• Lettres ouvertes au Président


    Il n'est pas du tout certain que ces lettres servent à quelque chose. La mégalomanie du président est au moins égale à celle du précédent.

    Gaulois.

     

     

     

     

     



    Notre Dame des Landes : lettre ouverte au Président de la République par l'ACIPA, l'ADECA, le CéDPa et la Confédération Paysanne

     

    http://chris-perrot.hautetfort.com/archive/2012/11/30/notre-dame-des-landes-lettre-ouverte-de-4-organisations-d-op.html

    30 novembre 2012

    Monsieur le Président de la République,

    Comme vous le savez, nous venons de vivre à Notre Dame des Landes une longue, trop longue, période de tension et de violence ; aussi est-ce avec intérêt que nous avons pris acte des deux communiqués du gouvernement, publiés samedi 24 novembre dernier ; le premier signé de vos ministres de l’Agriculture, de l’Environnement et des Transports annonçait qu’il n’y aurait pas de défrichement sur le site de NDDL avant au moins six mois et le second, émanant de votre Premier Ministre proposait « dans un souci d’apaisement» la mise en place d’une commission du dialogue.

     Nous souhaitons par ce courrier vous préciser dans quelles conditions le dialogue peut vraiment s’instaurer. Vous comprendrez aisément que cela ne puisse se faire si la présence policière massive que nous connaissons depuis la mi-octobre perdure. La violence est née de l’opération « César », qui a détruit des maisons et mis à la rue de nombreuses personnes, elle s’arrêtera d’elle-même si les forces de l’ordre se retirent et si de nouvelles expulsions ou destructions n’ont pas lieu ; nous pensons aussi indispensable que vous décidiez le gel total de tous les travaux de préparation du chantier, ou de poursuite des sondages et fouilles archéologiques qui ont un effet sur le sol alors même que le dossier au titre de la Loi sur l’eau n’est pas satisfaisant, comme le montrent les conclusions de la commission d’enquête qui demande une validation scientifique de la méthode de compensation.


    La mission qui sera confiée à cette commission du dialogue doit être évidemment ne véritable mission de remise à plat du dossier afin que soient enfin examinés tous les arguments que nous avons avancés depuis des années mais qui n’ont jamais été analysés sérieusement. Il ne nous serait pas possible d’accepter qu’on nous réexplique simplement, comme si nous l’avions mal compris, un dossier que nous connaissons fort bien. Le choix de la personnalité qui assurera la présidence est bien sûr crucial et ne peut souffrir le moindre doute sur son indépendance et son objectivité. Et il en va de même pour les autres membres de cette commission.

    Mais la méthode de travail est tout aussi importante. Nous voulons certes que tous les aspects du dossier, (juridiques, économiques, environnementaux) soient examinés, et que soient analysées les propositions alternatives que nous avons avancées, mais nous demandons de surcroît la plus grande transparence des travaux de manière à ce que l’opinion publique particulièrement sensibilisée depuis ces dernières semaines puisse continuer à suivre le débat.

    C’est dans un véritable souci de démocratie que, depuis des années, nous avons organisé de nombreuses réunions afin que tous se saisissent des enjeux réels du projet, c’est dans ce même esprit que nous souhaitons que la commission de dialogue travaille avec nous.

    Nous tenons enfin, Monsieur le Président, à vous rassurer sur le calendrier. Nantes-Atlantique fonctionne très bien et il n’y a aucune urgence à vouloir hâter le pas comme le souhaitaient visiblement le concessionnaire et certains porteurs du projet. Il nous paraîtrait d’ailleurs normal que le projet de Notre Dame des Landes soit aussi réexaminé dans le cadre de la mise en place du nouveau Schéma National de Mobilité Durable.

    Forts des soutiens croissants qui nous parviennent de partout en France et de la détermination des militants présents localement, mais aussi persuadés de la légitimité de nos demandes, nous attendons sereinement votre réponse que nous espérons favorable. Nous restons bien évidemment à votre disposition pour un rendez-vous à l’Élysée, comme nous vous le demandons chaque semaine depuis le 29 août dernier.

     Dans cet espoir, nous vous assurons, Monsieur le Président, de toute notre considération."

    Les coprésidents de l’ACIPA : Anne Marie Chabod, Dominique Fresneau, Christian Grisollet ;
    - Le président de l’ADECA : Sylvain Fresneau ;
     - Les présidents du CéDpa : Françoise Verchère, Jean Paul Naud, Isabelle Loirat ;
     - Le président de la Confédération Paysanne 44 : Dominique Lebreton.

    Quelques lettres récentes :

    Lettre d'un entrepreneur

    Un entrepreneur et citoyen angevin a adressé à la rédaction du Courrier de l'Ouest une lettre ouverte au président de la République François Hollande, qu'il invite à Angers. Se disant proche des idées de Jean Monnier, ancien maire d'Angers, voici son texte, auquel vous pouvez bien entendu réagir :
    A travers cette lettre, je souhaite inviter notre président de la République à Angers, répondre à l'autoritarisme des propos de M. Auxiette et au silence des élus angevins. J’invite notre président de la République M. Hollande à Angers, pour les fêtes de fin d’année.

    Je l’invite à repousser et prendre le temps de redimensionner le projet d’un aéroport du Grand Ouest.
    Je l’invite à Angers pour rappeler à son gouvernement et à nos élus locaux où sont nos priorités économiques et sociales.
    J'invite M. Hollande à Angers, car c'est ici que l’on mesure les vraies attentes en Pays de la Loire :

    - c’est à Angers que le taux de chômage est le plus élevé des Métropoles des Pays de la Loire.
    - c’est à Angers qu’un bon 80 % de la population peut prétendre au logement social.
    - c’est à Angers que l’on trouve 18% de la population vivre sous le seuil de pauvreté.
    - c’est à Angers que l’on trouve une trentaine de familles expulsée de leurs foyers chaque mois.
    - c’est à Angers que l’on trouve un clandestin sur deux en Pays de la Loire aux conditions de vies pitoyables.

