• Fukushima – IndependentWHO au contre-forum de « Nuclear Free Now »

     Voici un reportage de l'envoyé spécial d'IndependentWho au Japon.
    Il exprime ce que nous ressentons tous devant les efforts énormes de la population pour
    faire face à cette terrible épreuve et contre l'hypocrisie de ceux qui détiennent le pouvoir et les clés de la secte nucléaire.
    Gaulois.

    http://independentwho.org/fr/2012/12/22/fukushima-contre-forum/

    20 - décembre - 2012

    Un contre-forum a été organisé par le collectif « Nuclear Free Now » à Koriyama, ville située à 55 km de la centrale de Fukushima, du 12 au 17 décembre 2012, en réponse à la rencontre ministérielle sur la sécurité nucléaire organisée aux mêmes dates dans cette ville par le gouvernement japonais et l’AIEA.
    Les organisateurs du contre-forum souhaitant qu’un membre d’IndependentWHO fasse une présentation de l’accord OMS/AIEA et des activités du collectif, j’ai donc participé aux différents événements organisés par «Nuclear Free Now ».
     
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                                                             Présentation à Tokyo le 12 décembre 2012

    A Tokyo, une première rencontre a été organisée le 12 décembre par « Friends of the earth Japan » (Les amis de la Terre) , avec des interventions de deux  associations japonaises sur la situation à Fukushima, avec une présentation de l’AIEA par Reinhard Uhrig de l’organisation autrichienne « Global 2000 » et aussi avec mon intervention.
     
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    Le jeudi 13 décembre, les mêmes présentations ont été faites, cette fois à Fukushima, avec un moment fort quand, sur la vidéo que je présentais de la vigie devant le ministère de la santé à Paris, les habitants de Fukushima ont reconnus l’une des leurs, réfugiée maintenant en France.

                                                          Présentation à Fukushima le 13 décembre 2012
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    Le vendredi 14 décembre, avec le groupe des européens venus pour ce contre-forum, nous sommes allés pour la journée dans la zone particulièrement contaminée. Le long du trajet, nous avons vu des ouvriers en train de décontaminer au karcher le toit de maisons et en divers endroits, des terrains ou champs, desquels la terre de surface a été enlevée. Contaminée, elle est entreposée dans de gros sacs.

                                                           La terre contaminée est stockée dans des sacs

    Nous commençons par la visite de Litate, un village évacué dans lequel, à part les ouvriers occupées à la décontamination, il n’y a pas âme qui vive. Rien de spécial dans ce village, rien à voir, rien à sentir, seul le bip/bip du compteur geiger se fait entendre. Etonnante chose que cette radioactivité répartie de manière inégale, en taches de léopard mais qu’on ne voit pas et qu’on peut facilment oublier pour qui le veut, avant que ses conséquences sur la santé ne viennent nous rappeler sa présence. A Litate, on empile les sacs de terre en attendant une destination dont personne n’a, semble t-il, la moindre idée. La question du stockage des « déchets » pose déjà un très sérieux problème et avec des volumes qui ne vont cesser de grandir tant la décontamination à effectuer est importante. Et pour le moment, les candidats à la réception des déchets se sont signalés pour dire….qu’ils n’en voulaient surtout pas. Alors, dans certains champs, on a choisi la dilution sur place, la terre a été remuée et mélangée à la couche sous-jacente, rendant ainsi désormais toute culture impossible.
    C’est ensuite à Minamisouma que nous nous rendons. La côte est proche et les dégâts causés par le tsunami sont encore bien visibles. On sent un peu mieux la puissance absolument incroyable qu’a dû avoir ce cataclysme et…. l’arrogance des humains à penser leurs centrales nucléaires capables d’y résister.

    Nous rencontrons le Père Kariura, un prêtre venu de Nagoya pour aider les victimes, qui sait ce que radioactivité veut dire car il est né à Nagasaki. Auparavant, il a beaucoup aidé les victimes du mercure rejeté par l’usine pétrochimique de Minamata au sud-ouest du Japon. A Minamisouma, nos compteurs indiquent 2 à 3 microSievert/h à l’endroit où nous sommes soit 16 à 26 millisieverts par an. La ville a été divisée en 4 zones : une où il sera dorénavant impossible de vivre avant très longtemps, une zone où pour l’instant il est interdit de vivre, une zone où l’interdiction de résider va être levée d’ici peu et une zone où il est encore possible de vivre. Cette division en zones soulèvent des interrogations et divise la communauté qui ne sait plus que croire et faire. Le Père Kariura est visiblement un peu seul et doit faire face à de multiples demandes de la part de la population qui n’a pas encore fui, elle s’en remet à lui.

                                                            Barrage interdisant l’accès à la zone interdite

    Dans la région d’Oguni, c’est Mr Kanno, architecte, que nous rencontrons. Il nous explique comment cette catastrophe a littéralement fait exploser la communauté jusqu’alors très liée. Dans cette zone, ce sont seulement 128 familles qui ont été désignées dans la liste des «Evacuations recommandées » et cela sans qu’on leur dise sur quels critères ces évacuations sont décidées.
    Selon que les évacuations sont décidées par le gouvernement ou si elles relèvent de la population elle-même, il y aura ou non indemnisation. Est-ce bien utile de préciser que tout est fait de la part du gouvernement pour avoir à payer le moins possible. L’imagination et les stratégies ne manquent pas pour arriver à éliminer un candidat à l’indemnité. Il y a également le problème de l’absence de concertation entre les différents acteurs de la gestion de cette catastrophe. Ainsi, des personnes dépendant du ministère de la santé vont décider de décontaminer un endroit, tandis que d’autres, dépendant eux du ministère de l’environnement, vont décider de décontaminer un autre endroit sans que la population soit informée des raisons du choix des uns et des autres.
    Dans cette zone, des mesures ont été faites sur les plants de riz. Il a été constaté qu’il n’y avait pas de lien linéaire avec le taux de radioactivité ambiant du sol et la dose qui se retrouvait ensuite dans la plante. Des variations sont constatées et sont dues à un grand nombre de facteurs dont le type de sol, sa teneur en calcium par ex…, nombreux facteurs qui rendent extrêmement difficile la décision de cultiver ou non.

