• Fukushima. Le sévère constat sanitaire d'un représentant de l'ONU

    Cet homme est très certainement de bonne foi. Mais il est douteux de croire que l'ONU exerce un quelconque pouvoir sur le gouvernement japonnais afin d'améliorer le sors des populations.
    Il ne faut pas perdre de vue que l'ONU, c'est l'AIEA, qui fait la promotion du nucléaire. C'est aussi l'OMS, qui est absente dans la gestion de ces catastrophes nucléaires car soumise aux dictas de l'AIEA, donc de l'ONU.
    Comment croire alors qu'il est possible de favoriser le nucléaire et dans le même temps dénoncer ses conséquences. L'ONU veut juste faire avaler quelques couleuvres en faisant croire à la communauté internationale qu'elle est soucieuse du sors des japonnais, après la catastrophe du 11 mars 2011.  Si l'on se réfère à la gestion poste Tchernobyl, nous pouvons sérieusement en douter.
    Un grand nombre de scientifiques en ont fait l'amer constat, comme par exemple la conférence de l'OMS à Genève de 1995 sur Tchernobyl. Les actes alarmants de quelques 700 scientifiques ne furent jamais publiés, contrairement aux affirmations mensongères de l'actuelle directrice générale de l'OMS, Margaret Chan.    http://www.astrosurf.com/luxorion/tchernobyl4.htm
    Voir aussi cet article du « Monde Diplomatique » ( 1 )
    Nous ne pouvons que souhaiter bonne chance à Mr Grover.
    Gaulois.

    Il se peut que certains liens ne soient plus actifs.....
         
    http://blogs.mediapart.fr/edition/japon-un-seisme-mondial/article/281112/fukushima-le-severe-constat-sanitaire-dun-repres
    27 novembre 2012



    C'est un bien triste constat qu'a fait le Rapporteur Spécial des Droits à la Santé de l’ONU, Mr Grover.
    Mr Grover est un avocat indien près de la Haute Cour de Bombay. Il a été nommé au poste de Rapporteur spécial des Droits à la Santé de l’ONU en juin 2008 et exerce depuis sa fonction avec un zèle et une attention toute particulière aux droits sanitaires les plus élémentaires des citoyens du monde vis-à-vis d’industries puissantes, du lobby médical ou encore d’États tentant d’échapper à leurs responsabilités sanitaires.
    Il a séjourné 10 jours dans la région de Fukushima.
    Le texte complet de son constat * Énumérons les principaux griefs adressés aux autorités japonaises.
    1. Les pilules d'iode n'ont pas été distribuées. Quand on sait que ce geste devrait être la première mesure de prophylaxie, on en reste pantois.
    2. Des informations capitales n'ont pas été adressées à la population. Cela a engendré une grande défiance.
    3. Les contrôles sanitaires devraient concerner une zone géographique beaucoup plus importante que celle retenue.
    4. Les contrôles sanitaires devraient s'adresser à une population plus plus importante.
    5. Le suivi sanitaire des employés sur la zone de la centrale nucléaire devrait se poursuivre au delà de l'arrêt de leur contrat. Ce n'est pas le cas. Il y a quelque chose de très cynique dans cette façon de faire.
    6. Les autorités sanitaires n'autorisent pas les habitants d'accéder à leur dossier médical. Il y aurait-il des raisons à cela

    7. Les études sanitaires ne devraient pas se limiter à la thyroïde. Elles devraient concerner les autres pathologies induites par la radio-activité.
    8. Les études épidémiologiques ne devraient pas se baser sur ce qui a été réalisé à Tchernobyl car on sait qu'en Ukraine, les études ont été volontairement limitées. Le Japon d'aujourd'hui fonctionnerait-il comme l'URSS d'hier ?
    9. Les autorités japonaises ont induit un "message trompeur" en relevant de manière trop importante le niveau de la radio-activité considérée comme sans danger (passage de 1 mSv à 20 mSv). Ici aussi, le cynisme sanitaire est patent.
    10. Les autorités japonaises ont établi des zones radioactives bien plus restreintes que celles établies consécutivement à l’accident de Tchernobyl. Sur la carte ci-dessous, on constate que cette radioactivité déborde très largement vers le nord-ouest la zone des 30 kms (cercle en trait continu).