    Après les récentes déclarations de M. Auxiette au sujet du projet de l'aéroport du Grand Ouest à NDDL, il n'y a que le mot "vérité" que je suis en mesure de partager :

    - oui M. Auxiette, il faut dire la vérité !

    Il faut dire aux Angevins que la future Prison d'Angers et les 200 emplois à créer ne se feront pas.
    Il faut dire aux Angevins que l'université d'Angers continuera à crouler sous le déficit malgré un dynamisme reconnu.
    Il faut dire aux Angevins que notre ville, selon les ténors de l'officieuse "Région Loire Atlantique", n’est pas à la hauteur pour accueillir la Cité judiciaire des Pays de la Loire.
    Il faut dire aux Angevins que la sécurité et la Police nationale d’Angers attendront encore longtemps un équipement du 21e siècle pour remplacer des locaux vétustes et dépassés.
    il faut dire que le tram-train des Trélazéens se fera... mais à NDDL, au frais du contribuable angevin, depuis que l'Etat se désengage du financement .

    Moi aussi je dois dire la vérité :

    - comme la majorité des Français, j'ai voté Hollande au deuxième tour des élections présidentielles.

    J'ai voté notamment pour les priorités fixées par le président de la République, dont celles de la compétitivité de nos entreprises, l’éducation, la recherche, la justice et la sécurité… elles sont les priorités des Angevins, mais nous constatons qu’elles ne sont pas celles de M. Auxiette.
    J’invite M. Hollande à discuter du projet d’aéroport du Grand Ouest à Angers.
    Je l’invite à apaiser le débat, les tensions autour du projet d’un nouvel aéroport pourtant nécessaire. J’invite notre président à recadrer le projet, je l’invite à réclamer la transparence qui fait tant défaut à NDDL :
    - tous les arguments des promoteurs du projet de l'aéroport à NDDL sont démontables un à un au moment où l’on trouve des urgences réelles. A force de pervertir l’Intérêt public, nous ne croyons plus M. Auxiette.

    Les Angevins savent être discrets, mais ne sont pas sourds. Il est encore temps pour nos élus locaux (MM. Beatse, Antonini…) de mesurer pleinement la colère et les inquiétudes des Angevins. Il est temps que nos élus rappellent M. Auxiette où sont les vraies priorités. Ou bien les Angevins vous le feront payer en 2014.

    Plus que l'air marin du Grand Ouest de M. Auxiette et la gauche servile de M. Antonini, il y a la colère angevine, que nous partageons, où qu'elle aille."
     
    JM

    Angers. Aéroport Notre-Dame des Landes : lettre ouverte au président Hollande
    C'est un peu dommage que Cécile Duflot ne figure pas parmi les destinataires de cette lettre.
    Gaulois.

    Lettre ouverte
    http://www.bastamag.net/article2751.html
    Notre-Dame-des-Landes : un énarque proche de François Hollande s’insurge
    Par Rédaction (30 octobre 2012)
    Alors que les affrontements s’intensifient entre forces de l’ordre et résistants au projet d’aéroport, Patrick Warin, énarque et ancien directeur à la Caisse des Dépôts et Consignations, s’indigne. Dans une lettre ouverte à François Hollande, il démontre l’absurdité du projet, que seule une « mégalomanie ridicule » semble justifier. « Ceux de Notre Dame des Landes et ceux du Larzac sont de la même trempe de Français, nous serons des millions à les soutenir pour qu’on les écoute », lance-t-il à son ancien collègue de promo à l’ENA.


