• Le bord du monde

    Dans notre société «  bien pensante », qui peut entendre ce grand cri de révolte. Sans doute effectivement ceux qui s'abritent d'une telle misère que l'on cache, que l'on nie.
    Pourtant, qu'ils soient noirs ou blancs, leur sang a la même couleur !

    Gaulois.

     

     

    Le bord du monde

    Un message de Véronique Decker, directrice d'école à Bobigny

    16-05-15

    Ce soir, à la sortie de l'école, un élève m'attendait. Il habite au
     115 et tous les deux ou trois jours, on le change d'hôtel.
     Comme il n'est qu'en CE2, souvent il attend pour que je lui explique
     comment faire pour y aller. Et souvent, je ne parviens
     pas à expliquer, alors je fais monter tout le monde dans ma voiture et
     je les emmène.
     Massy, Cergy, Champs sur Marne, Sarcelles, Gonesse, il a déjà fait le
     tour de toute l'Ile de France. ...
     Cette fois, il fallait aller à Mery sur Oise.
     Et pour aller de Bobigny à Mery sur Oise, la voiture c'est tout de
     même plus simple.
     L'hôtel se trouve très loin de la gare, dans une zone industrielle
     plantée au milieu des champs.
     Lorsque nous arrivons, il est 17 h. Sur le parking, il y a des
     enfants. Des enfants noirs, des enfants blancs, qui tous parlent
     le français. Toutes les chambres de l'hôtel sont "115". Les enfants
     demandent "T'es 115 ? ".
     Mon élève répond : "Oui". C'est une nouvelle nationalité...
     Les autres enfants ne vont plus à l'école. Trop loin. Trop de
     changements.
     Entre la zone industrielle, les champs, la décharge, c'est le bord de
     notre monde. Là où il n'y a plus d'enfance, plus d'école.
     juste une "mise à l'abri".
     je me demande si c'est eux qui sont abrités, ou si c'est nous qui nous
     abritons de cette misère.

     Véronique DECKER


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