                                                                   Contrôle du taux de radioactivité du riz

    Les méthodes de mesures et la manière dont la catastrophe est gérée dépendent beaucoup du maire. Dans les communes où le maire prend peu d’initiatives et ne coopère pas avec sa population, chacun doit se débrouiller par lui-même pour les mesures de la radioactivité, pour les examens de santé et la lecture des résultats ainsi que pour l’estimation des mesures à prendre.
    Dans cette région d’Oguni, la population rurale vivait simplement et l’utilisation d’internet était inexistante pour certains. Alors, sans ce moyen d’informations, face au silence des autorités et face aux informations contradictoires qui sont données, ainsi qu’aux mesures qui sont prises sans logique évidente, ils se sentent trahis, abandonnés, perdus. Ce sont ces sentiments qui sont généralement exprimés quand on se retrouve face à une des victimes de Fukushima.
    Au cours de cette journée, nous nous sommes arrêtés devant plusieurs compteurs, installés en différents endroits, qui doivent permettre ainsi à la population de savoir où en est la
    contamination.

    Mais, comme on nous l’avait dit, on a pu constater qu’entre ce qu’indiquait le compteur «officiel» et le nôtre placé un peu plus loin, une différence existait et dans le sens d’une moindre contamination pour le compteur officiel. Pour éviter que ne s’affiche un chiffre trop élevé, la zone au niveau et autour du compteur est généralement nettoyée et décontaminée.
    D’autres techniques sont également employées comme par exemple placer une plaque métallique sous le compteur. Du coup, le chiffre ne reflète pas le niveau réel de contamination de l’endroit où vivent les populations. Dissimulation, mensonges, le nucléaire est fidèle à lui-même.
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    Le samedi 15 décembre, une manifestation a été organisée devant « Big Palette », le centre de congrès de Koriyama. L’AIEA y tenait là, pendant 3 jours, une conférence ministérielle sur la sécurité, réunissant plusieurs centaines de membres de toutes les organisations du lobby nucléaire et ministres venus du monde entier. Etonnament, dans cette ville qui est au cœur de la catastrophe, nous n’étions que quelques centaines à manifester.

                                             Manifestation devant le lieu de conférence de l’AIEA à Koriyama

    Le déni est fort parmi la population locale, le désir d’oublier domine mais l’angoisse des conséquences et la possibilité que le désastre s’aggrave encore est, semble t-il, bien présent dans toutes les têtes. Moment fort dans cette manifestation: la porte-parole de l’AIEA est venue écouter les discours des représentants des différentes associations de victimes. Visiblement émue devant toute la souffrance qui se disait, elle n’a malgré tout pas franchi la barrière qui nous séparait d’elle pour s’associer aux victimes. Dans dix catastrophes peut-être…
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    Le samedi après-midi, toujours à Koriyama, se tenait la conférence des maires contre le nucléaire (80 maires de la région de Fukushima et d’ailleurs sont membres de ce groupe).

                                                    Conférence des maires pour un Japon sans nucléaire

    Ils disent eux aussi s’être sentis abandonnés, sans consignes du gouvernement, apprenant les nouvelles à la télévision.
    Au cours de cette conférence, le sol s’est mis à trembler, puis les murs et le plafond : 5,3 sur l’échelle de Richter. Nous étions à 60 km de la centrale en ruine et de la piscine du réacteur n° 4 qu’un nouveau séisme pourrait faire s’effondrer. Ma voisine, pourtant très habituée aux incessants soubresauts du pays a pâlie et moi aussi bien sûr.
    A Big Palette, les congressistes de l’AIEA ont eu aussi droit à cette secousse. Pas suffisante cependant pour ébranler leur conviction comme j’aurai l’occasion de le voir le lendemain.
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    Les organisateurs de « Nuclear Free Now »ayant obtenu le droit d’avoir des « observateurs » à la conférence de l’AIEA, j’y suis donc allé le dimanche matin.

    Le thème était : « Leçons apprises de l’accident à la centrale nucléaire de Fukushima ». Intéressant de voir qu’il n’y a, sans surprise, rien à attendre de ces grands messes à la gloire du nucléaire. En résumé, les intervenants ont exprimé la satisfaction du travail fait, des choses réalisées, mais ont reconnu tout de même la nécessité de faire encore mieux pour assurer un maximum de sécurité afin qu’un accident comme celui de Fukushima ne se reproduise. La veille, lors de la cérémonie d’ouverture, Mycle Schneider, présent lui aussi comme observateur, nous a dit avoir eu le sentiment de se retrouver en 1986 : en bref, l’accident n’a pas eu les conséquences que l’on aurait pu craindre. Minimiser, minimiser le plus possible, telle est la volonté du lobby.
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    Le dimanche après-midi, c’est la conférence citoyenne qui était programmée, avec d’abord la présentation de l’AIEA par Reinhard Uhrig de « Global 2000 » puis ensuite mon intervention sur l’accord OMS/AIEA et les activités d’IndependentWHO. Les représentantes de 2 associations japonaises nous ont ensuite rejoint ainsi qu’un ancien ambassadeur du Japon pour un échange avec le public.