     Lettre ouverte à Monsieur François Hollande, Président de la République,

    De la part de Patrick Warin, ancien élève de l’ENA, Promotion Voltaire, ancien Directeur à la Caisse des Dépôts et Consignations, Professeur associé aux Universités, membre de Démocratie 2012.
    Monsieur le Président, mon cher camarade, cher François,
    J’ai décidé de vous adresser cette lettre, écrite ce matin du 30 octobre, alors qu’une nouvelle opération de police de grande envergure se déroule à quelques dizaines de kilomètres d’Angers, mon lieu de résidence, ville et région qui vous sont également familières.
    Sur le territoire prévu pour accueillir le futur aéroport de Nantes/Grand Ouest des hommes et des femmes qui, pour l’écrasante majorité d’entre eux ont voté pour vous, doivent se confronter une nouvelle fois à un déploiement de forces de police dépêchées par un gouvernement de gauche, dirigé par l’ancien maire de Nantes. Alors que depuis des années ces femmes et ces hommes, tous non violents, tous soutenus par une solidarité locale, régionale et nationale demandent simplement à être entendus au-delà des procédures légales et formelles dont ils estiment à juste titre qu’elles ont été menées de manière tronquées, et trompeuses, la seule réponse que votre gouvernement leur apporte est celle de l’emploi de la force. Cette attitude, Monsieur le Président, cher camarade est inacceptable.
    Le PS est en train de s’isoler
    Parmi bien d’autres, je me suis engagé pour assurer votre élection, puis vous garantir une majorité solide. Dans notre circonscription du Maine et Loire tenue par la droite depuis plusieurs dizaines d’années nous avons failli à 86 voix près envoyer l’ancien ministre Marc Laffineur à une retraite bienvenue. Nous sommes fiers d’avoir mené ce combat et de nous retrouver dans cet Ouest déjà largement conquis par la gauche en terre de futures conquêtes en compagnie de nos alliés écologistes.
    Cher François, la manière dont le pouvoir que vous incarnez gère le projet Notre Dame des Landes va totalement bouleverser ces positions politiques chèrement acquises car vous n’imaginez pas l’immense potentiel de sympathie, de soutien militant, de soutiens politiques à la base dont bénéficient ces personnes en lutte, alors que la technostructure du Parti socialiste et des grands élus régionaux est en train de s’isoler.
    Vous êtes face à un nouveau Larzac !
    Monsieur le Président je vous l’affirme avec la conviction d’un sympathisant socialiste de longue date, de tradition enracinée auprès de mes proches, mon père Jacques Warin, qui collabora avec Pierre Mauroy au moment de l’alternance en 1981, vous êtes face à un nouveau Larzac !
    Déjà au moment de votre élection je vous avais alerté discrètement, par l’intermédiaire de nos amis communs de Démocratie 2012, dont Pierre René Lemas, pour éviter qu’en pleine campagne la situation ne provoque des conséquences électorales néfastes. Il me semblait avoir, avec bien d’autres qui avaient intercédé, été entendu.
    Aujourd’hui il est temps que vous ne vous contentiez plus de répondre aux lettres qui vous sont adressées à ce sujet par des formules standards qui renvoient à votre ministre Monsieur Cuvillier le soin de traiter le dossier. Outre que cette attitude peu respectueuse de l’écoute citoyenne ne vous ressemble pas, vous êtes face à une situation qui exige une attitude d’homme d’État.
    Provocations dont vous porterez seul la responsabilité
    La révision du Schéma national des infrastructures de transport, l’emploi parcimonieux de la dépense publique, le souci de la transition écologique, l’application loyale de la Loi sur l’Eau, dans sa dimension universelle et a fortiori européenne, sont autant de motifs pour rouvrir le dialogue et éviter que votre quinquennat ne soit entaché par un abcès de fixation politiquement désastreux. Cela vous fait courir, compte tenu de la manière utilisée aujourd’hui, des risques sérieux de dérapages, de provocations dont vous porterez seul la responsabilité face à des personnes dont la conviction s’exprime de manière pacifique, non violente, respectueuse de la loi républicaine dès lors que celle-ci s’exerce elle aussi dans le respect du dialogue citoyen.
    Monsieur le Président, cher camarade, j’ai eu le privilège de vivre un parcours professionnel dont tous ceux qui furent mes supérieurs, collaborateurs, collègues, partenaires s’accordent à dire qu’il fut toujours ouvert à l’innovation, à l’adaptation au monde changeant, à la recherche de nouveaux paradigmes et à la réalité de la concurrence globalisée. Je continue en tant qu’enseignant universitaire à stimuler la créativité de mes étudiants, dans le monde entier, tout en leur transmettant mon expérience de dirigeant du service public puis d’homme d’entreprise. Je ne suis pas un nostalgique, ni un tenant de la décroissance, ni un « illuminé anti progrès ». Ces traits de caractère sont partagés par les personnes que je côtoie lors des réunions d’information sur le projet Notre Dame des Landes. En vérité, c’est nous qui incarnons la modernité et l’ouverture au 21éme siècle.
    Mégalomanie ridicule
    En effet, qui peut croire que les opérateurs aériens vont implanter dans le Grand Ouest des infrastructures aéroportuaires renforcées et surdimensionnées, au moment où nous atteignons le pic de l’énergie fossile, et alors que leur modèle économique est de ramener les passagers vers quelques hubs majeurs soit par des avions qui rallient Nantes à Orly, ou Charles De Gaulle, ou Francfort ou Londres, ou Amsterdam ou Madrid ? A partir de ces plateformes le modèle est alors de procéder au remplissage maximum de très gros porteurs économes en carburant. Sauf à souffrir d’une mégalomanie ridicule, qui peut croire qu’un Grand Ouest aujourd’hui déjà bien relié par TGV aux plates formes parisiennes en cours de modernisation a besoin d’un équipement nouveau, coûteux, détruisant plusieurs milliers d’hectares de terres agricoles, déracinant au propre et au figuré paysages et hommes attachés à leur territoire ?
    Nantes a déjà 2 aéroports qui figurent dans les codes internationaux de l’IATA, Nantes Atlantique qui croît sans que cela permette de justifier le transfert coûteux et… la gare SNCF de Nantes qui est utilisée dans la tarification aérienne pour acheminer les passagers vers les plateformes parisiennes etretour. Nantes Atlantique va devoir de toutes façons être conservé pour les besoins logistiques de la fabrication d’Airbus sur l’usine nantaise, et la gare de Nantes me parait être une bonne solution pour les voyageurs de notre région pour leur transfert vers les hubs parisiens. Posons donc la question à Air France sur sa vision du transport aérien au 21ème siècle et remettons-nous autour d’une table pour réexaminer les prévisions de trafic utilisées pour justifier le transfert !
    Je vous conjure d’écouter ce qui se vit
    Monsieur le Président, cher camarade, vous qui êtes aujourd’hui soucieux que vos hautes fonctions et votre agenda ne vous coupent pas de la réalité que vivent nos concitoyens, vous qui vous entourez des avis et opinions issus de la société civile, comme en témoigne la mission confiée à votre proche Bernard Poignant (qu’en dit-on à Quimper ?), je vous conjure d’écouter ce qui se vit dans notre région auprès de personnes qui vous soutiennent, qui partagent vos valeurs, qui se mobiliseront autant qu’il le faudra et aussi longtemps qu’il le faudra pour que leurs argument soient écoutés une fois que les gaz lacrymogènes de ce matin se seront dissipés.
    Cher François, le Larzac a rencontré son homme d’État, le magnifique film qui a retracé cette lutte rend hommage à des Français ordinaires, femmes et hommes de conviction mais aussi à l’homme d’État qui les a entendus.Ceux de Notre Dame des Landes et ceux du Larzac sont de la même trempe de Français, nous serons des millions à les soutenir pour qu’on les écoute.
    Monsieur le Président, cher François Hollande, nous attendons de vous que vous soyez à notre rendez-vous citoyen comme l’a été François Mitterrand.
    Je vous prie d’agréer l’expression de mes sentiments respectueux et de mon cordial souvenir,Patrick Warin, ENA Promotion VoltaireCopie : Monsieur Jean Marc Ayrault, Monsieur Pierre René Lemas, Monsieur Michel Sapin, Monsieur Jean Pierre Jouyet, Monsieur Bernard Poignant, Monsieur le Préfet de la Région Pays de la Loire.
    Copies adressées par courrier électronique : élus de la région Pays de la Loire, divers collectifs au sein d’ACIPA