    11. Les experts japonais n’ont qu’une connaissance liminaire de la situation sur le terrain. Les communautés devraient être « beaucoup plus impliquées ».
    Venant de l'ONU (OMS), une autorité dont la partialité à l'égard du lobby nucléaire est connue, le constat de Mr Grover est accablant.

    *  M. Grover, rapporteur spécial de l’ONU, énumère les dysfonctionnements liés à la crise nucléaire Japonaise
    Publié le 27 novembre 2012
    http://gen4.fr/2012/11/envoye-special-onu-japon.html

    Le rapporteur spécial pour la Santé de l’ONU, M. Anand Grover, après avoir passé une dizaine de jours dans les régions touchées par la catastrophe nucléaire de Fukushima-Daiichi, a exposé ses premières constatations dans un communiqué de presse qui évoque les réponses superficielles et insuffisantes des autorités Japonaises face à une situation sanitaire manifestement alarmante.
    M. Grover, es-qualité de rapporteur spécial pour les droits à la santé, a été mandaté par l’ONU pour faire le point sur la situation sanitaire du Japon de manière totalement indépendante des autorités de ce pays et il semble que sa mission ait réussi – enfin – à lever très officiellement un coin du voile très opaque qui recouvre tout ce qui touche aux conséquences de « l’accident » Japonais.
    Les pilules d’iode stable n’ont pas été distribuées
    M. Grover commence par regretter que l’un des rares traitements prophylactiques efficaces contre une partie des radiations 1 n’ait non seulement pas été distribué préventivement auprès de la population concernée comme il aurait dû l’être par les autorités Japonaises, mais également que ces dernières n’aient donné aucune consigne particulière dans ce domaine, laissant les habitants concernés et les autorités locales dans l’incertitude la plus totale.


    M. Grover évoque la faiblesse des réponses sanitaires Japonaises devant la presse, le 26 novembre 2012
    Le gouvernement Japonais a adopté une perspective trop optimiste de la situation
    Le récent rapport de la commission d’enquête parlementaire – qui a travaillé de manière indépendante – a ainsi confirmé que les autorités Japonaises ont bien retardé la diffusion d’informations capitales qu’ils avaient en leur possession et qui auraient été vitales pour la mise à l’abri des populations situées dans les environs de la centrale en perdition ; cette attitude a en conséquence initié une attitude de défiance profonde de la population vis-à-vis des autorités nationales et de l’industrie nucléaire en général.
    Les contrôles sanitaires mis en place sont insuffisants
    Même si M. Grover accueille favorablement les contrôles sanitaires mis en place par les autorités, il estime que ceux-ci sont très insuffisants à la fois sur un plan géographique et sur les catégories de population contrôlées ; l’étude épidémiologique devrait, toujours d’après l’enquêteur de l’ONU, s’étendre bien au-delà des 2 millions d’habitants de la préfecture de Fukushima et les contrôles thyroïdiens ne pas être réservés aux seuls enfants de moins de 17 ans.
    Etude épidémiologique : la majeure partie du Nord-Est de l’île de Honshu 2 devrait être concernée
    Les retombées radioactives ne se sont manifestement pas arrêtées aux frontières de la préfecture de Fukushima aussi l’étude épidémiologique devrait fort logiquement s’étendre à l’ensemble des territoires contaminés. Nous avions estimé précédemment que les retombées concernaient 7 ou 8 préfectures différentes 3
     
    Des contrôles continus doivent suivre les personnels travaillant sur le site bien après leur exposition
    La plupart des employés affectés au chantier de Fukushima-Daiichi le sont de manière très temporaire aussi il est normal que leur suivi épidémiologique ne soit pas définitivement stoppé dès que leur contrat de travail est terminé comme cela est pratiqué actuellement.
     
    Accès intégral aux dossiers médicaux
    M. Grover s’est également dit préoccupé par le fait que de nombreux habitants concernés se soient plaints de ne pouvoir accéder à leurs propres dossiers médicaux ou à ceux de leurs enfants.
     