                                                      Conférence citoyenne à Koriyama le 16 décembre 2012
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    Le lundi 17, je suis retourné à la conférence de l’AIEA, le thème étant « Protection des populations et de l’environnement de la contamination radioactive ».

          Session sur la protection des populations et de l’environnement à la conférence de l’AIEA à Koriyama

    Ce matin là, Maria Neira, directrice du département Santé et environnement à l’OMS, a fait une présentation du rôle de l’OMS et du travail réalisé. Une présentation faite a un rythme soutenu, avec une longue liste des collaborations en place à l’OMS et des réponses apportées dès le début de la catastrophe. Bref, une OMS présente et efficace. Et bien sûr, nous avons eu droit aux inévitables problèmes psychologiques dont souffre la population, la radiophobie en particulier qu’il importe de soigner, entre autres soins (!), par une communication appropriée. Les premiers résultats préoccupants d’une étude menée par l’université médicale de la préfecture de Fukushima à propos de la thyroïde des enfants n’ont pas été évoqués ! L’étude n’a malheureusement pas dû arriver à temps à l’OMS ou elle s’est égarée malencontreusement dans les spams. Un bilan rassurant donc que confirme ensuite Mr Weiss de l’UNSCEAR. Il nous a assuré que pas un des travailleurs décédés dans l’année qui a suivie l’accident, n’était mort à cause des radiations et que celles-ci n’avaient causé aucun effet sur les travailleurs et les populations. Ouf.
    Il est intéressant de noter que, concernant la santé, certains problèmes ou questions n’ont pas été forcément niés mais ont tous suscité les hypocrites précautions suivantes: Les recherches n’ont pas permis jusqu’à présent de tirer de conclusions – Elles n’ont pas permis de dégager des conséquences significatives – Nous devons continuer à travailler sur ces questions .
    Ils ne nient plus forcément l’évidence mais ils repoussent au maximum le moment où ils devront tirer les conclusions qui s’imposent.
    La communication est un thème qui est revenue dans toutes les présentations mais un des intervenants a particulièrement insisté sur la nécessité de ne pas avoir, en public, d’échanges à propos desquels ils ne seraient pas d’accord entre eux. Un discours commun, lisse, rassurant pour les populations, c’est ce qui est visé par le lobby nucléaire et c’est réussi car c’est ce qu’on ressent à ce genre de rassemblement.
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    Le lundi après-midi, une conférence de presse était organisée pour faire un bilan du contre-forum. J’en ai profité pour dire ma joie d’ être là, avec la population japonaise, mais aussi mon immense tristesse que ma présence soit liée à une aussi terrible tragédie.

                                                                    Conférence de presse à Koriyama

    J’ai dit également être impressionné par le nombre d’associations qu’ils ont créés pour travailler sur les différents problèmes que génèrent cette tragédie mais j’ai souligné aussi la nécessité pour elles d’être en lien, solidaires et déterminées afin de donner une réelle force à cette résistance car visiblement celle-ci reste à solidifier.
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    Après cette conférence de presse, nous sommes retournés vers Tokyo pour rejoindre les 37 millions d’habitants de la mégalopole la plus peuplée du monde. Sur 70 km, la concentration urbaine est absolument incroyable et face à cela, le sentiment est terrible. Si la terre devait à nouveau trembler au point d’effondrer la centrale No 4, et avec des vents qui souffleraient dans cette direction, il serait impossible à cette population de s’échapper.
    Terrifiant, absolument terrifiant.
    Christophe Elain – Tokyo – 20 decembre 2012
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    Interview de Christophe Elain lors de la manifestation du 21 décembre 2012 à Tokyo, manifestation organisée tous les vendredis par le groupe « The Fukushima Collective Evacuation Trial », groupe qui demande à la justice que le gouvernement prenne les mesures permettant l’évacuation immédiate des enfants vivants en territoire contaminée.

    http://www.dailymotion.com/video/xw5ldr_independentwho-a-tokyo-manifestation-du-21-decembre-2012_news?start=1#.UNa3d5FhCgM

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    Appel aux Sentinelles perdues

    Un condensé d'un autre membre du collectif « IndependentWho »

    Solennelles Sentinelles
    contre les gouvernements et leurs chers Maurice Papon du nucléaire

    Société civile contre nucléaire
    Slitinsky contre Papon
    la même lutte parce que la même trahison

    54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima
    Tel est ce que veulent nous faire croire l'AIEA et les gouvernements qui la composent

    « Impuissante à réguler la circulation des matières fissiles et à régler le dossier iranien, l’Agence internationale de l’énergie atomique a deux visages : zélatrice du nucléaire civil d’un côté, gendarme du nucléaire militaire de l’autre. Elle défendra les vertus de l’atome y compris à Fukushima, où elle tiendra sa conférence ministérielle du 15 au 17 décembre. » (Agnès Sinaï, décembre 2012 )
    http://www.monde-diplomatique.fr/2012/12/SINAI/48507

     

    Les Soldats AIEA-ASN 

                                                                                                       

                                                                           Le crime !

