• Immigration choisie !

    Entre le maire de Béziers, qui prône aux immigrés d'adopter un prénom « bien français » et le maire de Nice qui voit en eux des terroristes, reflète le regard malsain des français envers l'étranger. Qu'ils prennent garde de ne pas être un jour à leur tour des immigrés errants à travers l'Europe.
    Qui a dit que la France est le pays de liberté et des droits de l'homme ?

    Immigration: un prénom bien français pour s'intégrer ?
    Par Michel Feltin-Palas et Paméla Rougerie

    11-08-15

    Les immigrés qui choisissent d'appeler leurs enfants Jean ou Marie sont-ils mieux intégrés que les autres? A priori, on pourrait le croire. Sur ce sujet sensible, la réalité est beaucoup plus complexe...
    Si c'était un film, il pourrait s'appeler "Ménard contre Ménard". Le 4 mai dernier, le maire de Béziers, Robert Ménard, proche du Front national, établit un lien entre le prénom des enfants et leurs convictions religieuses. "Dans ma ville, il y a 64,6% des enfants qui sont musulmans dans les écoles primaires et maternelles", lance-t-il sur France 2. Comment le sait-il? "Les prénoms disent les confessions, argumente-t-il. Dire l'inverse, c'est nier une évidence..." En clair, Yanis égale musulman. Lucas égale catholique. Un fichier illicite sur les enfants dans une mairie française? Tollé général. Enquête préliminaire - classée sans suite début juillet. Et innombrables réactions, dont celle de Malika... Ménard. La jeune femme - avec laquelle le maire de Béziers n'a aucun lien de parenté - est furieuse. Selon elle, ce n'est pas parce qu'elle porte un prénom arabe qu'elle n'est pas intégrée. La preuve: elle a été élue Miss... France en 2010. "Je suis fière de mon nom de famille et désolée qu'il m'associe à Robert Ménard, écrit-elle sur les réseaux sociaux. Je suis également fière de mon prénom, qui fait écho aux années passées au Maroc par mes grands-parents. Je laisse à Robert Ménard son dangereux processus de comptage."
    Cette polémique le rappellera à ceux qui l'auraient oublié: en France, le choix des prénoms n'est pas un simple enjeu privé, il est une question politique. Et cela ne date pas d'hier. "Jusqu'en 1792, seule l'Eglise était autorisée à donner des "noms de baptême", rappelle le sociologue Baptiste Coulmont, auteur d'une étonnante Sociologie des prénoms [éd. La Découverte] et d'un blog passionnant sur le sujet. Le nouveau régime a rompu avec cette tradition." Dans un premier temps règne la liberté la plus totale: naissent des bambins appelés Robespierre, Marat, Paix ou Constitution... Le mouvement reste toutefois marginal et, en 1803, Napoléon siffle la fin de la récréation en limitant le choix aux "personnages connus de l'histoire ancienne" et aux "noms en usage dans les différents calendriers". L'Etat reprend la main. Et ne la lâchera pas avant longtemps.
    Ce n'est pas la première fois que la droite nationaliste s'empare de ce sujet sensible. Pendant la campagne présidentielle de 2012, déjà, Marine Le Pen avait estimé que les immigrés devaient donner à leurs enfants des prénoms français. "Il s'agit d'un des éléments qui ont très bien fonctionné dans l'histoire de France pour que l'assimilation se fasse très rapidement, assure alors la présidente du Front national. Cela a été le cas pour les Italiens, les Portugais, les Espagnols, les Polonais [...]. Ce n'est plus le cas aujourd'hui."
    Mettre en lumières les discriminations
    Reconnaissons-le: a priori, tout porte à croire que les appellations choisies pour les enfants constituent un bon indicateur de l'intégration des immigrés. Un signe: les trois quarts des parents algériens choisissent un prénom traditionnel, alors que leurs descendants nés en France optent de préférence pour des prénoms français ou internationaux, comme l'a constaté Patrick Simon, de l'Institut national d'études démographiques (Ined). Résultat corroboré par une enquête menée auprès des Arméniens de Saint-Etienne: dans les années 1920, cette communauté donnait à ses enfants des prénoms typiques de sa région d'origine. Or, dès les années 1960, celui-ci n'apparaissait plus qu'en troisième position, les deux premières places étant occupées par des prénoms français. Comme si, au fil des générations, les immigrés puisaient dans le "catalogue" du pays d'accueil.
