• Fukushima: La radioactivité est-elle un facteur dans le record de mortalité au Japon En 2011-12 ?

    Ca ne fait aucun doute, la radioactivité est en cause. Lorsque les experts et scientifiques indépendants, ainsi que les opposants pourront s'exprimer " Librement ", les plus septiques réviseront sans aucun doute leur point de vue sur la question. 

    Gaulois.

    http://fukushima-informations.fr/?p=5481


    12 janvier 2013  in ACTUALITÉS FUKUSHIMA-INFORMATIONS | by admin
    (traduit et interprété de l’anglais par Katia Wery)

    Yoichi Shimatsu
    La projection de la CIA du taux de mortalité au Japon pour 2012 est indiquée sur ce tableau. Au lieu de cela, après la catastrophe de Fukushima, le taux de mortalité réel est le même que pour 2011.
    Contrevenant à l’assertion du gouvernement japonais prétendant que pas une seule personne n’est morte des radiations Fukushima, les chiffres de mortalité nationale qui viennent d’être publiés dans la Presse par le Ministère de la Santé et des Affaires Sociales présentent des données indéniables confirmant un taux de mortalité record depuis la catastrophe du 11 Mars 2011.

    Un examen attentif et indépendant des données sur la mortalité au cours des années 2011 et 2012 suggère que la contamination radioactive des ressources alimentaire et de l’environnement du pays a déclenché ou contribué à au moins 6.000 morts et plus probablement des milliers d’autres.
    Le Ministère de la Santé cite les principales causes de décès comme le cancer, les maladies cardiaques, la pneumonie et les troubles cérébro-vasculaires (hémorragies et caillots dans le cerveau). Ces causes apparentes, dans nombre de cas, pourraient bien avoir été seulement le coup fatal porté à un patient dont la santé a été sérieusement compromise par l’exposition aux radiations. Les isotopes nucléaires, en particulier lorsqu’ils sont ingérés par l’alimentation ou inhalés par les poumons, peuvent être un facteur de cause primaire de la détérioration du système immunitaire, des nerfs et des muscles, rendant le patient beaucoup plus vulnérable à la défaillance d’un organe ou à l’attaque par des agents pathogènes.
    Le Japon a également connu une baisse record du taux de natalité national, avec seulement 1.033.000 nouveau-nés, soit une chute de 18.000 depuis l’année précédente. L’importante diminution du nombre de naissances indique la réticence des jeunes couples à devenir parents et à élever des enfants dans un pays inondé de radiations, qui affecte déjà la santé maternelle au cours de la période prénatale. La combinaison d’une augmentation des décès et d’un taux de natalité en baisse a pour résultat que la population du Japon s’est réduite de 212.000 individus au cours des 12 derniers mois – un bas record historique.
    Les Chiffres Ne Mentent Pas
    L’année record concernant la mortalité au Japon, 2011, a été témoin de 1.253.066 morts, sans compter les 2.700 victimes estimées du tsunami, portées disparues et qui sont présumées mortes. Selon les chiffres de
    l’Agence Nationale de Police, les 15.878 morts dus au tremblement de terre et tsunami du Tohoku sont inclus dans le total annuel.
    Maintenant, si les pertes humaines des désastres du Tohoku sont soustraites du total annuel de 2011, alors 1.243.188 personnes sont mortes de causes autres que le tremblement de terre et le tsunami.  Ce chiffre est inférieur à l’estimation du Ministère de la Santé pour le nombre de décès en 2012, qui s’élève à 1.245.000 morts.
    Ainsi donc, l’année dernière a été la période de 12 mois la plus meurtrière en termes de décès non liés à une catastrophe.  Cette hausse du nombre de décès ne peut pas être attribuée à un désastre majeur, à une contagion (comme les foyers de grippe aviaire des années précédentes) ou à un accident industriel majeur.  Le nombre record de décès en 2012 est resté inexpliqué par le Ministère de la Santé, qui ne cherche pas à enquêter sur la cause sous-jacente réelle.
    Sommes-nous ici en train de faire un jugement hâtif en liant le taux de mortalité record aux effets des radiations dues aux fusions de Fukushima ?  Absolument pas – la dure réalité des données indiquent exactement le facteur manquant que sont les radiation.
    A l’encontre de la tendance
    Pour les nombreux lecteurs qui n’aiment pas l’arithmétique, soit vous continuez avec ces calculs ou vous descendez directement aux sections suivantes.  Dans les quatre années de 2007 à 2010, la mortalité nationale a augmenté avec un taux constant de 0,28 décès pour 1.000 personnes.
