique, le tournant a été pris vers 1995, quand Suez est devenu actionnaire d’Electrabel, note Jean-Marc Pirotton, délégué FGTB Gazelco à la centrale nucléaire de Tihange. La tendance est bien sûr de sous-traiter les tâches les plus pénalisantes en doses. A terme, les statutaires d’Electrabel n’auront plus en matière de maintenance qu’un rôle de gestionnaires de sous-traitants.»

    En France, les travailleurs sous-traitants reçoivent 80% de la dose collective annuelle enregistrée sur les sites nucléaires. Les doses moyennes qu’ils encaissent sont 8 à 15 fois plus élevées que celles des agents EDF qui travaillent en zone. Les chiffres seraient du même ordre en Belgique. Ainsi Electrabel et EDF transfèrent-ils massivement le risque d’irradiation vers les travailleurs de la sous-traitance... qui se fait souvent en cascade. «En bout de chaîne, il est fréquent de trouver des intérimaires qui n’ont pas toujours les compétences requises», déplore Jean-Marc Pirotton.

    Pour la plupart des sous-traitants, la visite médicale (deux fois par an en Belgique) se réduit à un «rite d’aptitude» pour pouvoir travailler en zone, sans rapport avec une action continue de surveillance et de protection de la santé à laquelle les salariés sont soumis. Bref, dans les centrales, le travail sous-traité disparaît des «ressources humaines» pour être reporté dans les «achats», régulés essentiellement par la concurrence. Ainsi, ceux qui génèrent les risques – les exploitants de centrale – ne doivent plus en assumer les conséquences en cas d’accident de travail ou de maladie professionnelle...

    Si les contraintes de sécurité imposées par la direction sont les mêmes pour tous, le message délivré aux sous-traitants varie en revanche selon l’employeur. «Sur les quelque 1.200 saisonniers qui débarquent pour un arrêt de tranche, environ deux tiers proviennent d’entreprises structurées, avec délégation syndicale», estime à la louche Jean-Marc Pirotton. «Les autres, on ne les connaît pas, enchaîne Constant Koumbounis, délégué FGTB chez Fabricom-GTI, une filiale de Suez qui est un des principaux sous-traitants d’Electrabel à Tihange. Ceux qui bossent pour des petits patrons, les “marchands d’hommes”, ils ne parlent pas. Ils se changent dans la camionnette et cassent la croûte sur leur coffre à outils. Pour eux, le message de sécurité n’est pas du tout le même...»

    Dosimètre au vestiaire

    Les travailleurs qui opèrent en zone ont droit à un quota annuel d’irradiation. S’ils le dépassent, ils sont interdits de centrale. Les salariés sont mis au chômage technique, avec perte de revenus. Les intérimaires, eux, perdent leur job. Ainsi, lorsqu’ils frôlent leur quota, certains travailleurs laissent volontairement leur dosimètre au vestiaire... Pour d’autres, c’est un ordre. «Une fois, je travaillais la nuit ; il n’y avait pas d’agents de radioprotection, témoigne Antonio, un intérimaire français habitué depuis quatre ans aux petits contrats (2). Mon chef m’a demandé de déposer mon dosimètre et d’aller reprendre le double de la dose. J’ai refusé et j’ai été viré.»

    Une exception ? Pas vraiment. Dans le rapport 2005 remis au directeur d’EDF par l’inspecteur général pour la sûreté nucléaire et la radioprotection, le «défaut de port de dosimètres» était repris dans les «situations répétitives et à risque». Et en Belgique ? «C’est déjà arrivé à Doel, à Tihange, et à mon avis ça arrive dans toutes les centrales nucléaires du monde, lance Jean-Marc Pirotton. C’est bien sûr décrié par la direction, mais il n’y a pas toujours un ingénieur d’Electrabel derrière les sous-traitants...»

    A court terme, ces «petits arrangements avec la radioactivité» conviennent à tous : l’ouvrier peut continuer à travailler, le sous-traitant est bien vu par l’exploitant de la centrale car il passe pour bien gérer les doses de ses travailleurs, et l’exploitant lui-même peut afficher une dose collective annuelle en baisse. Ce qui est excellent pour son image. 

    (1) Propos recueillis en mars 2007 par le réalisateur belge Alain de Halleux, qui prépare un documentaire de 52 minutes sur le sujet.
    (2)
    Travailler peut nuire gravement à votre santé, Annie Thébaud-Mony, La Découverte, 2007, p.105.