     

     

     

     

     

     

     


    « Contrairement à ce que pensent les révolutionnaires du web 2.0, la consommation massive d'internet  ne constitue en rien une échappatoire au journalisme dominant. La société du spectacle ne fait que s'étendre davantage dans la vie de chacun, connecté en permanence à un flux qui enfle . « Tout ce qui était directement vécu s'est éloigné dans une représentation » écrivait Guy Debord dès 1967. » [...] « Nous ne percevons plus la vie qui nous entoure par nos sens, nos relations, notre contact direct avec le réel. Nous consommons une mise scène du présent, sans aucune issue en dehors de cette « énorme positivité indiscutable », « image de l'économie régnante » (Debord).
    L'homme ainsi bombardé d'information est mis en  sommeil, sans capacité de penser et d'agir. Perdu dans l'immédiateté, il n'a pas le temps de prendre du recul, de mettre les faits en relation les uns avec les autres, d'analyser, d'approfondir. A peine produit un événement est déjà dépassé, chassé par un nouveau venu. »[...] « « la multiplicité des informations, bien loin de permettre aux individus de juger, de se faire une opinion, les en empêche , les paralyse. » Ellul (Propagandes) » Pierre Thiesset (La-bas si j'y suis pas -La Décroissance N°95)

    Que du vrai dans tout cela, néanmoins le hasard des informations que l'on reçoit par paquets et nos « pôles d'intérêt » dus à notre propre histoire et nos rencontres permettent de temps en temps d'accrocher quelques informations entre elles. Ainsi la disparition du Résistant Michel Slitinsky le 8 décembre 2012 permet de remettre en avant poste sa lutte exemplaire pour qu'éclate la vérité sur  la collaboration de Papon et celle de tous ces hauts-fonctionnaires ou industriels, banquiers français qui sont passés au travers des mailles volontairement larges d'une justice « de classe » comme on dit, après la libération.     

    Le parallèle de la lutte de Slitinsky avec la lutte anti-nucléaire apparaît tout de suite car l'axe, la colonne vertébrale qui supporte l'ensemble de toutes ces luttes est le sentiment d'injustice, le sentiment d'une énorme trahison. Et dans ce pays, il n'y a pas d'autre mot simple qui traduise autant ce sentiment de haute trahison que celui de « Vichy ». Les séquelles restent intacts car enfouis au plus profond des victimes dans les deux cas de figure. Dans les deux cas, c'est bien au plus haut niveau de l’État que la vérité reste volontairement occultée, bafouée tant que la société civile ne fait pas un remarquable travail de défrichage et de persévérance comme Michel Slitinsky l'a fait toute sa vie. (1) D'autres dans le domaine nucléaire, Dr Rosalie Bertell et Roger Belbéoch sont partis aussi mais toute leur vie ils nous ont tous tracé la voie.

    Leur dernier souffle permet de remonter leur œuvre jusqu'à la surface d'un océan d'injustice.
    Nous observons cet océan comme des vigies sur cette vieille galère terre. Sentinelles, nous alertons, car on devine les côtés immergés des icebergs, jusqu'en profondeur. C'est un devoir que nous avons envers ces Justes qui disparaissent dans le flot et l'enfumage médiatique.

    J'ai accroché à ce rôle de vigie, www.independentwho.org il y a 5 ans, c'est en voyant la photo de trois hommes d'un âge certain (ou d'un certain âge) dans un article de la revue « sortir du Nucléaire ». Parmi les trois noms de ces personnes (Fernex, Busby ,Tchertkoff dont j'allais savoir plus tard que représentaient ces hommes) je reconnu celui que j'avais déjà vu dans un bouquin intitulé « Solange Fernex l'insoumise ». Cette femme remarquable était décédée un an auparavant. Il m'a semblé que cet homme poursuivait le chemin tracé par la mémoire de son épouse. Ils étaient tout prêts de mon travail et portaient une pancarte autour du cou, leur regard dirigé vers le bâtiment de l'OMS.
    Je me suis dit que si ces hommes là portaient une pancarte comme cela, avec cet air solennel  c'est qu'il y avait sûrement quelque chose de très fort qui les poussait. J'ai voulu faire comme eux, on appelle cela le mimétisme.
    Depuis, il y a beaucoup de choses qui se sont produites. Avec beaucoup de rencontres et de lectures, dans des luttes disparates ,  j'ai essayé de comprendre pourquoi on en arrivait là ; à cette situation générale ubuesque et dramatique.  Beaucoup de choses se recoupent, à force de chercher on fini par trouver l'axe , « la voie ».

    Solennelles Sentinelles

    On voit dans le commentaire sur cet article : http://bellaciao.org/fr/spip.php?article132167
     
    « Mais il (De gaulle) avait besoin de hauts fonctionnaires aguerris alors que les Américains menaçaient d’installer leur propre administration (l’AMGOT). »

    Il suffit de changer les noms et on retrouve : « Mais il (Pétain) avait besoin de hauts fonctionnaires aguerris alors que les Nazis menaçaient d’installer leur propre administration (la gestapo). »
    Cela n'est vraiment pas une bonne raison, il y a autre chose.
     Cela nous renvoi aussi à la célèbre phrase de ce cher Raymond Barre lorsque qu'un journaliste l'interroge sur son ami Papon « "Raymond Barre était invité dans l’émission "Le rendez-vous des politiques" enregistrée le 20 février 2007 et diffusée en Mars. Après les questions sur son arrivée au gouvernement, la campagne électorale en cours, il a été interrogé sur Maurice Papon, qui fut son ministre du budget de 1978 à 1981. A la question de savoir si Maurice Papon aurait dû démissionner de ses fonctions à la préfecture de la Gironde, Raymond Barre répond : "Quand on a des responsabilités essentielles dans un département, une région ou à plus forte raison dans le pays, on ne démissionne pas. On démissionne lorsqu’il s’agit vraiment d’un intérêt national majeur. (...) Ce n’était pas le cas car il fallait faire fonctionner la France."   ».