    Une étude épidémiologique malheureusement trop étroite
    Les effets recherchés par les études actuelles semblent notoirement insuffisants ; ainsi seul le cancer thyroïdien chez l’enfant est recherché alors que l’objectif devrait viser l’ensemble des maladies radioinduites dans toutes les catégories de population. M. Grover veut probablement ici évoquer l’éventail des maladies dites « probabilistes », celles dont les liens avec l’irradiation externe ou interne ne peuvent être corrélés à 100% ; ces effets « incertains » incluent une longue liste de maladies incluant par exemple des cardiopathies sévères, les conséquences génétiques, les accidents de mutation, les symptômes asthéniques (le célèbre bura-bura des hibakusha 4, les affections allergiques localisées ou systémiques…
    Tchernobyl : un mauvais exemple
    L’étude Japonaise semble se baser sur l’exemple très médiocre des études épidémiologiques réalisées au cours des trois premières années suivant l’accident de Tchernobyl. « Nous ne possédons aucune donnée au cours de cette période suite à la censure (effectuée par les autorités Soviétiques) ».
    Le seuil de 20 mSv / an : un message trompeur
    M. Grover estime que le fait d’avoir relevé après l’accident le seuil d’exposition maximale de la population de 1 mSv à 20 mSv constitue un « message trompeur » qui pourrait laisser croire qu’exposer n’importe quel individu à cette dose serait sans conséquence. Le gouvernement a également publié des brochures officielles, des livres scolaires et tenu des conférences destinées à l’information des populations dans lesquelles il est indiqué noir sur blanc que : « des doses jusqu’à cinq fois supérieures à ce seuil 5sont sans effets sur la santé des populations ».
    Des zonages insuffisants
    Les autorités Japonaises ont finalement établi des zones radioactives bien plus restreintes que celles établies consécutivement à l’accident de Tchernobyl, M. Grover estime ainsi que le seuil de contamination de la Zone Rouge de Fukushima est « environ 4 fois plus élevé qu’en Ukraine ».
    Ce n’est pas au gouvernement Japonais de décider des seuils de radioprotection
    M. Grover tient ici un discours que nous aurions vraiment aimé entendre dans la bouche des radioprotectionnistes qui se sont trop peu exprimés dans cette triste affaire de Fukushima : est-ce à un gouvernement de décider arbitrairement, sans consultation internationale préalable et malgré un débat très vif entre experts, de modifier arbitrairement des seuils de radioprotection établis ? D’après l’enquêteur mandaté par l’ONU, ce n’était pas le rôle du gouvernement Japonais de trancher cette opposition scientifique en exprimant un choix pour un camp ou l’autre mais plutôt « d’arbitrer du côté des études les plus prudentes, en n’en omettant aucune ».


    Impliquer davantage les populations concernées
    M. Grover indique également qu’il souhaiterait que les autorités Japonaises écoutent beaucoup plus les habitants non seulement avant de prendre des décisions les regardant mais également après qu’elles aient été prises, afin de vérifier leur conformité et de les rectifier si nécessaire.
    Les experts n’ont pas connaissance de l’intégralité de la situation
    D’après M. Grover, les experts n’ont qu’une connaissance liminaire de la situation sur le terrain aussi les communautés devraient être « beaucoup plus impliquées ».

    M. Anand Grover est un avocat Indien près la Haute Cour de Bombay particulièrement impliqué dans la défense des droits sanitaires des populations mondiales. M. Grover s’est illustré dans un combat visant – entre autres – à défendre les droits des personnes souffrant du Sida dans leur misérable quotidien, notamment en défendant les patients ayant été contaminés par des transfusions sanguines, souffrant d’effets secondaires graves liés à des traitements expérimentaux ou encore s’étant vu opposer des refus de traitement par l’industrie pharmaceutique 6
    M. Grover a été nommé au poste de Rapporteur spécial des Droits à la Santé de l’ONU en juin 2008 et exerce depuis sa fonction avec un zèle et une attention toute particulière aux droits sanitaires les plus élémentaires des citoyens du monde vis-à-vis d’industries puissantes, du lobby médical ou encore d’États tentant d’échapper à leurs responsabilités sanitaires.