    Lire aussi :
     Notre-Dame-des-Landes : un futur « Larzac » pour le gouvernement Ayrault ?
     Notre-Dame-des-Landes, ou comment gaspiller 600 millions d’euros en période d’austérité

     

    Novembre 2012

    Projet aéroportuaire de Notre-Dame-des-Landes :
    Réactions de la CCEG sur les récents engagements du Gouvernement.
    Novembre 2012
    Le Président de la CCEG et les élus représentants de la CCEG au Syndicat Mixte Aéroportuaire ont pris acte ce week-end de la volonté de dialogue du Gouvernement qui a annoncé, d’une part, la constitution d’une commission du dialogue et, d’autre part, un engagement de report des travaux de défrichement tant que le comité scientifique, qui doit être mis en place, n’aura pas validé la méthode de compensation environnementale proposée par A.G.O.
     
    Ces élus considèrent ces engagements comme une nouvelle opportunité de dialogue et comme un signe d’ouverture.
     
    Ils demandent également, dans un souci de réel apaisement, l’arrêt de toute occupation de terrains, tant des opposants que des porteurs de projet permettant ainsi d’opérer un retrait des forces de l’ordre.
     
    Malgré leur opposition au projet d’aéroport, les élus de la CCEG n’ont jamais pratiqué la politique de la « chaise vide». Ils demandent donc à être entendus en temps utile par la commission du dialogue en qualité d’élus du territoire impacté. Ils entendent que la CCEG soit considérée comme partie prenante dans cette voie ouverte au dialogue.
     
    Ils ont noté que la commission du dialogue avait pour premier objectif d’exposer le projet. Les élus de la CCEG considèrent qu’ils connaissent bien ce projet et qu’il est inutile de leur proposer un exposé. Ils entendent qu’il soit proposé aux parties prenantes un temps d’étude de l’exposé du projet qui sera fait par la Commission du Dialogue.
     
    L’opposition à ce projet porte notamment sur la destruction d’un territoire comportant une importante densité de zones humides et constituant une double tête de bassin versant. Ils proposent donc d’inviter dans ce dialogue des experts du droit européen afin de discuter de la compatibilité de ce projet avec la législation européenne sur l’eau et les milieux aquatiques résultant de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE).

    Un éclairage intéressant

     Notre-Dame-des-Landes : un projet de 1967 pour épondre aux défis de notre temps
    Griffonné par Pierre Deruelle le 24 novembre 2012

     

      Bon, c’en est assez. Moi ça me fait peine. Beaucoup trop de contre-vérités sont énoncées quotidiennement sur l’affaire de l’Aéroport Grand-Ouest, outrageusement raccourci en NDDL par les supporters de la bande de squatteurs basanés polygames crypto-anarchistes néo-staliniens qui ne se lavent même pas tous les jours. Il est peut-être temps de prendre UN PEU de hauteur, de dépassionner le débat, et de ramener UN PEU de sérieux sur ce sujet de haute voltige.

     

       Le site de Notre-Dame-Des-Landes fut choisi en 1967 (selon les normes européennes environnementales et de préservation de la biodiversité qui devaient à l’époque déjà probablement être les mêmes qu’aujourd’hui) par le Service technique des bases aériennes, puis validé en 1970 par le Comité Interministériel d’Aménagement du Territoire (CIAT) pour remplacer “Nantes Atlantique” existant déjà à l’époque, notamment pour y développer le fret, et aussi un peu pour pouvoir accueillir fièrement le tout nouveau Concorde. Mais si, vous savez, cet avion qui a eu un petit souci le 25 juillet 2000, tuant 113 personnes, et qui ressemblait à un burn-out de cigogne sous extasy avec une paire de Ray-Ban.
    S’il semble aujourd’hui – mais je m’avance peut-être un peu  – que le projet n’accueillera finalement pas le Concorde, dès mai 1967, les autochtones les plus civilisés pouvaient déchiffrer dans la presse locale avec leurs quelques rudiments de langue française que “La métropole Nantes – Saint Nazaire pourrait devenir le Rotterdam aérien de l’Europe par la création d’un aéroport international de fret au nord de la Loire”. Les hommes politiques et leurs experts avaient parlé. Et tout le monde sait ça, ils tiennent toujours leurs promesses.

       En 1971, une vague histoire de choc pétrolier mit semble-t-il un peu de sable d’embargo de pays arabes de l’OPEP dans le moteur du projet de nouvel Aéroport à Notre-Dame-Des-Landes. Mais aujourd’hui, comme ces problèmes de pétrole sont définitivement derrière nous, ne vous inquiétez pas, l’histoire peut reprendre son cours.
    Après quelques années de trafic stagnant, dans les années 80 la CCI qui gérait Nantes Atlantique posa la question totalement saugrenue de construire une nouvelle piste perpendiculaire à l’existante, qui eût permis aux avions de ne plus survoler Nantes. C’était sans compter sur l’avis du Conseil général de l’époque qui considéra qu’importaient peu trajectoires rectilignes, sens des vents dominants, et beaucoup moins de nuisances sonores sur la population : “Faisons au plus simple, de toutes façons, après, il y aura Notre-Dame-des-Landes”.
    La solution retenue par les experts fut donc de prolonger la piste existante, très mal orientée selon les pilotes et par voie de conséquence selon les riverains qui ne comprennent décidément rien aux expertises des experts agréées par des hommes politiques experts dans l’art d’agréer les experts des expertises.