    Et dans la biographie de Stéphane Hessel, il est bien écrit que 80% des fonctionnaires de Vichy sont restés en poste après la libération. Il y a un grave problème de fond, d'hypocrisie qui fait que la lutte de Slitinsky continue, il n'y a pas que Papon, c'est la totalité qui contient Papon ; la colonne vertébrale de ce qui nous tiens tous c'est la justice et hier comme aujourd'hui « c'est la fonction qui fait l'organe » ; la fonction des haut-fonctionnaires et cadres de l'Etat, issus des mêmes origines sociales, issus des même écoles. Ceux qu'avait bien dénoncé Marc Bloch dans « l'étrange défaite » confirmé par Annie Lacroix-Riz dans « le choix de la défaite ».

      Ils se cooptent entre eux, et obéissent comme des soldats d'Etat qu'ils sont. En fonction de leur habileté, il savent faire du « double jeu » pour se préserver. Mais le problème est qu'ils sont soldats :  « Le crime capital, la responsabilité  qui les englobe toutes, c'est le vœu d'obéissance  absolue à la société, l'abdication de sa responsabilité. Les monstres d'Oradour n'étaient que des soldats tenus d’exécuter les ordres, ils n'étaient pas responsables. Mais là fut précisément leur culpabilité qu'ils partagent avec tous les hommes qui acceptent la discipline de l'Armée, dont le culte stupide et sanglant de la Nation. En devenant de purs instruments ils avaient commis leur crime par avance. Mais tout le monde n'a pas la malchance d'être envoyé à Oradour. »
    Bernard Charbonneau (je fus-essai sur la liberté).

    Hannah Arendt avait aussi beaucoup disserté à ce sujet lors du procès d'Eichman, faut-il encore le rappeler ?

    Et un autre en a parlé aussi en son temps :
     « Aujourd’hui ils sont intéressés à maintenir le système actuel de la répartition et de la division du travail ; ils font des lois pour obliger les hommes à se soumettre aux exigences de cette organisation. La cause fondamentale de l'esclavage est donc l'existence même de lois quelconques, l'existence d'une caste d'hommes qui a le pouvoir de faire des lois. » [...] p92 « leur faire comprendre que cette discipline, que les gouvernements  prisent si fort, a pour condition le plus grand crime qui se puisse commettre contre l'humanité »  [...] « La discipline, c'est la mort de la raison et de la liberté humaine. » [...] « Le seul but de la discipline est celui de mettre les hommes en état de tuer leurs frères et leurs pères. » [...] p95 « Tant que l'homme n'a pas compris ce que c'est qu'un gouvernement ou ce que c'est qu'une Église, il ne peut leur témoigner qu'un pieux dévouement. Tant qu'il se laisse guider par eux, il doit croire , pour satisfaire son amour propre , à leur grandeur et leur sainteté.
    Mais dès qu'il s'est aperçu qu'il n'y a ni dans le gouvernement ni dans l’Église rien d'absolu et de sacré et que se sont là simplement inventions des méchants pour imposer au peuple, d'une manière déguisée, une façon de vivre qui soit utile à leurs intérêts, il est pris tout aussitôt d'un sentiment de dégoût pour ceux qui le trompaient indignement, et ce revirement est d'autant plus profond, que la fiction dont il découvre la vanité le guidait autrefois sur des questions plus graves. Les hommes connaîtront ce  dégoût à l'endroit des gouvernements, quand ils auront compris le véritable sens de ces institutions.
    Ils comprendront que s'ils participent à l’œuvre des gouvernements_ en donnant une somme d'argent qui représentera une part des produits de leur travail, ou en servant dans les armées_ ils ne feront pas en cela un acte indifférent, comme on le croit d'ordinaire, mais un acte coupable parce que, outre le préjudice  qu'ils auront ainsi causé à leurs frères et à eux-mêmes, ils auront accepté de collaborer aux crimes que tous les gouvernements ne cessent de commettre et à la préparation des crimes futurs pour lesquels les gouvernements entretiennent des armées disciplinées. »     Tolstoï (L'esclavage moderne)
    p15 « Les gouvernements comprenant eux-mêmes qu'ils sont inutiles et nuisibles, et sachant que personne ne croit à leurs sainteté se guident par le seul instinct de conservation, et profitant de tous les moyens qu'ils possèdent, sont toujours en garde contre tout ce qui peut, non seulement détruire mais ébranler leur pouvoir. Dans chaque gouvernement actuel, il y a une armée de fonctionnaires reliés par  [...] téléphones etc, il y a des fabriques, des prisons avec toutes les nouvelles inventions : photo etc [...] il y a des explosifs, des canons [...] et aussitôt que parait quelque chose de nouveau, immédiatement ils l'adaptent à leur système de sauvegarde. »
    [...]
    p17« Pourquoi donc eux, ces soldats , marchent-ils contre eux-mêmes ? Ils le font parce qu'ils ne peuvent agir autrement, parce que grâce à un passé long , compliqué_ d'éducation et d'enseignement religieux et d'hypnotisme_ ils sont amenés en un tel état qu'ils ne peuvent raisonner et ne peuvent qu'obéir. Le gouvernement avec l'argent pris au peuple, achète des fonctionnaires de toutes sortes qui doivent recruter des soldats, et ensuite des chefs militaires qui doivent les instruire, c'est à dire les priver de toute conscience humaine. » Tolstoï (où est l'issue?).

