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Lettres des enfants de Fukushima.
Je doute que l'ONU prête attention à ce message d'enfants victimes de la folie nucléaire.
Faut-il encore et toujours le rappeler ; l'ONU, c'est l'AIEA, qui fait la promotion du nucléaire à travers le monde. L'ONU, c'est l'OMS, garante de la santé des peuples et qui, en matière de protection nucléaire, s'évertue à ne rien faire, puisque complice de l'AIEA.
Cette lettre est lue en présence du Professeur Michel Fernex, qui se bat depuis la catastrophe de Tchernobyl pour aider les victimes de cette folie humaine.
Gaulois.
"Lettres des enfants de Fukushima lues à l'ONU" par Taka Honda le 30.10.2012.
http://kna-blog.blogspot.fr/2013/02/lettres-denfants-de-fukushima-lues-aux.html
Une fille en 2ème année : Je ne prête pas attention aux rivières quand je vais à l'école. Je m'efforcerai de me laver plus souvent les mains à partir d'aujourd'hui.
Un garçon en 4ème année : Je veux jouer dehors sans m'inquiéter de la radioactivité.
Une fille en 5ème année : Je suis reconnaissante envers les gens qui transportent des poissons et de la nourriture de l'hémisphère Sud où la radioactivité est faible. Je tiens à les apprécier davantage quand je mange des aliments alors que beaucoup de personnes sont tellement préoccupées par la radioactivité dans la nourriture que je mange.
Une fille en 5ème année : J'ai appris qu'il y a plus de 221 radionucléides dans le monde, et les champignons et la rouille augmentent dans les réacteurs nucléaires. Alors que notre gouvernement ne nous aide pas, j'apprécie qu'il y ait tellement de gens prêts à nous soutenir.
Une fille en 6ème année : La radioactivité causera des maladies dans 10 ans. Je vais faire plus attention, et dire à mes amis de faire de même.
Maintenant, j'espère que vous avez un peu idée de ce à quoi pensent les enfants de Fukushima.
Je suis également très impressionné et ému d'apprendre qu'ils apprécient toujours énormément la vie malgré la situation très difficile dans laquelle ils doivent pourtant vivre.
Pour terminer, je vous laisse ce message. C'est un peu long, mais s'il vous plaît écoutez-le.
Il est écrit par une fille en 7ème année.
Après l'accident dans les centrales nucléaires, alors que je regardais la TV j'ai entendu quelqu'un en parler, je suis devenue un peu inquiète de pouvoir tomber malade dans 10 ans ou plus, mais je n'étais pas très prudente.
Mais maintenant j'ai appris, et il y a trois choses qui m'inquiètent.
Numéro 1 : Je suis inquiète de pouvoir avoir un bébé en bonne santé comme un femme normale quand je vais grandir et me marier. Ma mère s'occupe très bien de moi. Elle demande à mon école de me garder à l'intérieur pendant les leçons d'éducation physique. Elle achète autant que possible de la nourriture d'endroits éloignés du Japon ou de l'étranger. Elle est tellement attentionnée. Mais je pense que j'ai déjà un peu de radioactivité
à l'intérieur de mon corps. Donc, peut-être que mon corps est plus pollué
que celui d'une personne normale. Je pense à la possibilité que mon bébé naisse avec des malformations. Si je n'ai pas de chance, peut-être que mon ventre est abîmé, et je ne pourrai pas avoir d'enfant du tout. Donc, je suis prête renoncer à avoir un bébé quand je serai plus âgée.
Numéro 2 : Je suis inquiète de ce qui va arriver à Fukushima dans le futur. J'aime beaucoup ma mère et mon père. Ils vivent à Fukushima. Mes amis, Grand-mère et Grand-père y vivent aussi. Je veux vraiment que nous partions tous quelque part loin d'ici, mais nous ne pouvons pas. Ma maman est si gentille qu'elle m'envoie dans les programmes de repos et récupération, mais beaucoup de mes amis n'y vont pas car leur mère ne le leur permettent pas. Je suis inquiète pour ma santé. Je suis encore plus inquiète pour la santé de mes amis, et celle des gens qui sont importants pour moi. C'est ma mère qui m'inquiète le plus. Elle a fait beaucoup d'efforts pour assurer ma sécurité. Récemment, j'ai fait un rêve où les gens à Fukushima mourraient dans quelques années à cause de la radioactivité. Cela m'effraie beaucoup. Ces pensées effrayantes me tiennent éveillée la nuit. J'espère que ce rêve ne se réalisera pas.