       Les mêmes experts de prévisions de trafic de l’époque annonçaient donc entre 5 et 9 millions de passagers pour l’an 2000, et puisqu’ils ne se trompent jamais comme vous l’avez compris, l’aéroport de Nantes Atlantique en accueille aujourd’hui 3,2 millions par an.
    Heureusement, en 2000, sous le gouvernement Jospin, parce qu’on peut être de gauche et moderne, le projet ressortit enfin des cartons.
    Mieux qu’un aéroport de fret, un aéroport international ! Il remplacerait  l’existant, dont le fonctionnement serait cependant maintenu partiellement pour l’usine d’Airbus voisine, qui expédie ses pièces détachées par avion mais, heureusement pour les riverains, ne fait jamais décoller les siens. Quel rêve merveilleux pour les hommes politiques locaux de s’imaginer accueillir à bras fiscaux ouverts les hommes d’affaires du monde entier apportant la croissance et la mondialisation dans leurs valises en descendant de gros aéronefs sur deux pistes neuves ! Et quel argumentaire économique merveilleux pour un programme de réélection à un mandat local ! Faire décoller et atterrir des avions c’est un peu magique non, vous ne trouvez-pas ?

       L’actuel aéroport de Nantes Atlantique

    La France compte plus de 156 aéroports (475 en comptant les aérodromes), contre 45 en Allemagne(102 avec les aérodromes) et 160 en Grande-Bretagne (357 avec les aérodromes) [NDLR chiffre corrigé, merci aux lecteurs]. S’il faut bien qu’on les batte sur quelque chose, c’est fait.
    L’aéroport actuel de Nantes Atlantique s’étend sur 320 hectares. Sa piste mesure 2 900 mètres par 45 mètres, et a été bétonnée en 1939, parce que l’herbe, c’est quand même plus pratique pour jouer au golf que pour faire atterrir mamie qui rentre des Seychelles. Cette piste permettrait d’absorber 35 avions par heure, même s’il n’y en a que 10 à 12 actuellement, mais c’est un argument de gauchiste en tongs pas rasé.
    Le décret n° 2001-705 du 31/07/2001 a inscrit l’aéroport de Nantes Atlantique parmi ceux sur lesquels l’Autorité de Contrôle des Nuisances Sonores Aéroportuaires (ACNUSA) a des compétences élargies (10 aéroports en France). Traduction : il casse les oreilles de 42 000 personnes, mais comme le nouvel aéroport est en projet, on ne va surtout pas construire une nouvelle piste orientée correctement, ni même régler les questions de gestion du trafic aérien.
    Forcément, il a toujours un collectif de crypto-anarchistes pilotes de lignes doutant de la pertinence du projet de Notre-Dame-des-Landes pour affirmer que “30 % des avions qui survolent le centre-ville pourraient l’éviter en passant par le sud de l’agglomération”. Comment croire Thierry Masson, cet officier-pilote de ligne de 50 ans basé à Nantes qui a tout du conspirationniste notoire quand il déclare : “Deux tiers du trafic transitent par le sud-est de l’agglomération. J’aimerais bien savoir pourquoi, en arrivant de Limoges, de Poitiers ou de Bordeaux, il faut faire un détour par le nord-est de l’agglomération et survoler le centre de Nantes.”
    Par sa superficie, Nantes Atlantique a déjà la dimension d’un aéroport international.

       En 2011, pour 60 800 mouvements (les décollages/atterrissages sont un peu les pompes/abdos du contrôleur aérien) l’aéroport à reçu 3,2 millions de passagers.
    Sa surface est moitié de celle de l’aéroport Gatwick à Londres, qui, par comparaison, assure 280 000 mouvements par an et reçoit 31 millions de passagers, et quasi-égale à celle de l’aéroport de San Diego, en Californie (USA) qui voit passer annuellement 223 000 mouvements et achemine 17 millions de passagers. L’aéroport de Genève, qui ne possède qu’une seule piste, accueille 10 millions de passagers par an, 170 000 mouvements d’avions, et occupe 340 hectares.
    En fait, ce qui sature un aéroport ce n’est pas le nombre de passagers mais bien évidemment le nombre de décollages/atterrissages, et sur ce point Nantes Atlantique est passé de 54 858 mouvements en 2007 à 60 800 mouvements en 2011. En suivant cette courbe, Nantes Atlantique devrait atteindre les 200 000 mouvements en 2750 après la troisième apocalypse, quand Nantes sera devenue la capitale du monde.
    Du coup, Nantes Atlantique a reçu le trophée ERA Award 2011-2012 du meilleur aéroport européen, ce qui est donc une excellente raison pour en construire un nouveau.

       Cerise on the cup-cake, il y a donc une usine Airbus en bordure de la piste de Nantes Atlantique qui emploie 2 300 salariés à la fabrication notamment des radômes (extrémités avant des avions) et des caissons centraux de voilure de toute la gamme Airbus, pièces qui partent pour assemblage à bord du Beluga, l’avion-cargo d’Airbus. Que se passera-t-il pour Airbus si Nantes Atlantique ferme ? Airbus ne va quand-même pas délocaliser sa production ? La piste serait donc privatisée pour son bénéfice ? A moins – idée lumineuse – qu’on refile l’un des aéroports européens les mieux notés aux bons soins de Vinci, qui saura bien en faire quelque usage rentable : les bâtiments de l’aéroport seront peut-être transformés en skate-park, en agence Pôle-Emploi, ou en crèche pour les futurs pilotes de ligne

    “Un aéroport qui réponde aux défis de notre temps”
    (Jean-Marc Ayrault)

       Suite à une enquête d’utilité publique conclue fin 2006, la Commission d’enquête remit en avril 2007 un rapport au préfet de la région Pays de la Loire.
    C’est M. Bernard Boucault qui était à l’époque préfet de la région Pays de la Loire. Il avait à peine eu le temps de lire le rapport et de reconnaître le projet d’utilité publique qu’il fut nommé en juin 2007 directeur de l’ENA, Le 30 mai 2012, il fut nommé préfet de police de Paris. Comme quoi même faire les grandes écoles n’empêche pas de finir au poste.