    Des préfets qui étouffent les enquêtes épidémiologiques autour des sites nucléaire, des préfets qui "dégagent" des habitations des jeunes à la Zad ou des Rom ailleurs se justifiant d’obéir aux lois on en voit tous les jours. Des soldats, que des soldats qui obéissent, en Algérie, en Libye, en Irak en Afghanistan etc.
    Le problème serait donc cela : le soldat. Et le plus grave est le soldat qui obéit. Et l'encore plus grave est le gouvernement.

    Sacré Tolstoï, même plus d'un siècle après,  on ne naît pas anarchiste, on le devient.


    Il y a tellement à dire et à écrire que le moyen le plus simple reste de faire passer le message par le langage du rythme, on sait que tout est vibration, électricité en nous et autour de nous. Cette nouvelle religion qu'est la science ne pourra jamais tout expliquer, le comment ni le pourquoi. Malgré toute son arrogance et son aveuglement, elle ne peut rien contre les mots qui sonnent l'alerte :

    54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
    Et on voudrai nous faire croire cela.

    54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
    Plus le mensonge est gros plus les gens y croient ?

    54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
    Non c'est plus compliqué que cela.

    54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima..
    Il faut le répété sans cesse le marteler, n'est-ce pas.

    54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
    cela a fait les fortunes des Badinter et Seguéla.

    54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
    C'est là où on rejoint la lutte des Slitinski contre les papon de l'AIEA.

    54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
    contre  70 millions de victimes de la radioactivité depuis Hiroshima.

     54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
    70 millions, c'est bien ce qu'avait dénoncé le Dr Rosalie Bertell du Canada.

    54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
    contre 900 000 victimes de Tchernobyl selon le rapport du NYAS.

    54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
    900000, c'est bien ce qu'avaient dénoncé les Pr Yablokov, Nesterenko, Goncharova, Bandajevskaya et cetera.

     54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
    On nous prépare aussi à cela en France avec le CODIRPA.

    54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
    C'est comme au Japon, le projet CORE de Lochard,  Mutadis et cetera

    54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
    Demain aucun à Tricastin selon les Tubiana et la clique du CEA.

     54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
    Alors qu'on nous a inculqué que l’horreur absolue était l’holocauste avec 6 millions dans des conditions  effroyables. On vous parle de 70 millions et personne ne lève le petit doigt.

     54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
    C'est le 8 Mai 1945 que la barbarie s'est arrêtée et c'est le 6 Août 1945 qu'elle a repris le pas.

     54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
    les budgets militaires et leurs soldats.

     54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
    pourront facilement imposer cela.

     54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima
    Mais voyez- vous, tant que nous serons vivants et devant ça.

     54 morts à Tchernobyl et aucun à Fukushima.
    le techno-fascisme ne passera pas.

    Tolstoï

     

     

     

                                                                                                          Pr  Nesterenko2008

                

    Vienne 2009

    50 ans de soumission OMS / AIEA                                        

     

     

     

     

     

    Les conséquences de la contamination interne de la radioactivité ont été étouffé depuis Hiroshima.
    Pour protéger l'industrie et l'armée.
     Alors que ce ne sont plus les mêmes membres des gouvernements et autres responsables depuis 1945 ou même depuis 1986, ils pourraient s'en laver les mains, après tout, les premiers responsables sont déjà morts mais ils perpétuent le mensonge ; c'est bien «  la fonction qui fait l'organe ».

    La-bas les gens luttent aussi contre cette trahison :
    http://www.criirad.org/actualites/dossier2012/fukushima/5dec2012.html

    La CRIIrad et son équivalent au Japon CRMS ont besoin de don.
    L'institut Belrad qui soigne et les enfants de Tchernobyl Belarus ont besoin de don.
    http://enfants-tchernobyl-belarus.org

    Lorsque le Pr Michel Fernex parlait de bunker de l'AIEA je voulais voir cela de mes propres yeux
    http://www.monde-solidaire.org/spip/spip.php?article4904

    Quoi de plus normal d'aller interpeller directement les ministres de la santé :
    http://www.monde-solidaire.org/spip/spip.php?article4905
    et maintenant : http://coordination-antinucleaire-sudest.net/2012/index.php?post/2012/11/14/Vigie-devant-le-minist%C3%A8re-de-la-sant%C3%A9-%C3%A0-Paris

    autres messages dans le flot :

    « Informations ci-dessous données par Kna60 qui a mis cette vidéo en ligne le 21 novembre 2012
    http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=kuCh06YMkdw#!

    Le Dr Helen Caldicott est médecin pédiatre, militante anti nucléaire, et fondatrice entre autres de l'IPPNW (Association Internationale des Médecins pour la Prévention de la Guerre Nucléaire), qui a été lauréat du prix Nobel de la paix en 1985.