    Qu’est-ce qui explique la tendance à la hausse des accidents mortels ?  Cette période de quatre ans a été témoin de la mort de patients âgés de plus de 70 ans dont les enfances ont coïncidé avec les privations dues à la Seconde Guerre mondiale et aux années de l’immédiate l’après-guerre.  Beaucoup ont souffert de mauvaise santé chronique en raison de malnutrition, tuberculose ou hépatite au cours de leur jeunesse.
    La Grande Faucheuse a enlevé bon nombre de ces seniors en moins bonne santé, laissant un certain nombre de personnes âgées en relativement bonne forme – dont une majorité de femmes, moins exposées que leurs époux aux risques industriels de l’après-guerre (produits chimiques industriels,  pesticides, forte consommation de tabac, alcool frelaté, etc.).  En 2011, le taux de mortalité, ayant atteint son apogée, a ralenti, indiquant par là qu’une tendance inverse débuterait en 2012, compte tenu de la meilleure santé des survivants dans une société connue pour sa grande espérance de vie.
    C’est pourquoi, la C.I.A. dans son « World Factbook » (janvier 2011, avant la catastrophe du Tohoku) avançait qu’en 2012, le taux de mortalité du Japon diminuerait radicalement après l’apogée de 2011, passant de 10,09 ‰  à 9,15 ‰ personnes, soit un point plus bas que le taux de 2007.  Si l’énorme baisse du nombre de naissances depuis la catastrophe de Fukushima n’a pas été prise en compte, la population japonaise aurait dû enregistrer une légère augmentation en 2012.
    Converti en chiffres bruts, on pourrait raisonnablement s’attendre à une diminution du total des décès en 2012 à moins de 1.239,00, ou environ 6.000 de moins que l’estimation actuelle du Ministère de la Santé.  Les tendances très attendues de la diminution de la mortalité et de la croissance démographique ne se sont pas produites, pas après Fukushima.
    Les Radiations comme Cause Probable
    La disparité de 6.000 morts de plus que prévu indique une cause cachée pour ces décès inattendus.  De nouveau, sans aucune pandémie majeure ni de catastrophe au cours des 12 derniers mois, le seul facteur externe qui puisse expliquer cette flambée des décès est l’exposition aux radiations.
    Ce nombre est une estimation extrêmement prudente, basée sur une projection assez circonspecte de la C.I.A. pour un taux de mortalité en baisse.  Vu sous un autre angle, 6.000 morts dépassent le bilan de chaque contagion depuis les épidémies de typhoïde du 19ème siècle qui ont fait rage au Japon.
    Comment les radiations ont-elles tué ces milliers de japonais ?  De mes discussions passées avec des cardiologues japonais, environ 7.000 personnes au Japon meurent de maladie cardiaque chaque année, soit d’une insuffisance cardiaque, soit d’un infarctus.  En raison de leur poids moyen corporel, qui est plus léger par rapport à d’autres ethnies, les Japonais âgés ont tendance à avoir un cœur de taille beaucoup plus petite, les rendant plus vulnérables aux facteurs externes.  Le césium, lorsqu’il a été ingéré et qu’il a circulé dans le sang, a tendance à s’accumuler dans la chair, en particulier dans les muscles involontaires du cœur.  L’irradiation interne à courte distance, conséquence de cette contamination, affecte le rythme cardiaque, causant une crise fatale.
    Un autre organe vital, constamment irrigué par le sang, est le cerveau, dont le circuit est sensible aux neutrons émis par le césium.  Des lésions cérébrales consécutives peuvent provoquer des convulsions et des hémorragies, qui peuvent être le plus souvent fatales
    Les Japonais âgés, les hommes en particulier, sont plus sensibles aux doses de radiations du fait de leur exposition antérieure au cours des deux décennies d’essais nucléaires atmosphériques dans le Pacifique Sud.  Ces eaux chaudes sont des zones propices pour la pêche au thon, qui constitue une part importante du régime alimentaire national, plus particulièrement pour les résidents plus âgés.  Un autre facteur de vulnérabilité parmi cette génération d’après-guerre sont les hautes doses répétées de rayons X lors des radiographies à une époque où la tuberculose était un risque majeur de santé publique.
    Prévisions pour les Baby-Boomers et leurs Enfants
    A cause du déni de la part des autorités sanitaires et de la communauté médicale quant à l’irradiation, on  peut constater un certain manque de lignes directrices.  Quelques timides projections sont fournies ici, quoique certes basées sur un ensemble de données officielles discutable.