Numéro 3 : Alors que les gens du gouvernement savent que nous souffrons, ils ne font rien. Je suis passée de la tristesse à être maintenant très en colère contre eux. Ils ne protègent pas nos vies. Les gens à Fukushima souffrent à cause des centrales nucléaires qui fabriquent du courant pour les gens de Tokyo. Et je pense que c'est une erreur que le gouvernement ne fasse rien pour nous aider et prétende ne rien savoir de nous. Non seulement le gouvernement, mais le gouvernement local de Fukushima ne fait rien non plus. Je veux leur dire, "Vous prétendez être victimes, mais en réalité vous êtes aussi coupables".
Enfin, les gens de partout dans le monde pensent à nous, mais je le dis, ils ne savent pas grand-chose du danger d'avoir l'énergie nucléaire. Je veux parler du danger des radiations et demandez-leur de ne jamais répéter la même erreur.
Je suis reconnaissante des choses que j'ai apprises. Cela m'a aidé à y voir plus clair.
Comme vous l'avez entendu, les enfants de Fukushima s'efforcent toujours tellement de vivre une vie normale.
Pouvez-vous les aider, s'il vous plaît ?---
A Fukushima, « on retire la terre ! »
Ce passage, digne de la secte nucléaire !!« Le retour d’une population est défini par le niveau d’irradiation des dépôts radioactifs, explique Philippe Renaud, de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Il faut donc, avant toute chose, diminuer ce niveau, mais dans les zones où l’on dépasse les 20 mSv/an, il n’y a pas grand-chose à faire !» Pour lui, c’est à chaque Japonais de décider s’il veut retourner chez lui. «Une dose de 10 mSv est équivalente à ce que l’on reçoit lors d’un scanner du corps entier. Si les gens qui se disent déracinés veulent revenir au prix de ce risque, pourquoi les en empêcher ? »
http://www.liberation.fr/terre/2013/01/28/a-fukushima-on-retire-la-terre_877474
28 janvier 2013 à 21:46Le jardind'enfants Kohitsuji à Fukushima, où le sol contaminé a été retiré, et où le matériel de jeu a été remplacé. (photo Jiji Press. AFP)
Reportage Les liquidateurs s’efforcent de décontaminer les alentours de la centrale sinistrée. Avec l’espoir insensé de faire revenir les habitants.
Par LAURE NOUALHAT Envoyée spéciale à Fukushima
«Ma terre, je l’aime. La dépolluer est un devoir. Je ne me vois pas partir et ne rien faire.» Près de deux ans après le triple désastre qui toucha, en mars 2011, le nord-est du Japon, Takao, ancien paysagiste de 47 ans, fait partie d’une brigade de décontamination qui officie dans la province de Fukushima. Dans le petit village de Date, situé à 40 km de la centrale nucléaire, son équipe vient de terminer son ouvrage : scalper un terrain et ébrancher les pins qui faisaient de l’ombre à une petite maison blanche. Les troncs désormais lisses sortent de la terre mise à nu pour s’élancer vers le ciel bleu roi, offrant un spectacle de désolation. Avant les travaux, le compteur Geiger affichait 3 microsieverts/heure, soit 26 fois la dose annuelle admissible par l’OMS (1 millisievert par an). Depuis, la dose a baissé, mais reste 10 fois supérieure à la norme.
Si les blessures du tremblement de terre et du tsunami cicatrisent grâce à la reconstruction, celles de l’accident nucléaire sont d’un autre genre. Villages, champs, bois et rivières, maisons et bâtiments publics… Tous ont été contaminés par un panache radioactif échappé de la centrale de Fukushima Daichi. Des radioéléments comme le Césium 134 ou 137 ont atterri sur la cime des arbres, les routes, les toits, les potagers… Comme à Tchernobyl en son temps, il faut décontaminer cette nature souillée avant tout retour potentiel.