    Recourir aux prénoms pour observer la société française n'est donc pas absurde en soi. De nombreux chercheurs utilisent ce moyen sans forcément partager les idées du Front national. Avec cet indicateur, le sociologue de l'éducation Georges Felouzis a pu mettre en lumière le cumul des inégalités (retard scolaire, origines sociales défavorisées...) de certains collèges de l'académie de Bordeaux. Un autre sociologue, Fabien Jobard, et la statisticienne Sophie Névanen ont repéré la "discrimination irréfutable et systématique" subie par les Maghrébins et les Noirs dans le système judiciaire français. Il en va de même sur le marché de l'emploi. Avoir un nom à consonance arabe "se traduit par une perte de seize mois de salaire sur l'ensemble de la carrière", a calculé Laurent Licata, professeur à l'Université libre de Bruxelles. Raison pour laquelle, en France, "plus de 45 % des parents" dans cette situation donnent un prénom européen à leurs enfants, indique-t-il sur le site Atlantico.
    Et pourtant, Robert Ménard et Marine Le Pen ont tort. Malgré les apparences, on ne peut ni établir un parallèle entre prénom et religion ni mesurer le degré d'intégration d'une population immigrée selon la proportion de prénoms "français" ou "traditionnels". Et cela pour au moins quatre raisons.
    La loi a changé depuis 1993. "Une certaine libéralisation dans le choix des prénoms est intervenue à partir de 1966, quand une circulaire a demandé aux officiers d'état civil d'interpréter avec tolérance la législation établie sous Napoléon en 1803, souligne Baptiste Coulmont. Mais c'est vraiment à partir de 1993 que la situation a évolué." Cette année-là, la liberté des parents devient presque totale. Conséquence concrète? Dans les années 1950 et 1960, il était quasiment impossible à un Portugais d'appeler son fils Ricardo. En 2015, si un Sénégalais entend prénommer sa fille Fatoumata, on l'accepte sans aucune difficulté. Conclusion: la règle du jeu ayant changé du tout au tout, il est impossible de comparer les dénominations choisies par les immigrés arrivés en France après-guerre avec celles des Algériens et des Maliens d'aujourd'hui.
    Le choix d'un prénom ne reflète pas seulement la volonté de s'intégrer. Bien d'autres facteurs interviennent à la naissance d'un enfant. La proximité linguistique, d'abord: opter pour Marie à la place de Maria ou Juan à la place de Jean est facile; abandonner Yanis pour Arthur représente un coût psychologique plus lourd. L'histoire coloniale, ensuite: chez certains Algériens, donner un prénom français revient en partie à trahir leur pays, ce qui n'est pas vrai pour un Belge ou un Chinois. La pression des grands-parents, enfin: quand ceux-ci sont proches géographiquement, leurs enfants ont plus de mal à s'affranchir de la tradition. "Le choix des Algériens émigrés aux Etats-Unis diffère de ceux vivant en France pour cette raison", illustre Baptiste Coulmont. Toutes les études menées en France, en Allemagne ou en Amérique concordent. Un immigré donne plus facilement à ses enfants un prénom "local" quand certaines conditions sont réunies: une arrivée ancienne, des études supérieures, une bonne insertion sur le marché du travail, un mariage mixte... La nationalité et la volonté d'intégration ne constituent que deux éléments parmi d'autres.