    Le taux croissant de mortalité ne se poursuivra probablement pas pendant de nombreuses années, étant donné que la génération des enfant du baby-boom, relativement en bonne santé, atteint actuellement l’âge de la retraite.  Du temps de leur enfance, la nutrition, la santé publique et les soins médicaux s’étaient considérablement améliorés partout au Japon.  En raison de leur forte consommation d’alcool et de cigarette, cependant, l’exposition aux radiations dues aux présentes fusions Fukushima va probablement accélérer les cancers du poumon, du foie et du cerveau.
    On peut s’attendre à ce que la mortalité infantile, qui n’a pas encore montré de forte hausse dans les résultats de 2011-12, augmente significativement à partir de 2015, compte tenu de la période « de gestation » de la leucémie, des maladies cardiaques et des cancers du poumon ou de l’intestin.  Une crise majeure en pédiatrie a cependant déjà commencé, avec de nombreux rapports de nodules au larynx que présentent les enfants de Fukushima.  La menace pour la santé des enfant partout dans la nation est ancrée dans le manquement criminel du Ministère de l’Éducation Nationale quant à assurer une alimentation non-irradiée dans les programmes des repas.  La fourniture de bœuf radioactif dans les cantines scolaires va bien au-delà de la simple négligence et l’on peut pointer du doigt la corruption parmi les motifs d’accusation d’homicide – ce qui est possible dans tout pays fondamentalement démocratique, mais ce que le Japon n’est pas.
    La politique du déni des radiations ne fait qu’ajouter à l’actuelle tragédie consécutive à la fusion des réacteurs de Fukushima.  La réduction des effectifs de la population du Japon va probablement durer pendant un autre demi-siècle, à moins qu’une seconde vague de fusions ne transforme l’archipel en un désert inhabitable.  Menant une politique irrationnelle, le gouvernement actuel semble en effet déterminé à agir dans ce sens, amener une apocalypse nucléaire sur les rangs décroissants du peuple japonais.
    Appel à l’éthique médicale
    Liés par leurs normes désuètes de strict respect de la vie privée, les médecins et les hôpitaux sont en défaut face à leurs patients en ne s’exprimant pas ouvertement en faveur de la santé publique, à commencer par le fait qu’ils n’ont pas blâmé le Ministère de la Santé pour avoir publié un rapport stipulant que la contamination ne représente pas une réelle menace pour la santé.  La fusion des réacteurs de Fukushima pose une question d’importance vitale et le Serment d’Hippocrate exige une prise de position éthique courageuse parmi les professionnels de santé.
    Tandis que les décès liés aux radiations sont à un niveau épidémique, le plus grand problème est de vivre dans un environnement submergé de radiations et sans cesse aggravé par les retombées de Fukushima.  On ne se débarrasse pas des maladies liées au rayonnement et celles-ci dureront tout le restant de la vie.  Ces maladies, avec leurs nombreux symptômes irritants et douloureux, peuvent difficilement être qualifiées de « supportables ».  Privé d’emplois et de soins médicaux, beaucoup de citoyens ont choisi de se suicider plutôt que de continuer dans une misère sans espoir.  L’acceptation désinvolte du suicide d’un voisin désespéré est un déshonneur déplorable, d’autant plus que cela se passe dans l’une des sociétés les plus riches au monde.
    La responsabilité de ces décès et suicides se trouve dans une bureaucratie tyrannique et les politiciens pro-nucléaires qui nient l’existence d’une menace de santé publique liée à l’irradiation.  Même leur dernier rapport policé sur les données démographiques de 2012 émanant du Ministère de la Santé, ne peut que silencieusement pointer qu’une « épidémie de radiation » se répand à travers le Japon.
    Pourtant les officiels continuent sans vergogne et répètent cet évident mensonge prétendant que personne n’est mort de la pluie mortelle de Fukushima.  A cause de cette règle qui enseigne de « ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire », les Japonais qui sont en train de mourir sont prisonniers sur la Planète des Singes.
    Yoichi Shimatsu, auteur scientifique basé à Hong-Kong, et ancien rédacteur en chef du « Japan Times Weekly ».
    traduction interprétation Katia Wery
    Pour comprendre les dégâts que fait la radioactivité cette vidéo explicative sur le site.

