• Bayer et Monsanto

    Ou les grands pollueurs dans leurs basses œuvres.

    Bayer deviendrait le plus grand pollueur de la planète. A l'heure ou de multiples appels pour la protection de la nature se font entendre, les plus grands groupes agissent à contre-sens, pour seul intérêt le fric, la puissance.

    En savoir plus sur Bayer :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Bayer_(entreprise)

    http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=10174

    Etc …

    Gaulois.

    Bayer prêt à débourser 55 milliards d’euros pour Monsanto

    LE MONDE 20-05-16

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/05/20/pourquoi-bayer-veut-racheter-monsanto_4923184_3234.html


    Des paroles puis… des actes. L’Allemand Bayer a annoncé lundi 23 mai avoir fait une offre à 62 milliards de dollars (55 milliards d’euros) pour racheter le fabricant américain de semences OGM Monsanto et créer un géant mondial des pesticides et des engrais. Le groupe de chimie-pharmacie indique faire « une offre en numéraire pour acquérir toutes les actions de Monsanto au prix de 122 dollars par action ou une valeur totale de 62 milliards de dollars », écrit l’industriel allemand dans un communiqué, quelques jours après avoir annoncé, sans détails, avoir approché Monsanto.

    En avalant Monsanto, Bayer espère réaliser, au bout de trois ans, environ 1,5 milliards de dollars d’économies et enregistrer une hausse de son bénéfice par action d’environ 5% la première année et d’au moins 10% les suivantes. Déjà lourdement endetté, le chimiste allemand se dit pourtant « hautement confiant » dans sa capacité à financer un tel rachat.

    C’est l’opération la plus ambitieuse et la plus risquée jamais envisagée par une entreprise allemande, ce pourrait aussi être la plus impopulaire. Ce gigantesque rachat ferait de Bayer le géant mondial incontesté des pesticides et des semences. L’allemand mêlerait aussi son destin à une des entreprises les plus haïes du monde, connue du grand public pour être l’inventeur du fameux glyphosate, l’herbicide le plus vendu sur la planète, qui divise les experts sur son potentiel effet cancérigène.


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    Pour Bayer, l’initiative est spectaculaire. Quelques semaines après son arrivée à la tête du groupe, le nouveau PDG Werner Baumann ose la plus grosse prise de contrôle de l’histoire de l’entreprise. Selon la presse économique du pays, certains dirigeants de Bayer songeaient en interne depuis longtemps au rapprochement avec Monsanto, mais la possibilité avait toujours été écartée par l’ancien PDG Marijn Dekkers. Son départ, fin avril, a laissé la voie libre à son successeur pour imprimer un tournant dans l’histoire du chimiste allemand.

    Vague de consolidation

    Monsanto, de son côté, a déclaré la semaine dernière étudier l’offre de Bayer. Pour le groupe installé à Saint-Louis, dans le Missouri, être la cible du groupe allemand est pour le moins ironique : c’est l’américain, par son offre de rachat de son concurrent suisse Sygenta en 2015, qui avait lancé la vague de consolidation qui bouleverse actuellement le secteur de l’agrochimie. Les Suisses avaient refusé l’offre catégoriquement, préférant se rapprocher du chinois Chemchina que du controversé américain. Entre-temps, outre-Atlantique, les deux grands acteurs du marché, Dupont et Dow Chemical, ont annoncé leur fusion.

    Par cette offre de rachat, Bayer se saisit d’une opportunité unique de devenir le premier acteur du marché, en se mariant avec un groupe jugé complémentaire dans ses activités et son ancrage géographique. Puissant sur le marché des produits phytosanitaires – notamment grâce aux très contestés pesticides néonicotinoïdes –, Bayer est en revanche un acteur mineur sur celui des semences, avec seulement 1,4 milliard d’euros. Il est surtout présent en Europe et en Asie.

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    Monsanto, célèbre pour ses graines génétiquement modifiées, est de son côté le leader mondial du secteur semencier, avec un chiffre d’affaires de 10 milliards d’euros par an. Côté pesticides, il est seulement représenté par le glyphosate. Il est fortement implanté aux Etats-Unis et en Amérique latine. Pour Bayer, la fusion avec Monsanto ferait passer son chiffre d’affaires sur ces deux spécialités – semences et pesticides – de 10,4 à 24 milliards d’euros. L’allemand a réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de 46 milliards d’euros, en hausse de 12 % par rapport à l’année précédente.

    Opération risquée

    Mais l’opération comporte des risques importants. Financier d’abord : Bayer doit mettre sur la table 52 milliards d’euros pour faire venir les dirigeants de Monsanto autour de la table des négociations. Or, l’allemand a déjà racheté en 2014, pour 11 milliards d’euros, le département des médicaments sans ordonnance de Merck & Co. En cas de financement par l’emprunt du rachat de Monsanto, l’endettement de Bayer passerait théoriquement de 16 à quelque 70 milliards d’euros, un niveau très élevé, qui obligerait sans doute le groupe à opérer une augmentation de capital ou à se séparer de certaines activités.

    Le risque stratégique n’est pas moindre. Certes, la prise de contrôle de Monsanto est cohérente avec l’orientation Life Sciences (« sciences de la vie ») prise par Bayer depuis quelques années, qui a mis en octobre en Bourse son activité plastique, Covestro. Mais le département Crop Sciences (« sciences des récoltes ») deviendrait le cœur écrasant du groupe, réduisant de facto l’importance de ses autres spécialités : la pharmacie classique et les médicaments vendus sans ordonnance et ceux pour animaux, posant la question de leur maintien à terme. Par ailleurs, Monsanto, confronté à une baisse de ses ventes, a été obligé de se restructurer. Le glyphosate, produit phare du groupe, qui le vend sous la marque Roundup Ready, pourrait se voir retirer l’autorisation de commercialisation en Europe, qui expire au 30 juin. La décision, qui était attendue à Bruxelles jeudi 19 mai, a été reportée faute de consensus. Le gouvernement fédéral allemand est lui-même divisé sur la question.

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    Reste le risque en termes d’image. Monsanto n’est pas seulement la bête noire des écologistes, elle suscite le rejet de larges franges de la population et de nombreux politiques. En se mariant à Monsanto, l’inventeur de l’aspirine prend le risque de voir s’effriter la confiance du public sur ses produits pharmaceutiques de grande consommation.

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    • Cécile Boutelet (Berlin, correspondance)



     



     

     


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