    Sources :
    U.N. envoy: Japan should do more for nuclear victims, asahi (AP.)
    Un expert de l’ONU se rend au Japon pour évaluer les droits à la santé , ONU, 12/11/12
    UN. Special Rapporteur accused the evacuation criteria of 20 mSv / year, vidéo youtube (12:48, anglais)

    (717)
    1. Les « pilules » d’Iodure de Potassium bloquent l’Iode radioactif en saturant la thyroïde en Iode stable, à condition d’être ingérées préventivement ou au plus tard 6 heures après l’exposition ↩
    2. Honshu : l’île principale du Japon ↩
    3. Fukushima, Iwate, Miyagi, Yamagata, Ibaraki, Tochigi, Gunma, Chiba et probablement Tokyo, préfectures au niveau desquelles des contrôles de contamination alimentaires se sont révélés positifs dans le passé ↩
    4. Hibakusha : les survivants des attaques d’Hiroshima-Nagasaki) ↩
    5. Soit 100 mSv / an (5*20) ↩
    6. Affaire de l’anti-rétroviral Novartis, 2008 ↩
    Lire également sur le même sujet :
    1. 573 décès officiellement liés à l’accident nucléaire de Fukushima-Daiichi A la date du 5 février, ce sont 573 décès qui ont été plus ou moins reliés aux conséquences de l’accident nucléaire Japonais, alors que la situation de 29 autres...
    2. Tepco hésite, la cellule de crise Japonaise n’hésite pas : Les 3 coeurs de Fukushima 1-3 ont probablement fondu à 100% Les médias mainstream, reprenant tous en coeur le discours officiel de Tepco : "Reprise en main du site" ont un peu "oublié" de commenter  cette info valant pourtant son pesant...
    3. Iwaki : la criminalité en nette hausse depuis le début de la crise nucléaire ? Les travailleurs du nucléaire à l’origine de crimes et délits à Iwaki ? Selon Makiko Segawa, journaliste indépendant, la région d’Iwaki connaîtrait une recrudescence inquiétante de la criminalité, notamment sexuelle,...
    4. Japon : la crise nucléaire manifeste des tensions importantes au sein du parti gouvernemental PDJ De fortes tensions sont apparues au sein du Parti Démocratique Japonais suite à la crise nucléaire ; ces dernières ont été récemment exacerbées par l’affaire du redémarrage très controversé de...
    5. L’ancien ministre Kaieda doutait de la sincérité de Tepco au pire moment de la crise nucléaire L’ancien ministre de l’Industrie du gouvernement de Naoto Kan admet qu’à certains moments et notamment au plus fort de la crise nucléaire de Fukushima-Daiichi, le comportement de Tepco lui apparaissait...


    ( 1 ) Le Monde diplomatique – MARS 2008

    L’ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTE ET LE NUCLEAIRE

    http://sniadecki.wordpress.com/2012/04/18/dossiers-tchernobyl/

    Les dossiers enterrés de Tchernobyl

                                                 Par Alison KATZ

                                                                         Centre Europe Tiers Monde (Cetim), Genève.
                                                                              fonctionnaire internationale à l’Organisation
                                                                                    Mondiale de la Santé (OMS) pendant dix huit ans.

    Connaîtra-t-on un jour l’impact sanitaire des activités nucléaires, civiles ou militaires ? Depuis un demi-siècle, des concentrations délétères de matières s’accumulent dans l’air, la terre, l’air et l’eau, à la suite des tirs atomiques et des incidents survenus dans les centrales. Or des études sérieuses concernant les conséquences des radiations sur la santé sont occultées – en particulier par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la référence internationale dans ce domaine.

    Un MENSONGE de plus. En Juin 2007, M.Gregory Hartl, porte-parole de l’OMS de la division du Développement durable et de la Santé environnementale (OMS) a prétendu que les actes de la conférence internationale des Nations Unies sur la catastrophe de Tchernobyl, tenue du 20 au 23 novembre 1995 à Genève, avaient été  publiés. Ils ne l’ont jamais été ; pas plus que les actes de la conférence de Kiev en 2001. Interrogée un peu plus tard par des journalistes, l’OMS a réitéré le mensonge, ne fournissant comme références que des résumés des présentations pour la conférence de Kiev et une sélection très restrictive de douze articles sur les centaines proposés à la conférence de Genève.