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    Au Japon, un opposant aux déchets de Fukushima a été arrêté

    http://www.reporterre.net/spip.php?article3690

    En décembre, Masaki Shimoji a été arrêté par la police d’Osaka. Cet universitaire s’oppose à la dispersion de déchets radioactifs de la région de Fukushima vers d’autres régions du Japon.
    Thierry Ribault - 7 janvier 2013

    Le dimanche 9 décembre 2012, la police du département d’Osaka a arrêté Masaki Shimoji, professeur associé de finance publique à l’université Hannan.
    Le 22 décembre, lors d’une conférence de presse, il sera dévoilé que ce sont des membres de la « Police de sûreté », héritière directe de la « Police politique spéciale », démantelée en 1945 par les forces d’occupation américaines, devenue depuis une division de la protection des personnalités de la Police Métropolitaine de Tôkyô, qui ont mené l’arrestation de Masaki Shimoji, avec la coopération de représentants officiels de son université.
    De fait, le 6 décembre 2012, trois jours avant l’arrestation, le président et le vice-président de l’université Hannan ont reçu la visite de deux détectives de la section 3 de la Police de sécurité (la section 3 se consacre officiellement à la protection des personnalités étrangères telles que les ambassadeurs et les chefs d’Etat) et d’un détective du commissariat de Matsubara. Il leur est alors notifié que l’arrestation aura lieu le 8 décembre et que le bureau du prévenu sera perquisitionné le 10 décembre.
    Toutefois, un appel ultérieur de la police à la présidence informera cette dernière que l’arrestation sera décalée au 9 décembre, ce à quoi la présidence donnera son accord. Aucun mandat n’a été fourni, ni demandé par l’université, lors de la perquisition du bureau du professeur Shimoji.
    Trois délits sont allégués à Masaki Shimoji : « violation de la loi sur les services de chemin de fer », « obstruction vigoureuse au bon déroulement des affaires » et « violation de propriété ». Les faits reprochés à Masaki Shimoji remontent au 17 octobre 2012, jour où il a participé à une manifestation d’opposition à la dissémination des débris radioactifs (et accessoirement chargés en amiante) du Tohoku, devant une des entrées de la gare d’Osaka, puis traversé la même gare pour rejoindre la mairie.