     

       M. Bernard Hagelsteen lui succéda le 20 juin 2007 au double poste de préfet de la région Pays de la Loire et préfet de la Loire-Atlantique. Une carrière à talonnettes que celle de M. Bernard Hagelsteen : en 1984 il devint secrétaire général de lapréfecture des Hauts-de-Seine, puis obtint entre 1989 et 1992 le poste de directeur de la police générale à la préfecture de police de Paris, et plus récemment celui de secrétaire général du Comité interministériel de prévention de la délinquance. Proche collaborateur du ministre de l’Intérieur de l’époque, un certain Nicolas Sarkozy, Bernard Hagelsteen avait eu pour tâche de préparer et de défendre la loi sur la prévention de la délinquance, promulguée en mars 2007.
    Un mois après l’élection de Nicolas Sarkozy, nommé préfet de la région Pays de la Loire et préfet de la Loire-Atlantique, il héritait donc du dossier du décret d’utilité publique de l’aéroport.
    Ce fameux décret d’utilité publique (DUP) est finalement publié le 10 février 2008, suite à une enquête d’utilité publique pour laquelle 63 % des contributions recueillies par les sept enquêteurs étaient opposées au projet. Mais comme on arrête pas le progrès, l’enquête s’est quand même avérée suffisamment positive pour prendre un DUP, même si sur les sept enquêteurs qui ont fait le travail, deux ont abandonné leur position avant la fin des travaux de la commission d’enquête.

       Et puisque la mode était à un truc médiatique appelé Grenelle de l’environnement, le décret comportait la réserve que cet aéroport soit de haute qualité environnementale (norme HQE).
    Contesté par la suite devant le Conseil d’Etat, ce décret sera confirmé en 2009 et en 2010.
    Un esprit mal tourné pourrait s’indigner de ce que la présidente de la section des travaux publics au Conseil d’Etat fût Mme Marie Dominique Monfraix, épouse du préfet Bernard Hagelsteen en charge du décret en question, alors qu’il s’agit bien évidemment du fruit du hasard. Un hasard qui valait bien que Mme Monfraix-Hagelsteen fût élevée au grade de Commandeur de la Légion d’honneur le 13 Juillet 2009, ce qui n’a strictement rien à voir, nous ne salirons pas ici la mémoire une femme irréprochable, décédée depuis.

       Hasard total également si son époux désormais veuf monsieur Bernard Hagelsteen a pris sa retraite le 1er décembre 2011 pour devenir non pas conseiller à la Cour des comptes comme il l’avait annoncé initialement, mais conseiller auprès du DG de Vinci Autoroutes, puis responsable des péages pour ASF, filiale de Vinci. Vinci en charge du projet du nouvel aéroport. Tout ne peut pas être dramatique, le hasard fait parfois bien les choses, n’en déplaise à la loi dite de pantouflage concernant les représentants de l’État.
    Les projets d’optimisation de l’aéroport existant de Nantes Atlantique n’ont pas été déposés, les solutions alternatives n’ont pas été étudiées : aucun intérêt, puisqu’on fait l’aéroport Grand Ouest de NDDL. Quand au Grenelle de l’environnement, qui préconisait l’étude de solutions alternatives pour les projets à fort impact environnemental, c’est de toute façon aujourd’hui un truc complètement dépassé, d’ailleurs on en parle même plus à la télévision. J’en ai discuté avec un lobbyiste du bétonnage pas cher, on vous jure mordicus que la norme HQE ça sert à rien.

       Alors certains viendront braire que la vraie motivation pour ce projet en 2000 a été de faciliter une opération de rénovation urbaine importante dont une partie se situait dans le périmètre des nuisances sonores de l’actuel aéroport. Et vont s’imaginer que pour ne pas s’embarrasser de contraintes d’insonorisation trop coûteuses, on préfère se débarrasser de l’aéroport et en construire un nouveau.
    Et pourquoi pas aussi fantasmer sur les prétendus appétits financiers des prétendus lobbies du BTP, tout ça parce que le Président et le Directeur général de VINCI ont pu faire ensemble quelques voyages au Cambodge avec M.Thierry Mariani.
    Écoutez plutôt Jean-Marc Ayrault, un homme qui a eu une vision prophétique de la magnificence de Nantes et lui souhaite “un aéroport qui réponde aux défis de notre temps”. Mais si, vous savez, Jean-Marc Ayrault, l’homme qui a réussi à rendre François Fillon charismatique : ancien maire PS de Nantes depuis 1989, ancien député, ancien président du groupe socialiste, il est aujourd’hui conseiller municipal de Nantes, conseiller communautaire de Nantes Métropole (qui participe au financement du projet) , et accessoirement semble-t-il Premier ministre.
    Nantes-sur-Ayrault la sublime, nouvelle capitale française : Pensez-donc, avec 1 650 hectares cet aéroport de Notre-Dame-des-Landes (toutes infrastructures comprises) sera donc plus grand que la surface aéroportuaire de Roissy Charles de Gaulle qui accueille sur 1 400 hectares 540 000 mouvements d’avions et 55 millions de passagers par an (pour une surface totale de 3.257 hectares). Si avec ça Nantes-sur-Ayrault ne devient pas Nantes-sur-Ayrault-la-magnifique …
    Veni, Vidi, Vinci
    Donc, le 30 décembre 2010, Thierry Mariani, secrétaire d’Etat chargé des transports, a paraphé le contrat de concession du nouvel aéroport Grand-Ouest. Signé par la société concessionnaire des aéroports du Grand Ouest, filiale de VINCI Concessions (85 %), en partenariat avec la Chambre de Commerce et d’Industrie de Nantes (10%) et Entreprise de Travaux Publics de l’Ouest (ETPO – CIFE) (5 %), il est entré en vigueur le 1er janvier 2011.