    L'état civil a pris une importance croissante. "Longtemps, le prénom et le nom inscrits sur un document officiel n'avaient guère d'importance, reprend Baptiste Coulmont. Ce qui comptait, c'était l'usage. Le fils d'immigrés espagnols s'appelait officiellement Serge, mais, dans la vie de tous les jours, il restait Sergio et cela ne posait aucun problème. Désormais, c'est très différent. Entre la Sécurité sociale, la fiche de salaire ou l'abonnement à EDF, nous sommes sans cesse rappelés à notre identité officielle, ce qui crée des difficultés pratiques quand elle ne correspond pas à notre appellation quotidienne. Cela incite les immigrés d'aujourd'hui à faire coïncider les deux, ce qui était moins nécessaire pour leurs devanciers."
    On ne sait pas ce qu'est un prénom français. Un inventaire officiel est bien établi par l'administration, mais il est en décalage avec les moeurs. On y trouve Gisèle et Maurice, pas Chloé ni Léo, pourtant plébiscités par les parents d'aujourd'hui. Et quand bien même on déciderait de limiter la liste au répertoire en vigueur au début du XIXe siècle, avant que notre pays ne devienne une terre d'immigration, le raisonnement serait un peu court... "Nathan était alors réservé aux juifs et Nadine perçue comme russe. Quant à Hugo, il était à cette époque exclusivement destiné aux... chiens", indique Baptiste Coulmont. Même Louis, porté par nombre de nos rois, est d'origine germanique (c'est une déformation de Clovis). Tous ces prénoms appartiennent pourtant à présent au patrimoine national. Qu'en sera-t-il demain d'Enzo, d'Inès ou de Yasmine?
    SHARON, singapourienne, mère de Sophie, d'Alexandra et de Charlotte
    "Avec mon mari, français, nous avons choisi des prénoms très classiques, en veillant à ce qu'ils soient prononçables partout dans le monde. En ce qui concerne l'intégration, j'aime beaucoup cette réflexion tirée d'un livre d'Amy Chua : ?En Amérique, un enfant avec un prénom étranger est perçu positivement. Cela veut dire que lui et ses parents sont courageux, qu'ils ont tout quitté pour vivre dans un nouveau pays.? Moi-même, je m'appelle Sharon et cela ne m'a pas empêchée d'entrer dans une entreprise française. Donc, je doute qu'il y ait une réelle difficulté si on fait l'effort de montrer qu'on apporte une valeur ajoutée."
    VANESSA, espagnole, mère de Lena, de Ruben et d'Alec
    "Mes enfants portent des prénoms espagnols, car je tiens à mes origines. Ils ont tous un passeport espagnol et, à partir de la sixième, suivent le système scolaire espagnol à Paris. Je n'ai jamais voulu leur donner des prénoms français ! Mes deux premiers, Lena et Ruben, ont un papa d'origine hispanique. Le dernier a un prénom celte, Alec, car son père est breton, mais ce n'est pas grave : je viens des Asturies, qui est aussi une région celte. Cela dit, j'ai tenu à ce que son deuxième prénom soit Emilio. J'exige néanmoins de mes enfants un français sans fautes et une connaissance parfaite de l'histoire de France. L'intégration découle moins de nos prénoms que de notre comportement quotidien et du respect du pays d'accueil."
    Thierry Borredon pour L'Express
    Vanessa a appelé ses enfants Lena, Ruben et Alec
    NOUREDDINE, tunisien, père de Gihène, Wassim, Malek et Nadir
    "Pour moi, il n'était pas question de donner un prénom français à mes enfants. Le prénom représente le premier contact avec la culture d'origine. J'ai toutefois veillé à ce qu'ils ne comprennent que deux consonnes, afin qu'ils soient faciles à prononcer. D'ailleurs, ils n'ont pas eu de problème dans la vie active ou scolaire, du moins je n'en ai pas eu l'écho."
    HANS, allemand, père de Thomas
    "Mon fils a 26 ans. Il est né à Strasbourg. Ma femme est alsacienne et nous avons choisi de l'appeler Thomas, parce que c'est un prénom qui existe aussi bien en Allemagne qu'en France. Il a grandi dans deux environnements linguistiques, avec des livres et des films en allemand et en français. Pour moi, une intégration réussie suppose que chacun fasse des efforts : l'immigré, bien sûr, mais également les Français. Or certains d'entre eux sont réticents. Je l'ai constaté quand je suis arrivé ici : on m'appelait souvent Jean, et non pas Hans."
    Thierry Borredon pour L'Express
    Hans est le père de Thomas