Emmitouflés dans des combinaisons blanches, masques sur le visage, les liquidateurs sont les seuls à arpenter ces hameaux désertés. Leur mission ? Décaper la nature. Munis de pelleteuses, de pelles, de pioches, ils enlèvent de la terre, des plantes, de la mousse, des feuilles mortes. Armés de jets à haute pression, ils rincent les toits, les équipements publics et poussent les sédiments dans les tranchées. Paysans, petits artisans, salariés, des milliers d’hommes du cru, pour la plupart volontaires, ont été formés sur le tas à la manipulation de déchets contaminés. Comme Isumi, 42 ans, ancien éleveur qui s’ennuie ferme depuis que les autorités lui ont interdit de commercialiser le lait de ses vaches. «Toute la journée, on retire la terre sur 5 à 7 centimètres avec des pelles mécaniques. Parfois, on le fait manuellement car les engins ne passent pas. On creuse avec des pelles et on désherbe les rives des cours d’eau. C’est un travail de longue haleine.» Les plannings de décontamination des habitations s’étalent effectivement sur cinq ans. «La priorité est donnée aux endroits fréquentés par les enfants : terrains de jeux, cours d’école, jardins», explique Hiroaki Kagaya, chargé du dossier à la préfecture.
«Forêts». En 2012, l’administration a consacré 2,7 milliards d’euros à ces travaux titanesques. «Pour une maison dotée d’un terrain de 400 m2, il faut compter deux semaines de travaux et 10 000 euros, calcule le fonctionnaire. Après les habitations, il faudra s’atteler aux forêts et aux rivières, ce sera beaucoup plus long !» Et encore plus aléatoire. Car pour supprimer la contamination, on n’a rien trouvé de mieux que… de la déplacer. Après leur récolte, les déchets radioactifs sont stockés dans de gros sacs numérotés empilés un peu partout sur des terrains vagues, des champs ou des cours d’école. Avant leur stockage définitif prévu sur deux sites dans la région, et sur un troisième lieu - encore indéterminé - pour les déchets les plus dangereux.
Selon les ONG, cet acharnement est inutile. Les radioéléments, en se répandant sur les forêts qui couvrent 75% de la zone, ont infiltré la terre ou les cours d’eau qui filent dans les rizières. A la moindre averse, ils réapparaissent, entraînés par le ruissellement. En juin 2012, la Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité (Criirad) a effectué des mesures dans des maisons décontaminées : six mois après les travaux, elle a noté des doses annuelles jusqu’à six fois supérieures à la norme de l’OMS. «Cela montre à quel point la décontamination est insuffisante, note Bruno Chareyron, de la Criirad, dans son rapport qui préconise l’évacuation définitive. On devrait aider les habitants à déménager vers des territoires non contaminés, et non leur promettre un retour.»
C’est pourtant bien de retour dont il s’agit. En 2014, tout au plus, certaines familles pourront réintégrer leurs maisons. A condition que les niveaux d’exposition soient les plus bas possibles : de 1 à 5 millisieverts par an, voire 10. « Le retour d’une population est défini par le niveau d’irradiation des dépôts radioactifs, explique Philippe Renaud, de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Il faut donc, avant toute chose, diminuer ce niveau, mais dans les zones où l’on dépasse les 20 mSv/an, il n’y a pas grand-chose à faire ! » Pour lui, c’est à chaque Japonais de décider s’il veut retourner chez lui. « Une dose de 10 mSv est équivalente à ce que l’on reçoit lors d’un scanner du corps entier. Si les gens qui se disent déracinés veulent revenir au prix de ce risque, pourquoi les en empêcher ? »
«Hot spots». Car, pour les autorités locales et certains scientifiques, vivre en zone contaminée est désormais envisageable. Il suffirait de faire attention à ce que l’on mange, aux endroits que l’on foule et d’éviter les hot spots, ces points de radioactivité très élevée.
Le retour, Norio Kanno en rêve. Maire du village d’Iitate-mura, dont les 7 000 habitants ont tous été éparpillés dans des logements temporaires, il essaie de convaincre ses administrés qu’une nouvelle vie sur place est possible. «Bien sûr, ce ne sera pas complètement comme avant, mais il faut y croire.» A Iitate-mura, la municipalité a replanté du riz sur des parcelles décontaminées. «Il était comestible. Le problème, c’est de convaincre les Japonais d’acheter les produits de Fukushima», s’inquiète cet élu, qui soupçonne les médias - surtout étrangers - de jouer sur les angoisses de la population. «Les gens pourront rentrer chez eux à la fin de l’année», clame-t-il. La préfecture, elle, se veut plus prudente. «Pour que les gens reviennent, il faut des taux de radioactivité suffisamment bas, mais aussi rétablir les infrastructures, rouvrir les commerces et fournir du travail», prévient Hiroaki Kagaya. Bref, réinstaller la vie.
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