      



     

     

     


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    La polémique – AREVA

    ( Voir aussi les articles précédents )

    Pour qui ne l'aurait pas encore compris et au delà de la polémique, il est aisé de se rendre compte que la France n'a aucune indépendance énergétique en matière de nucléaire. Pourtant les dirigeants de la secte pro-nucléaire prétendent le contraire.

    Si la France avait encore de l'uranium comme par exemple en Limousin, il est très probable que cette polémique n'aurait pas eue lieu.

     

    Il paraît évident que Anne Atomic, Pardon, Lauvergeon, s'est faite rouler dans la farine par cette société Canadienne. De surcroît, il devient plus difficile de coloniser et de piller l'Afrique et c'est tant mieux.

     

    L'Empereur Sarko qui s'acharne à redorer le blason « puant » du nucléaire l'a bien compris. Il n'a donc logiquement pas hésité à lourder Anne Lauvergeon. Cette dernière n'ayant semble-t-il pas cerné certains paramètres politico-économiques de la religion nucléaire française.

    De telles erreurs, ajoutées aux difficultés de construction des EPR ( Flamanville et en Finlande ), ne sont pas de nature à consolider la pieuvre AREVA. Qui s'en plaindra, en dehors des nucléocrates.

    Gaulois.

     Interview assez stupéfiante de Anne Lauvergeon :

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/02/09/j-ai-derange-des-interets-et-des-reseaux_1640808_3234.html

     

     

     


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    Hiver : la propagande mensongère et scandaleuse d'EDF

    Cette propagande n'est pas nouvelle à EDF, qui est un état dans l'état.

    Mais est-il encore nécessaire de le dire et le redire encore et toujours.

    Gaulois.

      Par admin le jeudi 9 février 2012, 13:13 - National - Lien permanent

    Depuis le mercredi 8 février 2012, par rapport aux conditions météo actuelles et à la surconsommation d'électricité, EDF développe dans les médias une campagne publicitaire opportuniste sur l'apologie du nucléaire qui "sauverait actuellement" les Français. Une campagne grotesque contredite par la réalité.

    Cette campagne publicitaire est proprement scandaleuse et grotesque lorsque l'on sait que c'est EDF qui est directement responsable de cette surconsommation électrique. EDF qui a pris en otage les français en ayant orchestré pendant plus de deux décennies la promotion du chauffage tout électrique... avec des aides publiques payées par les contribuables. La France est un cas unique en Europe au niveau de la dépendance électrique envers le chauffage.

    Le paradoxe de cette propagande au vue des chiffres officiels, est que ce n'est pas EDF et le nucléaire qui "sauve les français" mais l'Allemagne qui tout en fermant ses centrales nucléaires nous fournit l'électricité qui nous manque malgré des conditions météorologiques nettement plus drastiques chez elle que chez nous. La France importe du courant électrique depuis l'Allemagne.

    A titre de comparaison, la pointe de consommation électrique est, en France,  de 96 GW alors qu'elle n'est que de 80 GW en Allemagne pour une population pourtant de 17 millions d'habitants en plus. Economiquement, cette situation a pour conséquence l'obligation de développer des capacités de pointe et un réseau  électrique totalement surdimensionné et ne fonctionnant que quelques jours  par an. Le risque de  coupure n'est donc que la conséquence de choix énergétiques irrationnels faisant la part belle au nucléaire et au chauffage électrique censé écouler  le surplus d'électricité produite.

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     Dans ce registre de désinformation et manipulation de l'opinion publique par le lobby nucléaire aux aboies, notons que si tous les milliards investis dans le nucléaire l'étaient dans les énergies renouvelables, il n'y aurait pas de problème de fourniture énergétique en France, notamment dans les régions à l'extrémité d'un réseau, voulu hyper centralisé, de Bretagne et de la vallée du Rhône. Un déploiement massif d'hydroliennes auraient un excédent énergétique.

    Notons que cette hyper-centralisation nucléaire du réseau électrique français vient de générer virtuellement une perte financière de 16,5 millions d'euros en 6 heures compte-tenu du volume des pertes en ligne précisées par RTE (uniquement sur son réseau Tht) et  du prix du MWh durant la période allant de 7h00 à 13 heures ce jeudi 09 février,

    Les extériorisations actuelles médiatico-publicitaires d'EDF sont à l'image peu reluisante des frasques du Président de son Conseil d'Administration, Henri Proglio (celui de la bande du Fouquet's), décrit avec précision dans le livre "L'oligarchie des incapables".

