•  

    Précarité et Forfaiture

    Dans un précédent article, je vous parlais de l'intérim « Le syndrome du vendredi ». A 55 ans, après avoir subit ce syndrome durant 8 ans j'étais jeté du monde du travail comme un vulgaire kleenex. Mes droits au chômage fondaient comme neige au soleil car les dernières missions en intérim étaient devenues de plus en plus espacées. Je sombrais progressivement dans la depression. Une grève de la faim s'ensuivra et durera 47 jours, bien décidé à en finir. Rapidement hospitalisé, je pourrais durant les périodes de lucidité de cette terrible épreuve, juger de l'hypocrisie des acteurs du monde social, des services de l'état, des collectivités territoriales et de la presse locale, avide de sensationnel. Seuls, quelques amis, la famille et une association nationale AC ! ( Agir ensemble contre le Chômage ) m'aideront à sortir de cette spirale de la déchéance.

    C'est ainsi qu'au 47 ème jour de cette grève de la faim, je signais la pancarte de l'hôpital et rentrait chez moi, très affaibli et ayant perdu 17 kg. Tout ce beau monde avait fini par m'ignorer superbement, après des promesses artificielles et ne souhaitant qu'une seule chose, me voir disparaître. De plus, je ne supportais plus de voir ma famille souffrir pour moi.

    Le jour même de mon retour au domicile, après avoir pris conscience de tout cela, je décidais de rebondir et, après m'être accordé un mois de repos, je préparais une marche en Basse-Normandie de 800 km. Elle durera un mois et demi, durant laquelle j'interpellerai les élus de tous bord, des députés, des sénateurs, l'ancien ministre Louis Mexandeau à Caen ainsi que le maire de cette ville, Jean-Marie Girault, méprisant au possible. Les presses locales, les association et les syndicats. Sans oublier les agences de l'ANPE et les ASSEDICS. Je ferai quelques irruptions plutôt remarquées dans les agences d'intérim.

    Le député maire d'Octeville, ville périphérique de Cherbourg Bernard Cazeneuve, me recevra alors que je suis accompagné par une association locale de chômeurs. Il me remettra la médaille du travail, le blason aux couleurs de la ville et ... un chèque de 500 francs. J'ai failli lui jeter ce chèque à la figure car persuadé que ce n'est pas de sa poche, mais du CCAS d'Octeville.    

    Dès ma sortie de l'hôpital, j'avais fait une demande d'aide médicale auprès des services concernés car celui-ci me réclamait les 47 jours de forfait hospitalier, soit à l'époque 3290 francs ( Env. 500 euros ) qui représentait à peu de chose près un mois de RMI dont je « bénéficiais » si généreusement. Le jour du départ de cette marche, je n'avais pas obtenu de réponse, sans me douter qu'elle allait arriver de la façon la plus ignoble durant mon périple à travers la région, donc loin de chez moi. Je vous livre dans les lignes qui suivent la forfaiture du Conseil Général de l'Orne.

    L'assistante sociale de la DISS ( Direction des Interventions Sociales du Conseil Général ) se présentait à notre domicile afin de faire remplir par nos deux enfants Majeurs, chacun un dossier afin qu'ils règlent, à ma place puisque non solvable étant au RMI, ce forfait hospitalier. L'assistante sociale fait l'erreur de laisser ces 2 dossiers à ma femme en précisant qu'elle repassera une semaine plus tard récupérer les dossiers remplis. Fort heureusement, ma femme m'informe aussitôt de cette démarche sur mon téléphone portable. Je lui conseil de ne surtout pas faire remplir ces dossiers par les enfants et de ne pas les rendre à l'assistante sociale. Comme prévu, cette dernière vient quelques jours après récupérer les dossiers. C'est alors qu'elle se rend compte de son erreur et repartira bredouille et furieuse.

    Pendant quelques mois, je n'entend plus parler de cette sordide affaire. Puis l'hôpital, par l'intermédiaire de la perception me relance. Entre temps, nous avons avec AC ! Découvert que, d'une part les dossiers de l'assistante social n'étaient autre que l'obligation alimentaire des enfants dû aux parents et que d'autre part, selon l'article 205 du code civil, l'aide médicale ne rentre pas dans le cadre de l'obligation alimentaire et ne peut donc pas être exigée des enfants. Le Conseil Général, pourtant censé connaître les textes, tentait en fait de m'escroquer. Il est rappelé à l'ordre par nos soins et je demande confirmation de l'aide médicale qui me sera accordée

    Quelle n'est pas ma surprise, trois mois plus tard, de recevoir un chèque du trésor public d'un montant équivalent au forfait hospitalier. Non seulement j'avais bénéficié de l'aide médicale, donc pas tenu de régler ce forfait, mais en plus je percevais ce montant. Entre nous, il m'arrive d'avoir quelques scrupules, mais là, je n'en ai eu aucun, considérant que j'avais suffisament été victime du système et que c'était un juste retour.

    L'histoire pourrait s'arrêter là, mais non ! 5 ans plus tard, je reçois un courrier de la même trésorerie m'indiquant que j'avais perçu de leurs services par erreur une somme de.... 501 euros. Bien sûr, c'était vrai et je ne pouvais guère le nier, sauf que devinez ? 5 ans, il y avait prescription, au delà de 4 ans. Je ne répond pas à la perception mais celle-ci me relance à peine un mois plus tard, menaçante. Je fais intervenir une amie avocate qui adresse un courrier à la perception et l'affaire est classée.

    Combien de personnes précaires, ne sachant pas se défendre se font arnaquer par le système institutionnel ? Vous qui lisez mon histoire vécue il y a 11 ans, n'hésitez pas à la diffuser à vos amis, parmis lesquels il en est peut-être qui sont victimes de ce système.

     

     

     

     


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :