• Charlie, les terroristes et les autres

    Personne ne peut accepter une telle barbarie, perpétrée contre Charlie Hebdo le 7 janvier.
    Ce que déclare Guillaume Liégard. Publié sur le site de Regard n'est qu'une très sommaire approche de cet événement dramatique.
    http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/11/ils-participeront-a-la-marche-republicaine-dimanche-a-paris_4553608_3224.html

    Unité nationale, pour info un texte de la revue "Regards" sur le sujet.
    La légitime émotion collective créée par l'attentat contre Charlie Hebdo ne doit pas être le prétexte d'un Patriot Act à la française. Elle doit aussi conduire à une lutte sans compromis contre les fondamentalismes qui prospèrent aujourd'hui.
    L'effroyable massacre de la rédaction de Charlie Hebdo a suscité une intense émotion, un sentiment profond de dégoût contre un acte barbare. Spontanément des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue, les déclarations ont été unanimes pour condamner ces assassinats, c'était bien le minimum.
    Il n'y a pas lieu de douter de la sincérité de toutes celles et tous ceux qui se sont exprimés, mais au-delà de la sidération commune, commencent les divergences politiques. Dès ses premières déclarations, le président de la République a appelé à « l'unité nationale face à la barbarie ». Il n'en est pas question. Une union nationale des forces politiques supposerait un accord sur ce qu'il faut dire et faire après un tel événement. C'est évidemment impossible.
    La tentation sécuritaire
    Au lendemain même de l'attentat meurtrier à Charlie Hebdo, Marine Le Pen a déjà embrayé, réclamant un référendum sur la peine de mort. S'agissant de lutter contre des djihadistes qui partout manifestent le peu de cas qu'ils font de leur propre vie, aspirant plutôt au martyr, la revendication est grotesque. La présidente du FN le sait bien, et si elle utilise cette arme, c'est qu'elle tente de capter l'aspiration à l'ordre qu'un tel événement fait naître au sein d'une fraction de la population.
    Depuis des années, l'arsenal législatif a été sans cesse modifié, se traduisant à chaque fois par de nouvelles restrictions des libertés et des moyens accrus de surveillance par l'État. Nicolas Sarkozy s'était spécialisé dans l'exploitation nauséabonde de faits-divers, pour alourdir à chaud les lois répressives de ce pays. Les conséquences sont bien connues, avec une criminalisation croissante des mouvements sociaux, les procès en tout genre contre des syndicalistes et l'utilisation d'armes disproportionnées contre des manifestations.
    Le 24 décembre, dans un curieux cadeau de Noël aux internautes, Matignon a publié un décret d'application à l'article 20 de la loi de programmation militaire (LPM). Ce texte, sous le vocable lénifiant d' "accès administratif aux données de connexion" permet une très large surveillance des télécommunications des Français (téléphone, SMS, internet, etc...) par les services de l'Etat.
    Lutter contre la barbarie fondamentaliste
    Tous les éléments d'un Patriot Act à la française sont déjà en place. Nul doute que des voix nombreuses vont, au nom de la lutte contre le terrorisme, demander de nouvelles restrictions démocratiques. D'autres réponses sont pourtant possibles. Celle de Fabian Stang, maire d'Oslo, après la tuerie de l'Île Utøya perpétrée par le néo-nazi Anders Breivik en 2011 (69 morts parmi les jeunesses socialistes norvégiennes), est admirable : « Nous allons punir le coupable. La punition, ce sera plus de générosité, plus de tolérance, plus de démocratie. » Elle évoque ce que doit être notre combat. Combattre la barbarie commence par ne pas abandonner nos valeurs. Céder à la peur, en rabattre sur nos exigences démocratiques est un piège redoutable (lire aussi"Face à l'horreur, ni la peur ni la haine"). C'est reconnaître nous même que nos ennemis ont gagné en entrant sur leur terrain.
    S'il ne faut rien lâcher sur nos valeurs d'égalité, de démocratie, il faut aussi mener un combat implacable contre la barbarie djihadiste. Celle-ci est plus encore l'expression d'un projet politique totalitaire qu'une dérive intégriste et disons le mot, c'est une forme de fascisme. Les exactions de Daesh au Proche-Orient sont proprement abominables. Le massacre de mercredi n'est qu'un échantillon de ce que subissent tous les jours les populations yézidies, kurdes, chrétiennes et sunnites en Irak et en Syrie.
    Cela suppose donc un combat de tous les instants contre ces courants, mais aussi leurs protecteurs. Chacun sait que l'Arabie Saoudite et surtout le Qatar ont abondamment financé Al Qaïda et Daesh, deux pays avec lesquelles la France entretient les meilleures relations pour des raisons économiques. Il y a peu encore, Nicolas Sarkozy, qui demande aujourd'hui des mesures énergiques au gouvernement, cachetonnait complaisamment à Doha à l'invitation de la Qatar National Bank. De toute évidence, la lutte contre le djihadisme est soluble dans le carnet de chèques.
    S'opposer à l'ascension politique des intégrismes religieux
    Une partie de la gauche doit aussi balayer devant sa porte. Il faut être intraitable contre toutes les formes de racisme. Les discours haineux, les amalgames nauséabonds contre les musulmans sont devenus monnaie courante et nécessite un combat acharné et sans relâche. Mais ce qui s'est passé mercredi à la rédaction de Charlie Hebdo, les horreurs quotidiennes en Afghanistan, au Pakistan ou au Proche-Orient ne sont pas seulement le fruit d'une réaction, même très dévoyée, aux interventions impérialistes ou au climat antimusulman en France.
    Il existe, de par le monde, une montée globale des intégrismes religieux et de leurs projections politiques. Le Tea Party aux États-Unis, la victoire électorale du BJP en Inde, l'extrémisme juif ou l'islamisme radical traduisent un recul de la sécularisation de la politique. Le phénomène est trop général pour ne pas renvoyer à des raisons d'ensemble qu'il faudra analyser en détail. Tous ces courants sont irréductiblement nos ennemis. Baisser la garde au nom d'un adversaire principal que serait l'impérialisme (ou autre) serait une tragique erreur. Au sein même du monde musulman existe une lutte à mort entre des courants modérés et des forces ultraréactionnaires. Ces derniers doivent être défaits.
    Notre horizon, notre projet conjuguent égalité, liberté et solidarité. Cela suppose un combat de tous les instants contre la logique folle du capitalisme qui détruit nos sociétés. Cela signifie, aussi, d'être intraitable contre tous les fanatismes dont les valeurs sont point par point antinomiques aux nôtres.
    Guillaume Liégard. Publié sur le site de Regards.