    Les chiffres qui contredisent la propagande du lobby nucléaire

    Selon les données de RTE (Réseau de Transport d'Électricité) pour les prévisions de production électrique, par exemple pour le jeudi 9 février 2012, (voir tableau) on peu noter que l’équivalent de production d’électricité de 28 réacteurs nucléaires sera possible demain grâce à nos 49 centrales thermiques (20 au charbon, 11 à gaz et 18 au fioul) équivalent 14 réacteurs nucléaires et avec les énergies renouvelables inclus comme l'hydraulique (équivalents 14 réacteurs nucléaires).

    Un tiers de notre production d’électricité est donc fourni par du non-nucléaire en cette période de pique hivernale : ce qui prouve bien qu’en période normale, le non-nucléaire pourrait fournir bien plus que 33% de nos besoins en électricité, contre 22% en moyenne par an actuellement.

    Arrêter le nucléaire c'est possible et indispensable

    L’importance propagandiste accordée aux gaz à effets de serre par rapport à l'arrêt indispensable du nucléaire est tout simplement suicidaire et irrationnel lorsque l'on sait que ces gaz à effets de serre proviennent à 84% d’énergie non-électrique (notamment des transports y compris ceux de la filière nucléaire), l’électricité ne représentant que seulement 12% de la consommation d’énergie totale de la France génératrice de GES et CO2.

    Sans prendre en compte un hypothétique changement de comportement de nos concitoyens il suffit donc, pour un coût nettement inférieur au délire des investissements "sécuritaires" et projets pharaoniques scientistes dans le nucléaire, de faire tourner les centrales thermiques mise en sommeil par EDF, d'en construire rapidement de nouvelles (gaz naturel, co-génération, fuel,...), d'augmenter la production des barrages hydro-électriques actuels, de favoriser le développement décentralisé des énergies renouvelables (géothermie, solaire, biomasse, éolien) et les économies d’énergie.

    Tout autre attitude dogmatique surannée pro-nucléaire, tout "scénario" technocratique d'un prolongement du nucléaire (sous couvert de la manipulation sémantique de "sortie") sur 20ans-30ans, ou plus, tout accompagnement de type "greenwashing" relève du crime contre l'humanité. Chaque jour, chaque heure le fonctionnement de la moindre centrale nucléaire rejette dans l'atmosphère et dans les fleuves des contaminants radioactifs de plusieurs milliers de becquerels qui portent atteinte à la santé et à la vie, provoquent cancers et leucémies, génèrent souffrances et douleurs, assassinent des innocents.

    Arrêter immédiatement le nucléaire, recourir temporairement aux énergies fossiles et augmenter la production hydraulique actuelle pour la production d'électricité, est la seule voie rationnelle, techniquement cohérente, socialement acceptable et de survie du vivant sur notre petite planète.

     



     


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  • Policier et crocs du chien

    Vous pensez sans doute que j'ai une dent contre les flics, mais avouez quand-même que le chien de ce policier lui, a du croc mordant. Le pire, c'est que le maître s'en fiche comme de sa première matraque. Finalement, c'est à se demander lequel, du maître ou du chien est le plus dangereux...

     

     

     

     

    Décidémment, la promenade en forêt est à haut risque. Outre celui de recevoir du plomb de chasse, nous sommes pris pour du gibier par les molosses d'irresponsables.

     

     

    CRS à 180 km / heure !

    Ceux-là même qui, s'ils ne vous cognent pas dans une manif, vous verbalisent pour excès de vitesse.

    Tout va bien. La police irréprochable veille sur les citoyens.

    Gaulois

     


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    Arrêtés anti-mendicité en série

     

    Toutes les justifications sont possibles pour masquer l'ignominie des arrêtés anti-mendicité. C'est vrai que pour ces élus peu scrupuleux, c'est plus facile de s'attaquer aux pauvres de la rue qu'aux riches. Les premiers n'ont même pas le droit d'occuper un mètre carré de trottoir pour dénoncer leur misère et mendier, alors que les seconds disposent d'appartements chics dépassant souvent 200 mètres carrés.

     

    Il est évident que les rues frappées de l'arrêté ne relève pas du hasard. Les commerçants ne voient pas d'un bon œil ces mendiants. Enfin quoi, ces pauvres bougres ne peuvent pas aller dans les rues sombres et autres coupe-gorges ?

     

    Manquerait plus qu'ils s'installent avenue des Champs Elysées ou devant le palais du même nom.

     

                                                                     Rue de Rennes

     

    Cette couche de la société bourgeoise bon chic bon genre des rues de Rennes et de Sèvre est à vomir.

     

    Gaulois.

     



     


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