    Sur les routes de Hongrie

    Nous vivons dans un monde abject et la Hongrie est un autre exemple de ce qui se fait de pire en Europe. Faut-il le rappeler, les organisations non gouvernementales avaient prédit il y a quelques années une Europe forteresse. Et bien nous y voilà ! C'est le retour des châteaux forts, au sens large du terme.
    C'est ça l'Europe...Et l'espace Schengen !  


    La crise migratoire s’invite au sommet des pays des Balkans

     

    http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/08/27/la-crise-migratoire-s-invite-au-sommet-des-pays-des-balkans_4737732_3214.html

    Le Monde.fr avec AFP | 27.08.2015

    L’ordre du jour s’est imposé de lui-même. Les responsables européens doivent retrouver, jeudi 27 août à Vienne, des dirigeants des Balkans de l’Ouest, pour un sommet consacré à la crise des migrants, alors que la région est devenue l’une des principales portes d’entrée vers l’Europe occidentale.
    Annoncé l’année dernière, ce sommet, auquel sont également invitées la chancelière allemande, Angela Merkel, et la chef de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini, devait initialement porter sur la coopération régionale et les perspectives d’élargissement du bloc des 28 à certains pays de la zone. Mais la « route des Balkans de l’Ouest », empruntée par des milliers de migrants voulant se rendre en Occident, cristallise désormais l’attention, alors que
    l’UE fait face à une importante crise des réfugiés.
    Lire aussi notre décryptage : « Migrant » ou « réfugié » : quelles différences ?
    La Hongrie renforce sa frontière
    Les Balkans sont traversés par des Syriens ou des Irakiens fuyant la guerre mais aussi par des Albanais, Kosovars ou Serbes en quête d’une vie meilleure. La Hongrie, qui fait face à un afflux record à sa frontière avec la Serbie, a annoncé l’envoi prochain de 2 100 policiers en renfort.
    Le parti au pouvoir a aussi proposé de recourir à l’armée pour « la défense de la frontière ». Dans ce contexte extrêmement tendu, des incidents ont éclaté devant le principal foyer d’accueil de réfugiés, situé à Roszke, où la police a fait usage de gaz lacrymogènes pour empêcher environ 200 personnes de quitter ce centre d’enregistrement.

    Mardi, un nouveau record avait été atteint avec le passage en une journée de 2 500 personnes – Syriens, Afghans et Pakistanais en majorité – arrivant de Serbie. Depuis janvier, Budapest a enregistré 100 000 demandeurs d’asile et a entrepris d’ériger une clôture grillagée le long des 175 km de sa frontière avec la Serbie, qui devrait être achevée le 31 août.
    Lire notre reportage : La Macédoine, débordée, ouvre sa frontière
    Centres d’accueil et de tri financés par Bruxelles ?
    Les 28 n’arrivent pas à se mettre d’accord sur une répartition équitable des demandeurs d’asile et peinent aussi à mettre en place les centres censés soulager les pays de première entrée pour faire le tri entre migrants économiques et réfugiés. Confrontées à l’arrivée massive de migrants, l’Italie, la Grèce ou la Hongrie se sont vu reprocher par certains de leurs partenaires de les laisser passer.
    Pour faire face à la situation, le ministre de l’intérieur français, Bernard Cazeneuve, et le Haut Commissaire de l’ONU pour les réfugiés (HCR), Antonio Guterres, ont appelé à créer d’urgence des « hotspots », des centres d’accueil et de tri financés par Bruxelles. Une annonce qui arrivait au moment où, en Méditerranée, dix opérations de sauvetage étaient lancées pour secourir quelque 3 000 migrants en détresse sur des embarcations dans le canal de Sicile et non loin des côtes libyennes. Au moins 55 cadavres de migrants ont été découverts, probablement asphyxiés par les émanations de gaz dans la cale d’un navire.
    Lire l'entretien : Crise des migrants : « Les Etats doivent arrêter ce jeu stupide consistant à rejeter la faute sur les autres »

    Nous assistons aux gesticulations des dirigeants de la communauté européenne, pendant que la méditerranée se transforme en cimetière. Des camions sont assimilables aux trains de la mort. Les immigrés sont malmenés aux frontières, à la limite parfois d'être lapidés par les policiers. Ils meurent par milliers, fuyant la guerre et les dictatures que l'ONU est incapable de maîtriser. Cette misère migratoire serait-elle voulue, une façon paradoxale de régler certains conflits ?

    Pendant ce temps, des programmes faramineux sont lancés, afin de conquérir Mars ! Programmes qui coûteront des dizaines, voir des centaines de milliards de dollar ou d'euros. Décidément, l'espèce humaine marche sur la tête !

    Gaulois.

       


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