    Au delà des faits, de la douleur des familles et des proches des victimes de Charlie Hebdo, il est nécessaire de prendre un peu de recul et si possible faire preuve d'un peu d'objectivité. Et puisque l'on parle tous azimuts du droit d'expression, autant vous faire part de ce que je pense de ce gigantesque tapage médiatique, au risque d'essuyer des critiques.
    N'allez surtout pas croire qu'il s'agit d'accorder un quelconque crédit à ceux qui ont assassiné les 12 personnes de Charlie Hebdo.  
    Comme toujours, les médias manipulent les foules dans un battage bien orchestré au delà des limites de la décence qui est due aux victimes, alors qu'ils ont droit au recueillement.
    Le chef de l'état et ses deux principaux ministres l'ont bien compris, comme s'ils n'attendaient que cette horreur pour redorer leur blason. Passés maîtres de la récupération et de la manipulation, ils se mêlent aux foules en désarroi.
    Il n'est pas si sûr que ce soit une bonne idée quand tous ces hauts personnages, religieux et chefs d'états, etc... Prennent la tête d'une marche avant tout populaire. N'en doutez pas, c'est bien le peuple qui risque d'être la cible de tels actes. Il n'est pas si sûr non plus que la spontanéité des quelques 4 millions de citoyens soit celle décrite par les grands médias.
     http://www.regards.fr/web/article/unite-nationale-c-est-non

    que cache cette poignée de main ?

    Voir aussi : http://www.parismatch.com/Actu/Politique/Comment-Sarkozy-s-est-invite-sur-la-photo-687584

    Alors qu'ils sont, en principe, les ennemis jurés, l'entente cordiale d'un moment n'est rien d'autre qu'une profonde hypocrisie. François Hollande, dont la cote de popularité n'a jamais été aussi basse y voit là une opportunité qui lui tombe du ciel, ou d'ailleurs...Il y a fort à parier que, à court terme, sa popularité remontera de façon spectaculaire dans les sondages, ainsi d'ailleurs que celle de Nicolas Sarkozy qui y voit un retour inespéré de sa politique des plus contestables. Les foules naïves, à qui on ne demande surtout pas de réfléchir déchanteront peut-être...Bientôt. Car enfin, à force de mener une guerre sournoise au monde arabe, en particulier contre l'islam qui est une religion de paix et non de haine, il ne faut pas s'étonner d'assister à de tels actes terroristes. Il ne faut pas s'y tromper, il s'agit d'une guerre sournoise entre des groupes terroristes fanatiques et isolés, agissant au nom d'idéologies religieuses ou ethniques et le terrorisme d'état, des états. Les amalgames font souvent bien plus de mal et de dégâts.
    Au nom du droit de la presse, du droit d'expression, tout ne peut pas être permis. Comme par exemple les articles de Charlie Hebdo caricaturant les religions et quasiment bénit aujourd'hui. Alors que Dieudonné, comme l'on sait est censuré dans ses paroles. Que ce personnage soit ou non contestable, il y a deux poids deux mesures et là encore les amalgames vont bon train.
    Voir aussi : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/dieudonne-se-sent-comme-charlie-coulibaly_1639592.html