    Lors d'une conférence à Tokyo le 19 Novembre 2012, le Dr. Caldicott a rappelé que les femmes enceintes et enfants devraient être évacués dès que possible des zones contaminées par la radioactivité de Fukushima, s'agissant du pire accident de l'histoire de l'humanité. »
    ...
    « La doctrine de la CODIRPA  : efficace, transparente ... tout est sous contrôle .... beaucoup de subtilités ...  Elle pare à toutes obstacles ...
    http://www.asn.fr/index.php/content/download/35964/266078/file/Doctrine_CODIRPA_NOV2012.pdf

    En cas accident nucléaire en France,  Il est prévu que les populations et les associations soient associées aux mesures de la radioactivité de l'environnement .
    Ce partage d'informations n'est pas anodin car cela permet la fameuse transparence et surtout "de contribuer à la crédibilité des informations dans un contexte de méfiance persistante envers les institutions"

    Lire le Chapitre 3 de l'annexe 3 : Assurer le suivi radiologique, médical et radiologique des personnes
    la contamination interne est évoquée ...
    C'est merveilleux ...  Retour d'expérience de Tchernobyl ...  inquiétude , anxiété à long terme qu'il faudra gérer...
    J'ai beaucoup  apprécié  leur culture pratique de radioprotection... »

    (1) http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2012/12/10/michel-slitinsky-l-ancien-resistant-a-l-origine-de-l-affaire-papon-est-mort_1804183_3382.html   

    http://bellaciao.org/fr/spip.php?article132167

    Encore un peu de lecture, tant qu'il y a de la place dans les serveurs et dans les cerveaux disponibles des gouvernements :

    p84 « L'individu physique peut alors connaître la peur de la mort , et le fidèle appréhender le châtiment, l'esprit ignore le vertige du néant. Dans la mesure où la société paysanne participe encore de l'ordre primitif, elle n'éprouve ni angoisse ni désarroi devant la mort.

    Pour l'Orient traditionnel celle-ci est la délivrance qui met fin à la nausée de l'éternel retour; le nirvana sauve l'homme de la survie: promesse inconcevable pour nous [(Christ vie éternelle etc)]. Aussi ne faut-il pas s'étonner que le Japon ait pu recruter des unités entières de volontaires de la mort; en eux Nippon vivait plus que l'individu japonais. Ni l'Allemagne d'Hitler, ni même l'URSS, à plus forte raison la France ou les USA n'ont pu compter sur des escadrilles de kamikazes. Et s'il y eu malgré tout quelques aviateurs pour s'écraser volontairement sur l'objectif, c'est parce que l'individu des sociétés libérales l'est moins qu'il ne semble."[...]
    p85« La difficulté de mourir est à la mesure de la conscience de soi ; la plupart ne se la donnent que parce qu'ils ont renoncé à leur condition individuelle »[...]  « Le suicide progresse, paradoxalement semble-t-il, avec la gravité de la mort. Ayant tout ramené à soi-même, l'individu n'a plus rien d'autre à espérer. Si par hasard son existence individuelle ne répond pas à son exigence _et désormais il lui demande tout _ il ne lui reste plus que le néant c'est-à-dire la mort : Elle était pour lui l'Amour, la Vérité faite chair, mais Elle ne l'aimait pas, alors il s'est tué. Tandis que l'ordre d'hier s'écroulait en émancipant l'individu, celui de demain se constituait en le niant.
    Plus il devenait seul, plus il se sentait absurde, et plus les suicides se multipliaient : les derniers coups de revolver retentissent quand se ferment les portes du silence totalitaire. Le suicide, tant sur le plan individuel que social, est à la fois le signe de la présence et de la fin de l'individu, l'acte limite de celui qui se sent à la fois exclu de l'univers et incapable d'accepter cette exclusion. Chaque homme est libre...de se tuer _ Les statistiques des sociétés libérales en témoignent. »[...]
    « La société libérale la fuit à chaque instant dans chacun de ses membres, mais elle ne peut nier la mort qu'en niant l'individu : en sacrifiant chaque homme de chair à l'Homme qui ne meurt pas, à l 'Espèce, ou mieux encore car l'espèce est périssable, à la matière éternelle. Mais si l'homme ne meurt pas, on ne peu pas le tuer ; si la mort n'est rien, assassiner n'est pas grand chose : le respect de la vie humaine est fonction de la gravité reconnue à la mort. Supprimer un homme n'est qu’effacer une apparence pour assurer la seule vie qui existe : le devenir collectif ; et chaque meurtre en consacrant son existence, nous assure que nous ne mourrons point. »[...]
    « ainsi la peur de mourir conduit au meurtre, et le refus de la mort n'empêche pas le siècle de la philanthropie de s'acheminer vers les guerres les plus sanglantes que l'humanité ait connues. »

    p89 « Le refoulement de la mort est encore plus fondamental que celui du sexe ; et dans ce cas aussi la négation de la réalité nourrit un monde de névroses individuelles et collectives. Ainsi quand elle ne détruit pas notre corps, la mort détruit notre esprit. »[...]
    p90 « Tandis que se perdre dans le métier ou dans l’État comble le désir individuel par excellence : échapper à soi-même pour échapper à la mort. L'individu se sauve dans une pseudo-éternité de nature sociale : ainsi les « Immortels » de l'académie française... » [...]
    « Mais le siècle de la liberté portait en lui à son insu, la puissance qui devait le détruire en même temps que ses contradictions : le culte du fait matériel, de l'utile. »[...]
    « L'obsession politique de ce temps, le culte d'un pouvoir qui résume en lui toutes les forces matérielles : l’État totalitaire, est un sous-produit de notre refus de la mort. La passion de l'argent des entreprises économiques qui se justifient par le service matériel de l'humanité sert en réalité un désir de puissance qui traduit notre impuissance devant la mort. »[...] 
    p94 « La conscience de la mort féconde la vie, en situant le réel face au vrai. Qui l'accepte dépasse toujours sa subjectivité, et qui rejette une aussi grande évidence est prêt à bien d'autres mensonges.»[...]
    p98« Que nous le voulions ou non, tout homme même le plus médiocre, même le plus préservé, vit un destin inouï, et non cette comédie bourgeoise qu'un décor chaque jour rapiécé protège du vide et du ciel. Ceci, c'est le bon sens le plus élémentaire qui nous l'enseigne. » [...]