         Aussi, depuis le 26 Avril 2007 ( vingt et unième anniversaire de la catastrophe), les employés de cette agence onusienne à Genève ne peuvent rejoindre leur bureau sans croiser les manifestants  et un panneau indiquant que, un million d’enfants sont irradiés et malades (1). L’organisatrice de ces « piquets » est l’association For an Independent WHO -Pour l’Indépendance de l’OMS. Elle accuse l’agence de complicité dans la dissimulation des conséquences sanitaires de la catastrophe , mais aussi de non-assistance aux populations en danger. L’OMS, réclame-t-elle, doit mettre un terme à l’accord qui la lie depuis 1959 à   l’Agence Internationale à l’Energie Atomique (AIEA) (2) et qui lui interdit « d’entreprendre un programme ou une activité » dans le domaine nucléaire sans consulter cette dernière « en vue de régler la question d’un commun accord » (point 2 de l’article 1)

        Cette indépendance permettrait à l’OMS de mener une évaluation sérieuse et scientifique et par conséquent d’apporter une aide  appropriée aux personnes contaminées. Une résolution destinée à l’Assemblée mondiale de la santé, organe de décision de l’OMS, qui se réunit en Mai 2008 (3), est en préparation. Parallèlement, un « Appel International des Professionnels de la Santé » a été lancé (4).

        Selon ses statuts , l’AIEA, agence onusienne dépendant du conseil de Sécurité, a pour objectif
    « d’accélérer et d'élargir la contribution de l'énergie atomique à la paix, la santé et la prospérité à travers le monde ».  En réalité, il s’agit d’un lobby - militaire de surcroît - qui ne devrait  pas intervenir dans les choix de politique sanitaire ou de la recherche.

        Pourtant, l'agence a ainsi opposé son veto à des conférences prévues par l'OMS sur la radioactivité et la santé ; de son côté, l'autorité sanitaire internationale a avalisé les statistiques grotesques de l’agence concernant la mortalité et la morbidité résultant de l'accident de Tchernobyl – 56 morts et 4000 cancers de la thyroïde (5). Or le déni de maladie implique inévitablement un déni de soin.
    Neuf millions de personnes vivent dans des zones à très haut niveau de radioactivité.  Depuis 21 ans, elles  n'ont pas eu d'autre choix que de consommer des aliments contaminés, avec des effets dévastateurs sur leur santé (6). Mais pour le promoteur du nucléaire, toute recherche susceptible de mettre en évidence les effets nocifs des rayonnements ionisants constitue un risque commercial majeur, qu’il faut à tout prix interdire.

        Les recherches sur d’éventuelles atteintes au génome humain ( une des conséquences les plus graves de cette contamination) n’ont donc pas figuré dans l’étude internationale demandée, en 1991, par les ministères de la santé de l’Ukraine, de la Biélorussie et de la Fédération de Russie. En revanche, celle sur les caries dentaires a été portée au rang de priorité…Et, bien que ces pays aient formulé leur demande d’études auprès de l’OMS. C’est l’AIEA qui a planifié le projet.

    Plus fort que les lobbies du tabac

    CE CONFLIT d’intérêt a déjà été fatal à des centaines de milliers de personnes, d’après diverses études réalisées par des institutions et scientifiques indépendants (7). Encore le fardeau le plus lourd est-il à venir – du fait des longues périodes de latence, de la concentration des radionucléides dans les organes internes après l’absorption de nourriture produite sur des sols contaminés, et des dégâts causés au génome durant plusieurs générations.

        Des centaines d’études épidémiologiques réalisées en Ukraine, en Biélorussie et dans la Fédération de Russie ont permis de constater une hausse significative de tous les types de cancer (responsables de milliers de morts), une augmentation de la mortalité infantile et périnatale, un grand nombre d’avortements spontanés, un nombre croissant de difformités et d’anomalies génétiques, de perturbations ou de retards du développement mental, de maladies neuropsychologiques, de cas de cécité, ainsi que des maladies des systèmes respiratoire, cardiovasculaire, gastro-intestinal, urogénital et endocrinien.(8)

        Mais qui va les croire ? Quatre mois après la catastrophe, Morris Rosen, Directeur de la sûreté nucléaire de l’AIEA, ne déclarait-t-il pas : Même s’il y avait un accident de ce type tous les ans, je considérerais le nucléaire comme une énergie intéressante (9) »? Une information du public sur ses conséquences réelles pourrait au contraire changer profondément le débat sur l’option nucléaire. C’est pour cette raison que l’OMS a peur des enfants de Tchernobyl.

        Pendant des décennies, les lobbies du tabac, de l’agrochimie et de la pétrochimie ont fait obstruction à la mise en œuvre de mesures de santé publique et environnementales susceptibles de nuire à leurs profits. Mais le lobby nucléaire s’avère  incomparablement plus puissant qu’eux : il comprend en effet les gouvernements des Etats nucléarisés, et notamment les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France, ainsi que de puissantes organisations intergouvernementales. La désinformation émanant de groupes de pression militaro-industriels est gigantesque, et  ce qui est encore plus dangereux se pare de la légitimité de l’Etat.