    Les responsables de ce canard auraient sans nul doute dû y réfléchir avant que ne survienne la réaction folle de ces fanatiques. D'autant qu'ils s'étaient préparé à des réactions possibles des fanatiques extrémistes. Il y en a toujours eu et il y en aura certainement longtemps encore. Mais est-il nécessaire de les provoquer ? Le mot n'est pas trop fort ; de les fabriquer ! Grâce ou plutôt à cause des colonisations séculaires et du capitalisme, avec tout ce que cela entraîne d'injustices sociales et économiques.
    Malgré ces rassemblements de masse, comme ceux du 11 janvier 2015, faut-il le rappeler encore sous d'habiles manipulations médiatiques, d’intellectuels et de dirigeants, tous ne sont pas en harmonie sur le fond. Comme par exemple des collégiens et lycéens de St Denis.     

    A Saint-Denis, collégiens et lycéens ne sont pas tous « Charlie »

    Le Monde.fr | 10.01.2015 à 00h11 • Mis à jour le 10.01.2015 à 01h07 |

    http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/10/a-saint-denis-collegiens-et-lyceens-ne-sont-pas-tous-charlie_4553048_3224.html

    Minute de silence dans un lycée de Bayonne

    « Je ne suis pas Charlie » : la phrase était inscrite sur le colis suspect trouvé, ce vendredi 9 janvier, dans la salle des professeurs du lycée Paul-Eluard de Saint-Denis. « Il n'y avait pas de bombe, mais des câbles et un détonateur », soufflent Maryam et Marie-Hélène, deux élèves de 1re, à la sortie des cours, encore chamboulées par « cette semaine de fous ».
    #JenesuispasCharlie, c'est aussi le hashtag qui a commencé à apparaître sur Twitter, ces dernières heures, comme un contre-pied – presque une provocation – face la mobilisation suscitée par l'attentat contre Charlie Hebdo, mercredi 7 janvier.

    « ILS ONT INSULTÉ L'ISLAM ET LES AUTRES RELIGIONS »
    La plupart des élèves croisés, vendredi après-midi, à Saint-Denis s'y reconnaissent. Ils condamnent l'assassinat des caricaturistes... Mais presque autant que leurs caricatures. Pour tous, la vie est sacrée, mais la religion aussi. « Moi, la minute de silence, je ne voulais pas trop la faire, lâche Marie-Hélène, 17 ans, je ne trouvais pas juste de leur rendre un hommage car ils ont insulté l'islam, et les autres religions aussi. »
    Ce que Maryam, sa camarade, redoute aujourd'hui, c'est « la haine qui va encore aller sur l'islam ». La jeune fille de 16 ans fait état de « filles voilées », comme elle, qui auraient été « agressées par des skinheads dans le 9-4 » (pour « 94 », département du Val-de-Marne), croit-elle savoir. Toutes deux ont tout de même respecté le temps de recueillement, jeudi 8 à midi, appelé de ses vœux par le gouvernement. « Même ceux qui ne voulaient pas sont restés silencieux », disent-elles.