    Intervention de Masaki Shimoji - désigné par la flèche rouge - dans la gare d’Osaka en octobre 2012
    C’est cette traversée jugée intempestive qui lui vaut, apparemment, avec quatre autres personnes, d’avoir été arrêté deux mois après les faits, une semaine avant les élections du 16 décembre.
    « Une lutte pour sauver notre avenir »
    Selon l’association des « Citoyens contre la dissémination des matériaux radioactifs », une telle arrestation est « illégale », et Masaki Shimoji « devrait être relâché immédiatement », considérant qu’il s’agit d’ « une grossière tentative d’intimidation exercée sur les citoyens opposés à la dissémination nationale des matériaux radioactifs ».
    Cette association est en lutte contre le programme gouvernemental visant à « partager la charge entre tous », programme qui consiste à convaincre les gouvernements locaux d’accueillir au plus vite une part des débris afin de commencer les opérations d’incinération dès février 2013. Plusieurs villes, dont Osaka, ont déjà mené des tests d’incinération considérés comme « sans problème pour la sécurité » par les autorités bien que contestés par les résidents.
    Selon le Mainichi du 18 septembre 2012, la ville de Kitakyushu dans le sud du pays, accueille depuis septembre 2012 des débris contaminés acheminés par bateau par l’entreprise Kajima dans le cadre d’un contrat de 2 milliards de yens (20 millions d’euros) depuis le Tohoku afin de les incinérer.
    Un responsable de la mairie déclarait au même quotidien : « Peut-être nous ne devrions pas le faire, mais c’est de la responsabilité du gouvernement de nous le dire dans le cas contraire. »
    La municipalité a mobilisé une entreprise privée chargée d’effectuer un contrôle des rumeurs et des commentaires négatifs relatifs à son initiative. Il s’agit pour la municipalité de « s’assurer que des messages sans fondement ne génèrent pas de rumeurs dommageable aux activités du tourisme, de l’agriculture et de la pêche. »
    Le 30 août 2012, lors d’une réunion publique à la mairie d’Osaka, où parapluies et bouteilles d’eau avaient été confisqués à l’entrée, le maire d’Osaka, ex-gouverneur du département d’Osaka, avocat et vedette de télévision, Tôru Hashimoto, connu notamment pour ses appels en faveur d’un Japon armé de la bombe atomique, avait rétorqué aux résidents qui désapprouvaient le plan d’incinération des débris du Tohoku (Osaka compte accueillir 36 000 tonnes de débris d’ici avril 2014) : « La politique municipale n’est pas guidée par vos opinions. »
    Outre son investissement auprès des familles de réfugiés du nucléaire - on compte environ 6000 déplacés, forcés ou volontaires, originaires du département de Fukushima, et déclarés dans la mégalopole de Kobe, Kyoto, Osaka -, Masaki Shimoji a pris activement part à la campagne d’opposition aux différents projets des grandes agglomérations japonaises relatifs à la réception, l’incinération des débris contaminés en provenance du Nord du Japon, puis l’épandage des cendres issues de ces débris incinérés.
    Depuis le centre détention où il a été placé, Masaki Shimoji a fait parvenir un appel daté du 12 décembre dans lequel on peut lire : « Comme je l’ai inlassablement répété, la dissémination des débris dans tout le Japon ne sera d’aucun bénéfice pour quiconque. Les budgets dédiés à la reconstruction des zones dévastées seront canalisés vers l’incinération, freinant les avancées en matière de reconstruction. La radioactivité sera propagée, contraignant ceux qui vivent dans les zones affectées à endurer les conditions de la contamination, et les responsabilités de TEPCO seront ainsi diluées.
    Nous paierons cela de notre vie, de celle de nos enfants et de celle des enfants à naître. Une telle politique irresponsable ne devrait pas être autorisée. Nous devons arrêter cela. Ceux d’entre vous qui ont étudié la question et combattu ensemble, n’abandonnez pas et continuez la lutte. Quant à ceux qui ignorent les enjeux de l’incinération des débris, qu’ils en prennent connaissance et nous donnent un coup de main. C’est une lutte pour sauver notre avenir. »
    Une solidarité radioactive
    Les débris contaminés se retrouvent effectivement au centre d’une conception inédite de la solidarité. On connaissait la solidarité active, mais on ignorait tout, jusqu’à présent, de la solidarité radioactive, le ministère de l’Environnement ayant dans un premier temps, en août 2011, fait voter une loi, la première du genre dans l’archipel, autorisant les départements et les municipalités à demander au gouvernement de désigner certaines communes comme candidates à l’évacuation de décombres contaminés, puis dans un second temps, dès le 18 novembre 2011, convié des élus locaux à des « voyages de découverte » des mêmes décombres, afin de les convaincre d’en accepter une partie sur leur territoire.