       Comme un bonheur n’arrive jamais seul, Vinci a obtenu la reprise de l’exploitation des aéroports de Nantes-Atlantique et de Saint-Nazaire Montoir, en plus de la conception, le financement, la construction, l’exploitation et la maintenance du nouvel aéroport du Grand Ouest Notre-Dame des Landes pour une durée de 55 ans.
    Ce projet ultramoderne déposé par Vinci présente deux pistes de 2.700 et 2.900 mètres : on pourrait potentiellement y faire atterrir des A380, mais le futur exploitant de l’aéroport ne prévoit pas l’existence, dès l’ouverture de l’aéroport  de lignes commerciales régulières utilisant l’A380, ni donc les infrastructures adaptées. Comme les gros porteurs ne sont pas trop à lamode, on s’en dénoyaute la cerise. Puisqu’on vous dit que c’est ultramoderne. Faut suivre un peu.
    Deux pistes pour 4 millions de passagers. Une bande de sauvages autochtones qui vit là-bas, l’ACIPA (Association Citoyenne Intercommunale des Populations concernées par le projet d’Aéroport de Notre-Dame-des-Landes) soutient qu’il n’existe aucune norme européenne allant dans ce sens. Peut-être, mais qu’est-ce qui leur dit que demain on ne va pas construire 8 pistes supplémentaires à Roissy, avec 60 millions de passagers sur 4 pistes ? Le bon sens n’est pas toujours près de chez vous, vous diront les experts.

       Le projet devrait coûter 561 millions d’euros (aucun budget de dépassement n’a été prévu car on sait bien que ça n’arrive jamais sur des gros chantiers), ce qui heureusement en période de crise est une somme tout à fait modeste parfaitement employée. Ce n’est pas comme si avec 561 millions d’euros on pouvait créer des logements, financer des projets écologiques, faire de la recherche… Une paille donc, mais dans l’œil.
    La répartition de l’enveloppe globale s’établit comme suit :
    Vinci apporte autour de 310 M€ sur les 441 M€ évalués pour la réalisation de la plateforme aéroportuaire qui se répartissent comme suit :
    - 100 millions d’euros c’est le résultat du bénéfice fait sur Nantes Atlantique entre 2010 et 2017 [sic!]
    - 100 millions d’euros empruntés sur les marchés financiers cautionnés par les collectivités locales, noir sur blanc dans le cahier des charges [re-sic!]
    - 100 millions d’euros des actionnaires de Vinci avec un rendement annuel de 12 % imposé.[re-re-sic!]
    L’Etat (130,5 M€) et les collectivités publiques (115,5 M€) se sont engagés sur une contribution publique totale de 246 M€, financement partagé au travers d’un syndicat mixte comprenant :
    - Les Conseils régionaux des Pays de la Loire (40,4 M€) et de Bretagne (28,9 M€),
    - Le Conseil général de Loire-Atlantique (23,1 M€)
    - Nantes Métropole (17,9 M€)
    - La communauté d’agglomération de Saint-Nazaire (2,9 M€) et celle de La Baule-presqu’île de Guérande (2,3 M€)

       On rappellera tout de même que lors du débat public de 2002-2003, le prix du baril de pétrole (brent) oscillait entre 30 et 40 dollars. Aujourd’hui c’est plutôt autour de 100 dollars le baril qu’il oscille, mais ça n’a évidemment aucune sorte d’importance.
    Cinq enquêtes publiques se sont déroulées du 21 juin au 7 août 2012. Quelque 400 contributions ont été déposées ou envoyées aux commissaires enquêteurs, et certains viendront chicaner sur “la précipitation à organiser l’enquête pendant l’été, avant l’entrée en application de la réforme des enquêtes publiques, ce qui a permis à l’Etat d’organiser la procédure conformément à l’ancienne règle, alors que la nouvelle aurait permis une instruction plus longue”.Il y aura bien des pisse-froid pour venir arguer également que les centaines d’hectares requis pour le nouvel aéroport sont des zones humides, en tête de deux bassins versants, que leur artificialisation est contraire aux dispositions du SDAGE Loire Bretagne.
    Que normalement ce projet ne peut satisfaire aux exigences de la loi sur l’eau, mais heureusement l’Etat et Vinci proposent une solution, dite loi-du-contournement-de-la-loi, qui permettrait de passer outre : le concessionnaire Vinci-Aéroport du Grand Ouest aurait recourt à des « unités de compensation zones humides » calculées selon des coefficients de 0,25 à 2 pour évaluer l’intensité de la réponse compensatoire des mesures.

       Bon ok, c’est un peu violer la loi française et la directive européenne cadre sur l’eau, parce que normalement une zone humide détruite doit être compensée par deux hectares construits sur le même bassin versant, or ici toute la zone du projet et ses alentours sont classés en zones humides. D’accord, il n’est donc pas possible de compenser, l’approche retenue par AGO en termes de fonctionnalités n’est pas viable, mais bon puisqu’on vous dit que tout ça c’est pour le développement économique. L’état a bien le droit de contredire ses propres directives, sans compter qu’en 2012, on s’en fout de l’eau, après tout.
    Les indemnités proposées aux propriétaires qui sont priés de dégager illico de la zone avant l’arrivée des pelleteuses sont de 27 centimes par m². Quand on sait que l’un d’eux a par exemple acheté son terrain 24 centimes par m² en 1977, ça laisse rêveur.
    Il paraîtrait aussi que le marché européen de permis des émissions de CO², qui renchérit le coût de l’aviation, a été omis dans les études. Comme ces trucs de CO² sont encore des lubies de baba-cools avec des fleurs sur leurs sandales en cuir, on n’en tiendra évidemment pas compte.