    « ILS AURAIENT PU NE TUER QUE LUI »
    C'est aussi le cas d'Abdel, 14 ans, en 4e au collège Pierre-de-Geyter, un peu plus dans le sud de la ville. « Bien sûr que tout le monde a participé à la minute de silence, et il y avait tous les musulmans », insiste-t-il. Mais il ne cache pas sa motivation : « Je l'ai fait pour ceux qui ont été tués, mais pas pour Charlie [Charb], le mec qui a dessiné. Je n'ai aucune pitié pour lui. Il a zéro respect pour nous, les musulmans. Mais ce n'était pas la peine de tuer douze personnes. Ils auraient pu ne tuer que lui. »
    Abdel n'est pas le seul collégien à penser, en dépit des débats organisés par la plupart des enseignants, un peu perdu dans le flot d'informations déversés sur les réseaux sociaux, que « Charlie » était l'unique dessinateur de l'hebdomadaire attaqué.
    Difficile, pour les plus jeunes, d'articuler le respect de la vie avec ce qu'ils considèrent comme une atteinte à l'islam. « J'ai jamais vu dans ma religion qu'il fallait tuer », explique Mehdi, 16 ans, croisé avec deux camarades non loin du lycée Paul-Eluard, où tous trois étudient. « Il y a des élèves qui disent qu'à Charlie, ils l'ont cherché », le coupe Yohan. « Je ne suis pas d'accord avec le contenu [des caricatures], mais je suis contre l'attentat », affirme Yacine, avant d'ajouter : « Mais les dessinateurs, ils ne sont pas blancs dans cette affaire. »
    COMPARAISON AVEC DIEUDONNÉ
    C'est aussi le sentiment de quatre toutes jeunes filles de 6e à peine sorties de cours. « Des deux côtés, il y a des torts », tente Erica, qui se dit catholique comme ses amies. « Retirer la vie à douze personnes, c'est un crime contre l'humanité », croit-elle savoir, « et même s'ils l'ont un tout petit peu cherché, faut pas abuser... »
    Les caricatures du Prophète, ces adolescents reconnaissent qu'ils ne les avaient jamais vues avant l'attentat. Ils se sont rattrapés depuis, prenant connaissance de tous les dessins, y compris de ceux que Charlie Hebdo n'avait pas publiés dans ses pages. « C'est de la rigolade, lâche Yacine, mais beaucoup de jeunes font la comparaison avec Dieudonné : lui, pour les quenelles, on l'a sanctionné ; pour Charlie, on invoque la liberté d'expression... »
    Cette liberté d'expression, en dépit des explications que leur ont fournies leurs enseignants, reste pour la plupart des jeunes rencontrés à Saint-Denis un concept difficile à cerner, et qu'ils perçoivent comme incompatible avec leur foi. « On ne rigole pas avec la religion », affirme Allende, jeune majeur scolarisé au lycée professionnel Bartholdi, chrétien mais qui envisage une conversion. « C'est dangereux. S'ils ont tué Charlie, c'est parce qu'il ne respectait pas la religion. Ils ont attaqué l'islam, et là, ils voient un autre aspect de l'islam, la colère. Si Charlie continue, les jeunes ici vont bouger. » A ses côtés, Mohammed, majeur lui aussi, acquiesce. « La minute de silence, on l'a faite, dit-il, mais le débat avec les enseignants, je préfère pas calculer, ça va poser des problèmes si je ne suis pas d'accord. »
    Du débat avec leur professeur d'anglais, Nadia et Laura, collégiennes de 4e, reconnaissent ne pas avoir tout saisi. « Il nous a parlé d'une France coupée en deux, entre croyants et pas croyants... ou que les terroristes voulaient diviser la France », hésite Nadia. Erica et ses trois copines de 6e, en revanche, se sentent plus rassurées après en avoir parlé dans le cadre scolaire. « Dans certaines familles, les discussions sont bannies, expliquent-elles. « Et puis ça fait du bien, parce que voir les rondes de police, le panneau “alerte attentat” devant le collège, et lire tout et son contraire sur Internet, ça fait peur », précise l'une des trois, en avouant avoir demandé à sa mère de l'accompagner sur les trajets.

    Minute de silence : des « cas de perturbation » traités « localement », dit le ministère
    « Dans la très grande majorité des cas, tout s'est bien déroulé lors de la minute de silence, jeudi 8 janvier à midi », affirme-t-on au ministère de l'éducation nationale, en précisant être encore dans l'attente de « remontées ». « Les personnels ont été à l'écoute des élèves », explique-t-on dans l'entourage de la ministre, Najat Vallaud-Belkacem. « Néanmoins, certains cas de perturbation de la minute de silence par des élèves nous ont été signalés. Ils ont été traités localement par les équipes éducatives, de manière proportionnée à la gravité des faits. »
    Les syndicats d'enseignants et de chefs d'établissement sont sur la même ligne. Pour le SNUipp-FSU, majoritaire au primaire, la minute de silence a été « un moment solennel largement respecté », explique son secrétaire général, Sébastien Sihr. Pour le SE-UNSA, il y a bien eu « des difficultés ici ou là », mais « les professeurs gèrent au mieux en fonction des publics et des territoires ». Le SNPDEN, majoritaire parmi les proviseurs, évoque des « contestations moins importantes que lors de l'affaire Merah », même s'il fait état de « collègues inquiets au point, dans certains établissements, de renoncer au temps de recueillement et de débat ». Dans l'enseignement supérieur, rien à signaler, selon les présidents d'université.

    Plus loin : http://www.mediapart.fr/

    Aucun terrorisme n'est supportable, qu'il vienne d'intégristes religieux ou des états.

    Gaulois.





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