        Pis, la corruption de la science concerne également les plus prestigieuses institutions académiques. Comme le rapporte un éditorial de la revue britannique The Lancet,  elles « sont devenues des " business " de plein droit, cherchant à commercialiser pour leur propre compte leurs découvertes plutôt que de préserver leur statut de chercheurs indépendants » (10) Validées par des pairs et citées comme preuve de la sûreté des activités nucléaires, les expertises émanent trop du lobby nucléaire et/ou sont financées par lui.

        Acquise aux intérêts des conglomérats, par le déni, la dissimulation et les mensonges, cette science-là nous a amenés au réchauffement planétaire – et au bord du gouffre. Dès lors, comment envisager de lui faire confiance en ce qui concerne le nucléaire ? Tandis que les émissions responsables du changement climatique peuvent être (théoriquement) contrôlées, la technologie nucléaire et ses déchets ne peuvent l’être en aucun cas. Même si les activités nucléaires cessaient demain, leurs conséquences affecteraient la vie sur Terre pour des millénaires.

        La « science » qui a été la source d’informations sur le nucléaire en général et la catastrophe de Tchernobyl en particulier est une science exclusivement au service du lobby nucléaire international. Elle est ainsi “juge et partie” pour tout ce qui concerne les conséquences sanitaires de ses propres activités ; et les marques de collusions d’intérêts se retrouvent jusque dans les sources d’information dites « fiables »  (même dans les articles validés par des pairs). L’ensemble des institutions nucléaires, qu’elles soient gouvernementales, militaires, industrielles, scientifiques, de recherche ou de régulation, ou intergouvernementale comme par exemple Euratom et certaines agences onusiennes, fonctionne à l’instar « d’une famille incestueuse fermée sur elle-même (11) ».


       Les défaillances de cette pseudo-science et de sa méthode vont du flagrant et outrageux au subtil et malhonnête, comme le dénoncent l’expert Chris Busby, et le journaliste Wladimir Tchertkoff,  ainsi que le Tribunal Permanent des Peuples (12).

       La première série  de manquements mis en lumière concerne la falsification et la rétention de données, l’absence de mesures de la radioactivité et de dépistages des cancers, les attaques exercées contre les chercheurs indépendants et leurs institutions, la censure des études révélant les effets néfastes, le dénigrement de milliers d’études non-traduites des trois pays les plus touchés et l’exclusion de l’ordre du jour des conférences de domaines scientifiques entiers – comme par exemple  les effets de l’irradiation interne, chronique, à faible dose, (qui vaut pour presque toute la contamination des populations autour de Tchernobyl).

       Une seconde série de fautes comprend les artifices de calculs : nos « spécialistes » - en désinformation – évaluent la moyenne des irradiations pour des populations entières, faisant l’impasse sur les différences considérables de contamination d’un endroit à l’autre ; ils stoppent les études au bout de dix ans, évitant ainsi de prendre en compte la morbidité et la mortalité à long terme ; ils considèrent cinq années de survie comme une guérison, ils ne tiennent compte d’aucune autre maladie que le cancer ; ils ne compteront que les survivants, ils ne s’intéressent qu’aux trois pays les plus affectés ; ils vont jusqu’à voir une baisse des cancers infantiles là où, en réalité, les enfants, devenus adultes et cancéreux, ne figurent plus dans la base de données…Et des dizaines d'autres manipulations.


        Entre 1950 et 1995, aux Etats-Unis, le nombre annuel de nouveaux cancers tous types confondus (incidence), a augmenté de 55% selon l’Institut National du Cancer, aux états-Unis ; on observe une tendance similaire en Europe comme dans tous les pays industrialisés. Les cancers non liés au tabagisme contribuent pour environ 75% à cette augmentation et ne sauraient être expliqués par une  meilleure détection ou par le vieillissement des populations (13). Cette croissance suit l’évolution du produit national brut et de l’industrialisation, mais la cause la plus évidente – pollution de l’environnement, chimique et radioactive – est ignorée. De manière très perverse, les mêmes spécialistes préfèrent reprocher aux victimes leurs mauvaises habitudes de vie.