       D’autres empêcheurs de bétonner en rond viendront pérorer que la concurrence du TGV n’a pas été prise en compte. Mais qui prend encore le TGV entre Nantes et Paris de nos jours ?
    Et comme si la nouvelle liaison TGV Rennes-Paris prévue pour 2020-2025 allait inciter beaucoup de Rennais à prendre l’avion à Paris plutôt qu’à Notre-Dame-des-Landes. N’importe quoi.
    D’autres encore vous expliqueront que la construction du tram/train depuis Nantes, estimée à 150 millions d’euros, n’est pas prise en compte dans le projet, alors que ses effets sont inclus dans le calcul de bénéfices pour la société Vinci. C’est juste parce qu’ils ne savent pas anticiper sur les bénéfices que réalise le privé à partir des investissements des deniers publics. En attendant, vous viendrez à l’aéroport en voiture et vous paierez le parking, à Vinci bien sûr, qui a obtenu dans le cahier des charges du projet l’augmentation de 7 000 à 11 000 places de parking tandis que les pistes ont été revues à la baisse faute de moyens.

       En terme d’emploi, de drôles de sbires contestent l’étude estimant que 1 000 emplois sont créés par million de passagers tout ça parce qu’elle se base sur les statistiques des trois grands hubs internationaux qui comptent également le fret, alors qu’en France, pour les aéroports régionaux la norme est de 600 emplois par million de passagers. Les gens sont vraiment tatillons quand il s’agit de leur boulot, c’en devient pénible.
    A contrario, l’étude de déclaration d’utilité publique nous explique – c’est un ravissement sans égal quand on fait de la politique – que l’aéroport Grand Ouest de Notre-Dame-des-landes rapportera entre 600 et 700 millions d’euros à la collectivité. N’en déplaise à l’étude du cabinet CE-Delft de 2011.

       D’ailleurs qui s’intéresse à l’avis d’un cabinet hollandais, organisme indépendant de recherche et de conseil spécialisé dans les solutions innovantes aux questions environnementales, qui alerte sur les risques d’un déficit entre 90 millions et 600 millions d’euros selon les estimations, et auteur il y a quelques années d’un rapport ayant contribué à l’abandon de l’extension de l’aéroport d’Heathrow à Londres ? Surtout quand il conclut que l’optimisation de Nantes Atlantique apparaît plus génératrice de richesses pour la France que la construction d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes.
    Franchement, on s’en fout un peu, qui va aller tenir compte de ça, sérieusement ?Certainement pas Vinci, qui nous propose un monde merveilleux à Notre-Dame-des-landes :
    De 4 millions de passagers à la mise en service, le trafic (actuellement 3,2 millions par an à Nantes Atlantique) passera à “9 millions de passagers par an d’ici 2065” (ils sont aussi fins démographes). C’est promis. Vinci réduira aussi “la consommation d’énergie par 3 par passager”. Vinci utilisera des “techniques de construction innovantes pour l’ensemble du chantier”. Vinci aura un “bilan carbone positif sur la durée du projet en intégrant la construction”. Vinci est tellement balèze qu’à l’extérieur, “les jardins diffuseront les parfums spécifiques des essences locales” (si si, c’est dans le projet). Comment ne pas être émerveillé par l’odeur de la nature en patch ? Encore un peu de forcing et les agriculteurs du coin pourront même peut-être négocier des horaires de diffusion des odeurs de bouse de vache, ça leur rappellera le bon vieux temps.

       Libérer des terrains de l’aéroport Nantes Atlantique, dans cette partie sud-ouest de l’agglomération répond surtout à une logique d’aménagement global (en fait l’aéroport nous emmerde un peu dans nos projets) : “Selon l’Insee”, répète le commandeur Jean-Marc Ayrault, “Nantes accueillera 150 000 habitants supplémentaires d’ici 2030”. En urbanisme, on appelle ça régler le problème par le vide. En politique et nombre de voix, on appelle ça régler le problème par le plein.
    Et qui vient d’obtenir la concession de cinq aéroports de l’Ouest, et aura le droit de construire de nouveaux quartiers sur les terrains libérés par l’ancien aéroport de Nantes Atlantique ?
    Vinci, bien sûr. (Vous aviez deviné ? vous avez gagné le droit de financer le projet NDDL).
    Décidément, nos politiques sont des génies, mais les gens de chez Vinci, ils sont vraiment trop forts.
    PS : On me dit que sur place, le dialogue bat son plein, emmené par un Manuel Valls grand amateur de débats démocratiques. Vous pouvez donc dormir sur vos deux oreilles, en comptant les avions.

     

     

    Ressources :
    Étude du CE-Delft pour le CEDPA
    Enquêtes DUP et compatibilité des PLU (pdf)
    VINCI : Concession du nouvel aéroport de la région nantaise : Dossier de presse
    Reporterre : « A Nantes, des tritons, pas des avions ! »
    Sud-Ouest : « Aéroport de Nantes : Notre-Dame-des-Landes, les clés pour comprendre »
    Rue89 Planète : « L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, projet inutile ou mégalo ? »
    Le site officiel du projet : http://aeroport-grandouest.fr
    L’ACIPA : Association Citoyenne Intercommunale des Populations concernées par le projet d’Aéroport de Notre Dame des Landes et notamment la documentation
    le Cedpa, regroupant écologistes, Front de Gauche, NPA, MoDem, une moitié de locaux, une moitié de nationaux
    La pétition : http://www.aeroport-nonmerci.fr/
    Bastamag : Ces aéroports qui coûtent cher et ne servent presque à rien
    Aéroports allemands : http://www.informationen-reise.de/flughafen-deutschland/
    Aéroports français : http://www.aeroport.fr/

     


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