    Afin de parachever ce programme de dilution comme solution à la pollution, le Premier ministre Yoshihiko Noda a, dans un troisième temps, le 16 mars 2012, fait parvenir une lettre à trente-cinq départements et dix grandes agglomérations leur demandant d’accueillir une part des 4 millions de tonnes de déchets contaminés des départements d’Iwate et de Miyagi et de Fukushima.
    Huit départements et huit grandes agglomérations urbaines (dont Tokyo et Osaka) avaient promptement répondu favorablement et proposé de recevoir près d’un million de tonnes de décombres contaminés. Il est toutefois fort probable que sur l’ensemble des 27 millions de tonnes de débris à traiter, bien plus de 4 millions soient contaminées.
    Le site d’enchères en ligne Yahoo Japan, tout comme le magazine Sotoko et la chaîne de radio J-WAVE, participent activement à cette campagne du ministère de l’Environnement en affichant sur sa page principale des slogans du type « Participez à la destruction des débris du désastre », « Travaillez comme bénévole ! » ou « Aidez les municipalités qui acceptent les débris du désastre ! ».
    « L’heure est venue de faire face à l’autorité de la nation »
    Le communiqué paru dans le journal Asahi du 17 août 2011 annonçant le vote de la loi sur la dissémination des débris radioactifs précisait utilement que, « bien que spécifiquement conçue pour gérer les retombées de l’accident nucléaire de Fukushima, cette loi pourra aussi être appliquée lors de tout autre accident nucléaire qui pourrait survenir ».
    Il est vrai que le seul principe de précaution que les autorités reconnaissent désormais comme pouvant être effectivement mis en œuvre, est celui qui consiste à garantir la protection de l’industrie nucléaire des effets négatifs, du point de vue de la perception du public il s’entend, que peuvent susciter les retombées de ses activités sur la bonne marche de ces dernières.
    La radio-équité, consistant à disperser les radionucléides concentrés dans une partie d’un territoire en un nombre de lieux le plus grand possible dans le but d’en diminuer la concentration, est censée rendre soutenable la charge de radioactivité des uns, tout en en assurant le partage équitable avec les autres.
    L’accès démocratique à la protection consiste donc désormais à accéder démocratiquement à la contamination dans le cadre d’un partage des nuisances, et à garantir par là même l’acceptabilité des conséquences néfastes du désastre nucléaire en soumettant chacun à l’adaptation à un milieu morbide.
    Dans sa lettre du 12 décembre, Masaki Shimoji demande spécifiquement « aux enseignants de l’université, aux médecins et aux scientifiques, et à tous ceux considérés comme des spécialistes, d’écouter les citoyens et d’apprendre d’eux qui semblent sans instruction et émotifs et dont la parole demeure non-entendue et ignorée. » (…) « Restez du côté de ceux qui s’opposent et agissent de manière à faire connaître la vérité » (…)
    « Soyez toujours du côté de ceux qui ont le moins de pouvoir et aidez les. Même s’ils commettent des erreurs, usez de votre autorité quand il s’agit de faire face à ceux qui sont au pouvoir. Votre champ de spécialité n’a aucune importance ; ayez le courage de parler haut et fort. »
    Dans une seconde lettre écrite en prison deux jours plus tard, Masaki Shimoji confie : « L’heure est venue de faire face à l’autorité de la nation, et cela me rend nerveux. Je ne peux pas les combattre seul. »
    Au tribunal, lors de l’audience du 18 décembre, il déclare : « Les personnes qui se sont fermement opposées aux interférences abusives et aux actions injustes menées par la police d’Osaka ont été arrêtées l’une après l’autre. Il s’agit là d’une situation inhabituelle qui rappelle les pratiques de la « Police politique spéciale » d’avant la seconde guerre mondiale. Je voudrais rappeler que le tribunal a la lourde responsabilité soit d’inviter à, soit d’empêcher la répétition de l’âge des ténèbres de la justice. »
    (On a appris le 29 décembre que Masaki Shimoji avait été libéré par les autorités la veille. Un autre manifestant reste toutefois incarcéré au motif d’ « obstruction au bon déroulement des affaires »).

    Thierry Ribault est chercheur au CNRS à Tokyo.
    Il est co-auteur avec Nadine Ribault de Les Sanctuaires de l’abîme. Chronique du désastre de Fukushima, Editions de l’Encyclopédie des Nuisances, Paris, 2012, 144 p.
    Source et photo : Courriel à Reporterre
    Lire aussi : La synthèse du rapport sur la catastrophe de Fukushima traduite en français

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