    p105 « Comment faire de la liberté le principe de la vie sociale ? »[...] « Nous tenons notre liberté pour naturelle et rationnelle, quand tout homme libre s'étonne d'en être un et sait qu'au fond du cœur il souhaite être débarrassé de ce fardeau. La liberté n'apporte pas la paix mais l'épée, non la certitude mais l'inquiétude, non l'accord avec soi-même et autrui mais le débat et la lutte. Elle mène exactement par le doute à la bataille, alors qu'en la niant nous obtenons la paix avec les hommes et l'univers par celle du cœur. Qui hésiterait ? La liberté n'est pas à la taille de l'imagination, de la volonté ou de l'amour d'un homme, il faudrait sans doute être un dieu pour être pleinement libre en soutenant l'épreuve jusqu'au bout.
    La liberté est un drame dont l'agent est la contradiction et le conflit, la conclusion finale la mort et la folie : il est normal que l'acteur ne soit pas à la hauteur de son rôle. Et pourtant il faut bien qu'un homme le joue, car il n'y a pas de plus grand, ni de plus lourd de sens. » [...]

    p123« pour nous défendre du vide cosmique, nous bâtissons des murs qui enferment un microcosme où la loi humaine se substitue à celle de la jungle. Sur l'enfer de nos instincts, notre volonté, et surtout le Droit édifient la scène lumineuse nécessaire à notre vie. Mais plutôt qu'ils ne les suppriment, ils les refoulent et les dissimulent : du violent ils font le perfide et de la brute l'hypocrite. La société n'introduit un minimum d'ordre dans le chaos qu'au nom d'un idéal moral ou politique qui a pour fonction de camoufler le mal autant que de l'abolir. Parce qu'il est trop évident que la condition humaine est dominée par l'argent, le sexe et la mort, toute société se fonde officiellement sur un homme moral qui n'aurait pas plus de portefeuille que de couilles, et qui naturellement ne meurt pas. » [...]
    p124 « Le fragile décor de la civilisation recouvre l'enfer de la force ; et impossible de savoir si c'est pour sauver l'homme de la force ou la force de la révolte de l'esprit humain. Quand l'ordre social s’effondre comme en juin 40, le masque est arraché ; et nous assistons stupéfaits à la révélation de ce que peut être l'individu moyen quand il n'est plus tenu à défaut d'une foi personnelle, par un cadre social ; une brute prête à s'avilir ou à tuer plus faible que soi pour un verre d'eau. Mais dès que nous le pouvons, nous nous hâtons d'oublier ce mauvais rêve. Et l'On nous y aide ; ce n'est pas pour rien que le temps de guerre est celui des héros, et que la France de la débâcle devînt celle de la Résistance. La civilisation et la morale c'est la contrainte intériorisée en hypocrisie ; et quand Dionysos se révèle, c'est barbouillé de merde et de sang . On ne sort pas du cercle, n'en déplaise aux moralistes ou aux immoralistes. Mais à tout instant quelqu'un peu le rompre.
    Même en temps normal, pas besoin de creuser très profond pour découvrir  que les rapports humains sont des rapports de force, d'ailleurs aussitôt mués en rapport d'autorité. Là où l'obstacle est trop lourd le courant se détourne ; là où une pression s'exerce nous cédons, là où elle cède nous avançons.»[...]
    p125 « Encore plus que les rapports entre individus, ceux du groupe sont de l'ordre de la guerre_ même camouflée sous les fleurs de la politesse ou de la diplomatie. Quand une classe est vraiment dominante, elle ne s'interroge pas sur ses droits et en use jusqu'au bout. Mais si l'évolution ébranle sa domination, elle sera prise de scrupules et découvrira la Justice en même temps que sa faiblesse. »   [...]
    « Aussi la politique comme l'économie, quand elle se veut humaine, est-elle seulement l'art du moindre mal : on sacrifie quelques soldats pour sauver un régiment. »
    Bernard Charbonneau (Je fus – Essai sur la liberté)

    « Dans l'Esprit de Révolte, Kropotkine s'interroge sur le moyen de faire passer un peuple d'une situation d'indignation générale à celle d'une insurrection. En effet, même si le recul historique donne le sentiment d'un soulèvement déterminé à partir de causes évidentes (pauvreté, rejet du système politique en place...), l'élan général est déclenché par un acte solitaire et incertain. Il nomme leurs auteurs les Sentinelles perdues :
    « Au milieu des plaintes, des causeries, des discussions théoriques, un acte de révolte, individuel ou collectif, se produit, résumant les aspirations dominantes. » »(source Wiki)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

             Tchernobyl ; mesure et démesure d'un désastre qui dure

     

    Fukushima ; mesure et démesure d'un désastre qui durera

     

     

     


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