    Connivences universitaires

     

    L’EPIDEMIE de cancers affecte d’ores et déjà les couches privilégiées et instruites de la société, qui demandent des explications scientifiques sérieuses et une réelle prévention s’attaquant aux causes fondamentales du problème – la pollution chimique et radioactive – sans en rester à une prévention secondaire comme le dépistage des maladies.

         Des associations de malades appellent au boycott des puissantes organisations caritatives contre le cancer étroitement liées aux industries pharmaceutiques et de l’équipement médical. Des victimes du cancer tentent de traduire en justice les responsables de la dissimulation des vrais dangers du nucléaire. (14)   

         La dérive de la science et l’étroite relation entre l’industrie et les institutions académiques devraient être au centre des préoccupations de l’OMS. Au moment de son élection en tant que Directrice Générale, Mme Margaret Chan a assuré qu’un des uniques attributs de l’organisation  était son emprise en matière de santé publique. «Nous disposons de l’autorité absolue dans nos directives »  a-t-elle déclaré. Dans le domaine de la radioactivité et de la santé, il serait plus juste pour l’OMS de reconnaître que c’est  l’AIEA, sans aucune compétence en matière de santé publique - qui dispose d’une autorité absolue.

        Peut-on compter sur les états membres de l’OMS pour agir ?  Comme le notait The Lancet déjà cité, « les gouvernements, au plan national et régional, ont régulièrement failli dans leur devoir de placer leurs populations avant le profit (15) ». Une recherche indépendante et sérieuse doit être entreprise sur les conséquences sanitaires des activités nucléaires civiles et militaires, et les résultats divulgués sans obstruction.

    (1) Lire Charaf Abdessemed. Les antinucléaires font le piquet devant l’OMS. Geneva Home Information 6-7 juin, 2007.

    (2) Organisation autonome placée sous l’égide des Nations unies en 1957, l’AIEA sert de forum  intergouvernemental mondial pour la coopération technique dans l’utilisation pacifique des technologies nucléaires.

    (3) Lors de cette assemblée, les délégations des cent quatre-vingt-treize Etats membres déterminent les politiques de l’organisation.


    (4) www.independentwho.info/spip.php?article107


    (5) The Chernobyl Forum. Chernobyl’s Legacy. Health, Environmental and Socio-Economic Impacts. 2003-2005. IAEA/WHO/UNDP/FAO/UNEP/UN-OCHA/UNSCEAR/WB. Vienna, April 2006.

    (6)Michel Fernex. « La santé: état des lieux vingt ans après »,dans Galia Ackerman, Guillaume Grandazzi et Frédérick Lermarchand, Les Silences de Tchernobyl  Editions Autrement, Paris, 2006.

    (7) Pierpaolo Mittica, Rosalie Bertell, Naomi Rosenblum et Wladimir Tchertkoff. Chernobyl: the hidden legacy. Trolley Ltd, London, 2007.

    (8) Alex Rosen. Effects of the Chernobyl catastrophe: literature review. January 2006
    www.ippnw.org/ResourceLibrary/Chernobyl20Rosen.pdf


    (9) Le Monde, 28 août 1986

    (10)  “The tightening grip of big pharma”, The Lancet, vol. 357, n° 9263). Londres, 14 avril 2001.

    (11) Rosalie Bertell. No Immediate Danger: Prognosis for a Radioactive Earth. Women’s Press, Toronto, 1985.

    (12) Chris Busby. Wolves of water: a study constructed from atomic radiation, morality, epidemiology, science, bias, philosophy and death. Green Audit, Aberystwith (Royaume-Uni) 2006;
    Wladimir Tchertkoff. Le crime de Tchernobyl : le goulag nucléaire. Actes Sud, Paris, 2006 ;
    Permanent People’s Tribunal, International Medical Commission on Chernobyl. Chernobyl. environmental, health and human rights. Vienna, 12-15 April, 1996.

    (13) Samuel Epstein. Cancer-Gate. How to win the losing cancer war. Baywood, New York, 2005.

    (14) En France, en témoigne la mise en examen du professeur Pierre Pellerin( directeur à l’époque di Service central de protection contre les rayonnements ionisants) pour tromperie agravée dans le dossier Tchernobyl- malades de la thyroïde.

    (15) The Lancet, op.cit.


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