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    Nigeria : pollution pétrolière alarmante, selon l'ONU

    Le pétrole déversé depuis 50 ans dans le sud du Nigeria pourrait exiger la plus vaste opération de nettoyage jamais entreprise dans le monde. Cette affirmation du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) est le fruit d'une étude scientifique sur les dégâts environnementaux dans le delta du Niger, dont les résultats ont été présentés jeudi au président nigérian, Goodluck Jonathan.

    Le PNUE a mené pendant deux ans une « évaluation sans précédent » de l'étendue et de l'impact de la pollution dans l'Ogoniland, la région pétrolifère du Nigeria. Au coeur du delta du fleuve Niger, cette zone de plusieurs milliers de kilomètres carrés est composée d'un labyrinthe de rivières, de mangroves et de marais. Elle renferme d'immenses réserves de pétrole brut exploitées par des compagnies occidentales qui sont accusées par des groupes d'activistes locaux de polluer leurs territoires.

    Une pollution incomparable

    Avant de rédiger leur étude, les experts onusiens ont examiné « plus de 200 sites, 122 kilomètres d'oléoducs, revu plus de 5000 dossiers médicaux et rencontré plus de 23 000 personnes lors de réunions avec des communautés locales », souligne le PNUE. Leur conclusion témoigne de l'ampleur de la pollution qu'ils ont constatée.

    Les scientifiques affirment que « la restauration environnementale de l'Ogoniland pourrait bien être l'exercice de nettoyage de pétrole le plus vaste et le plus long jamais réalisé si l'on veut ramener à un état entièrement sain l'eau potable, les sols, les criques et les écosystèmes importants tels que les mangroves, qui sont contaminés. »

    Nous espérons que le gouvernement sera amené à véritablement traiter le problème et à faire en sorte que les compagnies pétrolières ne se contentent pas de simples opérations de relations publiques.

    — Audrey Gaughran, d'Amnistie internationale

    Shell et d'autres pétrolières montrées du doigt

    La question de la responsabilité de la pollution est épineuse, et reste entière. L'étude du PNUE se contente de constater les dégâts, sans en identifier clairement l'origine. Les activistes écologistes de l'Ogoniland sont, eux, convaincus du rôle joué par les compagnies pétrolières, qu'ils accusent de négligence.

    Ils pointent le doigt notamment en direction du géant anglo-néerlandais Shell, premier groupe étranger venu s'implanter au Nigeria et historiquement le plus important au pays. Des communautés locales et des associations de défense des droits de la personne accusent la pétrolière de ne pas nettoyer complètement ses sites de forage, ce qu'elle conteste.

    La compagnie fait en effet valoir que la pollution résulte le plus souvent d'actes de sabotage de ses installations pétrolières et de vols de pétrole commis par des bandes armées.

    Les Bodos indemnisés par Shell

    Malgré ses dénégations, Shell a néanmoins reconnu mercredi sa responsabilité dans deux importantes marées noires au Nigeria, acceptant de dédommager une communauté de pêcheurs nigérians. La première fuite s'était produite en octobre 2008. La seconde avait eu lieu en décembre de la même année, mais n'avait pas été colmatée avant février 2009, provoquant d'importants dégâts.

    Victime de la pollution, la communauté Bodo, installée dans la région d'Ogoniland, a lancé une procédure judiciaire au Royaume-Uni contre le géant pétrolier. « Le peuple Bodo, qui compte environ 90 000 personnes, est une communauté de pêcheurs. Ce qui était leur source de revenus - l'eau - ne peut plus nourrir le plus petit poisson », a indiqué Martyn Day, l'avocat anglais des pêcheurs Bodo.

    Il considère qu'il s'agit de « l'une des marées noires les plus dévastatrices que le monde n'ait jamais connues et on n'en a presque pas parlé jusqu'à ce nous recevions des instructions pour poursuivre Shell ».

    De son côté, Shell a annoncé qu'elle allait payer « des dédommagements en accord avec la loi nigériane », a déclaré un porte-parole des opérations nigérianes pour Shell, précisant cependant que la procédure pourrait prendre plusieurs mois.

    Radio-Canada.ca avecAgence France Presse et Reuters

     


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